chapitre 6
L'archère avait abattue d'une flèche la femme que les Elus considéraient comme leur supérieure. Cette dernière, à mes pieds, dans son dernier souffle de vie, ordonna sa mort. Mais elle n'était pas seule. Des dizaines d'autres personnes sortirent de la foule. Ils s'étaient cachés parmi les malheureux amenés de force pour se souvenir de la suprématie des Elus. Ils devaient ainsi continuer de vivre dans la crainte. Mais certains s'étaient dressés. Ils avaient refusé l'oppression. Tous étaient différents. Ils ne venaient pas du même endroit. Ils ne parlaient pas tous le même langage. Mais tous avaient le même regard. Un regard de colère, de haine. Cette même haine envers les Elus les avait réunis. Ces monstres avaient brisé tout ce qui comptait à leurs yeux. Ils avaient tué leur famille. Ils avaient détruit leur village. Mais ils ne leur avaient pas encore tout pris. Il leur restait leur vie. Une vie dédiée à la lutte contre les Elus.
L'archère disparut. Elle se faufila dans les souterrains de la prison. L'un des rebelles me libéra de mes entraves. Il me donna une lame, et me dit :
"Bats-toi pour ta vie"
Alors, je fis ce qu'il me dit de faire. Je vis un garde. Il tenait un court bâton en métal à la main. Il se jeta sur moi. Je le poignardai. Un coup au ventre, puis un deuxième. Il s'effondra à mes pieds. Je ramassai son arme, puis je l'abattis sur le crâne d'une seconde sentinelle. Il n'y avait aucune place pour la pitié. Je le savais. Les gardes le savaient aussi. Les Elus qui ne savaient pas se battre avaient fui depuis le début. Ils s'étaient cachés.
L'archère sortit des cellules, elle avait libéré tous les détenus. Elle les avait sortis de leurs cellules. Elle leur avait donné la possibilité de sa battre pour retrouver leur liberté. Ils se déversèrent dans la cour. Telle une marée humaine, ils submergèrent les gardes les uns après les autres. Il fallait être sur place pour croire que la milice des Elus pouvait à ce point être mise en déroute. Avec l'aide de chacun, nous enfonçâmes les portes de la prison. Toutes tombèrent. Nous finîmes par gagner l'extérieur.
La ville, immense et magnifique, s'étalait devant nos yeux. On était bien loin des contrées désertiques. J'eus à peine le temps d'admirer la vue que nous nous enfonçâmes dans une étroite venelle. Des chariots nous attendaient dans une place déserte de la cité. Nous nous lançâmes au galop. Les sabots des chevaux claquaient sur les pavés. Les roues glissaient dans chaque virage. Nous ne pouvions ralentir, car derrière nous, la forteresse déchainait l'enfer. Des cavaliers à l'habit rouge, noir, ou même blanc, jaillissaient de ses entrailles. Ils galopaient bride abattue pour nous rattraper. Ils maniaient des engins similaires à ceux qui avaient fauché les habitants du village, sauf que ceux-là, déchainaient leur violence à un rythme bien plus soutenu. Les victimes se succédaient. Les arcs et les flèches passaient de main en main, d'un cadavre à un autre. L'affrontement était bien trop déséquilibré. La mort d'un seul des leurs coûtait la vie de dix des nôtres. On me donna un arc. Je ne pris pas le temps de viser. Je décochai flèche après flèche en direction de cette masse ténébreuse. J'en abattu plus d'un avant de me retrouver à court de munition. L'un d'eux se rapprocha dangereusement de notre chariot. Alors, je sortis mon couteau, puis je sautai sur son cheval, et lui tranchais la gorge. Avant qu'il ne tombe, je pus récupérer son arme. Avec elle, j'abattis cinq cavaliers de plus. Je gardai l'arme, puis je sautai de nouveau dans mon chariot. Certains acclamèrent ma prouesse.
Je ne saurais dire comment, mais je survécu à ce cauchemar. Nous finîmes par les semer. Au début de notre cavale, nous étions transportés par quinze chariot. Sur les quinze, il n'en restait plus que trois. Nous sortîmes de la ville. Je pouvais enfin voir la lumière du jour en tant qu'homme libre. Nous chevauchâmes deux jours et deux nuits. Au matin du troisième jour, nous nous arrêtâmes dans un village. Nous descendîmes tous des chariots. Tous sauf l'archère qui semblait diriger le groupe. Pour la première fois, j'entendis le son de sa voix :
"Vous vous êtes battus pour votre liberté. Maintenant vous devez faire un choix. Allez-vous rentrer dans vos foyers, dans l'espoir qu'il existe encore ? Ou allez-vous vous battre pour la liberté de tous ?"
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