Le Revenant
Salut frangin,
Tu ne liras jamais cette lettre, parce que je vais la brûler juste après, mais bon... Je te vois déjà me dire : "Pourquoi l'écrire alors, débile ?" parce que maintenant, ça t'arrive plus souvent de m'insulter. Hé bah... Parce que j'ai besoin de soulager ma conscience.
Maintenant, tu vas mieux. Tu te vantes souvent d'avoir survécu à ça, sans vraiment te rappeler de ce qui s'est passé. Pour toi, tu as simplement fait un noble sacrifice pour protéger ton insupportable petite soeur. C'est tout. Papa et maman sont un peu fiers aussi, mais ils sont surtout paniqués comme jamais. Ils nous ont même interdis de repartir en vacances ensemble.
Tu sais, je trouve que t'as un peu changé. Maintenant, c'est ton tour d'aller chez une psychologue. Tu es devenu beaucoup plus impulsif, Mathieu. Ça m'inquiète. Bien sur, tu restes aussi gentil et gâteux envers moi, hein. Mais bon... T'as repris la boxe, alors que d'habitude tu ne vas à la salle que quand tu es fâché. D'un certain côté, c'est vrai que tu seras moins boudiné. Dis, tu vas redevenir comme avant, hein ? Tu me le promets ? Parce que moi, je me sens coupable quand je te vois comme ça, complètement paumé.
T'as cassé avec Ruby, je t'en veux. Toi-même, tu ne comprends pas pourquoi alors comment veux tu que moi, je réussisse à lui expliquer... Elle a beaucoup pleuré, à cause de toi. Méchant. Mais je ne vais pas m'attarder là dessus, parce que je sais que toi aussi tu te sens coupable par rapport à ça.
Je ne sais pas si j'ai bien fais de remodeler ta mémoire. Je suppose que j'ai fais ça par lâcheté, parce que je ne veux pas avoir à te supporter après toute cette affaire. Je n'aurais jamais dû te le dire, je le sais.
Ah. Tu ne t'en rappelle pas, mais quand j'ai commencé à effacer tes souvenirs, Greg est entré. J'étais en pleine concentration, il m'a apporté beaucoup de soutient. Et puis, il m'a supplié de ne pas l'effacer de ta mémoire. Maintenant, on se voit souvent, tous les trois. J'en suis heureuse. Vincent et Claude, en revanche, je n'ai pas eu de scrupule à les éradiquer. J'ai coupé les ponts, ils n'existent plus pour nous. C'est bien comme ça.
Dis Mathieu... Dis moi honnêtement si tu es malheureux. Est-ce que tu sens que quelque chose cloche ? Je te vois souvent farfouiller dans ma chambre, et je crois que tu cherches quelque chose de particulier. À cause de toi, je suis obligée de me débarrasser de mon journal, où je notais tout. Je n'ai pas envie de le détruire complètement, cependant. C'est un témoignage, et les témoignages sont importants. On ne doit jamais brûler un livre, il faut simplement se contenter de le cacher. Et je n'ai trouvé qu'un seul endroit, où le mettre en sécurité. Car le destin m'en veut, depuis ce que j'ai fais. Et je sais que si je ne m'en débarrasse pas de façon réfléchie, il fera en sorte de mettre ce journal sur ton chemin. Alors, tu te souviendras, et je ne veux pas...
Je sais qu'un jour, ta mémoire reviendra. Car la mémoire finit toujours par revenir. J'espère seulement que ce sera dans longtemps, et que je serai morte. Oui, je fuis encore. Tu commences à en avoir l'habitude.
Bon... Je te laisse. Il est temps pour moi d'aller cacher mon journal et cette lettre au manoir, endeuillé par ma faute.
Ta triste petite sœur indigne,
Lisa-la-vilaine.
Je relis la lettre, encore et encore. Je barre quelques mots, quelques fautes et je finis par la mettre dans son enveloppe, que je referme soigneusement.
Je glisse le tout dans mon petit journal, et le met lui même dans ma poche. C'est bon. Je suis prête.
Je mets mon écharpe, il fait froid dehors. Puis, je descend les escaliers et passe par la cuisine.
-Je sors, maman. Je vais retrouver des amis.
-Ah ? C'est nouveau ça, répond ma mère.
-Ça s'est organisé à la dernière minute, oui. Mais on n'ira pas très loin. Juste boire un petit thé ensemble.
-T'as besoin d'argent ? demande mon père.
-Non, ça ira. À tout à l'heure.
Je me précipite dehors, mais au lieu de me diriger vers le centre, je bifurque vers les bois. Je ne vais pas vous prendre pour des imbéciles. Je suppose que vous avez tous une petite idée de l'endroit où je compte me rendre alors je ne vais pas vous faire l'audace de le préciser.
