Chapitre Un

Amaury

Le rideau blanc virevolte au gré de la légère brise marine. Je m'étends de tout mon long sur le lit spacieux. Ma main droite bute sur un corps nu. Je bascule sur le côté gauche pour me retrouver nez à nez avec une autre femme nue aussi. Je pousse un profond soupir avant de glisser vers les pieds du lit. Le sol est recouvert de vêtement. Je traîne des pieds jusqu'à mon grand dressing pour enfiler un short à même la peau. J'ouvre un autre tiroir pour choisir une paire de solaire à la monture en bois.

Sur la terrasse ayant pour vu sur le golf du Siam, je retrouve mon meilleur ami et second. Le petit-déjeuner est prêt, je n'ai plus qu'à m'installer devant un bon café que j'ai ramené d'une plantation équitable du Mexique.

- Tu as passé une bonne nuit ? demandé-je à Damian.

- Aussi intensive que la tienne, réplique-t-il amusé.

Ganda, vêtue de son tablier vert éternel par-dessus une tenue locale, m'apporte mon ordinateur. Quelques cheveux blancs commencent à apparaître dans sa longue chevelure noire. Je joins mes mains devant et incline le buste légèrement :

- Khop Koun Krap.

Je me connecte rapidement pour m'assurer des bénéfices de la soirée. Nous avons vu encore plus grand pour cette soirée de gala et nous ne nous sommes pas plantés. Notre investissement est largement remboursé, les charges de la soirée sont aussi couvertes et pourtant il reste encore une grosse somme d'argent. L'organisation caritative thaï que je soutiens va s'en réjouir.

- Alors ? m'interroge Damian.

- Je crois que l'ouverture du foyer dans la Province de Chonburi va se faire avec ces bénéfices. J'ajoute que je n'ai pas regardé ceux de l'établissement de Phuket.

- Ça promet de bonne nouvelle.

J'hoche la tête. D'une main, je me sers du café, de l'autre je me connecte au compte du premier club que j'ai ouvert. Phuket n'est plus à présenter, ultra-touristique, remplie de français et surtout une île ayant été frappée par une catastrophe lors d'un certain Noël.

L'établissement roule tout seul, je n'ai pratiquement plus besoin de publicité, sa renommée mondiale suffit à le remplir chaque soir. Le point positif est que je n'ai pas non plus besoin de remettre le pied sur l'île. J'ai fini par l'éviter à cause de la foule étouffante. Koh Samui est plus calme, plus naturelle et préservée.

- Hé bien tu vas pouvoir lancer Maeve sur le financement, dis-je vraiment satisfait. C'est notre soirée record cette année, tout établissement confondu.

- Parfait... Cela va donner un peu plus d'espoir à nos bénéficiaires.

Je l'écoute d'une oreille distraite. Il est satisfait, moi je ne le suis plus. Maintenant que le projet va pouvoir être lancé, je pense à ceux qui ont encore besoin de notre aide.

Je pense aux frontières reculées de ce pays au Nord, à la misère qui gangrène la population, à quelques petites frappes qui profitent de la faim pour asservir les plus faibles. Je pense aux jeunes enfants qui ont perdu leur famille dans des conflits sur certaines îles Thaï où, malheureusement, l'extrémisme monte.

Je pense au malheur des enfants dans le monde, je pense à tout ce que je fais mais surtout à tout ce que je ne fais pas...

- Amaury, m'interpelle Damian.

- Mmh ?

- Tu es en train de sombrer là, reviens avec moi.

Ce n'est pas lui qui me ramène à la réalité mais la sonnerie agaçante de Skype. Ma sœur, Adaline, apparait sur l'écran. Ses cheveux blond sont longs maintenant. Ils ont pris le pli de son éternel chignon qu'elle arbore lorsqu'elle travaille.

- Bonsoir Frangin.

- Bonjour Ada. Comment vas-tu ?

- Je suis épuisée, avoue-t-elle après un soupir. Tu sais ce que c'est cette période de l'année.

Je me garde de dire que cette pression je la connais tous les jours de toute l'année.

- Et toi ?

- J'déprime un peu, Cancún n'avance pas comme je le voudrais.

- Tu vas y arriver. Damian, Maeve et toi êtes les meilleurs.

- Attends, attends ! nous interrompt mon ami.

Il me pousse brusquement pour entrer dans le champ de la caméra. Ada le salue joyeusement en secouant sa main gauche qu'elle finit par passer dans ses longs cheveux. Je suis obligé de remarquer la pierre imposante qui plombe son annulaire.

- Le foyer de Chonburi va pouvoir être lancé. Ton frère fait juste la fine bouche.

- Tu vois que tout n'est pas si noir, me dit Ada d'une voix douce.

- Tu connais Amaury, rétorque Damian.

- C'est quoi cette bague ? les coupé-je un peu agressif.

- Je te contacte pour ça justement... Je me suis fiancée ! S'exclame-t-elle avec un large sourire. Thibault a fait sa demande hier soir devant Vati et Maman.

S'il trouve grâce aux yeux de notre père c'est que je ne vais pas vraiment l'aimer.

- Oliver était là aussi ?

- Oui, il ne manquait que toi.

Son sourire est triste. Nous ne nous sommes pas retrouvés tous les cinq depuis des années. Déjà sept ans que je ne parle plus à mon père, ce qui ne le dérange pas plus que ça. Il n'a jamais été vraiment présent pour moi.

- J'espère que tu feras l'effort d'être là pour la soirée des fiançailles... J'aimerais que tu sois mon témoin, avec Oliver, mes deux frères ensemble.

- Je ne louperai cela pour rien au monde. Transmet-moi la date par mail.

- Salut Amaury !

Mes deux amies d'une nuit me font signe, Damian les fixe bouche-bée jusqu'à ce qu'elles disparaissent de notre vue :

- Mon salop ! Tu t'es fait plaisir !

- On peut en revenir à mes fiançailles ? s'agace ma sœur cadette.

- Oui pardon, dis-je en me concentrant de nouveau sur mon écran. Je viendrai accompagné.

- Pas avec Damian ! s'insurge-t-elle. Vous allez être intenables.

- Je t'embrasse petite sœur et encore félicitations.

Je ferme la conversation et ouvre directement ma boite mail. L'invitation électronique est déjà arrivée. La date est prévue pour le seize Juin, c'est dans trois mois, le temps qu'il me faut pour réunir mon équipe de travail. Il est temps de profiter de mon retour en France pour m'y implanter.

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