La Divinité
-Attendez vous tous !
Surpris, nous nous retournons tous. Il nous parle ?
Un des gardiens du musée arrive à notre niveau. Est-ce que... ?
Non...
Nous aurions gaffé quelque part ?
-Vous cinq, là, répète-t-il en arrivant à notre niveau, vous êtes louches. Que faisiez vous dans notre musée ? Et séparés, qui plus est !
Nous nous regardons entre nous, histoire de savoir qui va prendre la parole.
Pour une raison obscure, nous posons tous nos espoirs sur Greg. Oui, après tout, c'est indéniablement le plus beau parleur de nous tous. D'un commun accord Mathieu va même jusqu'à le pousser discrètement devant nous tous pour l'encourager à parler.
-Euh... Nous sommes des scientifiques ! Nous... faisons des recherches sur l'origine des vampires en... en se basant sur des vieilles choses. Hum... et donc, on regardait un peu...
Le garde nous regarde tous, un par un. Nous hochons frénétiquement la tête derrière Greg pour approuver. Il ne semble pas tout à fait convaincu. En même temps, qui le serait ?
-Vous allez attendre ici, je vais contacter mes supérieurs pour en parler.
Mon cœur s'emporte. Instinctivement, je serre dans ma main la fiole brulante qui est au fond de ma poche. S'il la voit, c'est fini. On sera tous guillotinés publiquement comme des criminels. Pourtant, nous oeuvrons pour une excellente cause, mais je me vois mal leur expliquer ça.
-Basile ? résonne une voix. Basile ! ça faisait bien longtemps, my old friend !
Anatole arrive à son tour, je vois les yeux de Claude, tout comme ceux du garde s'agrandir comme des soucoupes.
-Oh Basile, my boy. Tu embêtes une de mes amies, là. Comment allez vous Miss Lisa, depuis la dernière fois ?
Je souris faiblement, tous les autres m'accusent du regard.
Plus personne ne parle, Ceux qui connaissent Anatole semblent littéralement pétrifie, et les autres ne comprennent rien. Seul Anatole, souriant courtoisement tient la conversation.
-Basile, je ne voudrais pas qu'elle et ses compagnons n'aient des problèmes, do you understand ?
-Je... Je oui, bafouille le pauvre homme.
-Et tu te rappelles bien du grand service que je t'ai rendu, non ? rit Anatole en posant sa main sur l'épaule du garde.
-Oh, euh... oui, oui c'est évident.
-So, que vas-tu faire ?
-Je... Pardon pour le dérangement !
Il s'incline tête basse, nous regarde tous une dernière fois, apeuré, avant de s'enfuir à toutes jambes, sous le regard presque bienveillant du mercenaire.
-On dirait bien que je vous ai évité une bien vilaine affaire, constate Anatole en me souriant à moi particulièrement.
Je ne réponds rien. à côté de moi, je peux sentir Claude trembler de rage.
-Oh ! Claude, my dear ! Je ne t'avais pas vu, dis-moi. Oh, tu n'as pas changé.
-Qu'est-ce que tu fais là, grogne-t-il entre ses dents.
-Oh, je prenais juste une petite semaine de congé.
-Allons nous en, dis-je à Claude en lui attrapant le bras. Rester ici ne servira à rien.
Nous faisons demi-tour. Greg, Vincent et Mathieu m'interrogent du regard.
-Excuse me ? N'est-il pas coutume de remercier ses bienfaiteurs ? Je ne serais pas contre un café, intervient Anatole en venant passer son bras au dessus des épaules de Mathieu.
Il me fixe, je le regarde en retour. Il ne semble pas vouloir lâcher mon frère bien que celui-ci, gêné, tente de dégager son bras. Je comprends son message, et hoche la tête froidement.
Cette fois, je crois qu'il va enfin me montrer ce qu'il veut.
