Chapitre Huit
Mayra
Je suis complètement stone, le rythme de la musique oblige mon corps à se dandiner alors que je suis affalée sur le canapé du salon privé. Adaline est noyée dans la foule du club, elle danse à en perdre la raison. Oliver a été vu pour la dernière fois près du bar en compagnie d'une jeune femme qui pourrait être un clone de sa future ex-épouse. Pour finir, Sofia colle au train d'Amaury qui a du mal à lever les yeux de son téléphone.
- Stop ! Crie Amaury ce qui me fait sursauter. Arrête, putain !
Il dégage la main de Sofia qui se trouve un peu trop haut sur sa cuisse à son gout puis il la pousse sur le côté pour se glisser vers moi sur la banquette. Amaury soupire allégrement quand l'enfant gâtée Croate revient à la charge.
- Pitié... Sofia ! Tu me les brises !
- Oh comme si ça te dérangeait habituellement !
Je rencontre le regard agacé d'Amaury. Ce dernier se lève de la banquette avant de tracer tout droit hors de notre salon. Voilà qu'il me laisse me débrouiller avec une Sofia complètement ivre.
- Bordel, ce mec fait grimper la température, commente-t-elle en s'approchant de moi.
- J'crois qu'il n'est pas sur la même longueur d'onde que toi.
Amaury s'est appuyé contre un pilier en béton pour observer la piste de danse de l'extérieur. Il est bel homme, à l'image de sa famille bien qu'il ne présente pas les mêmes caractéristiques que son frère et sa sœur. Il ne porte pas le blond étincelant qu'arbore le reste des Boehmer. Ses yeux ne sont pas d'un vert pur comme ceux d'Oliver ou d'Adaline ; son regard bleu porte quelque chose de plus sombre et de plus torturé. De manière générale, Amaury semble plus brut, plus menaçant et imposant que son frère ainé.
Sofia finit par quitter le salon, je l'observe rejoindre mon amie sur la piste de danse. Quand Amaury le remarque, il vient se réinstaller à côté de moi.
- Tu es à sec, constate-t-il en faisant tomber mon verre sur la table, un autre rhum ?
- Je ne sais pas si c'est raisonnable...
Il est vrai qu'entre les cachets, l'herbe et l'alcool, je suis bien arrachée. Ça me rappelle une certaine soirée dans un coin reculé d'une favelas de Rio.
- On est trop jeune pour être raisonnable. Rétorque-t-il avec un léger sourire sur ses lèvres bordées d'une barbe de quelques jours.
- Alors demande-leur s'ils ont autre chose que de l'Havana...
- Ils ont un excellent rhum de la Barbade.
- Parfait ! Je t'accompagne.
- Tu ferais mieux de rester ici, les gens ne font pas attention.
Je souris simplement. Je me suis tenue face aux forces de l'ordre avec un bras dans le plâtre, ce n'est pas une petite foule qui va me faire peur. Je me place à sa droite, sa carrure imposante me permet de protéger mon épaule gauche que je ne sens presque plus grâce au cocktail de la soirée.
Près du bar où la foule se fait plus dense, Amaury passe son bras autour de moi et nous fraie le passage. J'atteins le bar sans avoir été bousculée une seule fois. De part sa taille, Amaury attire vite l'attention d'un serveur qui sort très rapidement une bouteille de rhum de la Barbade ainsi que cinq verres et un sceau de glaçon :
- Je vous fais apporter ça, nous prévient le barman. Vous voulez des softs ?
- Non, merci.
Amaury tend sa carte bleue avant que je ne puisse extirper la mienne puis il me sort de la masse tout aussi facilement qu'à notre arrivée.
Je suis soulagée de m'assoir de nouveau, je n'avais pas réalisé la tension dans ma nuque et dans le bas de mon dos. J'aimerais pouvoir me payer une bonne séance de massage mais je suis bien placée pour savoir que je dois attendre. Une serveuse habillée d'une robe courte et ajustée nous apporte le plateau rapidement. Elle a raison de mettre ses jambes en valeur, elles sont splendides, un spectacle à ne pas rater.
- Elle est à ton gout ? ricane Amaury en servant une tournée de rhum.
- A défaut oui. Est-elle au tien ?
- J'ai quelqu'un d'autre en tête.
Nous trinquons tous les deux avant d'avaler d'une traite nos verres. Amaury ne tarde pas à nous servir encore une fois. Nous avons le temps de boire un troisième quand Oliver, Adaline et Sofia reviennent.
- Je vois, vous faîtes votre soirée dans votre coin, constate Ada en s'installant à ma gauche.
- Tu veux un verre gamine ? l'interroge Amaury.
- Oh que oui !
Le véritable coup de feu est lancé. L'alcool se déverse dans mes veines, je suis ivre de toute, de la vie, des rencontres, de l'éphémère et de la joie. Je ris avec mon amie improbable, oubliant parfois mon bras en écharpe. Amaury s'invite à notre conversation.
Amaury... Grâce à lui je ne suis plus seule à me battre avec mes idées écolo et mon fantasme d'égalité et de liberté. Adaline capitule, nous nous retrouvons seuls, à partager nos idées similaires.
Lovée contre le dossier du sofa noir, rivée à son regard, je m'abreuve de ses mots qui semblent sortir de mon cœur. Refaire le monde avec un homme tel qu'Amaury est un pur délice.
- Pourquoi la Thaïlande ?
- Parce que c'est l'endroit le plus éloigné de tous les hôtels de mon père, ironise-t-il.
- Vraiment ?
- Non, Adaline l'a remarqué lors de son premier voyage. J'ai eu le coup de cœur pour Bangkok, j'ai aimé Phuket mais tout mon être appartient à l'île de Samui. Ils ont une politique territoriale assez rigoureuse, ils ne veulent pas reproduire les mêmes erreurs qu'à Pattaya ou autre site touristique.
- Je sens que ça va me plaire. Je pourrais m'inviter chez toi un jour ?
Je ne sais pas ce qu'il me prend de m'inviter ainsi mais j'ai toujours eu envie de découvrir l'Asie. Jusque-là mon cœur et mon esprit ne me guidaient qu'en Amérique Latine.
- Avec plaisir.
Son sourire est franc. Nous trinquons alors à cette prochaine visite sur une ile paradisiaque.
- Quelle œuvre humanitaire soutiens-tu ? me demande-t-il.
- J'ai un contact qui m'envoie certaine mission que j'évalue, mais la plupart du temps je pars et j'avise sur place. La dernière fois que je suis partie avec le sac à dos, j'ai intégré une école de fortune au Pérou. Mais là je reviens du Brésil, c'était une mission de prévention sanitaire auprès des jeunes populations des favelas.
- Quel thème as-tu abordé ?
- Plusieurs suivants la population cible, mais j'étais surtout préposée aux drogues et à la sexualité avec un public entre quinze et dix-huit ans... La plupart sont insauvables...
Amaury est attristé, profondément touché. Nous sommes plus influençables auprès des enfants plus jeunes, ceux qui n'ont pas encore eu trop de contact avec les gangs et la délinquance qui gangrène la ville.
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