Chapitre 2
Durant sa convalescence, Kai ressentit à peine tout ce qui l'entourait. Seuls de faibles murmures parvenaient à ses oreilles. Combien de temps était-il resté inconscient ? Où était-il ? Tant de questions se formèrent dans son esprit, chacune sans aucune réponse. Il tenta d'ouvrir les yeux, mais son envie de dormir était bien trop forte.
Il sentait son corps lui dire de cesser de se battre. Il sentait son corps le forcer à rester allongé et de ne plus se relever, qu'il n'avait plus aucune raison de se remettre sur pied.
Soudain, le jeune homme se rappela de ce que son grand-père lui répétait souvent: « Tu te dis que tu es fatigué, que tu veux abandonner ? Foutaise ! Ton corps te diras d'arrêter, lutte avec ta tête. Car c'est elle qui est la plus forte ! Utilise ta tête et relève toi mon garçon ! ». Kai se concentra alors sur ces paroles, qui résonnèrent dans sa tête tel un tambour.
Ainsi, le jeune garçon commença à agiter ses paupières pour pouvoir ouvrir ses yeux. Petit à petit ces derniers commencèrent à s'ouvrir, laissant apparaître des formes floues devant lui. Lentement, sa vue s'améliora, lui permettant ainsi de mieux distinguer tout ce qui se trouvait autour.
La grande salle, était composée de deux rangées de lits, tous vides, adossées contre les murs blancs. Kai tourna la tête et remarqua une énorme fenêtre, qui offrait une vue magnifique sur un paysage boisé aux hautes collines. Malgré la confusion qui régnait dans sa tête, le jeune homme réalisa qu'il n'était plus sur Hagra.
Soudain, une voix indistincte attira son attention.
- Va chercher le capitaine.
Un homme vêtu d'une blouse blanche quitta la pièce précipitamment, tandis qu'une femme, habillée de la même façon, s'approcha de Kai.
- Bonjour jeune homme, comment vous sentez-vous ? demanda-t-elle.
Kai ne répondit que par un simple grognement. Il était certes réveillé, mais il avait encore quelques difficultés à parler.
- Hum, ne vous inquiétez pas, rassura l'infirmière. Vous pourrez parler normalement dans quelques instants, les médicaments son en train de faire effet.
Le garçon essaya de se relever, mais la femme le bloqua. Kai la regarda quelque peu étonné et cette dernière l'invita à se rallonger.
- Vous serez très vite sur pied, mais il faut attendre que les soins soient terminés, expliqua-t-elle.
- Où... où est-ce... balbutia Kai. Où suis-je ?
- Sur Terre, répondit une voix depuis l'entrée.
Le jeune homme tourna la tête et vit un homme aux courts cheveux gris foncés. Il devait presque avoir la cinquantaine, il avait un corps fin mais bien sculpté et il n'avait pas la moindre ride sur son visage.
Il s'approcha du lit où était allongé le garçon et le regarda d'un air très observateur.
- Bonjour Kai, dit-il esquissant un petit sourire.
- Vous savez qui je suis ? questionna le garçon surprit.
- Je connaissait ton grand-père, c'était un excellent soldat et un très bon ami, répondit l'homme. Je suis Jack Nelson, capitaine du Gardien.
Subitement, les yeux de Kai s'agrandirent. Certes il n'avait jamais rencontré Jack, l'un des membres de l'ancienne escouade de son grand-père, mais il avait entendu plusieurs histoire sur lui.
- Vous... vous êtes Raptor Beta ! s'exclama-t-il.
Jack se contenta de hocher la tête et de sourire. Mais ce n'était pas seulement un sourire de joie, il y avait aussi une sorte de mélancolie.
- Ça faisait longtemps que je n'entendais plus ce surnom, dit-il. Je suis ravi de te rencontrer Kai, même si j'aurais préféré que ce soit dans d'autres circonstances.
- Merci monsieur Nelson...
- Je t'en prie Kai, appelle moi Jack, l'interrompit avec douceur le capitaine.
Le jeune homme hocha lentement la tête, démontrant son approbation.
- Pouvez-vous me dire ce qu'il s'est passé ? reprit-il.
Le capitaine lança un regard triste à l'infirmière. Il était conscient que le garçon avait plusieurs questions, mais était-il capable de supporter la vérité ? L'infirmière ne répondit pas. D'ordinaire elle aurait invité Jack à ne pas répondre aux questions du jeune patient, mais étant donné la situation, elle n'avait guère le choix.
