Christine et Anatole.
-Écoutez-moi bien.
Claude nous parle, depuis le petit fauteuil d'un café sobrement décoré. Nous nous tournons tous vers lui.
Enfin, quand je dis tous... Je veux dire que Vincent finit lui aussi par se relever, une fois que je lui ai arraché son bouquin des mains.
Je m'en sers pour attribuer une claque à Greg, qui rigole doucement et cette fois, nous sommes tous attentifs.
-La première chose que vous devez assimiler, c'est que Maxime est mort. William a rapporté à l'Administraire que la Sorcière l'avait tué juste après avoir lancé le sort, et s'est enfuie par la suite.
-Quoi !? s'exclame mon frère. C'est ridicule, Lisa ne ferait jamais ça ! Ma petite soeur est l'être le plus pur et doux qui soit ! Cette histoire est ridicule. Personne n'y croira.
-Je suis d'accord, rétorque Greg. Moi, je trouve qu'il aurait fallut rajouter quelques détails pour rendre ça crédible. Je ne sais pas... Qu'elle ait gardé ses doigts pour s'en faire un collier, qu'elle l'air découpé en plein de petits morceaux pour nourrir les canards... Quelque chose de cruel, ça collerait plus à Lisa.
-Ça suffit vous deux ! m'égosillai-je une énième fois. Nous ne sommes pas ici en vacances pour nous amuser alors s'il-vous-plaît, pour le bien de mon âme, enfermez vos commentaires non pertinents dans le placard de l'oubli !
Pour me calmer, je reviens sur ce que notre bon ambassadeur a dit précédemment.
Maxime est mort. Il est parti sur un vélo volant.
En théorie, en tout cas. Je ne dois pas l'oublier. Surtout pas.
Je fais signe à Claude de continuer.
-Nous avons mis au point cette histoire afin que les vampires croient à l'éradication totale de leurs semblables. Si tout le monde savait que Maxime en est toujours un, beaucoup n'hésiteront pas à aller le supplier pour qu'il les morde.
-Ce qu'il fera ? demande Greg.
-Je ne saurais le dire, répond Vincent. Il a tendance à vouloir rester le seul être surpuissant. Actuellement, il fait toujours attention, si il mord quelqu'un, de le tuer correctement afin qu'il ne devienne pas vampire à son tour. Mais il est assez imprévisible et rien ne garantit qu'il ne changera pas d'avis si une bonne opportunité s'offre à lui.
-Il... Il tue beaucoup de gens, comme ça ?
Vincent ne me répond rien.
Je n'insiste pas. Je n'ai pas vraiment envie de savoir ça.
De toute façon, qu'est-ce que ça peut bien m'apporter ? Maxime n'est-il pas parti sur un vélo volant ?
"Bah non, justement il..."
Chut !
-Deuxième chose importante, reprend Claude, Lisa n'est pas Lisa.
-Je le savais ! s'écrie Greg. C'est une espionne pour le compte des Pigeons Mercenaires ! Tout s'explique.
Je le regarde d'un air si mauvais que je sens que tout mon visage est crispé.
-Désolé, c'était un réflexe. Je vais faire un tour dans le placard du silence, dit-il en se faisant tout petit.
-Lisa n'est donc pas Lisa, reprend Claude agacé. Lisa est Christine Brasier, ex-vampire également.
Je le dévisage, sceptique.
-Sérieusement ?
-Absolument.
-Et moi, je suis toujours Mathieu ? demande mon frère qui s'imagine déjà en mode espion.
-Oui, répond Claude, brisant ainsi tous ses espoirs.
-Tout le monde connait le nom de la sorcière, mais personne n'a jamais eu envie d'en apprendre plus sur sa famille, ajoute Vincent, munit de son effroyable absence de tact.
Pendant qu'ils divaguent à propos d'un sujet divers, je me répète ce que Claude a dit :
Je suis Christine.
Euh... Christine.... Christine Brasier, c'est ça !
Donc, je suis Christine Brasier, et Maxime est parti au Château de la Mort à cause de Lisa désormais fugitive.
C'est bon.
Claude calme le jeu, et continue ses explications douteuses.
-Aussi, comprenez que nous avons dû inventer un prétexte pour justifier notre venue jusqu'ici. Madame Pétronille, celle qui gère la bibliothèque est assez radine en ce qui concerne le partage de ces connaissances. Aussi, seul un intérêt commun avec les ministres ont pu nous permettre d'accéder à tout ça. Lisa et Greg, vous serez donc un duo de chercheurs anciennement vampires qui veulent se plonger sur leurs origines afin de voir si il est possible de faire revivre cette espèce. Vincent et moi, nous garderons notre rôle habituel. C'est compris ?
