Chapitre 61 : Amie d'enfance

Joyeuse Saint-Valentin ! (Un peu en retard mais j'ai oublié de publier le bon jour, mes excuses !)
Bonne lecture !
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-Je rentre d'accord ? Comme ça tu peux profiter avec ton amie.
-Ça marche ! Merci mon Baphy ! dit Ngôi Sao en embrassant son mari qui portait leurs deux sacs de courses.
La jeune femme avait rendez-vous avec une amie d'enfance qu'elle n'avait pas revue depuis quelque chose comme six ou sept ans, avec qui elle échangeait toujours de temps en temps des messages. Elles s'étaient enfin dit qu'elles allaient se revoir. Elles voulaient simplement aller boire un café dans un centre commercial, là où Ngôi Sao venait de faire quelques emplettes avec Stefano, maintenant son mari depuis deux mois.
Elle était encore tout juste dans la période des grandes vacances scolaires, celle d'été, les plus longues mais aussi les plus chaudes, à son plus grand dam.

-Ngôi Sao ! Comment ça va !
-Elisa ! Bien et toi ?
Les deux filles se firent la bise et allèrent directement dans le café. Elles en commandèrent chacune un avant de se mettre immédiatement à papoter.
-Dis-moi ! Y a quoi comme nouvelles de ton côté ? demanda Elisa avec gaieté.
Ngôi Sao sourit avec un air un peu gêné mais heureux à la fois et, tout en remettant une de ses longues mèches derrière son oreille.
-Je me suis mariée...dit-elle doucement.
-Quoi ? hurla son interlocutrice, attirant l'attention de tous les consommateurs du café sur elle. Mais félicitations ! Je suis trop heureuse pour toi !
-Merci, sourit Ngôi Sao, surprise de cette allégresse venant de son amie d'enfance.
-Comment il s'appelle, ton mari ? Ou ta femme, je ne sais pas, rit Elisa avec sa voix haute et assez cristalline.
-C'est bien un homme, confirma Ngôi Sao avec un sourire en coin. Mais c'est vrai que ça aurait été plausible aussi, une femme. Il s'appelle Stefano. Et moi j'ai changé de nom de famille maintenant, je suis une Lardieri à présent.
-Très patriarcal ! plaisanta Elisa en secouant ses boucles brunes.
-C'était mon choix, expliqua Ngôi Sao toujours en souriant. C'était un peu plus haut dans l'ordre alphabétique et puis, je voulais bien changer mon nom et lui pas trop, alors je me suis dit que j'allais le changer.
-C'est trop chou ! fit Elisa en mettant ses mains contre ses joues, s'essuyant du bout du doigt une de ses larmes manquant de faire couler son mascara.

Elles discutèrent encore un peu du mariage, de la vie commune du couple qui datait d'avant la cérémonie...
-Vous vivez ensemble depuis longtemps en fait pour un jeune couple, réfléchit alors Elisa à voix haute.
-C'est vrai.
-Et ça va ? Je dis ça parce que...Je sais qu'en vivant sous le même toit qu'un homme des fois, ça peut être tendu s'il y a une discorde ou très chaud alors que toi, t'es pas chaude du tout...
-Vraiment ça va. On se dispute un peu mais sur des bêtises, genre la cuisson des pâtes ou la lessive qu'on a les deux oublié de lancer, mais sinon on s'entend vraiment bien. Rien n'est tendu, ambigu, étrange, ni rien, rassure-toi.
-Tant mieux parce que c'est assez pénible quand tu vis avec quelqu'un qui n'a pas le même rythme que toi. Je parle de tout en général, et aussi de libido.
-T'inquiète pas ça se passe bien.
-J'espère que ça va. Le nombre d'hommes beaucoup trop chauds du slip que j'ai connus, soupira-t-elle. C'est devenu fatigant à force...
-C'est clair que si au niveau de la libido, vous êtes pas au même niveau dans un couple, ça peut mettre de l'eau dans le gaz comme on dit, et amener éventuellement des tensions dans le couple, dit Ngôi Sao avec un sourire un peu amer en imaginant ce souci.

Elle n'avait pas ce problème du tout, Stefano et elle n'avaient jamais eu de rupture au niveau du rythme de leurs relations et leurs envies se suivaient particulièrement bien. Ayant également des goûts très complémentaires en matière de relations charnelles, aucun des deux ne s'était jamais mal senti vis-à-vis de leurs parties de jambes en l'air. Et ils étaient suffisamment matures et attentionnés pour écouter l'autre en cas de besoin.
Un couple, c'est aussi savoir écouter les besoins et les demandes de l'autre, et savoir trouver une solution ou un compromis, ou savoir si on accepte, en quelques sortes, de prendre sur soi, si on est en désaccord.

