chapitre 7
Je n'avais aucun foyer, rien à perdre. Autant mourir en me battant pour une cause juste, plutôt que vivre dans la peur. Personne auparavant ne m'avait laisser choisir ma vie. Même en prison, personne ne s'était intéressé à moi. Je n'étais qu'un sacrifié parmi d'autres. Ils n'avaient pas pris la peine de m'ôter ma capuche lors de l'exécution. Je n'étais rien pour personne. Mais avec les rebelles, je pouvais devenir quelqu'un.
Peu d'entre nous quittèrent le groupe. Ils avaient peur d'être seuls. Le convoi repartit. La plaine défila. Les villages se succédèrent. Le désert apparut. La silhouette d'une ville perça l'horizon. Je n'en avais jamais vu de ce genre. Aucune maison. Le panorama était empli de hauts bâtiments. Certains semblaient s'étirer jusqu'au ciel. Les murs étaient entièrement constitués de métal et de verre.
La vision aurait été idyllique si la cité n'était pas qu'un champ de ruines. Le métal était tordu, les vitres brisées. La ville n'avait pas brulé. Elle avait été abandonnée. Les tempêtes avaient brisé les vitres. Les tremblements de terre avaient fait s'effondrer les bâtiments. Les rebelles avaient pris le contrôle de la région. Ils s'étaient organisés. Ils avaient réussi à cultiver le sol et à planter des arbres.
Les chariots s'arrêtèrent devant l'un des bâtiments les plus élevés. On nous fit descendre. Des hommes vinrent récupérer les chevaux pour les conduire vers les écuries. On nous fit monter. L'ascension me sembla durer une éternité. Enfin, nous arrivâmes sur ce qui restait du dernier étage. Nous traversâmes un couloir. Les murs étaient en réalité des râteliers remplis d'arcs, de carquois et de couteaux. Un piètre arsenal en comparaison des engins de mort maniés de main de maître par les cavaliers.
Dans une salle, un homme nous attendait. Il nous tournait le dos. Lorsqu'il se retourna, nous ne vîmes qu'un masque. Un masque de fer qui dérobait son visage à notre vue. Son ton était froid lorsqu'il nous parla, un ton de soldat :
"Recrues, vous avez accepté tous les risques en venant ici. Vous n'êtes rien. Vous allez devenir des rebelles. Vous devrez dans les prochains mois devoir acquérir des compétences et des connaissances que ce soit pour vous battre, pour construire, ou toute autre chose utile dans laquelle vous aurez un minimum de talent. Sachez que maintenant que vous êtes ici, vous ne pouvez plus repartir sans autorisation. Si l'un d'entre vous trahi la cause, il sera un homme mort, tué pour le plaisir par les Elus, traqué par tous les rebelles. Vous n'êtes pas ici pour faire la sieste. Alors au boulot. Exécution !"
On nous fit redescendre. Des instructeurs nous firent passez des épreuves pour nous répartir. Je devins soldat. D'autres devinrent médecins, bâtisseurs, ou agriculteurs. Nous allions tous recevoir une formation de combat. Mais seuls les soldats pourraient participer à de vraies missions pour le compte de la résistance. Je choisis de devenir archer. Je gardai l'arme volée aux cavaliers. Elle était pour l'instant inutile, mais si je pouvais parvenir à mettre la main sur des munitions, je pourrais m'assurer une vie un peu plus longue. En attendant, je devrais me contenter d'un arc et d'un carquois d'une trentaine de flèches.
Je découvris rapidement que tous les archers devaient porter capuche et manteau long afin de se dissimuler dans la foule. On me proposa de revêtir un uniforme blanc, mais je refusai. Je prétendis que c'était pour pouvoir en cas de nécessité me faire passer pour un cavalier. En réalité, je n'étais pas encore prêt à changer. Je me voyais toujours comme une ombre solitaire. Les jours passèrent. Je m'entrainais plusieurs heures par jour afin d'avoir un tir parfait. Un jour, je crus être le meilleur tireur. J'avais réussi à tirer toutes mes flèches au centre de la cible. Ce jour-là, je revis l'archère. Postée sur une barricade dix mètres derrière moi. Elle transperça toutes mes flèches une par une. Ce jour-là, pour la première fois, elle daigna m'adresser la parole :
"Rappelle-toi, qu'il y aura toujours quelqu'un de meilleur que toi. Lorsque tu auras à affronter l'un d'entre eux, tu devras faire en sorte qu'il n'ait pas l'occasion de te le prouver."
Je fus longuement raillé par mes camarades. En effet, nous n'avions que très peu d'occasions de nous détendre, alors, chacune d'entre elles était saisi par tous. Je lui demandai quel était son nom. Elle ne répondit pas. Elle se contenta de rire en se retournant.
Ce jour-là, lorsqu'elle s'éloigna, les cheveux soulevés par le vent, je ne pus détacher le regard. Elle me subjuguait, et ce à tel point, que je ne me rendis pas compte qu'elle avait disparu. Mon cœur battait à un rythme nouveau. Un sentiment inconnu montait en moi. Mon cœur battait pour elle. Pour la première fois dans ma vie, je sentis l'espoir m'envahir. L'espoir d'être plus qu'une ombre. L'espoir, mais peut-être autre chose.
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