-Plus où moins, ouais.
-Hum, s'élève la voix de mon frère. E-et moi ?
-Vous, vous n'avez qu'à éviter de trainer dans nos pattes, répond froidement Vincent.
-Mais..
-Je suis d'accord. Vous n'y connaissez rien, vous ne nous seriez d'aucune utilité, ajoute Claude.
-Bah, t'en fais pas, le réconforte Greg. Si ça peut te consoler je te nomme officiellement grand gardien.
-Et ça fait quoi un grand gardien ?
-Ça garde les clés de la chambre d'hôtel, répond solennellement Greg en déposant un petit trousseau de clés dans ses mains. Toutes mes félicitations monsieur Hart. Tâchez de ne pas nous décevoir.
Greg ponctue le tout d'un petit applaudissement, sous l'air moitié abattu et moitié abasourdi de mon pauvre frère qui n'est pas habitué à tant de sarcasme concentré en un seul être.
-Greg, soupirai-je, fous lui la paix un peu.
-Miss Super Furie en chef serait jalouse ?
-Miss Super Furie en chef va surtout finir par pendre Monsieur le Grand Enquiquineur Intempestif au plafond si ça continue.
-Et bien je ne voudrais pas être ce brave monsieur, soupire Greg en s'étirant de tout son long sur le canapé.
-Lisa, demande Mathieu une fois un peu remis, tu ne vas quand même pas accepter qu'on me laisse me tourner les pouces à l'hôtel pendant que vous allez sauver le monde, si ?
Il me fixe, suppliant.
Les trois autres me regardent aussi, les yeux grands ouverts à l'attente de ma réponse.
-Et bien... marmonnai-je gênée. C'est vrai qu'on sera plus discret si on est moins et... et tu es celui qui s'y connait le moins.
J'ai l'impression de lui porter le coup fatal. Il semble d'autant plus accablé, que moi, sa propre soeur, je refuse son aide.
-M-mais tu... tu peux quand même te montrer utile, me rattrapai-je. S-si tu allais visiter les environs ? Prends quelques photos et va visiter des sites pour retenir un max de chose. Comme ça, on se fera pas griller par papa et maman. Je ne voudrais pas être privée de sortie à vie, moi. Tu pourrais faire ça ?
-Ouais, grommelle-t-il les mains dans les poches.
Je lance un regard assassin à Greg, qui a dû dissimuler son visage derrière un coussin pour étouffer ses éclats de rires sonores.
-Bon, nous avons finis ? demande Vincent en se levant. Je monte dans ma chambre.
Il s'en va avant même d'avoir la réponse, livre sous le bras.
-Moi aussi, grogne Mathieu.
-Je dois encore régler quelques affaires, dit Claude.
-J'ai peur de rester seul avec toi, me dit Greg.
En un rien de temps, je me retrouve seule sur les fauteuils du café en dessous de notre hôtel.
Je soupire, et m'enfonce dans mon siège. Je n'ai pas envie de regagner ma chambre maintenant. Mathieu doit y bouder, et je n'ai pas envie d'affronter ça sans m'y préparer mentalement au préalable.
Je suis fatiguée.
Oui, vous avez bien entendu !
Lisa Hart, ou plutôt Christine Brasier, maintenant, est fatiguée !
"Et s'énerver ainsi sur autrui n'arrangera rien"
Pardon.
Je suis Christine Brasier, et Maxime est mort.
Je suis Christine Brasier, et Maxime est mort.
Je suis Christine Brasier, et Maxime est mort.
Il faut le répéter trois fois pour que ça rentre. C'est en tout cas comme ça que travaillent Dora et Babouche pour faire comprendre des choses à Chiper.
Je suis Christine Brasier, et Maxime est parti sur un vélo volant.
Je suis Christine Brasier, et...
-Bonjour miss, surgit une voix derrière moi. Je peux ?
Un type vient immédiatement obstruer mon champs de vision.
Il n'est pas particulièrement beau, mais je dois avouer qu'il dégage un certain charisme. Sans doute ses cheveux rouges et son air négligé, qui lui donnent un style assez particulier.
Comme je ne réponds rien, l'homme se laisse tomber à côté de moi.
-Anatole, se présente-t-il dans une poignée de main dénuée d'énergie.
Je tente au mieux de cacher mes soupirs, et le regarde intriguée.
Il me fixe de haut en bas, tout le poids de sa tête reposant lourdement sur sa main.
-Vous n'êtes pas d'ici, miss, dit nonchalamment l'homme, isn't it ?
-Vous non plus, répondis-je en souriant d'un petit air narquois.
-Qu'est-ce qui vous fait dire ça ? s'étonne-t-il en se relevant quelque peu.
