Chapitre 11, Disputes
- On y va, on va chez Dimi. Dit Ajil avant de monter dans la voiture.
Il démarra et alla en direction de chez son amie. Quant à moi, pleins de questions trottaient dans ma tête : J'avais déjà rencontré Dimaria auparavant, mais je ne lui avait jamais adressé la parole. Comment allait-elle alors réagir ?
- Elle habite où Dimaria ? Demandai-je.
- À Assiout.
Je fronçai les sourcils.
- C'est où ça ?
- Bah en Égypte.
- Oui merci je le sais ça, mais c'est loin ou pas ?
- Non pas trop. Genre c'est à 40 min d'Edfou.
- Ah, et tu lui as dit que je venais avec toi ?
- Non.
- Pourquoi ?
Il haussa les épaules.
- Pourquoi tu lui as pas dit ?
- J'en sais rien Danielle.
- T'aurais dû.
- Ouais bah je l'ai pas fait.
Je penchai ma tête sur le côté pour m'appuyer contre la vitre. Le silence s'installa alors, ce qui devint pesant.
- En faite tu as peur qu'elle réagisse mal de ma présence.
Il s'arrêta suite à un feu rouge.
- De quoi ?
- Tu ne lui as pas dit que je venais parce qu'elle ne m'aime pas. Elle m'en veut parce qu'elle aussi elle pense que je t'ai abandonné, et que c'est par ma faute si tu étais mal pendant tout ce temps. C'est ça ?
Il secoua lentement la tête.
- Alors là, tu te trompes carrément. Ça n'a rien à voir avec ça.
- Alors c'est quoi le problème ? Pourquoi tu ne lui a pas dit ?
Le feu passa au vert.
- Danielle tu commences à me soûler là.
- T'as honte de moi en faite ?
- Mais t'es folle ou quoi ?
- Ouais voilà, c'est pour ça que t'as pas osé lui dire que j'étais là. Après tout je comprends, sortir avec une ex-servante c'est franchement humiliant venant d'un prince.
- Danielle ?
- Quoi ?
- La ferme.
- Mais je...
- Non, tu la fermes. Si c'est pour dire des conneries autant que tu la boucles.
- Oh, je t'ai énervé Ajil ? Toutes mes excuses.
- La ferme j'ai dit.
Je levai les yeux au ciel. C'est vrai que sur le coup, j'ai été chiante. Mais je ne comprenais pas pourquoi il ne l'avait pas averti de ma présence. Cela me perturbait que j'en venais même à penser si il n'avait pas honte de sortir avec moi. C'est un prince et moi ? Je suis bien en dessous de cela. Non pas que je suis une paysanne, loin de là mais... j'étais bien différente de lui, question coutume.
Le trajet s'avérait être très long avec une tension pareille...!
Nous étions enfin arrivés à Assiout. Ajil se gara sur un parking près de la maison de Dimaria. Une fois la chose faite, nous descendîmes tous deux de la voiture. Je levai ma tête, observant la maison de Dimaria. Elle était très belle.
Ajil avança devant moi, tandis que je restai derrière. J'étais toujours énervé contre lui.
Une fois arrivé chez son amie, il s'avança au pied de la porte.
- J'imagine qu'on devra faire comme si on était juste de simples amis toi et moi. Lui dis-je agacée.
En effet, même si je ne m'en rendait pas forcément compte, j'étais vraiment prête à tout pour le pousser à bout.
Il me regarda et harqua un sourcil.
- T'es sérieuse ?
Je me contentai d'hausser les épaules.
- Ouais, t'as raison, faisons comme ça. Ou même, j'ai encore mieux : faisons comme au bon vieux temps. On se déteste. Me dit-il d'un ton ironique mais méchant en même temps.
- Je ne sais pas si elle va gober ça.
- T'inquiète, tu me connais. Je sais me servir de mes poings.
- T'oserais pas me frapper.
- Tu m'en crois pas capable ?
- Ajil...
- Bah quoi, puisque apparemment, j'ai honte de sortir avec toi, bah maintenant tu vas voir, je vais te montrer comment j'ai honte d'avoir embrasser une ex-esclave.
Je serrai les dents.
- Eh bien vas-y Ajil : Toque à la porte, et une fois que Dimaria l'aura ouverte, ose donc me frapper, comme je ne suis pas ta copine.
Son sourire moqueur s'enleva brusquement.
- Tu veux vraiment jouer à ce jeu-là ?
- Je sais pas. Ça m'énerve.
