Chapitre 11 - Sirius

-Où est-ce qu'on va aller ? demanda Alice, inquiète.

-Vous allez rester à Poudlard et poursuivre vos études, déclara Dumbledore, la mine grave.

J'écarquillai les yeux : ainsi, nous allions faire totalement abstraction de l'évènement pour continuer à vivre comme s'il ne s'était rien passé ?!

-Hors de question ! s'indigna Zelda, outrée. Severus est prisonnier de Voldemort, je te rappelle !

Les yeux écarquillés se tournèrent dans sa direction ; en plus de prononcer le nom du mage noir, elle tutoyait Dumbledore. Était-ce surprenant venant d'elle ? Non. Je lâchai un sourire amusé : Zelda ne cesserait jamais de me surprendre.

-Tu vois une autre solution ? rétorqua Remus, en accord avec le directeur. Tu veux y aller et prendre le risque d'y laisser ta peau, celle des autres et même celle de Severus ?

Mon sourire disparu : Remus disait vrai. Moi qui étais toujours d'avis à agir, rester à Poudlard serait peut-être la meilleure solution pour garantir notre sécurité à tous.

-Donc on va faire comme s'il c'était rien passé ? objectai-je cependant.

Dumbledore me fixa par dessus les verres de ses lunettes en demi-lune ; il garda un instant son regard bleu glacé percé sur le mien, comme malicieux :

-Je vais moi-même me charger de trouver une solution, Mr Black, fit-il au bout d'un moment.

Je me raidis ; pourquoi tant de sous-entendus en une phrase ? Le directeur bifurqua brusquement et prit la porte de sortie sous nos regards hébétés. Tandis que les secondes tombaient, Zelda bondit soudainement à sa suite et nous sursautâmes d'un même mouvement.

James me lança alors un regard insistant et, hésitant, m'en retournait à la suite de ma... copine ? Je levai les yeux au ciel tout en détalant à sa suite ; pourquoi donc ne pouvais-je supporter ce terme ? Je secouai la tête, reportant mon attention sur mes pas, qui glissèrent sur un tas de débris maladroitement. Je me stoppai subitement, accroché à un pan de mur émietté, le souffle court ; à quelques mètres, Zelda rattrapait Dumbledore en pleine course.

Il s'arrêta calmement et se tourna vers sa poursuiveuse, un sourire amusé au coin des lèvres. Je plissai quant à moi les yeux, méfiant : la complicité que les deux avaient subitement développé depuis leur sortie juste avant l'attaque était à mon goût bien étrange.

-Ne viens pas pour scander l'injustice, Zelda, sourit le directeur en toisant son élève par dessus ses lunettes.

Elle arqua un sourcil :

-Comment peux-tu être certain que c'était ce que j'allais dire ?

-Alors vas-y, l'encouragea Dumbledore, véritablement amusé. Qu'as-tu à me dire ?

Son expression se mua en une véritable inquiétude, comme perdue :

-Où vas-tu ?

Mais elle n'obtint aucune réponse, et je la sentis crispée ; visiblement, cela ne lui conviait guère. Elle lui attrapa férocement le bras, et une étincelle déterminée jaillit au creux de ses iris noirs. Inquiet, je me doutais qu'elle avait comprit quelque chose que je ne parvenais pas à décerner sur le visage du vieil homme en face d'elle.

-Je viens avec toi, siffla-t-elle entre ses dents.

Il poussa un long soupir, comme épuisé :

-Ne recommence pas...

-Severus est mon meilleur ami ! poursuivit-elle en secouant le bras de Dumbledore.

Mon cœur se serra. Aurais-je fait la même chose pour James, Remus ou Peter à sa place ? Probablement.

-Et Sirius ? objecta le directeur, cherchant visiblement à percer un point sensible de la jeune femme.

Elle referma aussitôt la bouche, entraînant mon cœur avec : qu'allait-elle répondre ?

Son regard s'abaissa :

-Il est en sécurité ici.

Dumbledore se pencha vers elle, soudain grave :

-Ah oui, vraiment ? Voldemort a déjà attaqué une fois. Il pourrait très bien le refaire.

Je me crispai sur le mur, et les yeux de Zelda s'embuèrent de larmes, qu'elle s'empressa de chasser :

-Sirius s'en sort très bien sans moi ! J'ai totalement confiance en lui !

Mais le vieux directeur rétorqua, son sourire totalement envolé :

-Tu as une totale confiance en lui ? Tu peux mentir à qui tu veux Zelda, mais pas à moi. Tu lui as dit, pour ton père, pour moi, et tout le reste ?! Pour Grindelwald, ou encore le voyage dans le temps ?

Cette fois-ci, mon coeur manqua un battement, et je fus pris d'un mouvement de recul. Grindelwald ?! Un voyage dans le temps ?!

Partagé entre la compassion que j'éprouvai à son égard et l'injustice à laquelle je faisais face, je ne savais comment réagir. Ainsi j'aimais une personne qui ne semblait pas éprouver le besoin de me confier ses véritables origines.

La gorge nouée de rage et de douleur, je fis volte face et m'en retournai à l'intérieur sans jeter un regard en arrière.



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