Chapitre 14, Non...


Le prince d'Edfou n'allait pas tarder à s'éteindre. À bout de forces, il fixa le plafond, le regard vide. C'était comme si on n'avait pris possession de lui, comme son corps ne lui obéissait plus. Ou plutôt, c'était lui qui ne voulait plus essayer de lutter.
Il se sentit de plus en plus fatigué, continuant de toussoter violemment. En ce moment-même, il était extrêmement furieux. Et trahi. Furieux contre Brendish, Trahi par Brendish. Il ne pensait pas qu'il pourrait se faire avoir de cette manière.
Il avait aimé Brendish, et il pensait que elle aussi. Depuis combien de temps étaient-ils mariés ? Cinq ans. Et mariés de force en plus. Maintenant qu'il repensait à ce détail, il "comprenait" peu à peu la vengeance de Brendish, ce qui l'avait amené à en arriver là. Il avait tué l'homme qu'elle avait toujours aimé, autrement dit le frère de Danielle. Ajil pensa qu'il aurait fait la même chose si on avait par malheur tué Danielle, mais de façon plus brutale.

《 J'en peux plus... 》
Il avait juste envie d'hurler cette phrase pour qu'au moins quelqu'un puisse l'entendre, hurler de toutes ses forces tel un lion enragé. Mais aucune voix ne prit place. Seulement des toux sèches, poustillonées par du sang.

C'est seulement par sa force mentale qu'il réussit à faire un immense effort. Il bougea son pied gauche de façon à avançer : celui-ci céda malgré le martyr.
Il rampa alors sans ses mains, seulement avec ses jambes. Il rampa jusqu'à arriver au téléphone.

《 Bordel de merde... pour une fois, pour une fois que je ne prends pas mon téléphone avec moi, il faut qu'un truc comme ça m'arrive. 》

Il atteint le fix, presque soulagé malgré sa douleur. Puis, comme il ne pouvait pas utiliser ses mains appuyés contre son ventre, il cogna avec son coude la table de chevet pour faire tomber le téléphone.

Bingo. Le fix se trouvait à présent sous ses yeux. Maintenant restait le plus dur, ses mains...
Il en lâcha une, quand il émit un cri à s'en arracher les tympans. Son coeur le frappa subitement, c'était comme une bombe dans sa poitrine prête à exploser. Il poussa un cri effarant et remit immédiatement la main sur son torse. Voilà que maintenant il transpirait sur tout le visage, suffoquant.
Puis, ses yeux se plongèrent dans l'obscurité.

Dimaria et Danielle étaient enfin arrivés chez Ajil. Danielle ferma brusquement la portière et se dirigea précipitamment à l'entrée, Dimaria sur les talons. Elle frappa violemment à la porte en hurlant son nom :

- Ajil ! Tu es là ?
Aucune réponse.
- Ajil !! Cria Danielle plus fort.
Elle ne cessa de frapper encore et encore contre la porte, mais aucune réponse ne lui parvint à l'intérieur. Angoissée, elle tourna son regard vers Dimaria, les yeux remplis d'inquiétude. Puis, elle vit le regard étincelant de Dimaria la fixer :
- Attends, je crois que j'ai le double de ses clés ! S'écria cette dernière. Brendish m'en a passé.

Elle fouilla dans sa sacoche, et y trouva par chance les clés. Maintenant la porte ouverte, elle se précipitèrent à l'intérieur de la maison. L'entrée était intacte, mais le silence ne disait rien de bon pour les deux jeunes blondes. Dimaria fut la première à s'avançer lentement, appelant son ami. Danielle se dirigea dans la cuisine. Elle aperçut le café : Soucieuse, elle le prit dans ses mains et décida de le sentir.
《 Ce truc ne sent pas le café : Ce n'est pas du café. 》 pensa t-elle.

- Hey Dim', c'est pas normal ça. Le café...
Danielle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle entendit un cri strident provenant du salon. Elle se précipita dans ce dernier, paniquée quand son corps se figea au centre de la pièce. Elle laissa tomber la tasse par terre qui se brisa dans un bruit strident. Mais elle s'en moquait. Ajil était à terre, sans le moindre signe de connaissance.
- AJIL !!!
Elle l'avança vers elle et le retourna dos sur terre, le regard rempli de terreur.
- Ajil, non, non... ne me refait pas ça... je t'en supplie...
- J'appelle immédiatement les secours. S'exclama Dimaria.

Danielle, qui ne semblait pas l'avoir écouté, garda les yeux rivés sur le prince. Impossible.
Il était impossible que cette situation se reproduise comme il y a encore cinq ans... Puis d'un coup, une énorme souffrance s'empara de chez Danielle. C'était comme si on l'avait poignardé en plein coeur. Pourquoi il fallait que sa lui arrive encore une fois à elle ? Et à Ajil ?

C'est alors que ce dernier toussota légèrement, sous la grande surprise de Danielle. Elle lui carressa la joue, les yeux remplis de larmes.
- Ajil ! Tu es toujours là ! Oh mon dieu merci !
- Da... nielle...
- Chut, ne dis plus rien. Dimaria vient d'appeler les secours. Ils seront là bientôt.
Ajil lui répondit seulement par une grimace de douleur, où son coeur battait de plus en plus fort.

- Bren... dish..., articula faiblement le prince.
Danielle fronça les sourcils.
- C'est Brendish qui t'a fait ça ?

Elle se tourna vers la tasse à café maintenant brisée.
- Elle t'a empoisonné, c'est ça ? Dit-elle entre ses dents.

Sous la douleur, Ajil ne répondit rien et ferma les yeux. Une colère noire s'empara de Danielle. Une haine immense, atroce prit possesion de la jeune fille. Elle carressa le torse d'Ajil et ferma ses poings : À cause de cette garce, Ajil était très mal en point, et si Danielle et Dimaria ne seraient pas venus à temps, Ajil serait déjà mort.

Ah ça oui, Brendish allait payer. Elle allait payer très cher.

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