Chapitre 23 : Orientations

-Ngôi Sao ! s'exclama alors une voix.
Elle se retourna et vit se diriger vers elle sur un skateboard Vittorio tout sourire la saluant de la main. Il revenait d'une peite promenade en solitaire dans le quartier avec sa planche et rendu près de chez lui, il avait vu une silhouette, petite aux longs cheveux noirs, marcher vers sa maison. Quand il arriva à sa hauteur, il sauta de son véhicule de fortune et le prit à la main pour marcher en même temps que la fille qu'il avait apostrophée.
-Tu viens à la maison, je suppose ?
-Oui, rit la jeune fille. Je viens voir ton frère.
-Cool !
Une idée germa dans son esprit de petit frère taquin.
-Ça te dit, tu lui fais une surprise ?
-C'est-à-dire ? demanda Ngôi Sao, intriguée.
-Comme c'est moi qui rentre là, théoriquement, il va pas faire gaffe. Parce que toi, tu sonnes quand tu arrives. Et là, surprise ! Tu débarques dans sa chambre sans qu'il s'y attende !
-Ça marche ! rit ma jeune fille. Ça va me faire rire.

Comme leur plan le prévoyait, quand Vittorio passa la porte de la maison, il la ferma derrière Ngôi Sao, silencieuse, et s'écria :
-Je suis rentré !
Chez eux, c'était une habitude de le dire en arrivant, chez Ngôi Sao aussi d'ailleurs. Cela permettait d'indiquer aux occupants de la maison qui venait d'entrer dans le foyer et aussi de prévenir la venue d'éventuels intrus indésirables. Ngôi Sao était tellement de fois rentrée dans cette maison avec Stefano qu'elle connaissait son exacte intonation en prononçant ces mots.
-Ferme bien la porte ! entendit-il en retour.
Vittorio se tourna vers Ngôi Sao.
-Voilà, il est effectivement dans sa chanbre. Je vous laisse.
-Merci ! sourit-elle à son ami.
Elle monta aussi silencieusement possible les marches. Heureusement, elles n'étaient pas en bois comme chez elle sinon ç'aurait été mission impossible...
Elle arriva à côté de la porte de Stefano et...

-Bouh ! Je suis là !
Stefano tressauta sur sa chaise de bureau dont les roues firent un bruit quand elle bougea sur le parquet.
-Mais...Mais Ngôi Sao ! Tu m'as fait peur ! Et qu'est-ce que tu fais là ? Quand est-ce que tu es rentrée ?
-Avec ton frère, sourit la jeune fille, mains sur les hanches, avec un air très satisfait et presque fier. On voulait te faire une surprise.
-Elle est réussie, rit le jeune homme. J'ai eu peur mais j'ai été surpris !
-Tiens ? Tu as changé ton fond d'écran !
Ngôi Sao regardait l'ordinateur de son copain. Il y avait derrière les icônes des documents et des fichiers une illustration, très belle et bien travaillée, d'un démon avec une pose bien spécifique.
-C'est Baphy ? demanda-t-elle, faisant appel à sa culture générale.
-Baphy ? répéta Stefano, interloqué.
-Oui. Le surnom que certains sur le net donnent à Baphomet quand il est représenté de façon mignonne.
-Mais il est pas mignon, là ! s'offusqua Stefano. Comment les gens peuvent trouver un surnom aussi adorable pour un démon ?
-Internet, lui dit sa copine en faisant un geste des mains comme si c'était la réponse ultime à toutes les questions.
-C'est bien lui, dit Stefano. Tu sais que j'aime beaucoup les représentations graphiques dans ce genre. Mais de là à lui donner un surnom comme ça...C'est comme si je donnais un surnom mignon à Hitler...
-Internet, répéta Ngôi Sao.