Dans un silence glaçant, nous retournons à l'hôtel. Anatole a absolument tenu à prendre un autre taxi seul avec Mathieu. Je profite d'être seule avec Claude, Greg et Vincent pour éclaircir la situation.
-Merde, mais qui est ce détraqué ? s'écrie Greg à peine notre taxi a démarré.
-Un mercenaire complètement toqué, répondis-je.
-Un pervers qui a voulu m'assassiner, ajoute Claude sans oser nous regarder dans les yeux.
Vincent et Greg ne répondent rien. Sans doute attendent ils plus de développement.
-Qu'est-ce qu'il fabrique ici ? demande Claude, comme si c'était la seule question qui lui importait.
-Je l'ignore encore. Il m'a dit qu'il avait des affaires à régler, mais je ne sais absolument pas de quoi il retourne. Il a l'air très au courant de ce que nous faisons et... hésitai-je.
-Et ?
-Et il m'a mise sur la piste de plusieurs choses. Notamment le livre, et sûrement le musée.
-Bordel Lisa ! s'énerve Greg. T'attendais quoi pour nous en parler, de ton petit drôle ?
-Il m'a promis qu'il ne nous voulait pas de mal et puis il a menacé Mathieu, me défendis-je au bord des larmes. Je n'osais pas vous causer de lui tant qu'il était dans les parages, et il y était constamment !
Greg inspire profondément, Claude semble complètement absent. Seul Vincent réussit à garder son calme. Brave lui.
-Ne nous énervons pas, intervient-il doucement. Dans la mesure actuelle des choses, il vaudrait mieux essayer d'en savoir plus à son sujet, et attendre le bon moment pour frapper.
-Merci, répond Claude. Mais Anatole est quelqu'un de très vicieux.
Je ne doute pas qu'il a déjà prévu plusieurs alternatives. Ça va pas être simple...
Claude n'a sans doute pas tort. Je l'imagine déjà dans son taxi en train de se régaler en nous imaginant en train de mettre au point différents plans qu'il aura déjà anticipé.
Ce type est fou.
-Tu ne sais rien d'autre sur lui ? demande Greg à Claude, légèrement radouci.
-Non, je ne l'ai que très peu fréquenté.
Je m'abstient de dire sur ce n'est pas ce que j'ai entendu. Je suppose qu'il ne veut pas en parler lui-même.
L'abandon laisse alors place au silence des plus total, dans le petit habitacle.
Tous tendus, nous ne prenons même pas la peine d'essayer de mettre au point un piège infaillible pour lui casser la tête. Les éléments qu'il nous manque sont beaucoup trop nombreux, pour savoir à qui on a à faire.
Seule solution : improvisation.
Du coup, hem... Miss Chance, Monsieur Destin, je suis là, hein ! Ne m'oubliez pas, s'il vous plaît...
Je ne voudrais pas gagner le Château de la Mort tout de suite...
Quand nous descendons de la voiture, Anatole nous attend déjà devant nôtre hôtel. Mathieu vient aussitôt se nicher derrière moi.
Il est vivant, ça me rassure, très superficiellement.
Le mercenaire entre dans le bar de l'hôtel. Nous le suivons, à défaut d'avoir le choix.
On s'assied dans un coin du bar, en face d'une immense horloge. On commande un café. Puis, un nouveau silence, plus tendu que jamais.
-Comment sais-tu que nous sommes ici, et ce que nous faisons ? demande Claude.
-Un charmant vampire a demandé l'aide d'un mercenaire pour espionner son frère qui complote contre lui, ça doit vous dire quelque chose, no ? raconte-t-il d'un air détaché en s'asseyant.
-Maxime est ici ? demande aussitôt Vincent.
-Oui, il m'a guidé jusqu'à vous. However, ce n'est qu'un détail. Il est si bête, que ça le rend bien inoffensif. Je suis probably le plus à craindre. D'ailleurs, je suppose que vous savez à peu près qui je suis, now.
-Plus ou moins, grogne Greg.
-Plus ou moins ? C'est tout ? Hard blow... Vous avez tout de même lu mon roman, non ?
