Chapitre 19, Derniers instants

J'avançai doucement en direction de la porte, hésitante. Maintenant que j'y étais, je ne pouvais plus faire marche-arrière.

Les mains tremblantes, je me mis à frapper contre celle-ci. Trois frois. Puis après quelques minutes, j'entendis un "entrez".
Ajil se tenait dos à moi, le visage tourné à la fenêtre. Je fermai doucement la porte avant de venir vers lui.
Malgré la distance qui nous séparait, il ne se retourna même pas. Il avait toujours les yeux rivés vers l'extérieur.

- Euh... Salut. Lui dis-je, la voix hésitante.
Cette fois, il se tourna lentement vers moi, un sourire amer sur les lèvres. Puis sans me regarder, il ajouta :
- Bah tiens, regardez qui voilà. Après 3 jours d'absence.

Je soufflai doucement malgré-moi, n'ayant rien de mieux à dire.
- Écoute Ajil... J'te jure que je voulais venir... mais...
- Laisse tomber.

Il passa devant moi pour s'assoir sur son lit. - Comment tu vas ? Dis-je en le rejoignant.
- Ça peut aller.

J'hochai la tête puis balayai la salle du regard. Un silence s'installa entre nous, ce qui était à la fois gênant et agaçant. Puis soudainement, celui-ci ajouta avec un ton qui se voulait méchant :
- T'es pas repartie, finalement ?

Mes lèvres se crispèrent suite à cette remarque. Après tout, je devais bien m'attendre à ce qu'il soit énervé.
- Non. Je ne pouvais pas te laisser.
- Malgré le fait que je sois un menteur ?

《 N'oublie pas. Ne t'énerve pas contre lui. Tu n'arriveras à rien sinon. 》

- Écoute, je suis désolée Ajil. Désolée d'avoir dit que tu étais un menteur.
- Tu n'as pas dit seulement ça.
Il avait parlé sur un ton cassant que cela me mis moi-même mal à l'aise.
- Ah et qu'est-ce que j'ai dit d'autre ?
- Bah tu m'as clairement fait comprendre que j'étais quelqu'un en qui tu n'avais pas confiance.
- Mais Ajil...

Celui-ci se redressa brusquement pour être face à moi.
- Attends mais Danielle, tu n'as rien à redire ! Tu as préféré croire une personne que tu détestes que croire ton propre copain !
- Je sais, et c'est pour ça que aujourd'hui je viens te voir pour m'excuser !
- Ouais.

Il appuya sa tête contre le mur d'un geste brusque. Je décidai de m'approcher de lui pour prendre tendrement sa main.
- Ajil, je suis sincèrement désolée. J'ai agi comme une débile, je le reconnais. Je n'ai ni à protester, ni à me défendre.
- Ouais.
- Et si tu ne veux pas de mes excuses, je comprendrai. Mais je t'aime, et que quoi qu'il arrive, je resterai avec toi.
- Mmh.

Je baissai les yeux tristement et me rapprochai un peu plus de lui.
- Tu as le droit d'être énervé, mais tu n'as pas le droit de m'ignorer maintenant que je suis là.

Il me regarda le temps d'un instant avant de me voir lui faire la moue. Il étira à ma vue un sourire en coin.
- Et comment je pourrais ignorer la femme que j'aime ?

À ces mots, je laissai échapper un sourire. Il tendit alors son bras vers moi comme pour m'attirer à lui.
- Allez viens par là.

Je me rapprochai donc et entoura mes bras autour de sa taille. Il avait passé son bras autour de mon épaule.

- C'que tu peux être débile quand même des fois. Me lança-t-il alors.
- J'approuve, c'est vrai. Mais tu m'aimes comme ça pas vrai ?
Il me prit alors délicatement mon menton pour plonger son regard dans le mien et me chuchoter :
- J'approuve aussi.

Sur ces mots, il m'embrassa tendrement. Cette chaleur dans ses bras me fit sentir tellement bien que je ne voulais pas que ça s'arrête.
Après notre baiser, il s'arrêta un moment pour venir coller son front au mien.

- Moi aussi je suis désolé.
- Pour quoi ?
- Pour t'avoir caché la vérité. J'aurais dû t'en parler, mais je n'en avais pas envie. Je ne voulais pas te voir souffrir...
- Oh stop, l'arrêtai-je. Pitié Ajil, pas aujourd'hui, pas maintenant. Je suis avec toi là. Et je n'ai aucune envie de parler de ça.
- Tu es sûre ?
- Plus que sûre. J'ai envie de profiter de ce moment avec toi, là tout de suite, et mettre les problèmes de côté.

