Nos pas tonnaient dans le couloir. Face à moi, la traîne de Dumbledore ondulait sous ses pas pressées, tandis que McGonagall s'efforçait de conserver un air solennel. Mon cœur suivait le mouvement du groupe, battant furieusement à mes tympans. L'heure s'élançait vers nous, se pressait enfin de nous donner l'opportunité de nous défendre et d'agir.

-Il-Il faudrait qu'on trouve un-un nom à notre groupe de résistance, s'extasia Peter d'une voix fluette.

-C'est pas nécessaire, soupira Lily, visiblement ennuyée par notre ami.

Elle semblait plutôt préoccupée par notre situation. Je fronçai les sourcils : était-elle opposée à l'idée d'agir ? Agacé, je serrai les dents et feignis l'exitation :

-C'est pas une mauvaise idée, Peter.

-Il nous faudrait un nom qui traduise notre désir de faire changer les choses, de renverser les forces du mal pour laisser la belle magie renaître de ses cendres, approuva Remus en articulant chacun de ses mots sagement.

-Les Phénix renaissent de leurs cendres, songea James à voix haute.

-L'Ordre du Phénix ! déclara aussitôt Remus, les yeux brillants. En plus, c'est l'oiseau de Dumbledore, et puisqu'il est le chef de notre résistance, ça correspond bien.

-Je suis un géni, je sais, se lamenta Cornedrue. Je suis désolé, je dois vous laisser que très peu de place pour...

-On a compris, le coupa Lily en riant.

Elle se ressaisit et nous lança tour à tour un regard dur :

-C'est bien beau de s'amuser à monter une résistance, mais il faudrait prendre les choses plus au sérieux, les gars. Il nous faut plus de membres, et...

-Ce n'est pas un problème, intervint Dumbledore à la surprise générale. Je connais quelques aurors du Ministère qui seraient ravis d'intégrer l'Ordre du Phénix.

Il nous accorda un sourire complice et je vis McGonagall lever les yeux au ciel à ses côtés, pourtant amusée.

-D'autres élèves de Poudlard, peut-être ? proposa Remus. Pendant l'attaque, nous étions avec Alice et Frank, qui ont survécu comme nous. Eux aussi étaient pour qu'on agisse et qu'on se batte.

Même si l'idée semblait déplaire à nos professeurs, ils n'étaient pas en mesure de refuser quelques baguettes à notre alliance.

-Au fait, intervint James, où est ce qu’on va ?

-Dans la Salle sur Demande, fit Dumbledore. Là, on pourra parler sans crainte, dresser une liste des potentiels membres et appeler les aurors auxquels je pense.

J’opinai vivement du chef. Voilà l’action que j’avais tant attendue. L’heure de se venger était enfin venue.
Je vis Lily m’adresser une oeillade perplexe, et je me renfrognai. À quoi songeait-elle donc ? A la mort de mon père ? Trouvait-elle que je ne m’attristai pas suffisemment sur son sort ? Cela m’était bien égal. J’abhorrai Orion presque autant que ma mère. Il était inutile, c’en était même une perte de temps, de pleurer la mort d’un tel homme.

J’avais mieux à faire. Bien mieux à faire.