Chapitre 17, Peur

- Danielle ! Danielle !
Alors que je courais tout le long de mon chemin en pleurant, j'entendis des voix m'interpeller. Sachant parfaitement de qui il s'agissait, je pris la décision de ne pas me retourner. Seulement, il s'avérait que Dimaria ne comptait pas abandonner si vite.
- DANIELLE BORDEL !
- Mais quoi !
Je me retournai finalement vers elle, exaspérée.
- Pourquoi tu ne t'arrêtes pas quand je t'appelle ?
Elle s'était arrêtée, reprenant sa respiration. Il me semblait qu'elle ai couru après moi.
- Peut-être parce que je sais très bien pourquoi tu m'appelles.
- Danielle...
Je touchai mon front pour essuyer la sueur. Il faisait chaud, le soleil tapait contre celui-ci et moi j'ai eu la bonne idée de courir comme une folle, alors que je savais très bien qu'il n'allait pas me rattraper. Rien que le fait de penser ça me fit monter les larmes aux yeux.
- Pourquoi c'est toi qui est venu m'arrêter...? Dis-je d'une voix tremblante.
- Ajil ne peut pas sortir de l'hôpital.
- Donc il t'a demandé de venir à sa place ?
Il y avait eu un petit espoir dans ma voix lorsque je lui avais demandé cela. Seulement, Dimaria eu un rictus sur son visage.
- Eh bien...

J'aurais dû m'en douter.
《 Il en a rien à foutre. 》
Mes larmes coulèrent finalement. Dimaria me prit alors dans ses bras, mais je ne lui rendit pas son étreinte.
- Je suis désolée Danielle...
Je ne pus m'empêcher de lâcher un rire désabusé.
- Comment ça tu es désolée ? Tu n'as rien à voir avec ça...
- Oui mais, Ajil n'a vraiment pas assuré sur le coup. Même moi je ne comprends pas...
- On dirait qu'il l'aime plus que moi.
- Attends quoi ?

Dimaria se relâcha de moi.
- T'es malade de penser ça Danielle !
- Pourtant, c'est bien ce qu'il a voulu me dire non !? Il n'a pas arrêté de me mentir sur tout ! Sur le fait qu'il m'aimait et qu'il n'a jamais rien ressenti pour Brendish ! Mais il l'a rendu enceinte !
- Écoute, tu te mets le doigt dans l'oeil si tu penses qu'Ajil t'aime plus que cette garce. Lui il t'aime comme un fou. Un dingue. Même si c'est vrai qu'il a aimé Brendish au départ, et alors ? Il n'a jamais cessé de penser à toi. Et ça, c'est la stricte vérité.

La dernière larme cessa de couler sur ma joue alors que je n'osais pas regarder Dimaria.
- Je ne peux pas te dire pourquoi il a agi comme ça. Mais en tout cas, le connaissant, je peux te dire qu'il regrette certainement ses paroles.
- Dimaria...

Cette fois, mon regard se posa lentement sur elle.
- Je veux juste savoir la vérité moi...
Sans savoir pourquoi, mes bras se mirent à trembler.
- Je ne veux pas en arriver là... je ne veux pas le perdre... mais si je reviens le voir, il reprendra le dessus. Je ne peux pas me rejeter dans ses bras comme ça, sans qu'il ne me dise quoi que ce soit... tout ce que je veux, c'est la vérité...
- Danielle...

Le rictus de Dimaria réapparut. Preuve que j'avais pas mal raison, et que Ajil ne me disait pas tout.
- Tu penses que Ajil... te ment sur quelque chose ?
- J'en ai le sentiment. Il fait comme si tout allait bien, alors que je vois dans son regard qu'il y a un problème. Et pourtant, il me ment.

Dimaria frotta son front plein de sueur avant de me ramener dans l'ombre. Il faisait effectivement une chaleur incroyable.
- Danielle.

Son ton sérieux me fit revenir à la réalité. Le fait de m'avoir appeler de cette façon ne fit qu'augmenter mon anxiété. Je la regardai, l'incitant à poursuivre.
- Tu as tort.