Ainsi, elle s'éloigna laissant seuls le capitaine et le jeune homme.
- Et bien, c'est très long à expliquer, dit Jack. Cependant, sache que si tu ne te sens pas près...
- Sauf votre respect capitaine, l'interrompit Kai d'une voix brisée. Même si mes souvenirs sont encore flous, je me rappelle, en partie, de la destruction de ma ville natale ! Alors dites-moi, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Jack souffla bruyamment, les yeux demi-clos, avant de répondre.
- Varaz a été détruite oui. Nous avons reçu un message d'alerte peu avant de perdre toute communication, mais à notre arrivée, il n'y avait plus rien. Il nous a fallut du temps pour te trouver. Tu étais inconscient, sous un lit de cendre.
Kai sentait les larmes lui monter aux yeux. Il était difficile pour lui d'entendre cette histoire, mais il le fallait. Il devait comprendre pourquoi et comment, même s'il avait beaucoup plus de question que cela.
- Pendant combien de temps suis-je resté inconscient ? demanda Kai.
- Deux semaines.
Le jeune garçon resta choqué. Entendre dire qu'il avait été dans le coma pendant deux semaines fut une épouvantable surprise. Soudain, toutes ses pensées revinrent à son grand-père, emmené de force sur une de ces navettes.
- Je suis vraiment désolé Kai, ajouta Jack.
- Y... y a... vous avez trouvé d'autres survivants ? demanda le garçon, même si au fond de lui il connaissait déjà la réponse.
Le capitaine secoua lentement la tête le regard baissé.
- Tu es le seul que nous avons trouvé, dit-il. Tous les autres sont morts et en ce moment, plusieurs équipes sont en train de chercher les corps de ceux qui manquent à l'appel.
- Ils ne les trouverons pas.
Le capitaine Nelson haussa les sourcils. Intrigué par cette remarque, il reprit la parole.
- Comment ça ?
- J'ai vu mon grand-père se battre contre un des hommes qui ont attaqué Varaz, expliqua Kai. Il aurait put le tuer mais il ne l'a pas fait, il s'est juste contenté de le frapper violemment. Puis il l'a emmené,de force, sur la navette. Je pense donc qu'ils ont enlevé d'autres personnes.
- Donc ton grand-père est encore en vie ?
- Je ne sais pas, il avait été touché par un rayon paralysant quand il l'ont emmené.
- Et l'homme que ton grand-père a affronté ?
Kai secoua la tête.
- Je n'ai pas vu le visage de l'homme qu'il a combattu, répondit-il. Il portait une armure légère noir et un masque avec des lignes blanches dessus.
Les dernières paroles du garçon coupèrent le souffle de Jack. Une part de lui ne voulu pas croire à ce que Kai venait de dire, mais il fallait qu'il soit sûr.
- Est-ce que tu as plus de détails sur cet homme ? demanda le capitaine.
Kai ferma ses yeux et tenta de se rappeler. Ses souvenirs étaient encore un peu flous, mais il s'efforça de revivre ce terrible moment.
- Il... il a reproché à mon grand-père de l'avoir abandonné, dit le garçon. Mais je ne me souviens plus le nom de la planète.
- Ne t'en fais pas c'est déjà un bon début, rassura le capitaine. Un autre détail te reviens peut-être ? N'importe lequel.
- Et bien... j'ai entendu un nom, mais je me rappelle à peine. Je crois que c'était « Max », ou bien « Mathieu »...
- « Maurice » ? spécula Jack.
- Oui c'est ça. Maurice Blackgate.
Le regard du capitaine était sombre et emplit de colère. Kai commença à trembler et la peur devint plus forte lorsque Jack reposa les yeux sur lui.
- Tu en es sûr ? questionna-t-il d'un ton suspicieux et froid.
Kai, bien trop apeuré pour répondre concrètement, hocha la tête plusieurs fois pour affirmer sa réponse silencieuse. Jack commença à reculer puis se dirigea vers la porte.
- Infirmière, dit-il avant de sortir de la salle. Transférez ce jeune homme à bord du Gardien, je veux qu'il soit surveillé.
- Mais capitaine cela va à l'encontre du protocole, répliqua-t-elle. Il faut d'abord qu'il soit apte à pouvoir se déplacer.
- Dans combien de temps pourra-t-il se lever ?
- Deux heures maximum. Les médicaments sont déjà en train de faire effet.
