Chapitre 46 : Déballer et vider son sac

-Stef'...
Un silence inquiet s'ensuivit, par peur d'y aller trop fort trop vite, mais en même temps, il fallait s'enquérir de son état.
-Qu'est-ce qui t'a mis dans cet état ?

Le jeune homme, maintenant assis au bord du lit à côté de Ngôi Sao mais encore nu, baissa les yeux au sol et croisa ses doigts pour joindre ses mains.
Leur acte était fini, les deux amoureux s'étaient assis côte à côte tranquillement pour pouvoir alors partager verbalement des choses.
Stefano soupira. Il n'avait pas envie de repenser à cet Elam, il n'avait vraiment pas une once d'envie de lui porter attention et de lui donner du crédit, en quelques sortes, en repensant à lui.
Ngôi Sao attendit patiemment que la réponse vienne de Stefano, elle ne voulait ni le brusquer, ni lui donner l'impression de passer un interrogatoire. Elle désirait juste savoir, mais elle n'était pas pressée.

-Je...Tu te souviens d'Elam ?
-Le nouveau à l'atelier ? demanda la jeune fille en essayant de bien se souvenir.
-Celui qui est désagréable, oui. Le blond avec les taches de rousseur.
-Ah celui qui m'a bousculée ! Son apparence est vraiment à l'opposé de son exécrable caractère ! grogna Ngôi Sao, sachant à présent parfaitement de qui son copain parlait.
-Oui, lui...soupira encore une fois le jeune italien.
Ngôi Sao reprit un air sérieux pour son petit ami.
-Et qu'est-ce qu'il s'est passé ? Qu'est-ce qui t'a mis dans cet état ?
Stefano poussa un long soupir et se prit la tête entre les mains. Ngôi Sao resta à côté de lui et se mit alors à lui caresser les cheveux, doucement et tendrement. Un geste se voulant rassurant pour son petit ami apparemment en forte détresse.

-Elam...Ce...J'ai pas les mots...
-J'imagine bien tous les jurons que tu peux sortir, t'inquiète pas, j'ai compris, lui sourit la jeune fille tout en continuant à lui caresser les cheveux.
Le brun s'arrête pour respirer un peu plus doucement. Il se sentait toujours en colère, certes, mais bien moins qu'avant, avant leur super acte de tout à l'heure. Il passa sa main dans ses cheveux, geste extrêmement séduisant aux yeux de Ngôi Sao, mais ce n'était pas le moment de lui le préciser. Après le passage de sa main, elle continua à lui caresser les cheveux.
-Je...Tu sais que je suis une pive avec mes sentiments...Je...Je suis pas sûr exactement de ce que je ressens...
-Vas-y, j'essayerai de t'aider au mieux, sourit Ngôi Sao, rassurante.
Stefano étant toujours nu se sentait particulièrement vulnérable, mais ce n'était pas vraiment désagréable avec sa bien-aimée à côté. Il savait que cette vulnérabilité avec elle était quelque chose de sain et d'incroyablement vrai, précieux à ses yeux.
Il n'y a qu'à elle qu'il savait se confier ainsi. Même son meilleur ami Driss ne savait pas grand-chose de ses pensées profondes. Lui et Driss ne parlaient pas vraiment de leurs vies intimes ou de leurs vies privées ensemble, Driss étant très secret sur sa vie intime et sentimentale.

-Elam...Il...Il m'a encore critiqué...Enfin, ça c'est la routine quoi...
Ngôi Sao avait envie de lui dire que ça ne devrait pas devenir une routine et lui dire de ne pas se laisser faire, mais elle s'abstint, sentant que quelque chose de plus grand allait venir et qu'elle ne devait pas l'interrompre maintenant.
-Et...Cette fois...Il a dit des choses sur toi. J'ai vraiment pas aimé, pas du tout...Vraiment pas du tout...
-Il a dit quoi ? demanda doucement la jeune fille en prenant bien garde à ne pas brusquer son petit ami.
-Je...Je me souviens même pas bien...Un truc comme quoi t'étais très perchée pour continuer à sortir avec moi, genre complètement malade...
Ngôi Sao resta silencieuse. Pour elle, l'amour était quelque chose de perché, oscillant entre obsession, affection et addiction. Elle ne se pensait donc pas réellement saine d'esprit, surtout vu le degré d'amour qu'elle ressentait pour lui, mais elle s'abstint de lui dire ça dans ce contexte.
-Je...Je sais pas...Du coup j'ai craqué. J'ai l'impression que tout a débordé d'un coup...Tout ce que j'avais accumulé de négatif. Et que ce qu'il a dit sur toi a tout déclenché, ça a tout fait sortir...
-C'est typiquement toi, de tout garder en toi jusqu'à ce que ça déborde, dit Ngôi Sao en riant très légèrement.
-Je sais...
-Tu sais, Baphy, tu devrais apprendre à dompter un peu ça. Ça t'éviterait de te retrouver dans un état pareil après qu'on t'ait dit quelque chose qui fasse déborder lr vase de tes sentiments en toi.
-Je sais...répéta-t-il. Tu devrais m'apprendre.
-Bien sûr !

