Chapitre 68 : Proposition en or

Aujourd'hui, Stefano était à l'atelier. Il peignait depuis quelques temps le club dans lequel il était allé avec sa femme en se faisant passer pour son soumis. L'expérience ne lui avait pas tellement plu, seulement un petit peu, mais il avait quand même aimé l'esthétique du lieu et l'atmosphère qui y régnait lui semblait être un très beau sujet à peindre.

-Stefano ?
-Oui ?
Odile sortit de son bureau pour parler au jeune homme depuis la rambarde le demi-étage au-dessus.
-Tu peux venir là deux minutes ? Il y a quelque chose que j'ai à te proposer.
Stefano était intrigué mais il n'avait aucune idée de ce qui allait lui être proposé. Il se leva alors de sa chaise et monta les quelques marches en bois qui séparaient les deux parties de l'atelier.
Odile le fit entrer dans son bureau en lui tenant la porte et elle lui désigna la chaise en face de son bureau à elle, face à l'arrière de son ordinateur.
Son bureau était un délicieux bric-à-brac d'objets en tous genres, que ce soit des outils d'art comme des pinceaux, des palettes et des tubes de peintures qui avaient l'air soit entièrement vidés du moindre pigment de couleur ou pleins à craquer. Stefano aperçut une poubelle dans un coin, presque submergée par des piles de cartons et de toiles vierges ou remplies. Seul le bureau d'Odile était vaguement disponible si on voulait prendre en note quelque chose ou poser une tasse de café ou de thé.
Et encore, vu le nombre de papiers et de choses qui s'étalaient et s'empilaient sur chaque surface plane de ce bureau, Stefano n'était pas sûr que poser une tasse bancale au-dessus était une bonne idée...

Le jeune homme se fit tout petit sur sa chaise pour ne rien heurter et ne rien risquer de faire tomber ou de déranger. Il déglutit, peu sûr de lui.
-Alors Stefano...
Odile était bien face à lui et croisa ses doigts, prenant un air sérieux.
-L'autre jour, tu n'étais pas là la semaine dernière, mais on a eu la visite de Patrick Gilles. Est-ce que ce nom te dit quelque chose ?
-Pas du tout, avoua Stefano qui était très nul avec les noms de n'importe qui.
-C'est le directeur de la galerie d'exposition la plus proche. Il aime bien faire le tour des quelques ateliers des alentours pour voir les œuvres des gens et les nouveaux artistes aussi.
Stefano eut un peu de mal à avaler la qualification d'artiste pour lui, la trouvant un peu trop pompeuse pour lui, mais il ne dit rien.
-Oui ? fit-il juste pour combler le silence qui se prolongeait.
-La semaine passée tu finissais encore ton tableau de la représentation de Ngôi Sao avec sa tenue de cuir, là, et ton incarnation avec les poignets menottés. Ça lui a tapé dans l'œil instantanément et il a demandé qui l'avait peint.

Stefano resta silencieux. Il ne pensait pas que ses peintures pouvaient, et pourraient un jour, taper dans l'œil de quelqu'un du monde de l'art.
-Du coup j'ai un message de sa part. Il aimerait bien acheter une ou plusieurs de tes œuvres, ou les exposer dans sa galerie temporaire du mois prochain.
Le jeune homme resta coi. Les yeux vaguement écarquillés, pour rester relativement digne devant Odile, il en perdit la voix quelques secondes. Il se reprit en déglutissant un coup, faisant monter et descendre sa pomme d'Adam bien visible sur son cou clair.
-Je...Je sais pas comment réagir...avoua le garçon en se frottant l'arrière de la tête de la main. Je...Est-ce que j'ai un peu de temps pour réfléchir ? C'est...Wouaw...
Odile sourit gentiment.
-C'est normal que ça te donne un peu le vertige si c'est la première fois qu'on te le propose, le rassura-t-elle avec bienveillance en posant sur lui un regard doux. Réfléchis encore un peu si tu as besoin. Il veut bien volontiers te rencontrer pour que vous puissiez en discuter.
-D'accord...sourit timidement Stefano avec les pommettes rosies. Je...Je pourrais venir avec Ngôi Sao ?
-Pourquoi ? demanda Odile avec surprise, connaissant leurs liens proches et intimes mais ne comprenant pas pourquoi il voulait que sa femme soit là.
-Ça...Ça me mettrait en confiance qu'elle soit là...Ça me stresse un peu de me retrouver face à quelqu'un pour parler de...Disons d'affaires.
"Un peu" était un grand euphémisme par rapport au mental de Stefano qui stressait avec la plupart des interactions sociales mais surtout avec les inconnus.
-Je lui en toucherais un mot alors. En tout cas, dis-toi que tu es prometteur ! Garde confiance !
-Merci...sourit gentiment Stefano avec une certaine gêne dans ses yeux bleus.