D'ailleurs maintenant que j'y pense, je ne l'ai plus revu depuis qu'on nous a rapatriés ici en urgence et je ne comptais pas vraiment le revoir. Je crois que je me sens prête à définitivement couper les ponts avec lui. Toute cette histoire aura au moins eu l'avantage de m'avoir fait tourner la page quant à tout ce qui s'est passé. J'ai dit à Vincent (enfin à son secrétaire) que je passerais pour cacher mon journal, mais à vrai dire, j'ai autre chose à faire là-bas. J'aimerais bien dire au revoir correctement à ce brave manoir et... à tout ça.
Hum... Ouais, je me voile peut-être un peu la face quand j'affirme pouvoir passer à autre chose. Quoi que je fasse, quelque chose m'attire irrémédiablement là-bas. J'ai des tendances masochistes, c'est sûr. Enfin... ça ne sert à rien de philosopher là-dessus trop longtemps. Je vais dire adieu à cet endroit et à ces personnes et je me jure de ne plus jamais revenir.
Je traverse toute la forêt, sans vraiment m'en rendre compte, trop perdue dans mes pensées. Quand j'arrive devant le portail, mes jambes se font soudainement aussi molles qu'un vieux bonbon fondu. J'ai l'impression d'être faite en éponge, tant je ne me sens pas prête à entrer, et affronter ça.
Peut-être que je devrais effacer ma mémoire en sortant d'ici... Non en fait. C'est probablement la pire idée que je pourrais avoir. La mémoire finit toujours par revenir, c'est certain. Et quand elle revient, ça fait encore plus mal.
« Et c'est pourtant le supplice infligé à Mathieu »
C'est sur cette dernière pensée que je me décide finalement à entrer. Ruminer ne servira à rien du tout.
Quand je passe les portes du manoir, Vincent m'attend là.
-Lisa, comment allez-vous ? m'aborde-t-il en souriant.
-Ça va. Prends ça, cache le et interdit de le lire.
-Je ne lis rien qui soit médiocre rassurez-vous. Je le placerai tout en haut de ma bibliothèque, personne n'ira le voir avant des siècles. Vous serez morte d'ici-là.
-Charmant, soupirai-je. Allez fais vite, moi je fais un petit tour et puis je m'en vais.
Il hoche la tête en souriant, puis monte à l'étage. c'est assez étrange, j'ai l'impression qu'il devient de plus en plus humain... Non, je dois me faire des idées !
A moins que peut être le fait de devenir mortel fait qu'il comprend mieux les humains... ? J'en ai de la chance ! Peut-être qu'il ne deviendra pas un sociopathe tueur en série comme je l'imaginais. Ouah, ça m'évitera d'aller témoigner à son procès.
Je ne vous ennuie pas d'avantage avec mon baratin, je m'en vais me promener un peu dans ces couloirs. Je regarde attentivement ces tapis qui m'ont fait tomber tant de fois -et qui essayent encore maintenant d'ailleurs- ces grands escaliers dans lesquels j'ai rencontré Greg, ces hauts plafonds, ce carrelage, tous ces rideaux de velours... Oui. Tout ici, même les plus infimes détails que je n'avais jamais pris le temps de contempler, me rend nostalgique à un point que vous n'imaginez pas. Je me dis que je ne mettrai plus jamais les pieds ici, et ça me rend profondément triste.
Enfin, je monte à l'étage et arpente les couloirs, en touchant à tout comme je le faisais autrefois. Je traverse dans un sens, puis dans un autre. Il n'y a plus personne ici, avant, tout était en effervescence. Je me demande combien de personnes vivent encore ici, dans un logement aussi énorme...
Si seulement... Non. Rien. Oublie, Lisa, oublie tout.
Je décide de clore ici ma promenade. Je reviens alors dans le hall principal où hélas, Vincent m'attend. Je n'ai pas vraiment envie de lui parler... Tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi, et mettre toute cette histoire de côté de façon définitive. Bien sûr, je ne garantis pas que ça marche, mais on peut toujours essayer, pas vrai ? Je veux vraiment croire que je peux oublier tout ça et vivre sans, comme quelqu'un de normal. Enfin... Quelqu'un de normal qui cache des livres de sorcellerie dans ses étagères et qui n'hésiteras peut-être pas à s'en servir par rancune ou facilité. Est-ce que c'est perdu d'avance ? Je suis vraiment condamnée à mener cette vie beaucoup trop agitée ?
-Vincent, finis-je par dire. Merci pour... pour ça... Et... bah salut !
-Vous ne comptez pas vraiment revenir, n'est-ce pas ?