Ngôi Sao cessa de caresser le haut du crâne de Stefano pour l'étreindre tendrement.
-Après, je dois t'avouer que je suis contente, très touchée que tu te sois mis en colère pour quelque chose qui me concerne. C'est mignon !
Stefano rougit, ce que sa copine ne vit pas vu qu'elle était en train de lui faire un câlin. Il mit ses deux grandes mains sur son petit dos, resserrant sa prise sur sa copine qui sourit de son côté.
Ils restèrent un moment comme ça, quand ce fut Ngôi Sao qui interrompit le silence régnant dans la pièce depuis quelques minutes :
-Il y avait autre chose, petit sucre ?
La jeune asiatique surnommait Stefano ainsi quand elle voulait que ce soit mignon, à la place des classiques du genre "mon cœur" ou "mon chéri", surnom qu'elle n'aimait pas trop. Elle aurait bien dit "grand sucre" parce que Stefano était plutôt grand, mais ça retirait le côté mignon du surnom.
-Non...Pas tellement...Juste moi qui me suis énervé très fort...Et qui ai craqué devant des insultes et un manque de respect évident envers toi.
-Il y a quelque chose que je peux faire pour toi ?
Ngôi Sao s'était détachée de lui pour lui faire face. Elle vit les joues légèrement rosées de son petit ami, ça la rendait toujours heureuse de voir ça. C'était adorablement mignon !

-Non, c'est bon...sourit Stefano en poussant une longue expiration. Le fait que tu m'écoutes et que je puisse te parler est amplement suffisant pour moi...
-Hésite pas, Stef' ! Quand tu as un souci, parles-en-moi ! Ne garde pas tout pour toi jusqu'à ce que tu craques, d'accord ?
-J'essayerai, sourit le jeune italien en fixant les prunelles noires de sa petite amie, sentant toute la force de son affection pour lui et de par ce sentiment, le fait qu'elle s'inquiète beaucoup pour sa santé mentale à lui.

Le couple resta un moment couché, Stefano la tête sur le buste de sa copine, qui lui caressait toujours doucement les cheveux, entortillant de temps en temps un de ses mèches ondulées autour de son index. Elle finit par briser le silence qui régnait dans leur chambre.
-Ça te dit de cuisiner ensemble ? Ça nous changerait les idées !
-Je veux bien ! Tu veux cuisiner quelque chose de spécial ?
Ngôi Sao réfléchit quelques secondes avant de dire :
-Je sais que tu aimes cuisiner des choses un peu compliquées ou sophistiquées des fois mais là je voudrais quelque chose de tout simple. Des œufs brouillés comme me fait mon papa.
Stefano releva la tête.
-Après...On peut revenir là ? Dans cette position ?
Ngôi Sao se redressa un peu et embrassa les cheveux de Stefano qu'elle venait de caresser longuement.
-Bien sûr, petit sucre.

Le couple se leva et se dirigea vers la cuisine.
-Tiens mets ça !
-Ngôi Sao...râla Stefano en soupirant.
-Tu veux pas ? demanda la jeune fille sur un ton sérieux, ne voulant pas forcer son copain à quelque chose.
-Si, si...Donne...T'es juste taquine, mon abomination...sourit doucement le jeune brun.
Il attacha alors derrière son dos les rubans du magnifique tablier rose bonbon à dentelles et froufrous que Ngôi Sao lui avait offert lors de leur emménagement ici. Les broderies sur la poche sur le devant du tablier représentaient deux cœurs, l'un en forme classique quand on le simplifiait, le symbole de l'amour, et le deuxième en forme de l'organe. Ils représentaient les deux styles respectifs des dessins des deux amoureux, c'est Ngôi Sao qui avait brodé ça juste pour lui.
Ça lui donnait un air mignon quand il portait ça, un air que Stefano n'aimait pas trop avoir sauf si ça permettait de faire plaisir à sa partenaire.