Son ton devint plus grave, malgré le fait qu'elle ne me regardait pas.
- Ajil ne te ment pas, il te protège.

Je mis un court instant de silence avant de répondre :
- ...Me protège de quoi ?

Elle se mordit la lèvre. Puis, alors que je l'observait, je crus apercevoir des larmes au coin des ses yeux. Je ne dis rien comme je n'étais pas très sûre.
- Il ne veut plus que tu souffres. Alors il te protège.

Quoi ? Il savait donc pour Brendish ? Il savait très bien qu'il allait être père, c'est pour ça qu'il a préféré se taire ?
Où alors c'était pour autre chose que Dimaria était hésitante comme ça ?

- À propos de quoi...? Dis-je d'un ton peu patient.
- Ajil est...
Sa voix tremblait tellement que je commençais à en avoir des frissons. Je fronçai donc les sourcils.
- Dimaria...?

Puis, elle prit un grande inspiration et me regarda droit dans les yeux.
- Ajil est mourrant Danielle.

Mes yeux changèrent littéralement de couleur.
- Hein...? Peinai-je à dire.

Dimaria pinça légèrement ses lèvres puis me regarda attentivement. Je vis dans son regard qu'elle ne voulait plus reculer. Elle allait tout m'avouer.
- Tu te souviens de cet incident qu'il y a eu il y a cinq ans ? Tu étais là quand Ajil s'est prit une balle dans la poitrine. On pensait tous que c'était la fin quand il est tombé dans un profond coma. Mais il s'est réveillé. Seulement, on a appris par la suite que la balle avait en faite frôlé son coeur, et que celui-ci était donc devenu très fragile. Il... n'allait pas continuer à battre pendant encore longtemps. C'est pourquoi...

Elle soupira avant de continuer :
- On... Les médecins ont estimé que son coeur pouvait battre pendant encore 6 mois... Seulement, Brendish lui a infligé une drogue assez forte qui a permis d'affaiblir beaucoup de son énergie, ce qui a directement touché son coeur aussi...

Je ne pouvais pas le croire. Ma lèvre se mit à trembler alors que Dimaria n'avait même pas terminer de parler.

- Cela s'est par la suite de plus en plus affaibli, et maintenant ce n'est plus une question de fragilité ou d'estimation... son coeur peut s'arrêter à tout moment Danielle.

Ma tête s'était baissée au fur et à mesure qu'elle parlait.
- Voilà, tu sais tout.

J'avais arrêté de parler, de penser. C'était comme si le temps s'était arrêté tout court. L'explication de Dimaria m'avait comme fait un électro-choc en plein coeur. Mes larmes coulèrent en silence, encore et encore, sans s'arrêter. Mon corps se mit à trembler de partout. J'avais soudainement froid, je crus que mon corps était gelé.

C'était la peur. J'avais eu tout à coup peur de ce qui était en train de se passer.

- Je... Ajil va...
Je ne pouvais même pas prononcer un mot. Je bégayai de moi-même, complètement perdue.
- Je suis désolée Danielle. Mais j'espère que maintenant tu comprends pourquoi Ajil ta caché cela.

Je fixai le sol, cherchant une réponse à mes questions. Elles étaient toutes mélangées. J'étais incapable de dire un seul mot.
Et pourtant, j'essayais à tout prix de me convaincre qu'il pouvait y avoir une solution à tout ça.

- Alors s'il te plaît Danielle, reprit Dimaria en me tenant par les épaules, ne pars pas. N'abandonne pas Ajil. Il ne s'en remettra jamais. Il a besoin de toi.

Ses mots me firent sursauter.
Dimaria m'observa avec des yeux d'insistance.
C'était évident que après cela, je ne pouvais pas reculer davantage. Il était impossible pour moi de repartir en Amérique suite à ce que je venais d'apprendre.
Ajil mourrant... Cela m'a mise dans un état que moi même puisse décrire. Un mélange de tristesse, d'angoisse, d'anxiété et surtout de peur.
J'avais peur.

