chapitre 5

J'étais plongé dans les ténèbres. J'étais perdu dans les ombres. La vision des flammes emplissait l'éternelle nuit dans laquelle j'étais plongé. Personne n'avait pris la peine de descendre dans ma cellule depuis l'instant où les cavaliers m'avaient assommé au village. Je sentais le poids des chaines accrochées à mes chevilles et à mes poignets. Dès que je me débattais, des langues de foudre léchaient la nuit. Elles parcouraient les chaines jusqu'à m'atteindre. Lorsqu'elles me touchaient, tous mes muscles se contractaient. Je me tordais de douleur, en rampant sur le dur sol de pierres. Dès que je m'endormais, un son strident emplissait la pièce. Ce sifflement assourdissant ne venait de nulle part. Il me condamnait à rester éveillé jusqu'au bout de ce cauchemar.

Je pensais ne jamais plus revoir la lumière quand la porte s'ouvrit. La personne qui entra resta dissimulée dans la clarté aveuglante de l'ouverture. Je ne le reconnus qu'une fois qu'il prit la parole. C'était lui. C'était l'homme en blanc. Il était moins qu'un homme. C'était un monstre. La voix était plus tranchante qu'une lame. Il me crachait ses paroles au visage comme du poison :

"Tu n'es rien. Tu as voulu t'opposer à nous. Tu as remis cause notre domination absolue sur les rats de ton espèce. Pour ça tu vas souffrir. Saches que rien ne m'aurait fait plus plaisir que de t'arracher le cœur à la petite cuillère. Mais le patron, et ce pour une raison qu'il n'a pas jugé digne de me préciser veux te garder pour lui tout seul. Tu n'as pas à savoir pourquoi. Tu n'as pas à savoir ce qu'il va te faire.

La seule chose que tu dois savoir, c'est que demain ta misérable vie prendra fin. Demain, tu monteras sur l'échafaud. Demain, le patron va s'amuser avec toi. J'espère que ta mort sera un bon spectacle. Saches que nous avons déjà commencé à parier sur le temps que ça te prendra à rendre l'âme."

Il me demanda si j'avais quelque chose à dire. Je n'avais rien à lui dire. Mais je ne pouvais pas le laisser partir sans rien faire. Alors, je me suis redressé, et je lui ai craché au visage. Il me frappa pour ça. Ce n'était pas cher payer pour une victoire sur un Elu.

Il partit. Les ténèbres étaient de nouveau mes uniques compagnes. J'étais de nouveau seul. Je savais que j'allais bientôt mourir. Je n'en tirais aucune joie, aucune tristesse. Je n'éprouvais que le calme, la sérénité. Mes tourments allaient cesser. Ce n'était ni triste ni joyeux. La fin fait partie du voyage. C'était ce que ceux qui allaient mourir me disaient. Je ne regrettais qu'une seule et unique chose. Lorsque j'aurais quitté ce monde, personne ne se souviendra de mon existence. Personne ne pleurera ma disparition. Contrairement à tous les mourants que j'ai vus, aucun être cher n'attendrait mon retour dans mon foyer. Un foyer qui n'existait plus depuis bien longtemps.

La porte de ma cellule s'ouvrit une nouvelle fois. Deux silhouettes en habit noir vinrent me chercher au fond de mon trou. Ils me détachèrent. Ils ne dirent pas un mot. Ils n'avaient aucune identité. Ils portaient des casques aussi sombres que leurs effets. Seule une visière rouge insufflait de la couleur, la couleur du sang dans leur funeste tenue. Ils me saisirent d'une main de fer, puis me trainèrent jusqu'à l'échafaud. Cette plateforme macabre se dressait au centre d'une cour blanche. La beauté de cet endroit contrastait avec sa sinistre fonction. En effet malgré tous les efforts des esclaves des Elus pour nettoyer, je pouvais toujours voir des gouttes de sang parsemer le sol pavé.

Les deux gardes m'attachèrent au gibet. Une femme me rejoignit. Elle portait les mêmes vêtements que l'homme du désert, sauf que les siens brillaient telle la neige au soleil. Elle me promit d'infinies souffrances. Elle allait les mettre exécution lorsqu'un sifflement l'en empêcha. Elle tituba. Un empennage noir dépassait de sa poitrine. Un archer l'avait abattue. Un archer, ou plutôt une archère.

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