Elle

Le temps s'est arrêté lorsque je l'ai vue devant moi, hier soir. Il s'était arrêté en plein milieu du chemin, en me fixant. Quand j'ai sentie sa présence dans la pièce ainsi que ses amis, j'ai levé la tête et je l'ai aperçu dans son costume trois pièces de couleur noir. Une couleur qu'il aime et qu'il porte presque souvent. Mon cœur a cessé de battre durant un instant, avant de recommencer. Mon cerveau s'est éteint et je ne savais pas quoi dire ni quoi faire, avant de me reprendre. J'ai juste hoché la tête avant d'aller m'asseoir à mon bureau et de continuer mon travail. Mon corps tremblait, je perdais mes moyens et je ne voulais pas.

Je ne sais pas comment me tenir face à lui puisque dorénavant je serais son assistante, sa secrétaire et lui sera mon patron. Je ne dois pas montrer mes émotions, pas encore car je ne fais que débuter mais je sais qu'un moment où un autre, il me posera les questions et je devrais lui donner des réponses.

Après l'avoir vue partir, j'avais pris immédiatement mon cellulaire ainsi que mon sac et mes clés, éteint mon ordinateur en vitesse et rangeais mon bureau puis étais partie sans regarder en arrière. Je n'arrivais plus à respirer, c'était trop difficile, trop compliqué et si je restais encore une minute à cette étage, je risquais de m'évanouir. Qui sait ??

J'avais pris l'ascenseur et avait quitté le bâtiment en direction de la maison. Il était temps pour moi de m'éloigner de cet endroit.

•••

Le reste de la semaine est passé à une vitesse fulgurante. À chaque fois que je venais au travail, j'avais peur de ce qu'il allait se passer. Je viens le matin assez tôt, je travaille sur les dossiers qu'ils me donnent, sur les invitations et autres. Je passe ma journée au bureau et essaie de l'éviter au maximum, même si c'est assez compliquée. Le matin nous arrivons souvent en même temps, ce qui est assez perturbant, on prend le même ascenseur puis nous changeons de direction lorsque nous arrivons à l'étage. Il me donne parfois des dossiers à travailler et souvent non.
Le midi, il part sans même me préciser où, au cas où il reçoit des appels. Je fais mon travail sans me plaindre, et je dirais même que je l'aime bien. Juste qu'être près de lui est difficile dans la mesure où je n'ai pas encore eu la force de lui dire les raisons de mon départ.

Et le soir je reste assez tard pour terminer les finitions. Je ne suis pas seule heureusement pour ces tâches. J'ai eu de la chance d'avoir une amie en plus dans ma petite vie. Elle s'appelle Jade. Blonde aux yeux bleus, de taille moyenne, des cheveux mi-longs et bouclés. Elle est timide lorsqu'on l'a connaît, mais au fond elle est gentille. Par contre, Jade a cette habitude d'arriver en retard, de toujours vouloir trouver des excuses et elle est têtue. Et pourtant, malgré ses défauts, elle a réussi à monter et à devenir l'assistante du patron. Chapeau pour elle.

Aujourd'hui nous étions samedi, je voulais rester à la maison pour oublier cette semaine assez spéciale, mais ma sœur avait une autre idée en tête. Elle arrive devant moi, mon sac ainsi que le sien à la main et me sourit puis me montre les clés de la voiture.

Je ne comprends pas ce qu'elle mijote. Elle m'a clairement dit qu'elle ne voulait pas sortir du weekend pour se reposer. Surtout que là où elle travaille, elle dépense en énergie.

Alors à quoi elle joue ?

_ Nous avons reçu l'invitation pour les fiançailles de Jeanne, ton amie de lycée, donc je me suis dit que nous pourrions faire du shopping ensemble.

_ Jeanne ? je demande en fronçant des sourcils.

Elle hoche la tête pour affirmer ma question et explique que nous avons reçu l'invitation il y a deux jours. Comme nous étions très occupés, alors ni l'une ni l'autre a décidé de regarder dans la boîte aux lettres. C'est seulement hier soir qu'elle y a pensé. Félicia me montre la feuille qui était posé sur la table. Je le lis rapidement et souffle pour accepter de la suivre. Cela me ferait changer les idées. Après tout, je suis encore perturbé par la façon dont il m'a regardé jeudi soir. Je ne m'attendais pas à le voir si tard. Moi qui pensait que je le verrais que le lendemain, je me suis complètement trompé. Il était avec Louis et Harry, ses associés. Et eux aussi avait changé depuis la dernière fois.

Mon cœur bat très vite dès que je pense à lui, à croire que je ne m'en suis pas remis. En fait non, toujours pas.