Posant ses affaires au sol, elle alla alors faire ce qu'elle n'avait pas fait tout de suite en arrivant, c'est-à-dire donner un baiser à son petit ami avant de s'asseoir à côté de lui.
Ils parlèrent de choses et d'autres, prenant du bon temps à se retrouver pour un moment ensemble.
-Tu as fait ton inscription à l'université ? demanda Ngôi Sao. Tu voulais aller en quoi ?
-Je ne sais pas trop ce que je veux, pour être sincère...Mais je me suis inscrit en biologie pour le moment. Toi tu as finalisé ton inscription pour ton école ?
Ngôi Sao, tout comme Pierrick, s'étaient inscrits dans l'école qui leur permettrait de devenir enseignants, l'une pour des élèves de primaire et l'autre pour des élèves de secondaire.
-Oui, c'est tout bon ! Je reprendrai les cours avant vous les universitaires, bande de veinards !
-Fallait venir à l'université aussi ! ricana Stefano.
-Au moins, il y aura Pierrick. Il sera tout triste sans Matei.
-Il part où déjà ?
-L'Angleterre, pour bien baigner dans un milieu angloohone.
-C'est relativement loin effectivement...Tu sais s'il reviendra quand même de temps en temps ?
-Normalement pendant les vacances quand il pourra, sinon pendant les grandes vacances d'été. Il a aussi tellement repris la natation qu'il va combiner ça avec ses cours. Il aura peut-être droit à un programme personnalisé.
-Ça fera beaucoup mais il a du courage !
-Effectivement, oui. Surtout de partir loin de son chéri si longtemps.
-Tu ne partirais pas loin de moi si tu pouvais faire ce que tu aimes ? demanda Stefano.
Ngôi Sao prit très à cœur la question.
-Franchement, ça dépendrait...Il est probable que oui, mais tu es un facteur assez important pour que ça me fasse rester ici. Je l'ai vécu avec Marveen, même si on avait qu'une quarantaine de kilomètres à vol d'oiseau entre nous, une relation à distance est parfois bénéfique mais c'est quand même difficile.
-Je comprends. Moi je ne l'ai pas vécu, donc je ne saurais pas dire avant de le vivre ou au moins quelque chose de similaire.
Ngôi Sao se pencha vers lui et l'embrassa par envie. Elle ne voulait pas se retrouver loin de lui. Déjà que son école était assez loin de l'université, ça suffisait.

-Toi qui sais toujours tout sur tout le monde, tu sais ce que font les autres ? Je sais qu'il y aura Helena et Xiù à l'université avec moi mais je suis même pas sûr de ce qu'elles font.
-Mélissa et Noël aussi. Helena et Mélissa seront en économie, Xiù va faire des études de droits.
-C'est vrai, elle veut être avocate. C'est de sacrées études !
-Longues surtout, oui. Noël va étudier l'informatique. Massimo, je sais pas trop, je crois que lui-même hésite.
-C'est des beaux projets. Moi je me lance dans des études et je sais même pas si je veux vraiment faire ça.
-Tu verras bien. Et si ça te plaît pas, tu peux toujours recommencer des autres études ou une formation.
-Oui. Toi c'est bien, tu sais depuis longtemps ce que tu veux faire.
-Oui, en un sens, c'est clair que c'est cool, lui sourit sa petite amie. Mais des fois, ne pas savoir où on va permet de faire de nouvelles découvertes, parce que métaphoriquement, moi je vais tout droit sans regarder à gauche ou à droite, je vais tout droit en regardant tout droit.
-C'est vrai...

-Vittorio est en dernière année d'école non ?
-Oui. Je crois.
-Tu devrais pas croire tu devrais savoir ! rit Ngôi Sao.
Stefano ne sut quelle réplique cinglante il aurait pu lui lancer, donc il se tut.
-Tu sais ce qu'il veut faire l'année prochaine ? demanda la jeune fille.
-Non. Enfin, je sais qu'il ne sait pas ce qu'il veut faire, nuance. Il aimerait tenter une école d'arts, quelque chose dans ce genre. Il n'est pas très scolaire. Je ne sais pas trop s'il viendra au lycée comme nous on a fait ces trois dernières années.
-À lui de voir, tu me diras. À lui de voir ce qui lui plaît.
-Oui.

Après un petit moment de silence, Ngôi Sao se pencha vers son amoureux et l'enlaça. Toujours assis sur le lit, Stefano se demanda si les choses iraient plus loin ou pas. Aujourd'hui, il y avait sa famille à la maison, il ne voulait pas qu'il y ait d'incidents quelconques...Du genre, son petit frère débarque dans sa chambre sans crier gare ni toquer avant d'entrer.
Il rendit son étreinte à sa copine en passant un de ses bras autour de ses épaules. Elle releva les yeux vers lui et lui sourit.
Malgré qu'il ait de la peine à soutenir le regard des autres ou de les regarder dans les yeux, il y arrivait de mieux en mieux avec sa copine. Normal, ils étaient proches et ils s'aimaient.
Il put alors déceler dans ses yeux noirs comme la nuit une sincère gentillesse et un amour profond, lisse comme une mer calme sans vent à l'horizon. Elle ne portait pas, en tout cas dans ses yeux, le meilleur miroir de l'âme et des sentiments, la moindre envie charnelle actuellement. Elle avait juste envie d'affection.
Stefano ne put se retenir et l'embrassa sur le haut des cheveux avec douceur. Elle se serra un peu plus contre lui ainsi.

