Chapitre Trois

Mayra

Cela est toujours difficile de forcer l'hospitalisation de mon grand-père quand Mamie doit aussi l'être. Il ne comprend pas pourquoi il doit être séparé d'elle, il me supplie à chaque fois de le ramener chez lui. Cette fois c'est encore plus difficile... La maladie de papi évolue rapidement alors il déclare carrément une crise de panique.

Il n'a jamais été violent et pourtant il me plaque contre la porte de sa chambre. Son geste est si brutal que ça me coupe la respiration. Son regard est transformé par la haine. Mamie m'a pourtant assuré que c'était une journée « avec ». L'arrivée des nouveaux locataires s'est bien passé selon elle.

J'appelle à l'aide quand je réalise que je ne peux pas le résonner, sa force sur mes poignets grandit si bien que j'ai peur qu'il broie mes os fragiles. J'ai beau savoir qu'il est malade, j'ai beau me dire qu'il n'est pas responsable de ses actes, la rancœur vient se loger au creux de mon ventre.

Les soignants ne tardent pas, mais la force de mon grand-père est telle qu'ils me font plus de mal qu'autre chose à essayer d'ouvrir la porte.

- Papi, arrête, le supplié-je en larme.

Je tente de le repousser alors que j'entends la voix d'une soignante demandant l'aide de la sécurité.

- S'il te plait...

J'y mets toutes mes forces et j'arrive à le faire reculer. Cela attise sa colère ainsi que sa force, si bien que je termine au sol, les deux bras tordus. Les soignants et les agents de sécurité déboulent, ce qui provoque un effet de peur chez mon grand-père. Une violente douleur me traverse le bras. Je me sens partir alors que la pression exercée relâche d'un coup sec.

Je reste consciente avec l'image de mon grand-père maitrisé au sol, le visage tordu par la rage puis les larmes.

- Mayra... halète-t-il en baissant les armes complètement.

Je reste au sol, contre le mur, à observer les blouses blanches installer par la force mon Papi sur le lit. Une aide-soignante apporte les contentions tandis qu'une infirmière me demande de sortir de la chambre.

La culpabilité me ronge tout comme la douleur lancinante au niveau de mon épaule. Une fois debout, je manque de m'évanouir à nouveau. Le mur est le bienvenu pour supporter mon corps.

- Clo, va chercher un fauteuil roulant et le Docteur Martinéz ! s'exclame l'infirmière alors qu'elle m'installe sur une chaise.

Elle m'aide à retirer mon gilet, je ne peux pas bouger mon bras et je me rends vite compte que mon épaule est démise.

- Un tour aux urgences s'impose... marmonné-je.

- On va vous emmener directement en radiologie, annonce le docteur en entrant dans la chambre. Des allergies particulières ?

- Non... réponds-je pendant que l'infirmière m'aide à m'assoir sur le fauteuil roulant.

- Bien, on va vous installer dans mon bureau, vous perfuser avec un antalgique et on vous conduira en radiologie juste après, d'accord ?

- Merci Docteur.

Choses dites, choses faites. Je me garde de dire que je suis une ancienne du métier alors qu'on me prend en charge de façon optimale. Une fois l'antalgique posé, on me laisse quelques instants. Ils ne vont pas tarder à m'emmener aux urgences pour l'enregistrement puis en radio. Mon téléphone vibre dans mon sac à dos. Le numéro s'affiche, je suppose que ce doit être un des nouveaux locataires.

- Allô ? réponds-je à voix basse.

- Bonjour, vous êtes Mayra ?

- Oui.

- Je suis Damian Combal, le locataire de vos grands-parents... Je suis navré de vous déranger aussi rapidement mais il n'y a pas d'eau chaude.

- Merde... Euh... Je ne peux pas me rendre sur place et j'ai... euh... Je suis vraiment navrée, j'ai eu un petit accident... Je peux vous laisser le numéro du plombier ?

- Bien sûr ! Une minute, je prends de quoi noter... Rien de grave j'espère ? s'inquiète-t-il.

Je fouille difficilement mon portefeuille à la recherche de la carte de l'artisan.

- Non, rien de grave... Vous êtes prêts.

- Je suis à votre écoute.

Je récite le numéro quand l'infirmière entre dans le bureau après avoir frappé. J'indique à mon interlocuteur que je dois raccrocher et lui promet de le rappeler.

- Désolée, soufflé-je à l'infirmière, le travail...

- Ce n'est rien. On vous attend pour l'admission à l'accueil et vous aurez une place en radio dans la foulée, notre stagiaire va vous accompagner.

- Comment va mon grand-père ?

- Nous avons dû lui administrer quelque chose pour le détendre... Il se repose mais nous devons le garder attacher encore.

- Je comprends.

Son sourire est compatissant. Les choses se déroulent ensuite rapidement. Mon admission, la radiologie, la consultation avec un traumatologue. Je ne vais pas échapper à la remise en place de mon épaule, c'est une luxation. Pour m'aider à supporter la douleur j'ai le droit au MEOPA. Avant cela je demande à contacter un ami pour qu'il vienne me chercher.

La contention est posée, les effets du MEOPA ce sont déjà évaporés et une infirmière urgentiste me déperfuse. Je peux enfin sortir de l'hôpital. Je me rendrais dans le service demain afin de les remercier pour leur aide et m'assurer que Papi se porte mieux.

J'attends à la sortie des urgences mon ami en fumant une cigarette. La douleur s'éveille, pas seulement à mon épaule mais aussi dans mon dos et une migraine pointe... Ce n'est pas le moment pour moi d'être blessée...

- Mayra ! m'interpelle mon ami et colocataire Alexis. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il me conduit vers sa voiture alors que je luis explique l'altercation avec mon grand-père. Je me demande s'il a déjà été violent envers ma grand-mère.

- Tu vas être belle au restaurant ce soir, s'amuse-t-il.

- Pourquoi ?

Certes la contention bleue n'est pas très saillante mais cela ne va pas m'empêcher de sortir. Au lieu de me répondre, il abat le pare-soleil et je rencontre mon reflet. Un hématome s'impose sur ma tempe... La merde...

Mon téléphone vibre à nouveau, je reconnais le numéro de Damian Combal alors je réponds tout de suite :

- Le plombier est là, me renseigne-t-il, il veut un accord pour les réparations.

- Pouvez-vous lui demander d'attendre vingt minutes ?

Il le fait tandis que j'indique à Alexis de se rendre au Mas de mes grands-parents. Je prie pour qu'ils ne vendent pas tout de suite que je puisse rassembler assez d'argent. Cette demeure ne quittera jamais la famille.

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