Chapitre 5

Le soir arriva plus vite que prévu. J'attendais mon ancien amant chez lui, en vestige de notre histoire, j'avais gardé le double de ses clefs pensant que ça pourrait toujours me servir un jour. J'ai eu raison de faire ça. Ce petit double m'avait permis de glaner des informations au fur et à mesure sur mon cousin et ses missions en cours.

J'étais actuellement assise dans son canapé. J'observais la décoration qui n'avait pas changé depuis ma dernière venue officielle. Avec un sentiment que je qualifierais de joyeux, je découvris qu'aucune trace féminine n'était présente dans cet appartement. Peut-être qu'il n'avait jamais pu tourner la page. Avant que je ne puisse continuer mon introspection, je m'aperçus que la porte s'ouvrait doucement et une voix se fit entendre.

- Tu es déjà là, je parie.

La voix qui parvenait à mes oreilles était fatiguée et avant que je ne puisse répondre, il passa devant moi avec son tee-shirt couvert de sang. Je grimaçai, mais ne fit aucun commentaire, il me remercia d'un mouvement de tête.

Une fois douché et changé il s'approcha de moi. - Qu'avais-tu à me dire de si important ?

Je pris une grande inspiration, je ne savais pas comment lui dire ça. J'avais besoin de lui, et de son soutien pour mon plan. Alors, j'optai pour la simplicité.

- On a un enfant ensemble...

La bombe était lancée. J'attendis une réaction quoi que ce soit. La personne la plus surprise finalement, fut moi. Jamais je n'aurais pu prévoir sa réponse.

- C'est Leonardo hein ?

Il répliqua d'un air las, déjà épuisé par les révélations à venir. J'étais sous le choc de son explication, c'est pourquoi je ne réagissais pas tout de suite. Je me demandais comment j'avais bien pu me trahir et surtout qui d'autre était au courant.

- Je possédais des soupçons. Toi qui décides de faire un voyage de plusieurs mois en requérant la protection de ton cousin suite à notre séparation. Bizarrement, le fait que tu sois liée d'amitié avec sa femme m'a mis la puce à l'oreille. Tu n'as pas d'amies, tu es seule depuis toutes ces années. Déjà rien pour qu'on se mette ensemble la première fois, j'ai dû t'apprivoiser et je savais que tu n'étais pas complètement toi. Toi, Esme qui vient d'avoir une copine aussi facilement ça cachait forcément quelque chose. Là, comme par magie tu appelles ton cousin afin de le prévenir que sa femme a fait un déni de grossesse et qu'il est maintenant père d'un petit Leonardo. Tu pensais réellement que je n'allais pas remarquer sa tache de naissance sur sa cuisse gauche identique à la mienne ? Tu croyais vraiment que lorsque le petit était avec Pedro, il s'en occupait correctement ? Ce n'est qu'un héritier pour lui et je me suis retrouvé à jouer à la nounou.

Je repris contenance et parla doucement, car la peur m'envahissait et je lui demandai pourquoi il n'avait rien dit.

- Parce que je savais que tu préparais quelque chose de terrible. J'ai toujours senti cette noirceur en toi. Tu sais, je t'aime Esme. J'aime tout de toi, même ta vengeance, car je la comprends. Je sais que tu n'as jamais digéré la mort de ton père.

J'ouvris les yeux de surprise, je songeais que même si on avait partagé des moments d'intimité, que j'avais réussi à dissimuler mon secret. Il ne me laissa pas le temps de placer une parole, qu'il enchaina.

- Alors pensant que tu avais un plan, je me suis renseigné. La seule personne à interroger dans cet endroit était la campagne de Pedro, Monica. Tu pensais que c'était une fidèle amie hein ? Quoi que, je me doute que le chantage que tu lui faisais n'était pas très moral hein. Visiblement, malgré tes précautions, elle m'a parlé. Trop vite. J'avais à peine sorti mes couteux, que sa langue s'était déliée. Tu pensais vraiment qu'elle n'avait pas compris ton manège ? Elle savait que l'enfant était de moi, que tu préparais quelque chose contre son compagnon. Elle a essayé de me faire du chantage afin de retourner la situation à son avantage.

- Dans ce cas qu'as-tu fait ?

- Je l'ai tué, bien évidemment. Elle savait trop de choses. Elle aurait contrecarré tes plans. Alors j'ai joué à l'imbécile avec toi, avec Pedro. Je pouvais passer du temps avec Leonardo sans que cela ne soit suspect. Pedro m'avait solennellement introduit auprès de lui pour sa garde personnelle. Officieusement, j'étais sa nounou, je devais m'en occuper tout le temps, à mon plus grand plaisir. Je pense que c'est pour ça que j'ai supporté la situation et que j'ai gardé précieusement ton secret pendant ces deux ans.

Une question me tarauda l'esprit, car je ne savais pas que Monica était morte j'avais cru à la version officielle.

- Pourquoi Pedro a bien réagi à sa disparition ?

- Je lui avais fait croire qu'elle avait un amant, et il m'a cru. Il s'en foutait d'elle, ce n'était qu'une pute qu'il était allé chercher afin d'avoir une personne à ses côtés. Ce n'était qu'une récompense. Quand elle a disparu, il n'a pas posé de question. Il n'avait plus de trophée, mais il avait gagné un héritier.

Je n'espérais pas ça, mais alors pas du tout. Je repris contenance, et lui parla de mon plan sans attendre.

- Vendredi, mon cousin ne sera plus à la tête de cette organisation. Je vais lui tendre un piège. Il faudra être rapide et vif. Est-ce que tu aurais connaissance de personnes qui ont encore en haute estime mon père et qui pourrait me soutenir?

- Alors, le moment est venu n'est-ce pas? Ne t'inquiète pas pour ça, je sais très bien qui est de notre côté. Que comptes-tu faire exactement ?

- Je vais faire un guet-apens, tu choisiras quelques hommes pour nous seconder. On va les prendre par surprise, ensuite je m'occuperai individuellement de mon cousin et on verra par la suite.

- Tu comptes sur le fait que cette cave est un terrain neutre, c'est bien ça?

- Oui, personne n'aura d'armes, c'était la condition de cet échange.

- Tu joues avec le feu Esme, je ne suis pas sûre que toute l'organisation te soutiendra.

- Je prends le risque, je ne peux pas continuer comme ça.

La conversation se termina sur des détails techniques, et je dormis chez lui.


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