Le jeune homme salua la directrice de l'atelier et sortit de son burean encombré.
Il s'adossa au mur à côté du bureau, respirant lentement avec de longues inspirations et expirations pour essayer de se calmer. Son cœur battait à toute allure, il n'avait jamais connu ce sentiment et éprouvé ça pour ce qui concernait son art.
C'était proche de ce qu'il ressentait quand Ngôi Sao appréciait son art ou le complimentait mais il y avait la nuance différente que là, ce gars qui avait vu son tableau n'avait pas d'attache affective envers lui.
Après deux ou trois minutes, le jeune brun remonta ses lunettes sur son nez et retourna dans la salle principale pour continuer à peindre.
Le temps fila à toute vitesse comme sa main entre sa toile et ses couleurs, maniant le pinceau avec rapidité. Il eut l'impression d'avoir vécu une ellipse, tellement il ne se souvenait pas de quels éléments il avait avancés sur sa peinture depuis qu'il était sorti du bureau d'Odile.
Sa seule façon de se rendre compte qu'il avait effectivement peint durant ce temps de vide mental, c'était qu'il voyait les différences et les avancées dans sa composition entre avant d'être appelé par Odile et maintenant qu'il allait sortir de l'atelier.
Il recouvrit sa toile avec un tissu comme à son habitude une fois que ses pinceaux furent nettoyés et que sa peinture de surface était sèche, puis il prit sa veste et sortit de l'atelier en saluant Marcus qui venait d'arriver.

-Ma douce ? fit le jeune homme en arrivant à la maison pendant qu'il se déchaussait.
-Stef' t'es rentré ! entendit-il depuis le bureau.
Il savait donc que Ngôi Sao travaillait. Elle devait probablement faire quelque chose à l'ordinateur ou corriger des devoirs de ses élèves.
Il se dirigea vers la pièce et arriva derrière elle. Le jeune homme se pencha pour l'étreindre et elle tourna alors la tête pour l'embrasser.
-Ça a été à l'atelier ?
-Oui. J'ai failli m'évanouir, faut que je t'en parle.
-Quoi ? s'exclama sa femme avec surprise. Comment ça ? Raconte ! Tu vas bien ?
Elle lui prit le visage entre ses mains. Souvent, elles étaient froides, tout comme là, et le jeune homme sentit ses joues cramoisies d'excitation, d'appréhension et de timidité, refroidir grâce à ça. Ça lui fit du bien cette fois-ci.
-Ça va je vais bien ! Ce n'était pas un malaise non plus. Enfin pas ce genre de malaise...
-Dis-m'en plus ! Raconte-moi tout ! le pressa la jeune asiatique se tournant cette fois complètement vers lui avec sa chaise de bureau tournante.

-Je...Un homme qui est directeur d'une galerie d'art veut me proposer d'exposer une ou plusieurs peintures à moi dans sa galerie.
-Mais c'est génial ! s'écria Ngôi Sao toute excitée par la nouvelle. Comment ? Où ? Dis-moi tout ! Dis ! Dis !
Stefano savait qu'elle allait réagir comme ça, il fut presque gêné de son enthousiasme plus que débordant. Il prit une grande inspiration et se lança, expliquant ce qu'Odile lui avait dit précédemment, il y a quelques heures.
Ngôi Sao avait des étoiles dans ses pupilles noires du début à la fin de son flot de paroles. Elle semblait presque plus heureuse que Stefano lui-même, elle rayonnait d'euphorisme !

-C'est vraiment super mon Baphy ! Je suis tellement heureuse pour toi ! T'as été repéré tu te rends compte ?
-Oui. Enfin je crois...Je suis pas sûr de bien me représenter ce que ça signifie...C'est...Trop gros pour mon petit espace mental à moi...
-Je comprends, sourit gentiment Ngôi Sao se calmant un cran. Ça te donne un peu le vertige, je pense. Mais je suis sûre que tu vas assurer et que tu auras tes peintures exposées !
Stefano sourit un peu gêné mais très content du soutien infaillible de sa femme. Il lui prit les mains avec ses paumes chaudes.
-Tu serais d'accord, si tu en as le droit, de venir avec moi au rendez-voud quand on devra en discuter ?
-Je veux bien mais pourquoi ? s'enquit la jeune femme en penchant sa tête sur le côté en signe d'interrogation.