_ Écoute, tu as travaillé cette semaine jusqu'à tard, je pense que tu peux t'autoriser une pause ?

Ma grande soeur n'a pas changé, toujours là pour moi.

Un sourire s'affiche sur mes lèvres, signe que j'étais d'accord avec ses paroles et me lève, prends mon sac puis sors suivie de ma sœur.

Nous rentrons dans la voiture, fermons les portes puis elle démarre quand mon cellulaire sonne. Je regarde qui m'appelle et remarque que c'est un numéro que je ne connais pas. Je décroche et dit.

_ Allô ?

_ Allison ?

C'était lui ! C'était Niall qui m'appelait alors que je n'avais pas donné mon numéro. À moins qu'il ai prit sur la fiche de renseignement qu'on nous donne avant de commencer à travailler, je n'ai jamais donné ma fiche. Sauf si c'est Madame Ling qui s'en est chargé. Félicia me regarde, voulant savoir qui était mon interlocuteur et espère avoir une réponse. J'évite son regard au maximum, tourne la tête vers le paysage de mon quartier puis souffle avant de répondre.

_ C'est bien moi. Un problème ?

_ Je cherche le dossier Tyson, au sujet du contrat, je crois qu'il y a des modalités à modifier ?

_ Oui, c'est cela, mais je peux le faire tout de suite, si vous le souhaitez ?

_ Non.. je veux juste récupérer le dossier, je vais m'en charger pour la modification. Profitez de ce weekend, parce que la semaine prochaine nous aurons du boulot.

Puis il raccroche sans même me dire davantage sur ce qu'il se passera. Je fronce des sourcils et verrouille mon téléphone. Il est froid, comme je le pensais. Cela dit, je ne m'attendais pas à recevoir un appel de sa part aujourd'hui. Et puis, s'il avait besoin de mon aide, il aurait dû me le demander. Je suis sa secrétaire avec Jade, et nous avons le devoir d'obéir dès que notre supérieur nous demande de faire des démarches. Alors pourquoi a-t-il voulu que je reste en dehors de cela ?

_ Si c'est le travail tu devrais arrêter d'y penser, n'oublie pas que nous allons nous amuser, et puis s'il avait besoin de toi, il te l'aurait dit non ?

_ Tu as compris que c'était lui ? demandais-je étonné qu'elle ait deviné.

_ Bien sûr !! J'ai entendu sa voix.
Tu sais, je ne le fais pas confiance, même si je sais que ce n'était pas entièrement de ta faute.

_ M'en parle pas.

_ A-t-il essayé de comprendre le pourquoi du comment ?

Je secoue la tête pour lui répondre par le négative. D'après ce que je savais, il a essayé de me contacter, mais Amanda lui avait dit que ce genre de fille aimait juste blesser les garçons honnête comme lui. Elle avait insinué des choses à propos de moi et Léon pour le faire oublier son objectif. Chercher la vérité. Et depuis ce jour-là, il a continué son rêve sans même se retourner. Léon m'a expliqué qu'Amanda était venu chez lui pour le faire comprendre que si je revenais, j'allais regretter. Il lui a juste répondu que ce n'était qu'une question de temps puis l'a mis dehors. Et depuis ce jour, plus rien. Je ne sais vraiment pas ce qu'il en pense de moi, de ce que je fais, ce que je sais en revanche, c'est qu'elle reviendra pour me le faire payer.

_ Ce qui est sûr c'est que cette... reviendra te voir. Ne te laisse pas avoir s'il te plaît.

_ Elle me fera pas changer d'avis, dis-je avec force.

****

Cela fait longtemps que je n'ai pas eu un après-midi pareil. Elle m'a réellement manqué et nos sorties aussi. J'avais oublié comment étaient nos moments à deux. J'avais oubliés qu'avec elle je me sentais bien, je me sentais moi-même. Félicia connaissait mieux que moi la ville et les meilleures boutiques pour trouver la robe parfaite. Et puis, je devais à tout prix changer de garde robe. Il fallait que je montre que j'étais confiante.

Que je n'étais plus la même.

Les premières boutiques que nous avons vues étaient parfaite, nous avons essayé plusieurs robes, des hautes, des bas et aussi des chaussures. Nous nous sommes vraiment amusé au point de faire un défilé pour certain passants. C'était drôle à voir. Elle m'a aussi montré plusieurs endroits assez sympa dans le coin lorsque je serais seule afin de m'habituer et d'avoir des repères. C'est vrai que partir sept ans ce n'est pas rien. C'est comme si nous étions étranger à une ville et pourtant nous avions vécu dans cette ville durant un certain temps, et c'est mon cas.