Je m'assis sur le banc qui était posé à l'entrée de la maison. Ajil me rejoignit aussitôt.
- Qu'est-ce qui t'énerve ? Que je ne lui ai pas dit que tu étais avec moi, c'est ça ?
- Je sais pas, je...
Ma voix se coupa sans le vouloir.
- J'ai l'impression... que je suis pas assez bien pour toi.
- Mais pourquoi tu dis ça ?
Je me relevai instantanément.
- Ajil, on est trop différent toi et moi : Tu es un prince, tu es blindé de thune, tu as de bonne fréquentations... bref, t'as une vie parfaite quoi. La vie d'un prince. Alors que moi ? J'ai été une esclave ici, j'ai un frère qui était devenu complètement taré, je ne suis pas... autant riche que comme toi tu l'est... J'suis normale moi. Alors que toi tu es bien au-dessus. Et ce qu'il te faut c'est une fille qui est comme toi. Pas comme moi.
Il continua de me fixer sans dire un mot. Puis il ricana et se releva doucement. Je soufflai d'agacement. Qu'est-ce qui lui prenait à rire comme ça ?
- Pourquoi tu rigoles maintenant ?
- Parce que t'es ridicule Danielle.
J'haussai un sourcil, prête à riposter. Seulement, Ajil fut plus rapide que moi en rajoutant :
- Non, en faite c'est ce que tu dis qui est ridicule.
Il me prit délicatement mes mains.
- J'men tape qu'on soit différent toi et moi, qu'on vit pas dans le même "monde". Je t'aime comme tu es. Et cela ne changera absolument pas. Et puis, même si tu ne le sais pas tu es bien mieux que moi.
- Et en quoi je suis bien mieux que toi ?
- Tu es belle, intelligente, drôle, gentille et attentionnée. Ce qui est tout le contraire de moi. Et puis sincèrement, tu crois vraiment que parce que je suis un prince on est différent ? Laisse-moi rire. Ouais ok je le suis, mais je ne me conduis pas comme tel.
Un petit sourire apparut sur mon visage.
- C'est vrai. Et puis détrompe-toi, tu n'es pas tout le contraire aussi : Tu es beau, intelligent et drôle aussi.
Suite à ma réponse, il m'embrassa la joue avant de rétorquer :
- Alors, tu vois, on est pareils finalement. Maintenant arrête de te prendre la tête bébé.
- ... C'est promis.
Nous nous mîmes devant la porte d'entrée et Ajil s'apprêta à toquer quand Dimaria surgit de la porte et l'ouvrit brusquement.
- C'est si mignon ! S'exclama t-elle.
Ajil et moi la regardâmes, interloqués.
- Bah quoi, c'est chez moi ici ! Rajouta Dimaria. Je fais ce que je veux.
- Pff, t'es bête Dimy. Se moqua Ajil.
Dimaria s'apprêta à riposter mais Ajil me prit la main et entra chez elle. Quand nous arrivâmes au salon, je reconnus l'homme qui était assis sur le canapé. Je restai figée sur place, surprise.
- Mais tu es...
L'homme aux cheveux bruns me regarda puis m'esquissa un grand sourire.
- Hey, mais je te reconnais toi !
- C'est Wahl, le cousin de Dimaria. Me dit Ajil. Vous vous connaissez ?
- Oui mais... simplement de vue.
- Tu te souviens, c'est elle qui nous avait dit que soi-disant c'était ta meuf.
Ajil hocha lentement la tête, comme pour se retrouver dans ses souvenirs.
- Ah ouais, je m'en souviens.
Dimaria apparut dans la pièce.
- Sauf qu'à présent, c'est vraiment sa copine.
- Mais non jure ? S'exclama Wahl.
Je baissai lentement les yeux, pensant qu'Ajil allait hésiter un instant. Bien au contraire.
- Si si, je le jure.
- Ok ok, on a des choses à se dire alors. J'ai manqué des épisodes... ou même, une saison là.
J'émis un petit sourire suite à ce que venait de dire Wahl. Je le trouvais plutôt marrant.
Ajil lui tapa alors gentiment la tête.
- Sale con. Je dois avouer que tu m'as manqué.
- Putain, venant de toi c'est plus qu'un compliment. Qu'est-ce qu'elle t'a fait ta meuf ?
- Je ne lui ai rien fait. Intervins-je.
- Bon bon, on va laisser les garçons discuter entre eux. Viens Danielle, je vais te montrer la chambre.
- Ok, avec plaisir.