-T'es en couple actuellement ? demanda Ngôi Sao, curieuse comme à son habitude.
-Oui. Ça va plutôt bien avec lui, en vrai. Il s'appelle Christian. Mais lui aussi est un chaud du slip comme je disais avant, et des fois j'ai un peu de la peine à suivre toutes ses demandes...
Ngôi Sao fronça imperciptiblement un sourcil.
-Tu fais tout ce qu'il demande ?
-La plupart du temps oui. Je veux lui faire plaisir aussi, j'ai pas envie qu'il me fuie parce que je lui donne pas assez, tu vois le truc.
Ngôi Sao avait envie de dire que non, elle ne voyait pas ledit truc, et c'était sincère.
-S'il t'aime il devrait comprendre que des fois il en demande un peu trop. Et que si tu n'as vraiment pas envie, tu ne devrais pas te forcer juste pour son désir.
-C'est bien joli tout ça, Ngôi Sao, soupira Elisa avec un petit sourire amer. Mais il suffit pas de dire les choses avec un homme. La seule raison pour laquelle il me laisse tranquille c'est quand je suis malade, genre des maux de tête tu vois ? Pas plus tard que hier j'ai dû prétendre que j'avais mes règles pour qu'on ne parte pas dans une folle partie endiablée toute la nuit...J'avais vraiment pas la force.
Ngôi Sao ne pipa mot. Elle était assez triste et affligée d'entendre ça. C'était très loin de son monde à elle, un homme qui force. Et elle-même ne forçait pas Stefano quand il n'en avait pas envie, même si c'était plutôt rare.

Devant son silence appuyé et vaguement pesant, Elisa releva un sourcil interrogateur et demanda :
-T'es pas d'accord avec moi ?
Ngôi Sao leva ses yeux noir de jais vers elle et lui adressa un sourire très triste, peiné. Elle dit alors avec une voix vraiment bienveillante mais très ferme dans ses propos :
-Non. Je ne suis pas d'accord avec ça et je ne comprends pas ça. Si t'as un bon partenaire, il devrait comprendre qu'il y a des jours où tu veux et des jours où tu veux pas. À titre personnel, je trouve ça extrêmement triste et dommage de devoir utiliser une excuse pareille pour justifier qu'on a pas envie ou pour être tranquille une soirée.
Elisa ne sut que dire et Ngôi Sao poursuivit :
-Et personnellement si mon mari m'obligeait indirectement à utiliser ce genre d'excuse fallacieuse pour qu'il ne "m'oblige" pas à avoir une relation intime avec lui, je partirais très vite de mon propre chef. Personnellement jamais je n'accepterais d'être en couple avec quelqu'un qui me force implicitement à quelque chose, surtout ce qui touche à cette intimité-là.

Elisa dodelina de la tête avant d'avoir un petit rire très amer.
-Alors t'as de la chance d'avoir un bon partenaire s'il comprend "non" et qu'il n'insiste pas.
-C'est pas un "bon" partenaire, la reprit Ngôi Sao. C'est un partenaire normal. Ce n'est pas parce que c'est commun que c'est normal. Ce qui n'est pas normal, c'est de forcer l'autre ou de lui faire du chantage pour obtenir ce qu'on veut. Enfin, ce n'est que mon avis. Un partenaire devrait comprendre l'essence de la libido de l'autre, qu'il y a des jours où on a envie et des jours où on n'a pas envie.
-C'est beau ça, honnêtement. J'ai jamais connu d'hommes comme ça, soupira tristement Elisa.
-Tu devrais mettre les choses au clair. Je pense qu'il y a des hommes qui ne se rendent juste pas compte qu'ils font du chantage malgré eux et ce n'est pas en le leur cachant que ça va changer les choses. Parles-en à ton copain actuel. S'il t'aime il devrait comprendre ou au moins essayer de comprendre.
-Ouais...Merci des conseils Ngôi Sao. Parce que pour moi ça a toujours été normal de se défiler en disant qu'on avait mal à la tête, au ventre, ou nos règles...
-C'est commun, certes, fit la jeune asiatique. Mais ce n'est pas normal. Et ça ne devrait pas l'être.
-Donc ton mari dont tu me parlais là, si tu lui dis "non pas ce soir j'ai pas envie" il insiste pas ?
Ngôi Sao rit mais un peu plus légèrement cette fois devant la question posée presque sur un ton enfantin.
-Si un peu, mais du genre "t'es sûre ?" et après si je maintiens mon "non" ou qu'il voit bien que je ne veux pas, il dit "oh dommage" ou quelque chose comme ça. Mais après, je dois dire qu'on est franchement plutôt sur la même longueur d'ondes niveau intime. C'est rare que, si l'un a envie, l'autre n'ait pas du tout envie.