Je carressai doucement sa joue tout en lui disant ça. Il me rendit un sourire tendre avant de me répondre :
- Dans ce cas... je vais pas me faire privé.

Puis il m'allongea complètement sur le lit avant de remplir tout mon corps de baisers sensuels.

Le soir...

PDV EXTERNE :

Walid attendait sur une chaise, le regard tranquille. Même si il le paraissait comme ça, dans sa tête c'était tout le contraire : Il avait l'air inquiet.
Sa femme le rejoignit juste après et s'assit brusquement à côté de lui :
- 'ayn kunt ?*
(N.D.A : Où étais-tu ?)*
- huna.*
(N.D.A : Ici.)*
- Ah bah merci j'avais remarqué ! Je voulais dire qu'est-ce que tu fais encore à l'hôpital à cette heure-ci ?

Le père d'Ajil regarda autour de lui avant de se tourner vers sa femme :
- J'attendais quelque chose.
- Kunt mutawaqqaeaan ma ?* demanda-t-elle impatiente.
(N.D.A : Tu attendais quoi ?)*

Le concerné ouvrit la bouche pour répondre mais fut stopper par le médecin Hasnaoui qui arriva dans la salle d'attente, un papier sous la main.

- Kl alhaqq , walady alsyd alnnatayij.*
(N.D.A : C'est bon, j'ai les résultats monsieur.)*
- ma hi alnnatayij fi nihayat almataf ?* S'écria la mère.
(N.D.A : Quels résultats à la fin ?)*

Walid prit le papier sans même lui répondre et jeta un oeil dessus. Concentré sur ce qu'il lisait, Sabrina tenta de voir aussi ce que ce papier contenait, en vain. Puis le visage du roi d'Edfou se leva sur les yeux du médecin, visiblement mal à l'aise.

- C'est vert, ça veut donc dire...
- Que c'est compatible.
Le père hocha lentement la tête avant de venir rebaisser ses yeux sur la feuille. Sabrina se contenta de regarder les deux hommes, sans comprendre ce qu'il se passait en ce moment même.

- Qu'est... qu'est-ce qui est compatible ?

Son mari se tourna vers elle et lui tendit le papier.
- Bon, écoute-moi. Quoi que tu dises, j'ai pris ma décision. Et si je le fais, c'est pour le bien de notre fils.

Sabrina fronça les sourcils, anxieuse. Elle prit tout de même le papier qu'on lui tendit pour le lire. Il ne suffit même pas de deux mots de plus pour que celle-ci en sache plus sur ce quoi parlait ce papier. Elle leva les yeux remplis de colère vers son mari.

- Es-tu devenu fou, Walid ? C'est non.
- Sabrina...

Elle bousilla le papier avant de le jeter par terre.
- C'est non ! Cria-t-elle à voix basse. Il est hors de question que je te laisse faire ça !
- Tu préfères donc que ton fils meurt, c'est ça Sabrina !?
- Bien sûr que non enfin ! Mais je... je ne peux pas te laisser faire ça.
- Écoute-moi.

Il passa ses mains sur ses cheveux où il commença à les carresser doucement.
- J'y est beaucoup réfléchi. Et c'est ma décision. Je veux qu'Ajil continue à être heureux. Ça a été un choix difficile, mais maintenant j'en suis sûr : je veux le bonheur de notre fils.
- Et as-tu pensé à moi ? À nous ?
- Oui. J'y est même beaucoup pensé. Alors je t'en supplie, ne pleure pas et laisse-moi faire. C'est ce que je mérite, après tout.
-'Inni 'aeudh bik 'an 'aqul 'ann Walid. Ladayk 'ay fikrat ean kayfiat hdha sawf yuaththir ealaa ibnak. ldhlk hu la.*
(N.D.A : Je t'interdis de dire ça Walid. Tu n'as pas idée à quel point cela touchera ton fils. Alors c'est non.)*
- Sabrina...
- C'est ma décision.

Elle tourna alors les talons, et une fois sortit de l'hôpital, des larmes coulèrent sur ses joues, elles qui perlaient déjà au coin de ses yeux.

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