J'ai put prendre plusieurs photos de nos moments passé à deux. L'un près de la fontaine, l'autre durant nos essayages, un autre pendant que nous mangions une glace et plein d'autres encore. Je ne l'a remercierai jamais assez de m'avoir changé les idées. Vraiment.

Un peu plus tard nous étions sur le chemin du retour, en direction du parking lorsqu'elle lance la conversation.

_ C'était bien n'est-ce pas ?

_ Bien sur ! J'ai jamais été aussi ravie de faire du shopping ! dis-je le sourire aux lèvres.

_ Contente de l'apprendre, dit-elle en me regardant.

_ Je ne compte plus repartir ne t'inquiète pas, rajoutais-je pour la rassurer.

Elle hoche la tête, comprenant que mon retour était définitive puis décide de changer de sujet. Je sais que rester loin d'elle l'a attristé. Que quitter Londres pour l'Amérique durant sept ans, nous a éloigné, mais j'ai pris cette décision de revenir pour plusieurs bonne raisons. La première était justement ma soeur, le fait de ne plus être là pour ses anniversaires, ses moments de tristesse et de bonheur, la deuxième pour arrêter d'éviter le pire entre moi et Niall. D'arrêter de me cacher, qu'il était temps de sortir et de montrer que je ne suis plus faible, au contraire. Et les autres raisons, c'était pour moi, de revenir à la source, de ne plus laisser ma famille de côté, surtout ma tante, celle qui a perdu son frère, mon père dans cet accident et qui en le plus souffert. C'était aussi pour ça que j'ai décidé de revenir.

Durant le reste de la soirée, nous avons choisi de manger simple et surtout de profiter de l'autre. Félicia avait prévu de regarder des films d'horreur pour changer. Nous étions des grandes romantiques dans l'âme et ceux depuis toute petite. Nous croyons au prince charmant et tout ces contes de fées, et en grandissant nous avons compris que c'était faux, bien entendu, mais rien ne nous a empêché de vouloir trouver la bonne personne avec qui on voulait partager notre vie, le grand amour.

Je l'avais trouvé, je l'ai perdu. Félicia, elle enchaînait malheureusement les mauvaises relations et avait décidé de rester célibataire pour éviter qu'on lui brise une énième fois le coeur. Je suis d'accord avec elle, la pauvre a perdu toute envie depuis que son dernier ex-petit copain l'avait trompé avec une autre au bureau. Et le pire était de l'apprendre de la bouche des autres. Depuis elle ne veut plus aucune relation et surtout au bureau qui dépasse du professionnelle.

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Ma soeur ne cesse de bouger de tout les côtés afin de trouver sa paire d'escarpin qu'elle avait acheté hier. Elle n'arrête pas de jurer dans sa barbe, se demandant ou elle a bien put mettre la boîte et court un peu partout dans la maison. La voir ainsi me fait rire, mais j'éviterais de la contrarier. Les fiançailles ne commençait pas tout de suite et nous étions largement en avance, cependant, ma soeur avait toujours ce tic de perdre quelque chose d'important. Et ça arrivait assez souvent dans mon enfance. La première fois, c'était à l'anniversaire de l'une de mes tantes, elle avait oublié où elle avait pu déposé le cadeau ou nos parents ont commencé à paniquer avant de nous aider à le chercher. Plus de peur que de mal, nous l'avons retrouvé, mais avons décidé que c'était moi qui garderait les cadeaux.

Et depuis ce jour, elle essaye de ne pas oublier ou elle met ses affaires afin de ne pas être en retard, elle essaye, mais c'est toujours un échec.

_ Tu as sûrement du le mettre pas loin de l'entrée, afin de t'en souvenir, dis-je en la rassurant.

_ Peut-être, dit-elle en allant vers la salle de bain.

Je me lève pour l'aider à chercher et trouve la boîte non loin de l'entrée, comme je disais, elle l'a mit ici.

_ Trouvé ! Criais-je assez fort pour qu'elle puisse m'entendre.

Je l'entends qui court vers moi, un sourire aux lèvre et prend la boîte avant de l'ouvrir et de souffler de soulagement de l'avoir enfin trouvé. Les escarpins étaient de couleur beige, des chaussures qu'elle avait craqué dans le magasin la veille. Elle n'arrêtait pas de les fixer durant un long moment avant que je lui dise d'aller les acheter au risque de regretter de ne pas les avoir pris. Des chaussures de dix centimètres, dernière paire dans le magasin et pas cher pour ma soeur qui avait sautillé de joie de les avoir pris. J'avais eu raison de lui dire ça.

_ Merci.

