Chapitre 30 - Zelda
Les mains pressées sur ma poitrine, qui se soulevait précipitamment, je tentai sans grand succès de calmer les battements fous de mon cœur. Le silence pesait lourdement dans la salle. Soudain, j'entendis un long gémissement de douleur et je relevai le regard, tremblante. Là, à un mètre de moi à peine, le cadavre d'Orion Black gisait. Ses yeux écarquillés fixaient un point au loin, que seul lui était en mesure de voir, tandis que sa peau blafarde laissait saillir ses veines encore gorgées de sang. Walburga était penchée sur lui, une grimace de haine étalée sur le visage mêlée à de grosses larmes. Derrière elle, un jeune homme aux cheveux blonds platine, que j'identifiai comme Lucius, demeurait pétrifié, le souffle comme coupé. Je le sentais comme perdu, noyé dans un océan obscur ou chutant à travers le néant.
Il ne réfléchissait plus. Il n'avait qu'un nom en tête.
Comme tous les membres actuels de l'assemblée.
-C'est de ta faute ! hurla Walburga en tirant brusquement sa baguette dans ma direction.
Je tentai vainement de garder une expression impassible, mais la culpabilité qui me rongeait à cet instant faisait plus ressortir sur mon visage une grimace horrifiée. Bien que ce soit Voldemort qui ait porté le coup fatal, c'était de mes faits que le père de Sirius était mort. Je n'avais su faire preuve d'un minimum d'intelligence et de réfléchir avant de parler.
-Je vais la tuer, proféra la femme du défunt, le regard animé d'une flamme de rage.
-Vraiment ? susurra Voldemort d'une voix fluette, telle celle d'un serpent à la langue fourchue.
Le Mage Noir s'avança vers nous, sa traîne noire sifflant sur son sillage comme un compact nuage obscur gorgé d'orages.
-Je ne doute pas de ta férocité et de ta... loyauté ? poursuivit-il, presque écœuré à ces mots. Mais il me semble soudain que tu laisses entendre qu'elle était placée en ton mari, et non en moi... Mais j'ai probablement mal supposé, n'est-ce pas, Walburga ?
Il lui décrocha un regard rouge écarlate des plus effrayants, et je vis la mère de Sirius reculer d'un pas, les membres tremblants d'une soif de vengeance qu'elle ne pouvait étancher.
-Bien, sourit Voldemort.
Il me paru davantage effrayant avec ce sourire plutôt qu'en colère.
-Puisque les Black sont visiblement incapables de dresser correctement une créature aussi misérable, il me faut donc confier cette tâche à un autre, soupira le Seigneur des Ténèbres, comme soudain emplit d'une grande lassitude. J'espère donc que les Malefoy sauront y remédier et ainsi me prouver qu'ils sont vraiment dignes de me servir.
Il pivota dans leur direction, et je vis leur visage pâlir.
-Grindelwald pourra tenir compagnie à votre prisonnier, ajouta Voldemort, amusé de leur réaction effarée.
Severus, songeai-je, prise soudain d'un élan d'espoir. Il est vivant.
Puis, sans prévenir, Voldemort fit voleter sa robe et disparu dans un crac retentissant. Ses fidèles le suivirent sans prononcer le moindre mot. Deux femmes et deux hommes s'avancèrent vers la dépouille d'Orion et je m'écartai d'un mètre ou deux, tremblante.
-Vous n'auriez pas dû accepter de garder Grindelwald, souffla l'une des deux femmes, la plus jeune, à Walburga.
Elle gardait les dents serrées et les larmes perlaient au coin de ses yeux. A ses côtés, un grand homme roux demeurait impassible, le visage fermé.
-Nous n'avions pas le choix ! grinça la mère de Sirius, toujours aussi enragée. Nous ne sommes même pas des Mangemorts, alors comment veux-tu que nous lui prouvions notre loyauté autrement, Lucretia ?!
Interdite, je battis des paupières. Ils n'étaient pas des Mangemorts ?
-Ton frère est mort de la manière la plus ridicule qui soit et tout ce que tu trouves à dire, c'est accuser sa femme ? cracha la vieille femme à Lucretia d'une voix haineuse.
-Calme toi, Melania, souffla le vieil homme à ses côtés. Ce n'est pas vraiment le moment.
-Comme toujours, le grand Arcturus garde bien son calme, susurra Walburga. Même lorsque cette fois-ci c'est de son fils qu'il s'agit.
Elle leur adressa une grimace de haine, attrapa le bras d'Orion et de Regulus avant de disparaître dans un bruit sonore. Les quatre autres firent de même et le silence tomba dans la salle, aussi lourd que ma culpabilité et ma frayeur quant au jour où je devrais faire face à Sirius pour lui dire que son père était mort par ma faute.
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