Chapitre 18, Désespoir
J'étais tétanisée. Perdue. Ébahie. Revoltée. Triste. Mon corps fut inerte. Je ne pouvais même pas prononcer une syllabe. Cette phrase avait réussi à faire décomposer mon visage d'un seul coup.
C'est alors que Seilah me secoua légèrement comme elle vit que jétais ailleurs :
- Danielle, t'es toujours là ?
- Oui, oui... c'est juste que ce que tu m'as dit m'a mise en état de choc.
- Pourquoi ? C'est une super bonne nouvelle !
- Comment peux-tu être heureuse après tout ce qu'il t'a enduré !?
Elle me regarda, les yeux écarquillés.
- Mais justement Danielle, c'est pour cela que je suis heureuse ! Nous tous, servants et servantes attendions tellement ce jour avec impatience et il est enfin arrivé ! Si Ajil se fiance, cela veut dire qu'il va se marier, n'est-ce-pas ?
- Euh, ouais.
- Eh bien justement, si il se marie, il quittera la maison du Maître définitivement, et nous serons enfin débarrassés de ses massacres...!
- Donc en gros, si j'ai bien compris, tu es contente qu'il se marie parce que comme ça il partira et en gros "la bête de la maison" sera envolé !
- La bête ? Tu veux rire ! Le démon dirais-je !
À ces mots, je soufflai de désespoir. Seilah m'interrogea alors du regard.
- Laisse tomber, lui répondis-je. Je suis seulement fatiguée. Je vais me coucher.
Je m'allongeai sur le lit et mis les draps entièrement sur moi. Seilah me rejoignit et éteignit la lumière.
Je ne pouvais pas dormir. Je n'y arrivais pas. Ça m'avait tellement fait un choc que je ne pouvais même pas y croire totalement.
《 - Ajil va se fiancer. 》 Ces mots restèrent bloqués dans ma tête. Impossible pour moi de penser à autre chose. J'avais beau secouer la tête, je ne pouvais pas penser à quelque chose d'autre. Je sentis un liquide couler sur ma joue. J'étais en train de pleurer ? Je l'essuyai vivement mais une autre larme fit son apparition. Je ne pouvais même pas me contrôler. À vrai dire, je ne pensais vraiment pas que ce genre de révélation pouvait m'atteindre à ce point.
Le lendemain...
Je m'étais réveillée de mauvaise humeur ce matin. Dépitée, je montai les escaliers et alla comme d'habitude, dans la cuisine. Je ne voulais parler à personne aujourd'hui. Et surtout pas à lui.
Je repassai un coup d'éponge dans le plan de travail quand je sentis une pression sur mon bras. Je tournai mon regard et tomba sur celui de Seilah. Celle-ci m'échangea un sourire plutôt malicieux.
- Seilah ?
- Qu'est-ce que tu as aujourd'hui Danielle ? Tu n'as pas l'air bien.
Je détournai le regard. Seulement, mon amie ne l'entendait pas de cette oreille. Elle me serra la main pour m'obliger à répondre.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Dis-je le plus normalement possible.
- Tu es bizarre en ce moment. Je suis sûre qu'il y a quelque chose.
- Tu te trompes Seilah.
- Danielle, tu as pleuré cette nuit.
J'arrêtai net mon action.
- Quoi ?
- Je t'ai entendu pleurer.
- Mais je... non, c'est...
Elle aggripa mon bras et m'enmena jusqu'au patio. De mon côté, je n'avais vraiment pas envie de lui parler de ça. Je baissai les yeux tandis qu'elle continua de me fixer.
- Je savais très bien que cela n'allait pas te rendre heureuse, dit-elle alors.
Suite à ce qu'elle venait de dire, je la fixai nerveuse.
- C'est... ce n'est pas ce que tu penses.
- Je sais. Mais ce n'est pas de ta faute après tout si tu es si attachée à lui.
- Je ne suis pas attachée.
- Danielle, je t'en prie.
C'était certain qu'elle allait finir par comprendre un jour. Seilah me connaît beaucoup trop depuis le temps. Puis, des larmes perlèrent aux coin de mes yeux, se décidant ensuite à se verser sur mes joues. Seilah me prit alors dans ses bras.
- Il ne faut pas être triste Danielle. Il fallait que tu t'y attende de toute façon.
J'essuyai mes larmes malgré le fait qu'elles ne cessèrent de couler.
- On y est allés...
- Quoi ?
- On y est allés... En Grenade, Ajil et moi.
Seilah se recula d'un pas et m'observa attentivement.
- Je devais aller voir Luxus... il voulait à tout prix me parler... et c'est arrivant que j'ai appris que c'était un piège... il voulait que je tue le prince, continuai-je.
- Quoi ? Mais...