Stefano eut un petit rire.
-Odile a posé la même question, lança le brun en baissant la tête. C'est parce que...Tu sais que je suis facilement stressé par ce genre de discussion et d'interaction. Ça pourrait aller sans toi mais ça me rassurerait si t'es avec moi, près de moi.
Ngôi Sao lui sourit. Elle retira une de ses mains froides de la main de son mari et lui toucha la joue, sur laquelle les légers poils de barbe réapparaissant vu qu'on était en fin de journée.
-Bien sûr, petit sucre. Si tu aimerais que je sois là, je peux essayer de voir si ta rencontre n'est pas sur mes horaires de travail.
-Je m'arrangerais pour si je peux, dit Stefano en appuyant sa joue sur la paume de sa jeune femme qui lui souriait avec tendresse.
Après quelques secondes à se regarder dans les yeux amoureusement avec un sourire heureux sur chacun de leur visage, Ngôi Sao se leva d'un coup et déclara avec vigueur :
-Ce soir, c'est plat de roi alors ! On va aller cuisiner quelque chose de très bon !
Au premier abord Stefano fut surpris puis il finir par sourire et décida de ne pas objecter en acquiesçant avec un :
-D'accord.

Les deux jeunes adultes s'en allèrent dans la cuisine pour préparer leur repas. Ngôi Sao sortit une bonne viande du congélateur pour fêter l'occasion, Stefano prépara une bonne sauce au vin, qu'ils aimaient tous les deux malgré leur aversion pour le vin pur tel quel.
Stefano, comme un professionnel, fit des pâtes pour accompagner leur plat et Ngôi Sao alla sortir une bouteille de champagne sans alcool. Le couple n'était vraiment pas fan de champagne et comme ils aimaient tous les deux le champagne sans alcool, celui habituellement donné au Nouvel An aux enfants, ils en avaient souvent une dans leur frigo au cas où pour fêter leurs grandes occasions symboliquement.
Pas besoin de réel alcool non plus pour fêter quelque chose.

-Bon appétit !
Ngôi Sao avait allumé des chandelles qu'elle avait mises sur la table avec des bougeoirs pour les maintenir en place et créer une ambiance un peu tamisée, intime. Ils avaient allumé les lampes à pied entre la cuisine et le salon mais pas leur plafonnier qui faisait trop de lumière pour cette ambiance du soir tamisée qu'ils recherchaient.
-Bon appétit, répondit Stefano. J'aime bien tes bougies, ça donne une atmosphère spéciale à la pièce.
-C'était le but, sourit sa femme. Santé !
-Santé !
Le couple but sa première gorgée de faux champagne, les bulles leur rebondissant sur le haut des lèvres.

-C'était bon ! s'exclama Stefano à la fin du repas. T'as super bien géré la cuisson de la viande.
-Merci. Ta sauce était parfaite aussi, sourit la jeune asiatique en remettant ses cheveux dans son dos.
Le couple débarassa la table, remplissant peu à peu le lave-vaisselle, ainsi que l'évier, puis ils terminèrent de nettoyer leur plan de travail un peu en bazar comme à chaque fois qu'ils cuisinaient ensemble.
Stefano était en train de se sécher les mains avec le linge de cuisine quand il sentit des bras autour de sa taille et des mains se faufiler sous sous t-shirt.
-Ngôi...Ngôi Sao ? murmura-t-il alors qu'elle était en train de l'étreindre avec affection.
-T'es d'accord si je te félicite...Encore autrement ? lui souffla-t-elle avec un ton que le jeune homme connaissait bien.
Il sentit tout son corps avoir un frisson d'exhaltation mêlée à de l'excitation.
-Je suis pas contre une autre félicitation, sourit-il en pressant encore plus les mains de sa dulcinée contre sa peau, par-dessus son t-shirt.
Ses mains remontèrent alors jusqu'à ses pectoraux qu'elle pressa d'une main et chatouilla du bout des doigts de l'autre.
-Alors je vais te féliciter très fort...entendit-il.

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