Je la suivis alors dans les escaliers. Je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que Dimaria soit si gentille avec moi. Je ne la connaissais qu'à peine, mais je voyais déjà dans son regard qu'elle considérait Ajil comme son frère, et que quoi qu'il arrive, ils restent inséparables.
Nous arrivâmes dans la chambre que je trouvais très charmante. Il y avait un lit à deux places, tandis qu'un petit balcon en face.
- J'imagine que ça à dû vachement t'inquiéter qu'Ajil est disparu.
- Ouais vachement. Me répondit-elle. Mais si je savais qu'il était avec toi, je n'aurais eu aucun soucis à me faire.
- Vraiment ?
Elle regarda aux alentours puis m'agrippa doucement le bras pour me rapprocher d'elle.
- Surtout ne lui dit pas que je te l'ai dit, mais Ajil t'aime vraiment Danielle.
- Ah...?
- Ouais ouais. Crois-moi, quand on parlait à distance, il espérait chaque jour que tu reviennes. Et maintenant que vous vous êtes retrouvés, il doit être plus qu'heureux.
- Je suis aussi plus qu'heureuse Dimaria.
Elle croisa les bras et me regarda d'un air sérieux.
- Tu l'aimes pas vrai ?
- ... Oui, bien sûr.
- Alors ne le fais pas souffrir. Je te fais confiance sur ce coup. Déjà qu'il l'est assez comme ça...
Puis soudainement, elle poussa un juron à voix basse, suffisamment pour que je ne l'entende pas. Seulement, je l'avais bien entendu.
- De quoi tu parles ?
- Rien, laisse tomber. Je dis juste qu'Ajil n'était pas bien ces dernières années, et je ne veux pas que ça recommence.
- Ok mais... ce n'est pas qu'à cause de moi, hein Dimaria ?
Elle hésita.
- Qu'est-ce qui s'passe avec Ajil ?
Elle hésita encore plus.
- Il a un problème ?
Mordage de lèvre, ça sent pas bon.
- Non, c'est...
- LES FILLES, ON VA MANGER ! S'écria Wahl en bas.
- On arrive ! Écoute, oublie ce que je viens de te dire ok ? Ajil va très bien, tu n'as pas à t'inquiéter.
Elle descendit à présent les escaliers de vitesse, sans me laisser le temps de répondre. Même si j'avais toutefois un doute, j'haussai les épaules et partit rejoindre les autres.
PDV EXTERNE :
la soirée entre les quatre amis se passa rapidement, ils avaient joué, rigolé, enfin bref. Ils étaient réunis. Danielle pensa que cette soirée restera gravé dans sa mémoire. En plus de cela, elle connaissait un peu mieux les amis d'Ajil, particulièrement Dimaria et elles étaient devenues très proches rapidement.
Wahl était parti se coucher, Danielle y compris. Ajil resta sur la terrasse de la maison, en train de fumer une cigarette. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas respiré de la nicotine. Ça lui faisait tellement de bien...
- Arrête, c'est pas bon pour ta santé. Rétorqua Dimaria avant de jeter la cigarette par terre.
- T'es pas sérieuse là ?
- Si, très.
- Ça fait longtemps que j'ai pas fumé.
- Justement. Tu dois arrêter.
- Et pourquoi ?
Même si Dimaria parut hésiter à répondre, elle le fit tout de même après quelques minutes de silence.
- Tu sais très bien pourquoi.
Ajil soupira longuement. Elle savait pour.
- Je vais bien là.
- Non Ajil, tu ne vas pas bien là. Je le sais.
Il tourna sa tête, comme pour ignorer sa réponse.
- Comment tu l'a su...?
- Ta mère. Elle en parlait avec ton père quand je suis apparu dans le salon.
Ajil poussa un juron.
- Tu comptais m'en parler quand ?
- Jamais.
- Mort de rire. C'est la meilleure celle-là.
- Bon OK. Je voulais t'en parler, je te le jure, mais je savais pas quand.
- Ah bon ? Et donc tu pensais quoi ? Que le meilleur moment de me le dire serait quand je t'aurais retrouvé sur un lit d'hôpital ?
- Dim', commence pas s'il te plaît. C'est déjà assez lourd parce que ma mère me prenait la tête avec ça, tu vas pas t'y mettre toi aussi.
Son amie plissa des yeux.
- Qu'est-ce que tu croyais en faite ? Que je te dises "Oh génial ! Mon meilleur ami va mourir dans moins de 6 mois, mais c'est pas grave, faisons la fête !"