- Je... je...
Et c'est donc pour ça que sur ses mots, je me mis à courir en sens inverse, sans prendre la peine de me retourner.

PDV EXTERNE :

Le soir ne tarda pas à arriver, et Danielle n'était pas revenue à l'hôpital. Ajil se demanda si elle était vraiment partie, si elle l'avait vraiment abandonné. Mais même en se demandant ça, il refusait d'y croire.
Dimaria lui avait dit qu'elle avait tout raconter à Danielle, même si ce n'était pas à elle de le faire. Et puis bizarrement, Ajil ne s'était guère énervé : il semblait pensif, et surtout fatigué, ce qui inquiétait son entourage. Depuis que Dimaria était revenue et qu'elle lui avait fait part de cette nouvelle, il n'avait pas dit un seul mot.

Il était à présent seul dans sa chambre d'hôpital. Dimaria et Wahl étaient rentrés. L'Égyptien était couché sur son lit, fixant le plafond quand sa mère revint alors. Il leva la tête :
- Oh, je pensais que tu t'étais endormi.
- Pas encore.
Sa voix parut froide aux yeux de sa mère. Elle s'assit alors à ses côtés :
- Il s'en ai passé des choses aujourd'hui... dit-elle.

Son fils ne lui répondit pas tout de suite. Il réfléchissait à cette journée qu'il aurait qualifié comme la plus épouvantable de toute sa vie.
- Je suis désolé, mama.
- Ajil ?
- Désolé de t'avoir caché tout ça. Je n'ai pensé qu'à moi, encore une fois...
- Je ne suis pas d'accord.

À ces mots, les yeux du prince rencontrèrent ceux de la mère.
- Tu as fait tout ce qu'il faut pour la protéger. Quitte à risquer ta vie...! Et tout ça pour la protéger, tout ça parce que tu l'aimes.

Les sourcils d'Ajil se levèrent pour ensuite venir se baisser rapidement.
- Donc pour une fois ibn, tu n'as pas pensé qu'à toi. Parce qu'elle était là. Et cela prouve vraiment ton amour pour elle.

Il aplatit par la suite ses lèvres.
- Je me rend compte que ton père a fait une énorme erreur en voulant te marier à Brendish. Il va être furieux quand il va apprendre ce qu'elle t'a fait.

Sabrina tourna ensuite son regard vers celui de son fils, où elle aperçut une pointe de tristesse dans ses yeux. C'est alors qu'il lui demanda :
- Tu penses qu'elle est partie, à ton avis ?
- Danielle ?
Ajil ne répondit pas.
- Je ne pense pas, répondit alors Sabrina.
- Alors pourquoi...
- Parce qu'elle a eu peur Ajil. Elle a eu peur comme tout le monde.
- Tu as eu peur toi ?
- J'ai eu énormément peur la première fois que tu as perdu connaissance. Tu te souviens ? C'était il y a deux ans, tu venais de te réveiller du coma.
- Ouais.
- Depuis ce jour, j'ai toujours eu peur. Mais il est hors de question pour moi de te le montrer. Je veux que tu nous vois heureux Ajil.
Il détourna le regard et continua de fixer le plafond. Puis sous la grande surprise de sa mère, un petit sourire étira les lèvres du prince.
- Oui.

Alors qu'ils continuèrent de parler, l'infirmière entra dans la pièce, accompagné d'une autre personne. Les deux eurent alors un choc en voyant la personne arriver aux côtés de celle-ci. Ajil s'était relevé instantanément, fixant la lueur noire dans les yeux de cette personne, visiblement en colère. À ce moment, Ajil ressenti des frissons lui parcourir le dos. Évitant que l'on remarque son air inquiet, il garda une expression sérieuse sur le visage alors que la personne prononça d'une voix grave :

- Ajil.
- Papa.

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(N.D.A : Je rappelle que cette histoire est une fiction.)

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