chapitre 10

Je ne pus résister à la tentation. Elle me conduisit dans l'un des rares bâtiments dont l'accès était formellement interdit aux nouvelles recrues. Les gardes firent du zèle. Il était évident qu'ils voulaient par tous les moyens obtenir une promotion qui leur permettrait de quitter un poste des plus ennuyeux. Elle se pencha légèrement vers eux, et leur murmura quelques mots au creux de l'oreille. Je ne pus entendre ses paroles, mais leur effet fut immédiat. Ils se plièrent en quatre pour nous laisser passer.

Elle me dit que ce qu'elle devait me montrer ce trouvait au treizième étage. Je me dirigeai vers les escaliers, lorsqu'elle me dit de la suivre. Elle se dirigea vers une étrange porte métallique. Elle appuya sur un bouton incrusté dans le mur. Quelques secondes plus tard, La porte s'ouvrit. Nous entrâmes dans une sorte de cabine. Sur l'une des faces de ladite cabine se trouvait un petit panneau sur lequel étaient inscrits des chiffres de zéro à neuf. Elle composa le nombre treize. La porte se referma, puis s'ouvrit de nouveau quelques instants après. Elle sortit aussitôt de la cabine. De mon côté, je restai figé. Je ne compris que nous avions bougé qu'après avoir vu une plaque de métal gravé. Une plaque marquée par le nombre treize.

Nous entrâmes dans une vaste salle. Elle ouvrit un tiroir, et en sortit des documents. Elle me les montra. C'étaient des images et des plans. Les images montraient des villes formées de bâtiments rivalisant en taille comme en beauté. Ces bâtiments ressemblaient à ceux qui composaient la ville. A ceci près qu'ils étaient intacts. Les plans quant à eux étaient les schémas des bâtiments. Ils montraient également les différentes pièces composant l'arme que j'avais dérobé aux cavaliers.

"Qu'est-ce que c'est que ça ?" lui demandai-je.

-"Que sais-tu au sujet des Elus ?"

-"Tous les Hommes sont venus au monde au même moment. Mais comme leur nature était pervertie, ils s'entredéchirèrent pour le pouvoir. Alors le Créateur envoya les Elus sur terre. Ils étaient nés pour diriger et nous pour servir. Mais un siècle ils furent aveuglés par leur suprématie. L'un d'entre eux, le premier empereur imposa ses lois à l'Humanité. Il commença son règne dans le sang. Nous luttons pour mettre fin à cette tyrannie..."

Elle m'interrompit en me giflant. Ce qu'elle me révéla ce jour-là changea à tout jamais ma vision du monde :

"Cesses donc de répéter la doctrine des Elus. Rien de tout ça n'est vrai. Tu peux dire ce que tu veux à qui tu veux, mais pas à moi. Nos dirigeants ne veulent pas révéler la vérité par peur de la réaction des peuples. Ils pensaient que s'ils savaient tout, les rebelles se désuniraient, et se retourneraient contre toute forme de commandement. J'ai toujours été contre cela. Je pense que les gens doivent tout savoir afin d'être libres de leurs choix."

Elle me donna quelques photos, et quelques dossiers, et continua son récit :

"Comme tu peux le voir, à une certaine époque, les êtres humains étaient tous libres et égaux. Ils pouvaient profiter d'une vie paisible dans un monde paradisiaque. Ils se promenaient dans les rues des villes. Ils organisaient des soirées entre amis autour de ce qu'ils appelaient une pizza et des bières fraiches.

Mais un jour, des rapports parvinrent aux dirigeants de ce qu'ils appelaient des nations. Ils avaient épuisé la plupart des ressources de la planète. Alors, au lieu de s'entraider, ils partirent en guerre pour acquérir celles qui restaient. Des millions de soldats furent sacrifiés dans cet objectif égoïste. Ils inventèrent des nouvelles armes toujours plus dévastatrices. Les plans de construction de ces armes ont été conservés dans ces documents. Lorsqu'ils se rendirent compte de leur folie, il était trop tard. La Terre trembla. Les vents se changèrent en tornades. Les marées devinrent des vagues plus hautes que bien des constructions. La planète se protégeait de la destruction en éradiquant ses tortionnaires, en exterminant l'espèce humaine. Les peuples du monde appelèrent cela l'Effondrement.

Les gouvernements tombèrent. Le chaos s'empara de toutes les civilisations. Les plus riches hommes et femmes de toutes les nations se réunirent. Ils revinrent de cette discussion avec une solution miracle. Les peuples étaient en grand besoin de miracles, alors ils les crurent. Dans le plus grand secret, ils construisent des tours de communication. Lorsqu'un humain entrait dans l'une de ces tours, son esprit était susceptible d'être influencé, ses souvenirs altérés. Lorsque la situation devint critique, ils présentèrent ces tours comme un moyen de protection le temps que la planète retrouve un fonctionnement normal.

Lorsque les peuples sortirent, ils découvrirent un monde dévasté. Les puissants avaient modifié l'histoire dans leurs intérêts. Désormais appelés Elus, ils s'emparèrent de ce monde. La seule vérité, est que l'un d'entre eux prit le pouvoir. Le premier empereur exigea le pire des peuples. De servants ils devinrent esclaves. La dynastie des empereurs prit le pouvoir il y a cent ans. Sous le règne de l'empereur actuel, les esclaves devinrent des objets, propriétés des Elus qui avaient le droit de vie ou de mort sur eux. Les plus sanglants d'entre eux devinrent les cavaliers de la mort. Une milice qui fait régner la terreur par pur plaisir."

Jamais je ne l'aurais crue si elle ne m'avait pas montré les archives des rebelles, des archives qui avaient appartenu à un Elu. Mes yeux avaient percé le voile de mensonges tissé par ces manipulateurs, ces monstres que plus jamais je n'appellerais Elus. Un de mes camarades, l'un des survivants de l'opération, vint nous chercher. Il nous annonça que notre chef était mourant. Il appelait Vivianne, il voulait lui parler.

Nous le suivîmes et courûmes pour pouvoir atteindre l'homme au masque de fer avant qu'il ne meure. Nous finîmes par atteindre son lit de mort. Lorsqu'il nous vit, il refusa la proposition d'un remède permettant de soulager la douleur, et il congédia tous les occupants de la pièce. Il retira son masque. Sa voix était faible et tremblante lorsqu'il lui adressa ses dernières volontés dans son dernier soupir, l'ultime sursaut de sa vie fuyante :

"Je te confie le commandement de nos troupes. Achève ce que j'ai commencé. J'ai confiance en toi, ma fille."

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