Chapitre 14 : Scandalisée
-Salut chéri !
Elodie se tenait sur le seuil de la porte de chez Stefano. Il se demanda alors dans quelle galère il s'était embarqué à l'instant où il avait entendu la sonnette. Il avait espéré tout bas qu'elle oublie. Mais étant aussi amoureuse, elle n'allait pas oublier, c'était mal la connaître...
Elle avait amené des chocolats en forme de cœur, fourrés aux fruits rouges, qu'elle lui avait mis sous le nez presque dès son arrivée.
-Merci...Fallait pas...
-Mais si mon cœur ! Cœur, comme les chocolats t'as vu !
Stefano se força à sourire à sa blague. Il se retint de dire suite au surnom qu'elle lui avait donné qu'il n'était pas son cœur, auquel cas il aurait volontairement provoqué un infarctus pour ne pas à entendre tous les jours sa voix aiguë et ses caprices incessants.
Bravo au cœur actuellement en fonction, d'ailleurs.
Ils montèrent dans sa chambre. Stefano appréhendait un peu le moment. De toute façon, il appréhendait de toute façon quand il s'agissait d'Elodie...Mais après, ils allaient faire quoi ? Manger des chocolats ensemble dans sa chambre ?
Son imagination lui joua des tours...Il imagina son amie, Ngôi Sao, poser délicatement un chocolat sur son torse chaud, nu...Il chassa ces pensées de son esprit. Ce n'était pas le moment de divaguer ! Depuis quand son esprit lui inventait et montrait des trucs comme ça ?
Ils croisièrent alors Vittorio dans le couloir qui sortait de sa chambre.
-C'est Vittorio. Mon petit frère.
-Ah c'est toi ! Il parle un peu de toi ! fit Elodie en prenant les mains de Vittorio dans les siennes sans crier gare. Moi c'est Elodie ! Je suis la copine de Stefano !
Vittorio eut du mal à cacher sa moue surprise, relevant un coin de sa lèvre supérieure.
-Ta...Copine ? fit-il en regardant son grand frère.
Ce dernier hocha la tête avec une expression neutre. Vittorio cligna deux fois des yeux, encore choqué, et finit juste par dire :
-Cool.
Et il retira ses mains de celles d'Elodie avant de tourner les talons. Elle ne lui inspirait aucune sympathie, cette fille-là. Il aurait préféré voir une fille qui correspondait plus à son frère si elle sortait avec.
-Il est timide, c'est chou !
Stefano se garda bien de dire à sa copine que ce n'était de loin pas de la timidité mais carrément du dédain.
Il se demanda alors ce qu'ils allaient faire ensemble une fois dans sa chambre. Contrairement à Ngôi Sao, il s'imaginait mal jouer à un jeu vidéo ou un jeu de société avec cette fille-là pour adversaire...Il aurait peur de se faire décapiter en fin de partie si elle perdait.
-Ta chambre est super lumineuse !
Effectivement, une grande fenêtre dans la paroi mansardée offrait une belle lumière à la pièce. Pas totalement bien rangée, mais au moins on y voyait bien.
Sans y être par le moins du monde invitée, elle s'assit sur le lit de Stefano, seul endroit de la pièce où on pouvait s'asseoir, à part le sol ou la chaise de bureau devant son ordinateur.
Stefano voulut faire une remarque sur la normale politessr que les gens étaient censés avoir en société, comme ne pas s'asseoir comme ça sur le lit, zone personnelle, des gens.
-Ton lit a ton odeur, c'est tellement bien !
C'était une remarque un peu flippante mais Ngôi Sao avait tellement désensibilisé le garçon à ce genre de paroles, parfois à coups de compliments bizarres aussi. Cependant, cela lui fit plus peur que de la part de Ngôi Sao, parce que simplement Elodie ne le connaissait pas depuis aussi longtemps...
-T'es une détective pour savoir ça. Je dors pas là toutes les nuits, effectivement, répondit-il avec un ton un peu sarcastique.
Elodie rit. Au moins elle avait compris que son ton n'était pas sérieux. Sinon, elle l'aurait sûrement encore mal pris. Stefano lui demanda ce qu'elle voulait faire, ne sachant trop quoi lui proposer.
-On peut se faire un câlin ?
Stefano fut doublement surpris. Surpris de la question, surtout qu'elle impliquait son consentement contrairement à son bras seul constamment kidnappé quand elle était vers lui, et surpris par la chasteté de la demande.
Il ouvrit alors les bras et ils s'étreignirent. Deux secondes à peine. Et il se retira, gêné. Elodie ne s'en offusqua pas. Ou en tout cas, elle ne dit rien.
-On fait un jeu ?
Elodie parut surprise.
-Si...Si tu veux...