Elle s'assoit et les mets, les observe, puis teste sa démarche avec ses escarpins avant de me féliciter pour ma tenue. J'avais opté pour une tenue simple et confortable, une robe a dentelle courte devant, mais longue derrière de couleur bordeau, de plus je ne voulais pas qu'on me remarque puisque tout le monde dans mon entourage au lycée savaient que j'avais quitté Londres pour aller en Amérique et disparaître de la nature sans donner aucun signe de vie. Personne ne savait ce que j'étais devenue, sauf Niall.

_ Jolie tenue, j'aime bien tes talons, tu me les passeras.

_ Félicia, oui, maintenant nous pouvons y aller.

_ Oui oui.

Elle récupère sa pochette blanche qui était sur le canapé près de son cellulaire, je fais de même, puis nous quittons la maison en direction de voiture. Je prends la place côté conducteur tandis que ma soeur prend la place côté passager et je démarre en direction de la villa de mon amie. Durant le trajet, pour éviter que nous nous ennuyons, Félicia met des chansons de notre enfance, des chansons qui me ramènent des souvenirs douloureux.

- Allison ?

- Dans la chambre !

- Wow, tu joues de la guitare maintenant ?

- Depuis petite, c'est juste que je ne l'ai dit à personne.

- Et pourquoi tu ne me l'as pas dit ?

- Je sais pas..

- Pour te rattraper, pourquoi tu ne chanterais pas une chanson hein ?

- Je ne chante pas, Niall.

- Allez !!

- ...

- Juste pour moi !

-..

- Je ferme les yeux pour ne pas te regarder..

- Bon..alors lequel ?

- Forever.

- De Lewis Calpadi ?

- Oui

Ce jour-là nous avons décidé moi ainsi que Niall que cette chanson deviendrait la nôtre. Notre chanson à nous et puis il y a eu cette visite et tout à changer. Alors l'entendre dans la playlist de ma soeur m'a rendu nostalgique. Je ne peux pas lui dire d'arrêter car elle s'en voudra de n'avoir pas put rester ce soir-là. Elle s'en voudra et je ne veux pas qu'elle pense que c'est sa faute, au contraire. C'est de la mienne, d'être naïve et de m'être laissé berner par de belle parole pour le bien d'autrui en détruisant le mien.

Et je paye les pots cassés maintenant.

Nous arrivons enfin après vingt minutes de route devant la villa des Wilson. La villa est superbe, et on peut voir depuis la voiture que la décoration du jardin est magnifique. Nous nous garons pas trop loin l'entrée afin de ne pas perdre de vue la voiture puis sortons et marchons bras dessus bras dessous en direction du jardin, là ou tout se passera. D'après ce que j'avais compris, mon amie d'enfance avait décidé d'avouer enfin ses sentiments à amour de jeunesse en espérant qu'il partage lui aussi ses sentiments. Coup de chance pour les deux, c'était le cas et les voilà fiancé dans deux heures.

Beaucoup de personne étaient invités vue le nombre de voitures sur le parking et ça ne m'étonnait pas étant donné que les Wilson sont très connus dans l'immobilier. Alors voir tout ces gens ici, aujourd'hui était normal. Mais je me souviens bien que Jeanne n'était pas une fille qui aimait se montrer, elle était plutôt discrète, sage et bonne fille, elle obéissait à ses parents au doigts et l'oeil puis je l'ai conseillé de ne plus se faire marcher sur les pieds au sujet d'une décision prise par ses parents sans son consentements et c'est à partir de ce jour-là qu'elle a décidé de changer. Malheureusement je l'ai perdu de vue, et voilà qu'elle se souvient de moi. Je devrais la remercier.

_ Allison, j'ai oublié ma montre dans la voiture !

_ Ce n'est pas grave, ce n'est qu'une montre.

_ C'est un accessoire indispensable ! Dit-elle en reculant.

_ D'accord, je t'attends, répliquais-je en soufflant.

Elle sourit ravie que je capitule et l'attends dans un coin, bras croisés. Certains invités me dévisagent ne comprenant pas pourquoi je reste sur place et d'autres me lancent des regards étranges. Je ne fais pas attention et continue de patienter lorsque j'entends sa voix non loin de moi. Je tourne la tête en direction de la voix et le voit, devant moi en train de répondre à un appel téléphonique. Stupéfait de le voir ici, je n'arrive plus à parler. Moi qui m'étais dit que j'allais enfin être tranquille loin de lui, je m'étais trompé.

Il termine et range son portable avant de s'arrêter, puis de tourner la tête et de me fixer.

Bon sens ! Pourquoi je me sens vulnérable lorsqu'il est là ?!