chapitre 3
Je pensais que la ville avait été rasée à cause d'une catastrophe naturelle. Ces habitants avaient souffert plus que quiconque. A cet instant, je compris pourquoi ils avaient eu si peur de moi. Minute après minute, heure après heure, ils sortirent de leurs maisons. Ils n'étaient pas plus d'une centaine. Ils étaient tous effrayés. Ce jour-là, je me rendis compte que par rapport à certaines personnes, ma vie pouvait être considérée comme joyeuse.
Je fus contraint de parlementer avec chaque habitant, et ce à plusieurs reprises pour qu'ils cessent d'avoir peur. Mais, ils mirent deux jours pour me faire assez confiance pour me parler. Le soir du troisième jour, ils acceptèrent de me raconter l'incendie. Ils se réunirent tous autour d'un cercle de pierres. Je compris qu'il aurait dû abriter un feu. Ils avaient trop peur pour allumer un feu. La petite fille qui m'avait parler amena un vieillard au centre du cercle. C'était le doyen du village, son grand-père. Il s'assit à même le sol, et d'une voix lointaine, il débuta son récit :
"Il y a un an, le soleil s'est levé sur notre village. C'était un jour comme un autre. Mon fils était parti travailler aux champs. Ma fille s'était levée aux aurores afin de préparer du pain. Le village s'éveillait lentement. Les enfants commençaient à courir dans les rues. Je quittai la maison, lorsqu'un nuage de poussière s'est élevé à l'horizon. Il grandissait au fil des minutes. Lorsqu'il eut empli le ciel, j'entendis un grondement. On aurait dit le tonnerre. Pourtant il n'y avait aucun éclair. Le nuage ne grandissait pas. En réalité il avançait. Il avançait en ligne droite, et le village était sur son chemin.
Lorsqu'il eut atteint le village, le nuage se dispersa. Il laissa place à un convoi. Un convoi de dix cavaliers. Ils étaient habillés de noir Ces habits n'étaient pas de simple facture. Même si nous ne voyons pas beaucoup de richesses, nous sommes capables de les reconnaître au premier regard. Le tissu était fait de la meilleure étoffe. Il était parcouru par des lignes rouge sang. Ces lignes formaient des formes si discrètes qu'elles étaient presque impossibles à distinguer. La robe de leurs chevaux était plus sombre qu'une nuit sans lune. Ils semblaient sortis des ombres. Pourtant, ce qui me marqua le plus, c'était les yeux des bêtes. Ils étaient rouges, pourtant, je pouvais tout de même percevoir les nervures de leurs veines gorgées de sang. Ils étaient ardents. Ils brillaient comme des flammes. Des flammes emplies d'une lueur malsaine. Nous aurions certainement dû nous méfier, mais notre peuple est, ou plutôt était d'une nature confiante. Il avait encore foi en l'humanité.
Les voyageurs nous dirent qu'ils avaient fait une longue route. Depuis plus de vingt jours, ils ne s'étaient pas arrêtés de voyager. Ils étaient affamés et assoiffés. Ils nous demandaient l'hospice et la charité pour la journée. Leurs visages étaient masqués, mais nous pensions que ce n'était dû qu'à la traversée du désert. Nous n'avions senti aucun mensonge dans leurs voix, alors nous avons accepté de les accueillir. Ils se montrèrent discrets. Tout le monde savait qu'ils étaient là, pourtant ils étaient presque invisibles. Ils se contentèrent de se promener dans la ville. Ils rentraient dans les officines, et ils en sortaient quelques instants après. Le soir arriva à grands pas. Nous les invitâmes à partager notre repas autour du feu. A cette époque-là, un feu majestueux s'élevait au centre du cercle dans lequel je me tiens. Pour nous remercier ils nous offrirent un sac rempli de pièces d'or. Des pièces marquées à l'effigie des Elus. C'est ce qu'ils étaient, des Elus, les souverains de tous les peuples. Les émissaires du Créateur afin de guider les peuples vers le salut.
Au matin, je fus réveillé par une odeur de fumée. Je sortis affolé de la maison familiale. Le ciel était noir. Pourtant, il ne faisait plus nuit. Lorsque je sentis une brûlure dans mon dos, je me retournai. Je vis les ténèbres rougeoyer. Les flammes léchaient le ciel. Les maisons brûlaient. Les gens hurlaient. Je vis les cavaliers partir dans les flammes. Mon fils tenta de les retenir. L'un d'entre eux sortit un objet de son manteau. L'instant d'après, j'entendis une détonation, et je vis un éclair partir de sa main. Mon fils s'écroula au sol. Il était mort. L'incendie partait des bâtiments visités par ces monstres.
Voici étranger ce que sont les Elus. Des tueurs. Des destructeurs. Des monstres. Leur vue nous inspire la peur, et vous étranger, vous êtes vêtu comme eux."
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