- Je ne l'ai pas fait, bien évidemment. Alors je me suis contentée de le faire perdre connaissance, et de l'amener ici en appelant son chauffeur. Eh ouais t'a vu, je l'ai sauvé... et voilà ce qu'il me donne en retour... Des fiançailles bordel...
Ma voix se brisa à cause de mes sanglots. J'essuyai très vite mes larmes, mais celle-ci ne voulurent s'arrêter. Mes joues étaient chaudes, humides et surtout rouges. Seilah ne sachant pas quoi dire, me reprit dans ses bras.
- Danielle, je ne savais pas...
- Bah oui, c'est évident...
- Tu as pris un énorme risque, et je suis sûre qu'il t'en ai reconnaissant.
Reconnaissant ? Je pouffe de rire.
- Oh oh... chuchota alors Seilah.
Je fronçai les sourcils, cherchant une réponse, mais celle-ci ne me regarda pas. En faite, elle regardait juste à côté de moi, les yeux ronds, fixés sur quelque chose. Elle recula encore d'un pas et tourna son regard vers moi, angoissée. Je compris alors qu'il arrivait dans le patio.
- Essuie tes larmes, me chuchota mon amie.
J'exécutai sa demande et les essuyèrent vivement, en essayant "bien sûr" de garder mon air naturel. Seilah me sourit une dernière fois avant de s'en aller.
Ajil s'approcha et se mit derrière moi.
- Salut. Se contenta-t-il de me dire.
Je crois bien que c'est la toute première fois qu'il me saluait.
Quand bien même que, je refusais de le saluer. Je restai dos à lui, ne lui adressant aucun regard. Je ne voulais pas qu'il aperçoit mon visage où il pourrait fort deviner que j'avais pleuré.
Trouvant ma façon d'agir étrange, il se plaça face à moi. C'est alors qu'il fronça les sourcils dès que j'avais baissé ma tête. Il prit alors mon menton avec tendresse et me fixa toujours avec cette attention.
- Qu'est-ce que t'as ? Me demanda-t-il.
Je mis un temps de minutes avant de répondre seulement :
- Rien.
Celui-ci haussa un sourcil, pas du tout convaincu de ma réponse. Il fronça encore plus les sourcils et continua de me fixer intensément. C'est à ce moment-là qu'il me posa la question dont je redoutais fortement :
- T'as pleuré ?
《 Bah oui j'ai pleuré abruti. Et tout ça à cause de toi. 》
- Non... t'inquiète, c'est rien de grave.
- T'es sûre ?
《 C'était avant qu'il fallait s'inquiéter pour moi tu ne crois pas ? Et puis tu le vois bien là que je suis pas bien non...!? 》
- Oui, t'inquiète pas. C'est rien du tout.
- Si tu veux.
《 Sale boulet. 》
Je pensais qu'il allait repartir mais non, il prit position à côté de moi, sens inverse. Un long silence s'installa, comme d'habitude aucun de nous deux n'osait prendre la parole en premier. Je pris alors les devants :
- Comment elle s'appelle ? Lui demandai-je sans le regarder.
Il se tourna vers moi et se mordit légèrement la lèvre. Il n'avait pas vraiment envie de parler de ça avec moi, et je le comprenais. Mais bon, comme il allait se fiancer, se marier et partir, autant que j'en sache avant que lui et moi on ne se revoit plus du tout.
- Tu sais, on est pas obligé d'en parler si tu ne veux pas...
- J'veux savoir. Le coupai-je.
Je lui fit un sourire réconfortant, pour lui faire croire (j'ai bien dit croire) que cela ne me dérangeait pas. C'était tout l'inverse. Comme si je voulais savoir le nom de sa future épouse moi.
- Brendish. Me répondit-il par un sourire.
Il me sourit putain.
Non mais c'est la meilleure ça.
- Brendish... soufflai-je dans un murmure. Et, elle est jolie ?
- Ça peut aller. Dit-il en émettant un sourire en coin.
Je savais très bien qu'il me mentait. Son sourire en coin voulait tout dire. Mais pourquoi ne m'avouait-il pas directement toute la vérité ? On est d'accord que c'est moi qui pose des questions sur sa meuf, là !
- Vraiment ?
- Bon, ok. Elle est belle. Même très belle.
- Tant mieux pour toi.
Je lui fis un sourire. Un sourire qui est sans doute le plus beau sourire hypocrite que j'ai fait de toute vie.
- Le soir va pas tarder à arriver, et je me fiance demain.
《 Quoi ? Déjà demain ? 》
- C'est cool. Super.
- Ça te dit qu'on aille marcher un peu ?
- En ville ?
Il hocha frénétiquement la tête. Après tout pourquoi pas. C'est le dernier soir que je passerai avec lui de toute façon.
Il me fit un doux sourire puis me tendit sa main pour m'inviter à sortir avec lui. Je lui rendis son étreinte ainsi qu'un sourire en plus. Me restait-il un petit espoir pour l'empêcher de se fiancer ?
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