2.




Parc central – Cité de Tréréa – 10 mars 2060

Allongée dans l'herbe verte moelleuse et réchauffée par le soleil, le regard porté en direction du ciel moucheté de nuages d'un blanc cotonneux, je pousse un grand soupir d'aise. Ma peine s'est un peu effacée, remplacée par une douce sérénité. Je me sens beaucoup mieux qu'il y a deux heures, dans cet immense parc couvert de verdure, bordé de dizaines d'arbres et de buissons. La Nature a toujours eu cet effet apaisant sur moi.

À l'ombre d'un épais feuillage, les bras repliés derrière la tête, je scrute la voute céleste en pensant aux étoiles. Cachées derrière la luminosité du jour et du soleil, je sais qu'elles sont là. Quand j'étais petite, ma mère me disait souvent que lorsqu'un de nos proches mourrait, il atterrissait au cœur d'un astre pour veiller sur nous et s'assurer que notre vie ne serait qu'un chemin parsemé de joie et de bonheur. Aujourd'hui, vingt ans après et malgré la tragédie qui a transformé ma vie, j'ai envie de redevenir une enfant pour quelques secondes, et me remettre à croire à cette belle légende. Simplement parce que ça me fait du bien.

— Encore en train de rêver ? s'amuse Grégore en s'asseyant à mes côtés, deux canettes de soda dans les mains.

J'esquisse un immense sourire, puis me relève en donnant une impulsion au niveau des jambes. Je me place en tailleur près de lui. Le parc grouille de monde, de petits en train de courir et de jouer en riant avec insouciance, de couples qui se baladent main dans la main, de personnes âgées armées d'une canne, qui profitent du beau temps de ce week-end prolongé.

Sur une petite colline, sous la protection d'un arbre millénaire, cet endroit est notre refuge avec Grégore, notre petit sanctuaire où nous nous retrouvons à chaque fois que nous le pouvons, ou que nous en avons besoin. Certes, nous vivons dans le même appartement, mais nous nous voyons peu depuis qu'il a commencé sa dernière année d'étude universitaire en architecture. Mon frère est un génie en dessin, et il rêve de devenir un des plus grands architectes du monde.

Il me tend la canette gelée, que j'accepte avec plaisir en apercevant qu'il a choisi mon jus de fruit préféré, celui de pastèque. C'est très original, mais j'y suis complètement accro.

— Merci, soufflé-je.

Mon frère me fait un clin d'œil dont il a le secret, avant de reporter son attention sur le sac qu'il vient de déposer sur la couverture noire. Il en sort deux sandwichs au saumon et fromage frais, un morceau de pain croustillant et deux gobelets en métal.

— Bon anniversaire ma jumelle, indique Grégore en me tendant un petit paquet au papier cadeau argenté, surmonté d'un très beau nœud rouge. J'espère que cela te fera plaisir.

Émue, je l'attrape doucement et tire sur le ruban. Il se défait entre mes doigts, avant d'atterrir sur mes genoux. Avec délicatesse, je déchire le papier cadeau et découvre une très belle boite à bijoux, ornée du sigle de l'infini. Surprise, je jette un regard surpris à mon frère, qui se contente de me faire un clin d'œil et de me dire d'ouvrir. Je fronce les sourcils, découvrant, le cœur battant, un splendide bracelet en diamant. La pièce principale, une magnifique étoile incrustée de saphir scintillants me donne les larmes aux yeux. Je la reconnaitrais entre mille.

— Mais... comment... bafouillé-je, incapable de trouver les mots et la gorge tellement nouée que je n'arrive plus à parler. Je croyais qu'elle avait disparu.

Les prunelles brillantes, Grégore se rapproche sans dire quoi que ce soit et m'attache le bijou autour du poignet. Les diamants sont frais contre ma peau. Je les touche délicatement, de peur de les abimer ou de le casser. Cet objet est tellement précieux pour nous.

— Non, maman l'avait sur elle lorsqu'ils les ont ramenés. Je te l'ai caché car je voulais te faire une surprise. Mais c'était tellement dur après leur disparition, que je me suis dit qu'il valait mieux attendre un peu.

Les sentiments qui me submergent me font éclater en sanglots. Je suis tellement touchée par ce présent si inestimable, que je me jette dans les bras de mon frère et le serre très fort contre moi.

— Je t'aime, murmuré-je en essuyant les larmes qui roulent sur mes joues rougies.

Il me plaque un peu plus contre lui, et en même temps que moi, lève les yeux en direction du ciel.

— Je suis certain que de là-haut, ils veillent sur nous. Et moi aussi, je t'aime petite sœur.

Il dépose un baiser sur mon front, tandis que nous observons la voute céleste se parer des couleurs du soleil couchant. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top