Le capitaine regarda le jeune homme et remarqua son expression confuse. Il aurait voulu lui expliquer ce qu'il se passait, mais il n'avait pas le temps.
Jack reposa alors son regard sur l'infirmière et la regarda d'un œil sévère.
- Je dois aller avertir le Conseil, faites en sorte à ce qu'il soit sur mon vaisseau dans une heure ! déclara-t-il.
L'infirmière l'interpella mais le capitaine venait de quitter la pièce, laissant la porte se refermer derrière lui.
***
Quelques minutes plus tard, Jack se retrouva sur un Jaguar qui l'emmena jusqu'au QG de la RFT.
À bord de l'hélicoptère le plus rapide de l'Armée Républicaine , le capitaine observait l'horizon, défilant à pleine vitesse sous ses yeux, comme sur un tapis roulant.
Le soleil inondait la surface de lumière, faisant rejaillir les multiples couleurs des arbres. Face à ce merveilleux spectacle, Jack était cependant incapable de ressentir de la joie.
Même si les yeux de Jack étaient perdus sur l'horizon, son esprit était ailleurs. De vieux souvenirs qu'il pensait disparus lui revinrent.
Il se remémora toutes les missions effectuées avec ses camarades, les moments de bonheur et de tristesse. Toutefois, il se rappela aussi de la seule personne qu'il avait tenté tant bien que mal d'oublier: Maurice.
Il pensait qu'il avait été éliminé lors de la grande bataille de Vega VII. À priori, si ce que Kai disait était juste, ce n'était pas le cas.
Rapidement, les premiers bâtiments d'Atlanta apparurent en dessous de l'hélicoptère. Jack se pencha un peu sur le bord et regarda les gratte-ciels s'élever de toute leur hauteur.
De gigantesques tour d'acier et de béton s'étendaient à perte de vue. Tout en bas résonnèrent les bruits des véhicules, se déplaçant tels des fourmis dans un gigantesque dédale de tours.
Atlanta, ville capitale de la RFT. On raconte qu'il y a longtemps, très peu de gratte-ciels composait la ville principale de Géorgie. Mais aujourd'hui, c'était la seule chose que l'on voyait sur des kilomètres. Certes, beaucoup d'autres métropoles étaient composées de gratte-ciels, certaines étaient même plus grandes qu'Atlanta.
Mais ce qui la distinguait des autres grandes villes, était son aéroport, désormais devenu la base d'opération de la Marine Spatiale. Depuis la fin du conflit qui avait ravagé le monde il y a plus de trois cents ans, portant ainsi à la naissance de la République Fédérale Terrienne, Atlanta avait été choisie comme capitale, dans l'espoir d'un nouveau départ pour le monde, et peut-être pour l'humanité.
Choix qui se révéla être juste, car depuis, les guerres d'envergure globale avaient pris fin. Et ceci avait aussi permis à la race humaine de débuter la conquête des étoiles.
Depuis le Jaguar, Jack observait tout ce qui se passait avec une certaine mélancolie et nostalgie. Évidemment il n'avait vécu aucun de ses événements majeurs, mais il ne pouvait s'empêcher de s'imaginer au temps où la RFT était encore toute jeune. Qu'aurait-il fait si l'a Mari e Spatiale n'avait pas existé ? Que serait-il aujourd'hui ?
Soudain, l'hélicoptère commença à ralentir et à descendre, extirpant l'officier de son sommeil éveillé. Le Jaguar approchait lentement de la large plateforme située en dessous, soulevant un nuage de poussière, qui ne faisait que s'intensifier, par la puissance des réacteurs.
Une fois atterrit, Jack quitta précipitamment l'appareil et rejoignit la porte qui menait à l'intérieur du bâtiment.
Il enjamba rapidement les marches et arriva à l'étage où se situaient les bureaux des officiers haut-gradés.
Une grande porte vitrée, surveillée par deux gardes armés, lui barra la route. Les supérieurs de Jack étaient en réunion.
Le capitaine était tout à fait conscient des risques qu'il courrait en interrompant une assemblée du conseil militaire. Malheureusement, il ne pouvait se permettre d'attendre. Ainsi, il avança d'un pas ferme et poussa la porte.
Les gardes n'eurent hélas pas le temps de l'arrêter. Désormais, le capitaine du Gardien était seul face à tous les officiers assis autour d'une grande table ronde.
- Qu'est-ce que cela signifie ? cria un vieil officier en se levant de sa chaise.