-Votre livre, murmure Vincent. Le Déclin des Dieux.
A. Rutherford serait donc Anatole... J'aurais dû y penser.
-Oui, précisément ! répond Anatole. Et je n'y ai écrit que la stricte vérité ! C'est bien dommage que vous n'ayez pas pris la peine de le lire en entier, you know.
-Comment ça... Comment se fait-il que vous soyez au courant de tout ? l'apostrophai-je immédiatement.
-Ah, soupire Anatole en se levant. Dire que tout y était écrit... Anyway ! Je vais devoir vous raconter une petite histoire. Reprenons après Pandore. Elle a rendu les dieux humains. Croyez-vous qu'ils se sont arrêté là ? Oh no ! Ils se sont entre-déchirés. Car you see, vous surestimez tous les dieux. Ils ne sont pas nés divins, ils sont nés comme vous, mortels.
Il marque une pause, pour laisser le temps à ses paroles de macérer dans notre esprit. Je regarde la grande horloge, et ses aiguilles bouger.
Tic-tac.
Trop d'informations viennent se cogner partout dans mon cerveau.
Par dessus tout, une revient en boucle me hanter. Maxime est ici. Ici, là, tout près...
-Actually, reprend-il, les dieux ne sont que des humains, à qui on a donné le feu pour faire joujou. Ils ont très bien exploré les capacités de ce dernier, au point qu'ils ont eux-mêmes acquis des capacités magiques. Ils sont devenus des sorciers, tout simplement.
-Attendez ! intervient Vincent. Nous avons lu qu'ils avaient eux-mêmes créé les sorciers !
-Of course. Les dieux souhaitaient rester une minorité, afin de mieux gouverner. Si tout le monde avait leur pouvoir, les rebellions ne cesseraient.
Ils ont tout de même accepté de donner une partie de leur pouvoir à certains humains, pour qu'ils les aident. Ça, ce sont les sorciers. La seule différence avec leurs "créateurs", c'est qu'ils ont gardé un pouvoir pour eux : l'immortalité.
-Comment savez-vous tout cela ?
-Obvious ! Je suis leur dernier représentant. J'ai moi-même assisté aux événements, et moi-même assassiné tous mes frères et sœurs.
Cette fois, nous ne trouvons rien à répondre. Lui, un dieu ?
Alors là... Je ne sais pas quoi en penser.
"Tic-tac", me dit l'horloge. Mon coeur suit le rythme. Il frappe fort, et tend à me rappeler que je me rapproche un peu plus d'une longue et douloureuse chute vers la mort.
Anatole reprend la parole, voyant note absence de réaction.
-Ça paraît horrible, dis comme ça. Mais c'était une question de survie, do you understand ? L'immortalité ne se gagne pas comme ça. Elle nécessite des sacrifices. Avec le sang des sacrifiés, et grâce à une formule connue uniquement des dieux, on créé l'Ambroisie, breuvage qui offre l'immortalité. Mais sans nos pouvoirs, c'est devenu different. La seule chose que l'Ambroisie nous offrait étaient de simples années supplémentaires. Plus la personne est puissantes, plus on obtient d'années de vies. Easy, isn't it ?
Quand il dit ça, un frisson effroyable me traverse. Combien de personnes a-t-il dû tuer pour arriver jusque là ? Est-ce qu'il bâillait autant parce qu'il n'avait pas bu de sang depuis si longtemps... ?
-J'ai bu le sang de tous mes confrères, mais ce n'est pas suffisant. Je dois toujours en reprendre, régulièrement. De plus en plus régulièrement. Ça doit cesser ! s'énerve Anatole.
-C'est donc ça, que vous souhaitez depuis le début, résume Vincent en mettant debout. Recouvrer vos capacités d'antan.
-C'est pitoyable, ajoute Greg en se levant à son tour.