La jeune fille cassa quatre œufs dans la poêle pendant que Stefano s'affairait à cuire des pâtes toutes simples. Les œufs brouillés du père de Ngôi Sao n'étaient pas bien sorciers à faire, mais elle les aimait beaucoup et ils avaient en plus le pouvoir de la nostalgie pour elle.
Quand les œufs étaient encore liquides dans la poêle en train de chauffer, elle ajouta du curry en poudre, une pointe de paprika, pas mal de ciboulette et du sel. Elle pourrait ajouter encore plus de condiments mais elle se contenterait de ça cette fois, elle voulait les faire assez simple.
Une fois que la poêle chauffait assez, elle remua continuellement les œufs jusqu'à ce qu'ils soient assez cuits. Elle éteignit la plaque et Stefano essora les pâtes avec une passoire.
Les deux amoureux s'assirent à table avec un petit air léger, contents de cette ambiance détendue, intime entre eux deux. Depuis qu'ils avaient cet appartement ensemble, ça arrivait souvent et ils n'en étaient que plus heureux.

-Ouvre la bouche !
Stefano regarda sa petite amie lui tendre une fourchette sur laquelle il y avait un peu de ses œufs brouillés. Elle souriait, gentiment, avec cet amour qui émanait de tout son être. Bien que normalement réticent à ce genre den gestes, Stefano décida pour une fois de se prêter au jeu. Il avança la tête pour manger ce qu'il y avait sur cette fourchette.
Il sourit à sa copine qui lui rendit un sourire encore plus radieux que le précédent. Cela donna du baume au cœur de Stefano. Rendre sa petite amie heureuse était pour lui un réel bonheur, la voir ainsi lui réchauffait le cœur et apaisait son esprit et ses émotions.

Après leur repas et avoir tout mis dans le lave-vaisselle, les deux amoureux allèrent se laver les dents et faire leur toilette quotidienne avant d'aller se coucher avant de retourner dans leur lit aussi chaud que douillet.
Stefano se blottit contre Ngôi Sao, mettant sa tête plus ou moins au niveau de sa poitrine, enroulant ses longs bras autour de la taille assez fine de sa petite amie. Il remua un peu sa tête, chatouillant la jeune fille avec ses cheveux en bataille, avant de se figer dans la position la plus agréable pour lui.
Ngôi Sao éteignit sa lampe de chevet et la nuit tombante les engloutit d'un seul coup. Posés dans leur lit tous les deux, collés, ils partageait leur chaleur respective et leur deux corps se fondirent l'un avec l'autre dans l'obscurité régnant à présent dans la pièce.
On voyait les étoiles briller dans le ciel nocturne par la fenêtre et un rayon de Lune discret passait à travers la vitre pour atterrir sur le plancher.

Ngôi Sao profita pleinement de ce moment calme, paisible, serein, avec son petit copain.
Aucun d'entre eux ne pipait mot et seule l'ambiance leur évoquait leur amour et la forte liaison qu'ils partageaient.
Restée dans son habitude, la jeune asiatique caressait les cheveux de son petit ami, lentement, tendrement, doucement, amoureusement...Elle adorait faire ce geste très affectueux et Stefano semblait apprécier le recevoir.
Leurs respirations lentes et très calmes, posées, se fondaient entre elles et semblèrent fusionner à un certain stade. Leurs expirations et leurs inspirations avaient la même intensité et ils semblaient tous les deux actuellement en parfaite harmonie, en vraie symbiose.

Après un long moment sans parler, l'un des deux décida de briser le silence nocturne et précieux qui régnait dans l'appartement.
-Ngôi Sao ? demanda Stefano, sans bouger la tête pour autant.
-Oui, petit sucre ?
Quelques secondes de silence solennel s'ensuivirent...
-Je t'aime.
Dans le noir, la jeune femme sourit.
-Moi aussi, je t'aime !

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