- Chut, parle pas si fort.
- Vas y Ajil, réponds-moi : comment tu voulais que je réagisse, sincèrement ?
- Comment je voulais que tu réagisses ? Exactement comme tu l'as dit. Je voulais te voir malgré tout heureuse, et profiter de ces derniers moments avec toi, sans que tu ne sois là à me regarder de façon désespérante.
Dimaria ne dit rien et se contenta de baisser les yeux.
- Tu es ma meilleure amie Dim'. Même beaucoup plus. Tu es comme une soeur, et tu es bien l'une des personnes que je ne veux pas voir comme ça. Voilà pourquoi je ne voulais pas t'en parler maintenant.
Quand son amie releva ses yeux, Ajil aperçut ceux-ci briller. Dimaria se retenait de pleurer.
- Ok, j'ai compris. Mais arrête de faire croire à tout le monde que tu n'en a rien à faire.
- Qu'est-ce qui te fait croire que je n'en ai rien à foutre ?
- Tu fumes, tu n'en parle à personne comme si tout était normal pour toi... je suis sûre que Danielle n'est pas au courant de ça.
- Bien sûr que non qu'elle n'est pas au courant, et d'ailleurs je ne compte rien lui dire.
- Tu ne comptes rien lui dire à propos de ta maladie ?
- Non. Tu as vu ta réaction ? Imagine un peu Danielle.
- Mais si tu ne lui dis rien et qu'elle le découvre par elle-même, ça va empirer les choses Ajil ! Tu imagines ?!
- Dimaria, je préfère ne rien lui dire pour le moment. Elle vient tout juste de me retrouver. Si elle apprend qu'elle va me reperdre, elle ne va jamais s'en remettre. Je ne veux plus qu'on souffre. Pas aujourd'hui en tout cas.
- Ajil, tu sais qu'un jour ou l'autre, tout sera fini.
- Je sais. Mais pas aujourd'hui. Ni demain. Pour le moment je veux rester près d'elle. Et puis les jours passés, mon coeur ne sait pas manisfester. Alors tout va bien.
- Arrête de dire que tout va bien Ajil ! Tout ne va pas bien ! Tu es mourrant bordel !
- Et tu crois que ça ne me fait rien ? Putain Dimaria, j'y pense tous les jours ok ? Tous les matins je me réveille la peur au ventre que ce soit la dernière journée de ma vie ! Tu crois que ça me plaît de vivre comme ça ? D'être en stress tout le temps à me demander "Qu'en t'est-ce-que ma fin arrive ?" Non crois-moi que ce n'est pas une partie de plaisir. Ouais je souffre. Je souffre beaucoup même. Mais contrairement à vous, je ne le montre pas et jusqu'à que je meurs, je garderai le sourire et je ferai comme si je n'en ai rien à faire.
Ajil but une gorgée de son verre d'eau avant de rajouter :
- Dim', je compte sur toi pour ne pas lui en parler.
- Je...
La voix de Dimaria se brisa sur le coup, puis des larmes apparurent sur ses joues.
- Dimaria, ne lui dis rien.
- Ça va vous deux ?
Les deux amis se tournèrent vers la personne qui venait de parler. Il s'agissait de Danielle. Ajil se tourna vers Dimaria, et secoua le plus discrètement possible la tête.
- Ça va pas Dimaria ? Demanda Danielle en s'approchant.
La concernée se força à sourire, sous le regard suppliant d'Ajil.
- Si si ça va. Je vais me coucher, bonne nuit.
Et elle s'en alla sans rien rajouter d'autre. Danielle s'enveloppa dans les bras d'Ajil, le regard inquiet.
- Qu'est-ce qu'elle a ? Demanda-t-elle.
- T'en fais pas, c'est rien. Une histoire de mecs. On va se coucher ?
- Ah, euh ouais ok.
Il partirent sans que Danielle n'insiste encore, même si celle-ci y croyait peu. Elle n'était pas dupe, et sentait qu'il se passait quelque chose entre les deux amis. Depuis qu'elle avait parlé à Dimaria dans la chambre il n'y a pas si longtemps, son comportement était devenu bizarre. Et là, elle la voit pleurer. Elle remarqua qu'Ajil était très tendu lui aussi. Voire même nerveux. Maintenant, elle en avait la certitude : Il se passait quelque chose chez lui ou elle, et l'un et l'autre était au courant du problème. Elle n'allait pas tarder à connaître la vérité...
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