-Ça m'est égal ! Donnez-moi cette flamme. Donnez-la moi ! This bloody cat... Il a toujours refusé de m'en donner, et il est le seul à pouvoir prélever une flamme correctement.
La reine n'accepte d'en donner qu'aux sorcières, crache-t-il avec dédain.. Et finally, here you are. Vous n'imaginez pas depuis combien de temps je patiente. Donnez moi cette flamme, now, et je vous jure qu'il ne vous sera rien fait de mal.
-Il ment, s'écrie Claude pendant que instinctivement, je serre fort la flamme sans ma poche. Il ne faut pas lui faire confiance.
Je sais bien qu'il ment. S'il veut recouvrer des pouvoirs, il va devoir les voler à ceux qui en ont. Autrement dit, Greg et moi, loup-garou et sorcière.
-Hors de question, dis-je froidement. Nous sommes cinq, vous ne pouvez rien faire de toute façon.
Anatole sourit. C'est de mauvaise augure.
"Tic-tac", répète l'horloge pressée d'en finir.
Nous sommes tous debout, dans un bar. L'ambiance est si tendue et de si mauvais présage que beaucoup de gens se sont enfuis du bar. Tant mieux, je sens que ça va mal finir.
Je regarde tour à tour mes compagnons, aucun ne semble savoir quoi faire. Personne ne se décide à rien tenter, l'atmosphère est de plus en plus lourde. Je vous le gouffre profond, à quelques centimètres de moi.
-Je ne suis pas seul, finit par dire le mercenaire. Maxime est avec moi, ne l'oubliez pas, en s'éloignant légèrement de nous
Puis, dans un mouvement trop rapide pour que mes yeux suivent, il attrape Mathieu par le col et sort simultanément une arme.
Nous sommes paralysés, aucun d'entre nous n'a eu le réflexe de faire quoi que ce soit.
-Perfect ! se réjouit-il en posant son revolver sur le cou de Mathieu, pétrifié. On voit bien que vous n'êtes pas entraînés as I am. Bon. Maintenant, c'est simple. La flamme, il vit. Pas de flamme, il meurt.
Je ne sais pas quoi faire. Tout tourne. J'ai l'impression de n'être plus qu'un corps, sans raison, sans âme. Les autres n'existent plus. Il ne reste que moi, mon frère, et le pistolet menaçant sa gorge.
J'ai envie de crier, de hurler. Rien ne vient.
Je n'entends que mon cœur, qui bat à la cadence du tic-tac de la grande horloge. Ce même tic-tac qui me nargue, et compte les secondes qu'il reste à la vie de mon frère. Je ferme les yeux, je peux presque voir sa vie, se balancer au bout d'un fil.
Je dois faire quelque chose, mais quoi ? Je suis incapable de bouger.
Je ne respire plus.
Un sort vite ! Un sort, n'importe lequel.
Soudain, un tir. Un tir, et un corps qui tombe.
BAM.
Je ne comprends pas ce qui se passe. Est-ce que j'ai bien vu ? Mathieu s'est lui-même tiré dedans ? Est-ce que Mathieu vient réellement d'appuyer lui-même sur la gâchette ? Pourquoi ?
Je n'ai pas le temps de confirmer, un autre corps bouge, il fonce sur Anatole. C'est Claude. Non, c'est Greg. Peut-être les deux ? Je ne sais pas.
Ma tête tourne, mon ventre hurle, mon être entier semble vouloir exploser. Je perds définitivement tous mes moyens, et me laisse glisser au sol.
Un deuxième tir vient me déchirer les oreilles. Puis un troisième.
Un quatrième ? Non. Seulement un cri, suivi d'une agonie.
Que se passe-t-il ?
J'ouvre les yeux, terrifiée, tremblante.
Je vois la panique. J'entends des cris.
Autour de moi, deux corps allongés, du sang, une foule agitée, des plaintes, des exclamations, un bourdonnement incessant dans mes oreilles, des mains tremblantes, et un monde entier qui s'écroule, le mien.
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