Chapitre 12, Doutes

Le lendemain, Dimaria fut la première à se réveiller. Elle s'installa sur le comptoir de la cuisine, buvant son café. Elle repensa à hier soir. Avait-elle eu raison de ne rien dire à Danielle ? Probablement, probablement pas. En vérité, elle ne savait plus quoi penser.

《 Mais bon après tout, il sait ce qu'il fait...》 pensa la jeune blonde.

Et puis en plus, ce n'était pas à elle de lui en parler. Si Danielle tenait vraiment à Ajil, Dimaria n'allait pas tout bouleverser en dévoilant à la place du jeune prince que celui-ci est mourrant.
Non, ce n'était pas à elle de lui dire. Elle devait laisser poursuivre chaque chose en son temps. Mais alors, pourquoi était-elle aussi mal à l'aise ?

- Tu es réveillée ? Parla quelqu'un derrière.

Elle se retourna et tomba sur le visage de l'égyptien. Vu l'expression qu'il avait sur son visage, il venait tout juste de sortir de son lit.

- Ouais. Répondit-elle. Tu as bien dormi ?
- Ça va.

Dimaria se contenta seulement d'un hochement de tête. Elle but ensuite une gorgée de son café, où ses gestes étaient lents.

- T'es toujours fâché Dim' ? Lui demanda soudainement Ajil.

Cette question l'avait stoppé net pendant quelques secondes. Elle réfléchit un moment avant de répondre :
- Plus vraiment.
- J'comprendrais si tu le serais toujours.

Celle-ci pouffa avant de poursuivre :
- Je pourrais jamais te faire la gueule de toute façon.

À ces mots, Ajil esquissa un sourire moqueur puis passa un bras autour de son cou, la ramenant ensuite dans ses bras.

- C'est bon, lâche-moi. Dit-elle en riant.

Elle se retira des bras de son ami qui continuait toujours de se moquer.
- Et arrête de rire. Rajouta-t-elle.

Le concerné s'exécuta mais ce n'est pas pour autant qu'il enleva son sourire.
- Maintenant sois gentille et ne parlons plus de ça.
Dimaria le regarda, prête à riposter.
- S'il te plaît. Ajouta Ajil avant même qu'elle ne dise quelque chose.

Celle-ci souffla doucement.
- OK, n'en parlons plus. Après tout, tu as raison : On va pas se prendre la tête plus que ça.
Après ses mots, Ajil lui sourit et lui carressa la joue pour signe de réconfort. Même si Dimaria avait dit cela, Ajil savait qu'elle était tout de même malheureuse.
- Dimaria, je ne veux pas te voir comme ça.
- Mais je vais bien là.
- Vraiment ?

La blonde baissa les yeux.
- Allez, fais-moi un sourire. Un sourire sincère.

Dimaria leva les yeux et lui sourit par la suite.
- T'appelles ça un sourire sincère ?
- Bah oui.
- Eh bah non.
- Bon, ça devient chiant là.
- Fais-moi un sourire.

La concernée soupira puis lui fit donc son plus beau sourire.
- Eh bah voilà...! S'écria Ajil à voix basse.
-Pff, t'es bête.
- Ouais mais tu m'aimes quand même.

À ces mots, Dimaria émit un grand sourire avant d'aller dans ses bras.
- Oui je t'aime.

Ajil lui rendit son étreinte et la serra dans ses bras, l'embrassant ensuite sur le front.
- Je t'aime aussi.

Même si cela semblait bizarre, c'était leur façon d'être tous les deux. Ils ne sortaient pas ensembles et n'ont jamais eu de relation amoureuse, mais ils étaient depuis tout petit très proches, très solidaires. Ils se considéraient comme frères et soeurs, et ça jamais Ajil n'avait eu autant d'affection pour quelqu'un. Dimaria était en quelque sorte sa petite protégée.

PDV Danielle :
Ce matin, je m'étais réveillée seule sur le lit. Ajil devait sûrement être en bas. Je descendis alors les escaliers quand j'entendis des voix. Il y avait celle d'Ajil, et il  me semblait que Dimaria était avec lui. Je marchai alors sur la pointe des pieds, me cachant derrière le mur de l'entrée. Mais  pourquoi me cacher tout d'un coup ? Qu'est-ce qui me prenait à les espionner comme ça ? Peut-être voulais-je en savoir plus sur ce qu'ils mijotaient car hier-soir, je les trouvaient particulièrement tendus.

- Ouais mais tu m'aimes quand même.