Ils firent un simple jeu de cartes quand au milieu de la partie, la jeune fille retira son petit gilet, dévoilant un top et ses épaules nues.
-Il fait chaud chez toi...
-Tu trouves ? Moi je ne trouve pas, fit Stefano en continuant à jouer.
Quand Ngôi Sao disait de son ami qu'il était aveugle, et elle savait bien de quoi elle parlait, elle ne racontait pas de bêtises. Stefano ne vit pas la moue mécontente qu'Elodie faisait en finissant la partie. Sa poitrine serrée dans son décolleté n'avait pas réussi à émoustiller, ou même seulement la faire remarquer, par Stefano.
Quand ils finirent la partie, elle demanda :
-J'ai perdu. Tu peux...M'embrasser ? Pour me consoler.
Stefano, ayant déjà embrassé sa copine d'il y a des lustres, qui n'avait de copine que le nom vu qu'il passait presque tout son temps à la fuir, dit simplement :
-Ok...
Et il toucha ses lèvres des siennes, sans appuyer, sans affect particulier. Lui-même ne ressentit alors rien dans son corps, il n'était pas plus intrigué et ses envies ne bondirent pas d'un coup. Il l'avait fait et point. C'était le néant dans son corps.
-Je pensais qu'il se passerait des choses plus...Croustillantes, chez toi...
Elodie avait pour une fois une voix vraiment affectée, qui avait l'air sincèrement triste. Stefano ne sut trop que dire. Elodie finit pat se reprendre, pensant à ce qu'on lui avait dit, comme quoi elle était trop égoïste et narcissique :
-Parle-moi plutôt de toi. Je me rends compte que je sais pas beaucoup de trucs sur toi.
-En même temps, tu m'as demandé de sortir avec toi parce que j'étais mignon. T'as regardé l'extérieur, pas l'intérieur avec.
-C'est vrai...admit Elodie bon gré mal gré.
Stefano soupira avec un léger sourire.
-Je...Je sais pas trop quoi dire...J'ai une famille bien, je m'entends bien avec mon petit frère que tu as vu avant. On a une bonne fratrie.
-Et t'as un meilleur ami ? Ou une meilleure amie ? demanda Elodie, curieuse de connaître la réponse.
-Oui. C'est Driss. On se connaît depuis des années, on partage beaucoup de choses lui et moi. On aime les jeux vidéo, ça arrive régulièrement qu'on joue ensemble. Avec Ngôi Sao aussi, elle aime bien les jeux vidéo. C'est drôle parce que souvent, on pense que les filles sont nulles là-dedans mais c'est pas le cas.
-Moi je suis nulle, rit Elodie.
-Parce que tu pratiques pas, je pense. Si on pratique pas, on est nul. Ou alors on est surdoué mais bon...Ngôi Sao joue à des jeux depuis petite du coup elle maîtrise !
-C'est drôle, je pensais que ce serait elle ta meilleure amie. Pas Driss.
Stefano réfléchit. Emporté dans son élan, il racontait maintenant beaucoup de choses parce qu'il pouvait enfin parler de choses qu'il aimait.
-On est très proches, c'est clair. Driss a je pense l'ancienneté en plus que Ngôi Sao. Je la connais depuis un peu moins longtemps que Driss. Mais j'aime beaucoup ma relation avec les deux, elle est différente mais bien dans les deux cas. Il y a aussi Xiù, je suis à côté d'elle en cours. Dans le groupe, t'as peut-être vu aussi Matei. C'est lui le meilleur ami de Ngôi Sao, ils se partagent tout. D'ailleurs, j'ai peur de ce qu'elle sait sur ce qui se passe dans le lit de Matei...
-C'est vrai ? J'aurais pas cru. Elle aime les ragots ?
-Oui, beaucoup. Mais elle les garde pour elle. Massimo aussi, de ce que je sais. Je le côtoie pas beaucoup mais je sais qu'il a trouvé pas mal de points communs avec Ngôi Sao.
Stefano ne le voyait pas parce qu'il enchaînait les phrases, emporté par ce qu'il raconait avec plaisir, mais Elodie fronçait ses sourcils un peu plus à chaque fois qu'il évoquait le nom de son amie asiatique. Il parlait beaucoup d'elle, et avec une telle passion !
-Il y a encore Helena, qui aime les ragots avec Ngôi Sao, et Mélissa qui traîne beaucoup avec Helena. Sinon, dans le groupe de Massimo qui est un peu plus souvent avec nous maintenant, il y a Noël et Pierrick. Il a beaucoup été aidé par Ngôi Sao d'ailleurs à un moment, elle lui donnait des conseils.
-Et vous faites quoi quand tu vois tes amis ?