- Amiral Anderson ! dit Jack en se mettant en garde à vous. Mesdames et messieurs, je vous présente mes excuses pour cette interruption...
- Capitaine Nelson !
Le vieil homme quitta la table et s'avança d'un pas lent vers lui.
Il avait la même taille que Jack, mais son visage était nettement plus marqué que son subalterne. Sur son crâne chauve se reflétait faiblement la lumière du soleil.
Il se rapprocha de plus en plus du capitaine Nelson, l'observant de haut en bas, passant ses doigts sur ses grosses moustaches grises.
- J'ose espérer que vous avez une bonne raison de venir ici, interrompant une importante réunion du Conseil ! dit froidement le vieil homme.
- Amiral, commença l'officier. Je crois savoir qui est derrière l'attaque de Varaz.
Les yeux de l'amiral Anderson s'arrondirent de stupeur. De faibles murmures se levèrent dans la salle, entre les autres capitaines.
Comment Jack Nelson pouvait-il avoir déjà trouvé une piste ? L'attaque n'avait laissé, à part le jeune homme retrouvé sous une couverture de cendre, aucun survivant. Et Nelson était un de ces hommes trop prudent. Ceux qui avait été traumatisés par la dernière guerre, à tel point qu'il croyait voir d'anciens ennemis à tous les coins de rue.
Cependant, le capitaine avait toujours prouvé d'être à la hauteur de ses capacités et, malgré la mauvaise entente qu'il pouvait y avoir entre eux, l'amiral devait reconnaître, sans jamais le dire à haute voix, que Jack Nelson était un bon officier.
- Alors, dites nous comment vous le savez et de qui il s'agit.
- Maurice Blackgate.
Les murmures dans la pièce devinrent plus fort. Les officiers s'échangèrent des regards inquiets et interrogateurs.
Comment diable pouvait-il s'agir de Maurice Dalmasso ? Il était présumé mort depuis plus de vingt ans. Après la Guerre de Centauri, cet homme a été totalement oublié, car aujourd'hui, suite aux actes indicibles dont il a été protagoniste, son nom était considéré comme synonyme de malheur.
Tous le monde le croyait disparu. Pourtant il semblerait que tous se soient fourvoyés.
- Et qui vous a dit cela ? demanda un des officiers assit à la table.
- Kai Walker, monsieur.
- Qui est-ce ? ajouta un autre officier.
- Le petit-fils de Wallace Walker. Celui que tous connaissent sous le nom de code « Raptor Alpha ».
Les murmures entre les officiers furent soudainement remplacés par des échanges d'opinions bien distincts.
Certains, pour ne pas dire la quasi totalité des présents, croyaient qu'il s'agissait d'un canular. Ou même que cela leur semblait impossible. D'autres paraissaient en revanche plus préoccupés, convaincus, ou tout du moins presque. S'il s'agissait bien de Maurice Blackgate, la menace n'était pas à prendre à la légère.
- Kai vient de se réveiller et il est sûr qu'il s'agit de Maurice, continua Jack Nelson.
C'est alors qu'un autre officier, une commandante à en juger par ses galons, se leva de sa chaise et interpella le capitaine du Gardien.
- Capitaine Nelson, dit-elle avec légère inquiétude. J'espère de tout cœur, sans vouloir vous offenser, que vous vous trompez. Blackgate est mort dans une explosion autour de Vega VII. Personne n'a survécu à cela.
- Je sais que cela parait insensé commandant, reprit Jack. Et j'espère sincèrement avoir tort, mais une de nos colonies a été attaquée et, tout comme nos explorateurs ont rapporté, il n'y a pas de survivants. Et dans mes souvenirs seul une personne est capable de mener une attaque aussi rapide et dévastatrice. C'est pourquoi...
- Vous êtes sûr que Blackgate est responsable de ce massacre ? l'interrompit le vieil amiral.
Jack savait où il voulait en venir, mais il n'avait pas le choix: il devait lui répondre. C'était déjà une chance qu'il ait put parler devant ses supérieurs, mais abuser de la patience de l'amiral n'était pas une bonne idée. Loin de là.
- Pour l'instant je n'ai pas de preuves concrètes... commença Jack avant d'être stoppé par la voix de son supérieur.
- Répondez par oui ou non capitaine !
- Non monsieur, dit Jack résigné.
Anderson hocha lentement la tête, tournant le dos au capitaine, dans un profond et préoccupant silence. Qui sait ce qu'il allait dire ou faire. Personne ce qui se tramait dans l'esprit de ce vieux grincheux.
