Chapitre 2
Mes rêves métaphoriques de posséder un jour, une couronne sur ma tête s'évaporèrent lorsque mes pieds me conduisirent à l'accueil.
— Bonjour, Ethan.
Chaque individu auquel je m'adressais, méritait le respect même si ce n'était que le réceptionniste du cinéma.
Il me toisait avec pitié, ça n'était pas bon signe pour moi.
— Il est dans quelle salle aujourd'hui ?
— Dans la salle trois pour regarder les Dents de la Mer...
J'avais un petit jeu personnel avec Ethan, dès que j'arrivais dans l'établissement, je lui demandais où se trouvait mon cousin. Son humeur était toujours correspondante au film. Je décidais donc de le rejoindre.
Je franchis, le pas de la pièce et je m'étais à peine dirigée vers l'allée centrale que la voix grave de Pedro m'avait interpellée.
— Esme ! Ramène tes fesses ici !
Je me suis assise à ses côtés, sans relever son impolitesse.
— Tu te démerdes, mais je veux avoir une de tes prédictions pour demain.
Je soufflais intérieurement, serait-ce trop demander d'avoir plus de détails concernant cette affaire ?
Son second Raphaël capta mon regard et me fit comprendre par un mouvement de tête qu'il ne fallait pas insister.
Je savais qu'il allait m'expliquer lui-même. D'ailleurs si mon cousin n'était pas encore six pieds sous terre, c'était surement grâce à son ami d'enfance. Il réparait toutes ses fautes, comme un petit toutou derrière son maître. Il était loyal comme un chien.
Seulement, il possédait un point faible... Moi. Je lui avais toujours fait de l'effet. Je dois avouer que son physique atypique me plaisait énormément aussi. Tellement, il était fidèle au clan, il s'était tatoué le signe du gang sur la partie gauche de son visage. Ça lui donnait un air très mystique, quand sa tête était tournée vers moi du côté droit, je pourrais presque croire que je parlais avec un jeune garçon innocent. Dès, qu'il pivotait son dissemblable visage vers moi, je me retrouvais avec un homme qui avait déjà tué pour sa famille. J'avais l'impression d'avoir Janus en face de moi, deux figures pour un homme. Un visage qui témoignait de son enfance et l'autre qui dévoilait la part d'ombre qu'il avait choisie en grandissant et en prêtant serment à la mafia.
J'adorais beaucoup ses cheveux rouges également qui contrastaient avec ses yeux clairs. C'était le seul à avoir une chevelure de cette couleur, comme c'était incontestable que mon cousin n'aimait pas les gens différents. Pedro possédait même une certaine maniaquerie de la gestion de son groupe. Tout le monde devait être discret et ne pas porter de signes distinctifs de la mafia. Il gardait cette habitude depuis que son père avait repris le commandement du clan.
En effet, le coup d'État de Luisio étant mal passé pour les autres chefs de famille, il avait fait en sorte de nous cacher pour ne pas être des cibles trop évidentes.
Raphaël avec son piercing dans le nez, son tatouage à la joue gauche ainsi que ses cheveux rouges étaient le seul toléré comme ça.
Raphaël devait forcément avoir des avantages à supporter pour meilleur ami, un imbécile qui pensait que les femmes étaient inférieures aux hommes.
Tout ça, pour dire qu'il est possible que nous ayons pu vivre une relation des années auparavant. Cette idylle naissante s'est stoppée, car je ne voulais pas être distraite dans mon plan.
L'amour est problématique, car il nous emporte dans une autre dimension et change nos priorités de place. Je devais garder les idées claires afin d'accomplir mon dessein qui est né dans mon esprit lorsque du jour au lendemain tout m'a été ôté.
Je n'existais pas pour Pedro, je n'étais qu'un poids dans la famille. Bonne à enchainer les mecs et pondre des gosses. C'est ce qu'il m'avait dit quand je fus majeur. Je me rappelais ces mots parfaitement :
— Tu ne seras jamais importante dans cette organisation. Tu es encore vivante parce que les sous-chefs avaient du respect pour ton père. Si jamais tu disparaissais de façon louche, on aurait des problèmes. Alors, reste à ta place. Je te conseille de te rendre utile à mes yeux sinon à défaut d'être morte je ferais de ton existence un enfer.
Je me souviendrai toute ma vie de ces paroles prononcées de manière froide et insensible. Alors c'était ce que j'avais fait. J'avais lu une centaine de livres sur le comportement humain. Je voulais être le plus crédible possible dans ma position de devineresse tant que je n'avais aucun pouvoir dans l'organisation.
Ma grand-mère était connue pour être une véritable voyante, très admirée dans la mafia. Beaucoup de chefs se référaient à elles et à ses prédictions.
Elle était plus qu'une femme. Elle était respectée.
Je me suis fortement inspirée d'elle, c'est pourquoi avec l'intelligence que j'ai héritée de mon père, ainsi que son sang qui m'a donné de la légitimité surtout en se rappelant qui était ma grand-mère. Je me suis fait une place dans cette mafia. Sachant que j'ai fait en sorte que mes prédictions tournent autour de mon cousin et que par chance, j'avais souvent raison. Je bénissais ma bonne étoile pour ça. Il me considérait comme sa « voyante » personnelle.
De ce fait, au fil des années mon existence faisait partie intégrante du groupe. On ne me remarquait plus, pourtant grâce à la renommée de mon père, j'avais toujours le droit à un semblant de respect dans les yeux de certains membres. Ceux qui étaient surtout plus âgés et qui avaient partagé son enfance.
Je pensais aussi que Pedro pouvait avoir par moments des élans d'intelligence, il me gardait à ses côtés, car je représentais mon père d'une certaine manière. Ma présence laissait entendre que son père n'y était pour rien dans la disparition de son frère. Après tout, qui élèverait sa nièce en sachant qu'on a assassiné son père ? Mon oncle apparemment.
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