Quand j'entendis cette phrase, mon coeur rata un battement.
《 Non Danielle, ce n'est pas ce que tu crois...》
Sûrement. Je devais me faire des idées. Ajil et Dimaria ? Ils s'aiment comme un frère et une soeur. Et pourtant...
Pourtant, j'avais des doutes. Je décidai donc de pencher ma tête sur le côté, suffisamment pour qu'ils ne me remarque pas. C'est alors que je me figeai en les voyant s'enlaçer. Et cerise sur la gâteau, Ajil l'embrassa sur... le front ?!

- Oui je t'aime. Répondit alors Dimaria.
- Je t'aime aussi.

Non, non, non, non, non. Impossible. Ils ne pouvaient pas sortir ensemble. Et pourtant, en les voyant de cette manière, on aurait dit...!

《Ils sont proches Danielle, c'est tout.》
Oui bah un peu trop à mon goût.

J'appuyai ma tête contre le mur, désemparée. Je ne pouvais pas croire ça. Ajil ne m'aurait pas menti. Puis je repensais à hier : Ajil n'avait pas prévenu Dimaria de ma présence avec lui, soi-disant parce qu'il n'y avait pas "pensé". J'avais raison depuis le début, puisqu'en vérité, il ne voulait pas que Dimaria sache que je sortais avec lui. Pourquoi ? J'ai ma réponse maintenant. 
Puis même le soir où Dimaria avait pleuré, Il m'avait dit que c'était soi-disant pour une histoire de mec. Et en fait le mec, c'était lui. Cela explique pourquoi ils étaient tendus quand je suis arrivé. J'avais très bien remarqué le regard qu'avait Ajil sur Dimaria quand j'avais demandé à celle-ci ce qu'il n'allait pas !

《 Arrête de délirer Danielle...! C'est juste leurs façon d'être, c'est tout ! Ils ne sortent pas ensembles, sinon Ajil t'en aurait parlé ! 》
Peut-être que je délire, parce que c'est vrai qu'Ajil m'en aurait parlé, je ne vois pas pourquoi il m'aurait menti pendant tout ce temps...
《 Bref, n'y pense plus. 》
Comment ne plus y penser sérieusement ?

Enfin bon. Je pris une grande inspiration et pencha encore une fois ma tête. Ils s'étaient détachés l'un de l'autre, mais toujours en train de se regarder. J'attendis quelques secondes pour voir si ils n'allaient pas s'embrasser, mais non. Ils reprirent leur activités tout en discutant. Je soufflai de soulagement intérieurement, même si j'avais encore quelques doutes.

Je fis alors un pas et entra dans la cuisine, un sourire étirant mes lèvres, faisant comme si je venais tout juste de me réveiller.

- Bon matin. Dis-je tout bas.

Ajil fut le premier à se retourner. Je m'approchai de lui et l'enlaça. Il me rendit son étreinte et m'embrassa le front.

- Bien dormi ? Me demanda Dimaria.
- Oui merci. De quoi vous parliez tous les deux ?

Ils se regardèrent, interloqués par ma question. Si j'avais posé cela, c'était juste pour savoir si ils comptaient me mentir.

- De tout et de rien. Pourquoi ? Rétorqua Ajil.
- Non, comme ça.
《 De tout et de rien ? Ouais, bien sûr. 》

Puis sans de raison particulière, cette situation m'agaçait. Les voir me mentir comme ça, je n'aimais pas du tout. Je tentai tout de même de ne pas montrer mon agacement et trouva une excuse pour partir.
- Je... je vais aller prendre ma douche.
- Tu déjeunes pas ? Me demanda Dimaria.
- Non merci.

Puis je partis en direction de la chambre. Je remarquai par la suite que le ton que j'avais employé était un peu agressif sans le vouloir. Je me mordis la lèvre inférieure. Là, c'est sûr, ils vont se douter que mon comportement est louche...

La matinée se passa rapidement. Wahl était sorti, tandis que Dimaria et Ajil sont restés en bas. Je n'avais pas bougé de la chambre. Ajil qui avait trouvé mon comportement étrange, était monté quelques minutes afin de voir ce qu'il n'allait pas. Je lui avais dit que c'était tout le contraire, tout allait bien mais que j'étais seulement un peu fatiguée. Même si je sentais qu'il y croyait peu, il m'avait laissé tranquille. C'est ça, retourne jouer avec Dimaria, ta "meilleure amie"...
Mais qu'est-ce qui me prenait ? Je ne pouvais quand même pas croire que ces deux-là se fréquentaient ! C'était impossible, encore une fois. Mais pourquoi avais-je quand même des doutes ?

