Chapitre 2, Trois ans après
An X797, Amérique du Nord -
New York.
Cinq ans. Cela fait cinq ans que le drame s'est produit.
Cela fait cinq ans que je vis à présent en Amérique, aux côtés de ma famille.
Cela fait cinq ans qu'il est parti. Chaque jour. Chaque jour où je pense à lui, je suis triste. En faite, depuis que je suis en Amérique, je ne cesse d'être triste tout le temps. D'un côté je me sens coupable aussi. Coupable de l'avoir laissé là, sur la route.
- Danielle ?
Je me trouvais dans le balcon quand mon frère m'appela. Je ne me retournais pas, cela fait déjà bien longtemps que je ne lui adresse plus un mot. La seule fois où l'on se parle, c'est quand on s'embrouille. Pourquoi ? Hin, je vous laisse deviner.
Luxus s'approcha de moi et se mit à mes côtés. Je m'étais accoudée sur la barrière du balcon.
- Tu ne dors pas ? Me demanda-t-il.
J'ignorais sa question, comme j'avais l'habitude de le faire. Depuis ce qui s'est passé avec Ajil, j'ai juré que je ne pourrais jamais pardonner à Luxus.
Mon frère (si je peux encore le considérer comme un frère) prit place à côté de moi et me regarda. Agacée, je me reculai doucement et lui dis :
- Laisse-moi.
Je me tournai dos à lui, continuant à observer le ciel.
- Danielle...
Il s'approcha de moi et mit sa main sur mon épaule.
- On ne peut pas continuer à s'ignorer comme ça tu sais, me dit-il doucement.
Je me retournai vers lui, bras croisés.
- Mais t'en fait pas, je le vis très bien comme ça.
- Donc tu vas encore nous faire la gueule ? Ça fait trop longtemps que ça dure Danielle, il faut arrêter ça.
- Il fallait y penser avant Luxus.
- On est une famille bordel ! On a besoin de toi !
- Une famille ? Pouffai-je. Ne me fait pas rire. Cela fait bien longtemps que je ne vous considère plus comme ma famille...!
- Et tu restes avec nous malgré le fait que nous ne sommes plus ta famille ?
- Ce qui m'empêche de rester, c'est maman. Parce que contrairement à toi et à papa, elle a été émue de mon histoire avec Ajil et s'en veut. Et je ne veux pas la laisser avec des monstres comme vous.
- Tu t'entends parler Danielle.
- Je m'entends très bien Luxus, ne t'inquiète pas. Et pas une seule fois je regretterai mes paroles.
- Ajil est mort de toute façon, donc tu n'auras nulle part où aller.
À ces mots, des larmes perlèrent aux coin de mes yeux.
- Ferme ta gueule.
- N'oublie pas que si j'ai fait ça Danielle, c'est pour nous. Et que quoi qu'il arrive, tu seras toujours ma petite soeur. Je t'aime.
Et il partit du balcon, me laissant à nouveau seule. Je ne pus m'empêcher de taper mon poing contre la barrière. Quel enfoiré. Il ne lui a suffit que de quelques mots pour me mettre en rogne.
Mais je n'étais pas seulement en colère, j'étais aussi triste que cela. Le fait qu'il me rappelle qu'Ajil est mort me faisaient rouvrir les yeux. Seulement, je n'ai jamais pu l'accepter. Ma conscience me disait souvent qu'il fallait que je pardonne à mon frère, ça fait bien trop longtemps qu'Ajil n'est plus de ce monde. En plus, je me sens responsable de sa mort puisque au lieu de l'aider et d'appeler les secours comme n'importe qui l'aurait fait, je me suis contentée de m'enfuir, tel une voleuse. Et ça, je m'en suis toujours voulu.
《 Mais jamais. 》
Jamais je ne pourrai pardonner à Luxus. Je ne veux pas et je ne peux pas lui pardonner. Même si il ne le savait pas pour Ajil et moi, il ne s'est même pas excusé quand il a apprit qu'on s'aimait, et au lieu de ça, il était plutôt rassuré de l'avoir tué. Rien que quand il m'a dit ça, je lui ai foutu ma plus belle gifle.
Puis je repensais à Ajil. Tous les bons et les mauvais moments qu'on avaient passés ensembles. Toujours. Toujours je repensais à cela. Et sans le vouloir, je me mettais à pleurer comme une madeleine. Il me manquait terriblement. Et même que des fois, même si c'est rare, je me demandais "Et si il n'était pas mort ?" Mais non, je me reprenais bien vite. Ajil est bel et bien mort, je l'ai vu de mes propres yeux. Il ne respirait plus, et son coeur ne battait pas. Au début, quand je suis arrivée en Amérique, je refusais de voir la réalité en face. Je me disais que peut-être, par miracle, Ajil n'était pas mort. Mais aujourd'hui, je ne veux plus y croire. Et je dois à présent voir la réalité en face.
《 Tu me manques bébé. 》
Je me mis à sourire. Il m'appelait comme ça de temps en temps. La façon dont-il le disait était trop mignonne.
Le soleil commençait à se lever, je décidais donc de retourner dans ma chambre et de dormir un peu.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top