-Je vous envie ! rit Elisa. Parle-moi un peu plus de lui ! Comment vous vous êtes rencontrés ?
-Ça paraît bête mais...À l'école, sourit Ngôi Sao avec un sourire vaguement honteux, une mèche glissant sur son visage et cachant un de ses yeux.
-Sérieux ? Tu as dû m'en parler à une époque alors.
-Probablement. Mais on a recommencé à discuter beaucoup quand j'étais en couple avec Marveen et que c'était déjà Matei mon meilleur ami.
-J'aurais cru que ce serait Marveen qui serait ton mari.
-Et bien non, répondit la jeune asiatique.
-Comment vous vous êtes mis ensemble au début ?
Ngôi Sao passa une main dans ses cheveux de jais et soupira.
-C'est complexe et ça a été une vraie aventure semée de quelques embûches.
-Raconte !

-Pour faire assez simple, c'est moi qui m'étais déclarée à lui, avant de sortir avec Marveen même. Il m'avait rejetée mais on est restés amis vu qu'on était dans le même groupe d'amis. Puis est arrivé les années de lycée, j'étais avec Marveen, puis on s'est séparés. Et peu après que je me sois séparée de lui, Stefano est revenu vers moi et on s'est mis ensemble. J'étais très heureuse ce jour-là.
Ngôi Sao se garda bien de dire qu'il était revenu avec l'idée d'un plan qu'elle avait considéré comme une histoire sans lendemain et qu'elle en était déjà contente, mais qu'ensuite il lui avait demandé s'il pouvait sortir avec elle comme s'il essayait de rattraper ce temps perdu et de récupérer sa propositon passée, elle en avait été encore plus heureuse, euphorique même.
-Quelle complexité pour le même résultat ! rit Elisa.
-C'est vrai, sourit son interlocutrice. Mais peut-être qu'à l'époque c'était trop tôt et que ça n'aurait pas marché. On ne sait pas.
-Peut-être. On ne saura jamais, confirma Elisa de ses dires.

La jeune femme bouclée parla ensuite de sa vie, Ngôi Sao l'écoutant attentivement. Elles avaient tant à se dire après toutes ces années !
Elles partagèrent quelques souvenirs du bon vieux temps également.
-Tu te souviens quand Eric avait balancé son livre de français par la fenêtre parce qu'il était énervé ?
-Bien sûr ! s'esclaffa Elisa en tapant du poing sur la table, hilare. Personne n'aurait osé faire ça avec cette prof en plus. Il s'était mangé une punition ou même pas ?
-Je crois que oui, souffla Ngôi Sao entre deux hoquets de rire en essuyant une larmette au coin de son œil à moitié fermé de rire. Il avait probablement dû se manger une ou deux heures de colle avec elle.
-Vu sa sévérité, ça m'aurait pas étonné qu'elle en donne quatre ou cinq, sourit Elisa. Et toi qui enseignes, tu dois connaître ça.
-Je te garantis que des fois, tu as envie de les tarter ces gamins ! plaisanta Ngôi Sao tout en ayant un fond de vérité dans la voix. Mais comme tu ne peux pas, tu leur donnes des heures de colle dépendemment de leur âge.
-Tu ne peux plus les tarter, nuance ! fit Elisa avec malice.
-C'est vrai, admit la jeune asiatique avec un petit rire.

En fin d'après-midi, Ngôi Sao et Elisa se séparèrent en se promettant de se revoir sans attendre six ou sept ans cette fois-ci et chacune se mit en route pour rentrer chez elle et retrouver leur dulciné respectif.
La brune bouclée avait bien l'intention de parler à son homme la prochaine fois qu'il insistetait un peu trop alors qu'elle n'avait pas envie.
Et la petite noiraude avait l'intention de complimenter, encore une fois, son mari.

-T'es rentrée ? entendit-elle quand elle passa le seuil de la porte de leur appartement.
Ngôi Sao sentit une bonne odeur de pizza se dégager depuis la cuisine. Elle passa le pas de la porte de la pièce et vit son bien-aimé avec son tablier rose froufrous en train de préparer une petite salade.
-Et bien, c'est bientôt une habitude ce tablier...dit-elle en s'approchant de lui.
-Disons que...Je sais que ça te fait plaisir...
-T'es chou.
Ngôi Sao lui fit un câlin depuis derrière, complètement engloutie par le dos imposant de Stefano. Ce dernier eut un léger soubresaut en sentant ses mains se poser sur son ventre et son torse mais ne dit rien. Il sentait qu'il ne devait pas.
-Tu sais Stef'...Je t'aime. J'ai beaucoup de chance de t'avoir. Et avec mes discussions avant avec Elisa, je me suis rappelé à quel point t'es quelqu'un de bien. De super bien, même.
Stefano sourit alors que sa compagne ne le voyait pas. Il était surpris mais il savait que des fois, Ngôi Sao sortait des paroles de ses pensées et que pour elle ça avait tout son sens même si pour les autres, ça n'en avait pas au premier abord. Il murmura alors en réponse :
-Pas autant que moi j'ai de chance de t'avoir. Je t'aime aussi. Très fort.

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