Chapitre 15 - Sirius

Je me raidis subitement : un souffle rauque derrière moi indiquait que des pas maladroits s'approchaient. Ils étouffaient les herbes lentement, se faisaient hésitant à mon approche. Un rythme timide, presque coupable, mais pourtant doux et compatissant : cela ne pouvait être qu'une seule personne.

-J'ai besoin d'être seul, Remus, sifflai-je entre mes dents, d'une voix à peine audible.

Je n'étais pas prêt pour l'entendre dire que Zelda se jouait de moi, qu'elle ne m'aimait pas vraiment. Il se contenta de s'asseoir à mes côtés, doucement, et de lever le menton vers le soleil levant.

-Je suis désolé, Patmol, souffla-t-il finalement en cherchant mon regard.

Mais je gardai les yeux baissés sur mes mains souillées de sang et de boue, tombées mortes sur mes genoux égratignés, sur le tissu noir de mon pantalon déchiré.

-Tu ne comprends pas, murmurai-je, la mâchoire crispée pour empêcher les larmes de couler.

Je ne pleurerai pas devant Remus. Je me l'interdisais.

-Je comprends bien plus de choses que tu ne le crois, répondit-il d'une voix douce, dont l'empreinte de la tristesse et de la douleur était plus que visible.

-Sauf que tu n'aimes pas, tu n'as jamais aimé. Tu ne sais pas ce que ça fait.

Il sembla se crisper, et je vis ses mains agripper quelques touffes d'herbes, comme de peur de s'écrouler alors que nous étions assis. Il savait très bien à quoi je faisais allusion. Il pouvait nous aimer nous, les Maraudeurs, mais jamais comme j'aimais Zelda.

-Comment peux-tu en être aussi sûr ? souffla-t-il d'une voix à peine audible, qui me fit presque sursauter.

Voilà que je m'égarai à nouveau dans le labyrinthe. Quel était l'objet de notre conversation, à l'origine ?

-Il y a bien une personne que j'aime autant que tu sembles aimer Zelda, poursuivit-il, et il précipita son regard dans une autre direction pour éviter le mien.

Je laissai ma tête pencher sur le côté, perdu. Pourquoi n'en avait-il jamais rien dit ? N'étions-nous pas ses meilleurs amis ?

-Et tu nous as rien dit ?

-Tu l'as fait, toi ? pouffa-t-il, un sourire triste aux lèvres.

J'eus une moue approbative : Remus marquait un point sur ce coup.

-Non, plus sérieusement, repris-je tout en lâchant faible un rire. Pourquoi t'as gardé le silence si longtemps ???

Il haussa les épaules :

-C'est compliqué, Sirius.

Je levai les yeux au ciel. C'était toujours trop compliqué, avec lui.

-Allez, dis le moi maintenant que tu en as fait allusion !

Mais, à ma plus grande surprise, il secoua négativement la tête :

-Impossible. Cette personne en aime déjà une autre. Et puis on a autre chose à faire que de se quereller pour des sentiments stupides.

Je l'attrapai par le bras, plus sérieux que jamais, et plongeai mon regard dans le sien :

-Tu n'es pas stupide, Lunard. Et tes sentiments le sont encore moins à mes yeux.

Il esquissa un faible sourire :

-Alors laisse moi faire mon silence sur le sujet, tu veux bien ? Je n'ai pas envie d'en parler.

Je le lâchai, ne sachant que penser de cette histoire. Peut-être avait-il raison. Peut-être n'était-ce pas le moment d'en parler. Il se releva et se secoua légèrement pour chasser la cendre qui s'était accumulée sur ses vêtements.

-Allez, debout Patmol.

Je le suivis, un sourire au coin des lèvres : Remus était véritablement un ami en or.

-Au fait, t'as pas vu Peter ? me demanda-t-il tandis que nous nous dirigions de nouveau vers l'intérieur de l'école.

Je haussai les épaules : depuis quelques temps, celui-ci se faisait des plus agaçant. Je n'en avais que faire de l'endroit où il avait bien pu faire pour nous abandonner au sort des Mangemorts.

-J'en sais rien et je m'en fous, répondis-je d'un air las. J'ai toi, James, Lily et...

Je me stoppai quelques secondes, hésitant, puis repris d'une voix douloureuse :

-Je vous ai vous trois. Ca me suffit amplement.

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