- Capitaine, finit-il par ajouter, faisant se redresser son subalterne. Vous êtes entrez sans permission dans ce bureau, au beau milieu d'une importante réunion, tout simplement pour nous exposer les dires d'un Externe ?
Et voilà, l'amiral venait de montrer son intérêt pour la situation exposée par Jack. La chose fit bouillir de colère le cœur du capitaine, qui dû faire recours à toute son énergie, afin de se retenir de dire quelque chose de déplaisant.
En effet, encore beaucoup aujourd'hui considéraient les humains, ceux qui vivaient au delà du système Daarasta, comme des êtres extérieurs aux affaires de la République. Ceux qui parvenaient à trouver du travail dans les soi-disant Mondes Centraux, subissaient les humiliations et les insultes des Terrestres. Ceux qui disaient être nés et provenir de la Terre, alors que dans le majeur des cas c'était faux.
Anderson n'échappait pas à la règle non plus. Vétéran de la Guerre de Centauri, il n'avait que du mépris pour ceux qui provenaient des Mondes Externes. Hélas, les années de paix n'ont pas suffit pour plaquer son esprit, tourmenté par les démons et les horreurs de la guerre.
Jack Nelson savait bien quoi s'attendre, dès l'instant où il allait mettre les pieds dans la salle du conseil. Mais il devait au moins tenter, en mémoire de son ami et frère d'armes disparu: Wallace Walker.
- J'attends vôtre réponse capitaine Nelson ! gronda le vieil officier.
- Oui amiral Anderson.
Une nouvelle fois, le silence retomba dans la pièce. Jack était immobile, droit comme un « i », attendant la réponse de son supérieur. Quelle qu'elle soit, il affronterait les conséquences de ses actes, comme tout soldat loyal qu'il était.
- Sortez de cette pièce, dit enfin le vieil amiral.
- Amiral ?
- Je vous ordonne de sortir capitaine ! hurla cette fois Anderson.
Jack fit un rapide salut et se dirigea vers la porte.
- Oh et une dernière chose capitaine Nelson, l'interpella le vieillard, toujours le dos tourné. Je vous interdit de quitter la Terre et de mener une quelconque enquête.
Le dernier ordre de l'amiral étonna Jack ainsi que certains officiers, surtout la commandante.
Mais que diable était donc en train de faire ce vieux fou ?
Jack s'apprêtait à répliquer, mais son supérieur le devança.
- Vous avez vos ordres capitaine. Maintenant quittez cette pièce et cet établissement.
Jack Nelson sortit de la salle et se dirigea vers la plateforme, où l'attendait le Jaguar.
Tout se mélangea dans son esprit. Qu'est-ce qui avait bien prendre à l'amiral ? Pourquoi refusait-il d'entendre raison ?
Et si d'aventure le vieillard avait raison ? Si ce qu'il s'était passé sur Hagra n'était pas l'œuvre de Maurice ? Peut-être était-il vraiment mort et que Kai se soit trompé ?
Non ! Hors de question d'envisager cette éventualité. Et surtout, pas question d'obéir aux ordres insensés de l'amiral Anderson. S'il y avait une seule petite chance que tout cela soit vrai. S'il y avait une possibilité que Maurice soit encore en vie, il fallait s'en assurer.
Sans s'en rendre compte, Jack venait de rejoindre le toit de l'établissement. Le Jaguar était là, les moteurs allumés, attendant juste de pouvoir pousser à pleine puissance et faire s'élever l'hélicoptère.
Il le rejoignait à grandes enjambées et monta. Aussitôt, les moteurs grondèrent plus fort et l'hélicoptère s'éleva.
- Pilote, dit-il. Dites-moi: avez vous reçu une communication de l'hôpital ?
- Oui monsieur. Ils disent que le garçon se reprend vite et qu'il pourra rejoindre le Gardien dans vingt minutes maximum.
- Bien. Contactez le Gardien et dites leur de se tenir prêt. Je veux que nous soyons opérationnel et paré au départ dans trente minutes. Et dites leurs que c'est un Code Jaune 27.
- À vos ordres.
Le pilote tapota sur les commandes, afin de transmettre les ordres à l'équipage du Gardien. Entre temps, Jack lança un dernier coup d'œil à la tour de commandement, maudissant intérieurement les ordres d'Anderson.
Il savait ce qu'il s'apprêtait à faire et il connaissait les risques, mais il le fallait. Pour le bien de la République, il devait le faire.
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