-On fait des soirées quand on est tous ensemble. Sinon, en plus petits groupes je vois surtout Driss, Ngôi Sao et parfois Xiù quand elle peut sortir. Surtout Driss et Ngôi Sao en fait. Ce qui est bien avec elle, c'est qu'on peut faire un jeu vidéo ou un jeu de société sans problème. Driss n'aime pas trop les jeux de société. Mais avec Ngôi Sao je peux tout faire. D'ailleurs la dernière fois qu'on était en ville tous les deux, elle...
-Ça suffit !
Stefano s'interrompit et la regarda, surpris du ton qu'elle venait d'employer. Il ne s'y attendait pas. Surtout dans la mesure où elle était plutôt calme, d'habitude, et très niaisement amoureuse.
Elle s'était levée du lit sur lequel ils étaient assis tous les deux côte à côte il y a un moment, les poings serrés, les joues rouges, mais probablement pas de gêne, et les sourcils froncés à l'extrême.
-Qu'est-ce que...commença-t-il.
Elle le coupa avant qu'il puisse continuer sa phrase :
-J'en ai assez ! Tu n'es pas du tout proche de moi, ni affectueux ! Tu ne me témoignes pas du tout de l'amour comme un copain ferait, même pas un tout petit geste, rien ! Et en plus, quand on se voit, soit tu te plains soit tu me parles à longueur de temps de ta...Ta chinoise, là !
-Elle n'est pas chinoise, fit Stefano, le ton plus grave et les sourcils froncés devant cette remarque passablement raciste.
Cela ne sembla pas troubler sa copine.
-Ngôi Sao par ci, Ngôi Sao par là, Ngôi Sao a fait ça, Ngôi Sao a dit ça, Ngôi Sao aime ça...Ça m'énerve que tu me parles constamment d'une autre fille ! C'est moi, ta copine !
Stefano, sidéré devant une colère ayant éclaté comme une soupape ayant cédé sous pression depuis un moment, ne dit rien. Il n'avait rien à dire de toute façon, ce qu'elle disait était vrai. Il lui parlait de Ngôi Sao.
-Tu n'aurais pas dû accepter de sortir avec moi, si tu l'aimes tant que ça, il fallait sortir avec elle !
Stefano se figea devant la remarque, le regard toujours rivé sur le sol. Ses yeux bleus s'écarquillèrent légèrement.
Qu'est-ce qu'elle venait de dire ?
-Tu as quelque chose à dire ou non ? fit-elle encore agressivement.
Stefano baissa encore un peu plus la tête et finit par murmurer :
-Des tas de trucs...
-Quoi alors ?
-C'est pour toi surtout. Arrête de coller autant les gens. C'est désagréable. Et arrête de t'approprier quelqu'un comme ça, ce comportement fait fuir crois-moi. C'est effrayant une fille qui fusionne avec ton bras et qui te suit partout en hurlant ton nom. Et ne sois pas aussi possessive, c'est toxique et très agaçant. Tu ferais mieux aussi de te décentrer.
-Autre chose ?
Stefano sentit sa mâchoire se serrer devant le ton insolent d'Elodie qui semblait ne pas se soucier des reproches de son copain.
-Non. Dans les grandes lignes, c'est ça, conclut le jeune homme.
-Alors séparons-nous. On a plus rien à faire ensemble ! fit Elodie, sur un ton d'apparence calme mais qui ne faisait que trahir sa colère. J'espère trouver un garçon qui m'aime, la prochaine fois. Tu es vraiment mauvais pour montrer ce que tu ressens.
Ça, il le savait déjà. Des amis lui avaient déjà fait la remarque. La jeune fille attrapa son sac et s'apprêtait à sortir de la chambre quand elle fut retenue par un mot :
-Attends.
-Quoi ? Tu veux me retenir ? Me dire que finalement, tu veux que je reste ? fit-elle, cassante, se retournant quand même vers lui.
Stefano eut un air très légèrement surpris.
-Non, c'est pas ça. Merci.
Malgré son état de fureur intense, Elodie fut quand surprise de ces mots et ne réussit pas à le cacher.
-"Merci" ? Et pourquoi ça ?
Stefano choisit bien ses mots avant de les prononcer :
-De m'avoir ouvert les yeux...
En fronçant les sourcils, Elodie reprit son air énervé et dit avant de disparaître sur le pas de la porte :
-Et bien de rien ! Heureuse d'avoir pu te rendre service ! Maintenant, adieu. Je sais où est la sortie.
Stefano, rendu seul dans un silence un peu pesant, pensa, complétant sa phrase :
-Et mon cœur...
******
Enfin ! Bon débarras ! Même en tant qu'auteure, j'avais de la peine avec elle ! 😂 J'espère que ça vous soulage tout autant que moi !
Merci d'avoir lu jusque-là et j'espère que vous avez aimé ! 😄😁
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