Après un moment sans parler, juste comme ça à rester enlacés avec une profonde affection, Stefano brisa le silence :
-Tu veux qu'on fasse un jeu ?
-Quoi comme jeu ? demanda Ngôi Sao en relâchant son câlin.
-Un jeu de plateau, ou sur l'ordinateur, comme tu veux.
Ngôi Sao resta songeuse quelques secondes.
-Tu as des jeux multijoueurs ?
-Je...Il faudrait que je vérifie.
Stefano se leva et alla ouvrir sa bibliothèque de jeux. Étant donné qu'il jouait souvent seul à des jeux sur son ordinateur, il avait peu de jeux dans son répertoire auxquels on pouvait jouer à plusieurs, même seulement à deux.
-J'ai ces trois-là. Dans les deux premiers, on doit se battre l'un contre l'autre et dans le troisième, on doit s'unir contre des ennemis communs. On est genre, dans le même camp si tu veux.
-Le troisième alors. Parce que comme ça, on doit collaborer et pas se taper dessus.
-C'est pas parce qu'on a des ennemis communs qu'on ne peut pas se taper dessus, sourit Stefano avec une lueur amusée dans le regard.
-Ose un peu...lui sourit Ngôi Sao avec presque le même air qu'elle prenait au lit quand ils commençaient un moment intime un peu plus chaud.

Stefano réprima un petit frisson dû à une pensée un peu trop osée, se remémorant leurs anciens moments à deux, et lança le jeu. Il expliqua rapidement les touches à sa copine qui testa avec son personnage une fois l'écran chargé et l'apparition du bonhomme dessus.
-Commençons !
Les deux personnages se mirent à avancer petit à petit et ils tombèrent tout de suite sur une armée !
-Tape ! lui conseilla Stefano.
Ngôi Sao se débrouillait assez bien pour une première fois, son copain ne put que le remarquer. Comme il avait pu le dire à Elodie, elle jouait assez souvent aux jeux vidéo et elle n'était vraiment pas mauvaise du tout.
-J'ai trouvé un cheval ! dit Stefano en montant dessus après avoir sauté dessus avec son petit personnage.
Le canasson se mit alors à courir dans tous les sens, même pas beaucoup plus vite que le personnage de Ngôi Sao qui marchait seulement.
-Tu es ridicule, ricana la jeune fille.
-Moi au moins je fais pas d'effort pour marcher !
Une deuxième salve d'ennemis arriva et les deux héros durent se battre à nouveau. Ce fut plus long, car il y avait plus d'ennemis et certains étaient plus forts que les premiers rencontrés. Stefano dut sacrifer sa monture à regret mais il avait dû en descendre pour éviter de se prendre des coups perdus à la volée, qui ne lui étaient pas destinés à la base mais qui étaient en hauteur à cause de la portée des armes des ennemis.

-Enfin ! lâcha-t-il à la fin de cette salve d'ennemis.
-Tu as perdu ton cheval, fit remarquer Ngôi Sao, remuant un peu le couteau dans la plaie, avec un petit sourire.
-Ça va, râla le garçon. On continue, on est bientôt au premier boss.
-Ça marche, lui répondit sa copine, pas effrayée plus que ça par cette annonce.
Quand leurs personnages entrèrent dans une arène, un énorme ennemi avec une armure encore plus énorme et une arme tout aussi proportionnelle, mais avec une toute petite tête, apparut par la porte opposée dans l'arène.
-Allez ! s'exclama Stefano quand il ne lui restait plus que quelques points de vie.
-On l'a eu ! fit Ngôi Sao une fois que l'ennemi fut tombé par terre, formant une immense montagne faisant trois fois la taille de leurs personnages.
-Trop bien ! Bravo Ngôi Sao !
Elle lui sourit.
-On a fait un bon travail d'équipe, c'était trop bien !

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