Je fais non de la tête, Vincent garde le silence. Je le contourne calmement, pour rentrer chez moi. Vincent agrippe mon bras.
-Vous savez qu'il...
-Au revoir, répétai-je sans l'écouter avant de passer la porte.
J'ai à peine le temps de faire quelques pas, une silhouette vient entraver ma route. C'est un homme, que je ne connais pas. Brun, aux yeux foncés et un visage terne, imprégné de tristesse. Il a l'air perdu. Étonnement, il me rappelle quelqu'un. Oui, il ressemble à quelqu'un que j'ai connu il n'y a pas si longtemps, sans avoir la même présence.
-Lisa, commence-t-il. Tu...
-Bonjour, marmonnai-je timidement. Hum... Excusez-moi monsieur, mais je suis assez pressée.
-Lisa. Déconne pas je...
-Pardon, mais j'aimerais passer, répétai-je agacée en essayant de le contourner.
-Mais enfin ! Qu'est-ce que t'as ? C'est moi, c'est Maxime !
-Maxime est mort, dis-je froidement à l'homme. Je l'ai tué. Maintenant si vous m'excusez.
Cette fois, je m'en vais définitivement du jardin, d'un pas rapide. Quelque chose se brise en moi. Je me sens si bizarre, un peu comme... lourde.
-Bordel de choux, jurai-je en rentrant chez moi.
PDV Maxime.
Je la regarde partir, les bras ballants. Elle ne m'a pas tué, elle le sait. Je vois dans son regard qu'elle le sait alors pourquoi agit-elle comme ça ? Je ne la comprends pas. D'autant plus perdu, tout ce que je peux faire, c'est la regarder partir plus loin, encore plus loin. Elle est inatteignable. Pourquoi est-ce qu'elle ne m'a pas réellement assassiné, si elle ne voulait plus me revoir ? Bordel.
-Maxime ?
-Vincent.
-Si je puis me permettre, je crois que tu devrais la laisser là pour le moment.
Je me tourne vers mon frère, qui semble presque tenter d'afficher un regard compatissant.
-Tu vois pas qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut ? m'énervai-je. Elle croit qu'elle va pouvoir nous oublier et vivre normalement, c'est ridicule !
-Je crois surtout que toi, tu ne comprends pas vraiment où elle veut en venir.
-Tu veux dire que tu a acquis suffisamment d'humanité pour comprendre ce qu'elle désire ? J'en doute sérieusement, ironisai-je.
-Non. J'ai simplement lu son journal, répond Vincent d'un air égal. Et j'ai une interprétation de son comportement incompréhensible à te proposer.
J'inspire profondément et croise les bras, pour l'écouter. Rien n'a changé entre lui et moi, c'est certain.
-N'espère pas trop, commence diplomatiquement Vincent. La vie amoureuse de Lisa est déplorable. Elle attend désespérément de tomber amoureuse. Je crois avoir compris qu'elle ne veut plus rien avoir à faire avec Maxime le vampire, mais sans doute espère-t-elle quelque chose avec Maxime l'être humain.
C'est ça ? Mais c'est complètement ambigu !
-Elle veut sérieusement que je la courtise ?
-Ça ne durera sûrement pas plus de deux semaines mais si tu veux essayer de la séduire, libre à toi, soupire Vincent en rentrant. Va te reposer, maintenant. Tu ne t'es pas encore bien habitué à ta nouvelle condition, tu as un teint détestable.
Je me retiens de dire à mon frère que c'est plutôt lui qui est détestable, et monte me morfondre dans ma chambre. J'ai froid, c'est bizarre. Et puis, je sens mon cœur battre, ça ne m'était plus arrivé depuis un moment. Je m'allonge dans mon lit, et réfléchit. J'ai perdu de la masse musculaire, je me sens complètement crevé. Tout ce qui hante mes pensées, c'est elle. Est-ce que c'est vraiment ça qu'elle souhaite ? C'est pour ça qu'elle ne m'a pas tué ? Lisa est tordue. Est-ce qu'elle ne savait pas se contenter de dire clairement qu'elle voulait me donner une deuxième vie ?
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Désolée, ça fait vraiment longtemps que je n'ai pas montré de signe de vie (vive les examens). Hum... ouais, allez-y frappez-moi. Je suis un méchant muffin.
Mais en même temps...
Ça y est ! Je suis en vacances, enfin ! Joie. Entre-autre, je voulais dire qu'il ne reste qu'un chapitre, que je devrais poster avant janvier (enfin si je ne suis pas trop prise par les préparatifs de noël).
Hum... tout ce qu'il me reste à dire c'est.... JOYEUX NOEL ET UNE BONNE ANNEE !
C'était un peu agressif, certes.
Enfin bon.
À la revoyure,
Muffin.
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