PDV EXTERNE :
Ajil était redescendu, soucieux. Le comportement de Danielle était étrangement bizarre. Il ne s'en préoccupa pas trop et décida de lui parler après son retour.
Il s'arrêta sur le palier et composa un numéro sur son téléphone.

- Allô ?
- Ouais Brendish, c'est moi.
- Ajil ?
La voix de la jeune fille lui parut tremblante mais ravi.
- Moi-même.
- Oh mon Dieu, tu vas bien ?
- Oui ne t'inquiètes pas. Je me suis juste absenté quelques jours.
- Mais pourquoi ? Tu sais qu'on est tous inquiets ! Tu es où là ?
- Chez Dimaria. Je vais passer à la maison tout à l'heure pour prendre des affaires. Je vais rester quelques temps chez elle encore. Mais ne le dis pas à mes parents ok ? J'arrive dans 20 minutes.
- D'accord, je t'attendrai. À tout à l'heure.

Il raccrocha suite à cette conversation et se dirigea au salon où il prit sa veste et ses chaussures. Dimaria entendant ses pas, se retourna et l'interrogea du regard.

- Je rentre chez moi prendre quelques affaires.
- Attends, dit-elle en se relevant. C'est pas un peu risqué que tu fasses ça ? Wahl est sorti, je peux aller lui demander de passer chez toi...
- Trop tard. J'ai prévenu Brendish que je passerai. Et puis t'en fais pas, je ne risque rien.
- Mouais, on sait jamais.
- Fais-moi confiance Dimy.
- Ok, mais fais attention à toi.

Ajil lui fit un clin d'oeil puis s'avança vers la porte d'entrée. Il ouvrit cette dernière et s'apprêta à la fermer avant qu'il rajoute :

- Si Danielle te demande où je suis, tu lui diras où.
- T'inquiète, compte sur moi.

La porte se ferma juste après. Dimaria retourna alors au salon, le regard plongé sur la télé.
Peu après, Danielle descendit et la rejoignit sur le canapé. Elle contempla la pièce du regard avant de demander à Dimaria :

- Ajil n'est pas avec toi ?
- Non il est sorti. Dis tu es sûr que ça va Danielle ?
- Pourquoi tu me demandes cela ?
En vérité, Danielle savait probablement pourquoi Dimaria lui demandait cela.

- Ce matin tu n'avais pas l'air bien. Et puis, avant que tu remontes, tu m'avais répondu d'un ton un peu agressif. 
- Ah...
Celle-ci baissa lentement les yeux, ne sachant que répondre. Devait-elle lui dire la vérité ?
- Alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Si c'est à propos d'Ajil, tu peux m'en parler tu sais.

Un court silence s'installa entre les deux jeunes filles avant que Danielle ne réponde :
- Non, c'est juste que... ce matin je t'ai surprise en train de parler avec Ajil.

À ces mots, le corps de Diamria se figea. Cela voulait donc dire qu'elle était au courant pour la maladie d'Ajil...?
- Tu... tu es...
- Je voudrais juste des explications.

Dimaria ne savait que dire. Ce n'était pas à elle de tout lui expliquer. Bon, elle pouvait tout de même lui donner quelques informations, maintenant qu'elle était au courant. Seulement, si elle faisait ça, Ajil la tuerait par la suite.
- Danielle... je... je ne sais pas quoi te dire...
- Il n'y a rien à ajouter. C'est juste que je pensais qu'Ajil aurait eu le cran de me dire que vous aviez eu une relation tous les deux.
- Hein ?
Dimaria souffla de joie intérieurement. Danielle ne savait pas pour.
Attendez, elle vient de dire "une relation" ?

- Bah oui, je vous ai entendu parler toi et lui ce matin. Tu lui as dit que tu l'aimais, et il t'a répondu que lui aussi. À ce moment-là, j'ai tout de suite compris.

À ces mots, Dimaria partit d'un rire spectaculaire.
- Pourquoi tu rigoles ? Lui demanda Danielle.
- Je ne sors pas avec Ajil moi !

Les yeux de Danielle s'agrandirent.
- Quoi ? Mais je t'ai entendu...
- C'est juste notre façon de dire qu'on tient l'un à l'autre, c'est tout. Je considère seulement Ajil comme un frère, mais pas mon petit ami ! On est trop potes pour ça. Et si je peux répondre à ta question, on a jamais eu de relation amoureuse lui et moi. Jamais.
- Donc en gros vous n'éprouvez rien du tout l'un et l'autre, c'est ça ?
- Juste de l'amitié.

Danielle souffla de soulagement. Elle pensait réellement qu'il se passait quelque chose entre les deux amis. Et finalement, il n'y avait rien du tout. Au fond, elle regrettait ses paroles. Elle avait douté des sentiments d'Ajil, alors que celui-ci lui avait clairement dit qu'il l'aimait, l'autre jour.
- Je suis désolée Dimaria. Je n'aurais pas dû douter de vous. Je préfère te l'avouer, ça m'a fait bizarre de vous voir si proches tout les deux, que j'ai commencé à avoir des doutes.
- C'est notre façon d'être, ne t'inquiète pas. Mais si ça te dérangeait, tu aurais pu nous en parler directement.
- Oh non, surtout pas ! Je ne voulais pas briser cette amitié entre vous deux. Et puis sa me rassure qu'Ajil soit bien entouré, tu es une bonne personne.
- Merci, toi aussi.

Suite à cette conversation, les doutes de Danielle disparurent. À présent, Elle n'avait plus à s'inquiéter.
Elles continuèrent à parler de tout et de rien quand une question échappa à Danielle :
- Tu sais où est parti Ajil sinon ? Comme on parlait de ça au départ...
- Ah oui ! Il m'a dit qu'il rentrait chez lui rapporter des affaires. Je lui ai dit que c'était trop risqué et que Wahl pourrait s'en charger comme il est sorti, mais cette tête de mule est tout de même parti parce qu'il y a cette "Brendish".

Le ton qu'avait employé Dimaria dans sa phrase fit rire Danielle.
- Tu ne l'aimes pas à ce que je vois. Mais c'est qui Brendish ? 
- Elle ne m'inspire rien de bon. C'est sa  femme.

Le sang de Danielle ne fit qu'un tour. 
- Sa... femme ?
- Oui. Ajil est marié maintenant, tu ne le savais pas ?

Bien sûr que si elle le savait. En tout cas, elle s'en doutait fortement.
- Si, puisque il allait se fiancer quand je travaillais chez son grand-père.
- C'est pour cela que tu t'est enfuie ?

La question de Dimaria gêna un petit peu Danielle, qui ne montra pas son expression.
- Je ne me suis pas vraiment enfuie, dit celle-ci en grimaçant. À vrai dire, c'est mon frère qui m'a forcé à partir.
- Ton frère ?
- Oui, il s'appelait Luxus.

Dimaria fronça les sourcils, puis ses yeux s'agrandirent.
- Luxus Dreyar Jackson ? C'est pas celui qui est...

Danielle la coupa d'un hochement de tête.
- Si, c'est celui qu'on a retrouvé mort lors de la soirée d'Ajil.
- Mais pourquoi est-ce qu'il était ici ce soir-là ?
- Parce que mon frère était taré. Son but, c'était d'assassiner Ajil pour vivre en paix avec sa copine.

Dimaria roula des yeux, ne comprenant pas parfaitement ce que Danielle voulait dire.
- Et... quel est le rapport avec lui ? Je comprends pas...
- Je t'avoue que moi aussi ça m'a semblé...

Elle arrêta net sa phrase, le regard figée d'horreur.
- Bizarre... termina-t-elle à voix basse.

Dimaria fronça les sourcils.
- Ça va pas ?
- C'est ça..., continua de chuchoter Danielle.
- C'est ça... quoi ?

Puis, elle se releva instantanément, le regard toujours plongé dans le vide.
- La copine de Luxus... n'était autre que Brendish...! C'était Brendish Dimaria !
- Hein ?

Danielle aggripa son bras pour la relever et la mettre face à elle.
- Quelque jours avant que je vienne, j'ai entendu Luxus parlé avec une fille. Elle avait les cheveux verts coupés au carré. Je ne savais pas qui c'était. Mais ils avaient un plan tous les deux : Se débarrasser d'Ajil pour qu'ils puissent être ensemble. Au départ, je ne comprenais pas le rapport, mais maintenant...
- Maintenant, continua Dimaria sur le même ton tremblant, si ton frère a voulu tuer Ajil, c'était pour que Brendish ne soit plus mariée. Comme ça, elle ne serait plus obligé de rester vivre en Égypte, et serait à nouveau avec ton frère !
- Seulement, Luxus est mort, donc...

Un long silence s'installa dans la pièce. Les deux amies se regardèrent, les yeux remplis de terreur. Elles craignaient le pire.

- Putain Danielle... Lança Dimaria. Ajil est en route là... Et Brendish est chez lui...
- J'ai un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment.

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