-Nous parlons la même langue.
Il hausse les épaules d'un air fatigué.
-Rien ne dit que je ne parle pas plusieurs langues. Anyway... Vous n'avez pas tort. In fact, je ne suis pas d'ici.
Je souris vaguement. Je n'ai vraiment pas envie de jouer les sociables aujourd'hui.
-Je vous sers à boire, miss. Pour me faire pardonner de vous importuner.
-Si vous y tenez, soupirai-je. Un thé noir sera parfait.
J'aurais bien pris autre chose, mais mon frère m'a bien appris à ne pas me soûler avec des inconnus.
-Jeez... Vous êtes bien raisonnable. Seulement du thé ?
-Je suis quelqu'un de bien élevé, vous ne changerez de pas ça.
-Fine.
Dans un effort qui lui paraît surhumain, il se lève, et avance d'un pas traînant jusqu'au bar.
Pendant qu'il me commande un thé, j'hésite fortement à mettre les voiles.
Mais avant que je ne puisse me décider l'homme revient, lentement mais sûrement.
-Pourquoi vous venez me parler ?
-Well, je vous ai vu avec votre petit groupe mal assorti, et j'étais curieux de savoir ce que vous venez tous faire ici. Sans vouloir vous vexer, miss, vous ne semblez pas très soudés.
-Vous n'avez pas tort... Nous sommes venus passer nos vacances ici. Tout simplement. Et vous ? Qu'êtes vous donc venu faire ici ? le questionnai-je subitement couper court à l'interrogatoire qui me met mal à l'aise.
-Ce que je viens faire ici ? My business.
Il pose son index sur ses lèvres, qui s'allongent dans un sourire mystérieux. Cet air de playboy qu'on peut lire sur son visage me fait doucement sourire.
D'autant plus que cet air séducteur ne reste pas longtemps sur son visage, qui ne tarde pas à se tordre dans un long bâillement impressionnant.
Je réprime du mieux que je peux l'irrésistible envie de bâiller qui s'empare de moi.
Fichue empathie.
-Mon cher Anatole, pour vous remercier de cette tasse que vous m'offrez si gentiment, je vais vous dire un secret.
-Really ? dit-il plutôt surpris de cette révélation.
-Really, répondis-je en affichant une copie conforme du sourire de Vincent. Alors voilà : vous perdez votre temps avec moi.
-Oh, lovely, grimace-t-il en s'affaissant un peu plus dans son fauteuil.
Il ne s'en va pas pour autant. Un sourire calme et confiant, il scanne la pièce du regard. À la recherche d'une autre proie ? Bien, je n'en serais pas vexée. Pas du tout.
Vas-y mon petit, prends ton envol.
Tu n'as pas réussi à faire venir les papillons alors je t'en prie, la sortie est par-là !
Malheureusement pour moi, ses yeux finissent par revenir vers moi. Et j'y lis la même obstination que tantôt. Il ne semble pas décidé à me laisser tranquille.
Pour une fois que Mathieu serait utile, il ne se décide pas à venir.
Il me le payera, cet espèce d'ours en canne à sucre !
-So, reprend Anatole au bout d'un petit moment de calme bien apprécié, vous ne m'avez pas donné votre nom, miss.
-Vous ne me l'avez pas demandé.
Je me bloque un instant en disant ça. Il me semble que Vincent m'a dit ça, lui aussi. Je ne sais pas comment le prendre.
-Oh. J'ai compris. Well, je vous le demande, maintenant : à qui ai-je l'honneur ?
-L.. Christine. Christine Brasier.
-False ! s'écrie-t-il joyeusement recouvrant soudain une petite parcelle d'énergie.
-Pardon ?
-Liar, chantonne-t-il en souriant. Liar, liar.
Je le scrute, interdite.
-Well, commence-t-il. Lisa Hart, vous mentez avec beaucoup d'assurance. Une qualité essential pour faire un good liar, you know ?
Je le fixe, d'un visage impassible. J'ignore totalement ce qu'il sait de moi, donc j'évite de vendre la mèche. Je dois avancer prudemment.
-Sommes-nous supposé nous connaitre ?
-Absolutely not. Je suis un vieil ami de ce brave petit Claude.
Je concentre sur lui toute l'aura négative que je peux générer.
-Vous savez, j'ai appris à me méfier de l'expression "vieil ami".
-Oh. C'est fâcheux.
L'élan très faible d'énergie qui s'était emparé de lui s'estompe subitement. Son corps s'enfonce progressivement dans le fauteuil à tel point qu'on dirait qu'il veut fusionner avec.
Tiens, je me demande bien quel type de super héros ça formerait, ce genre de fusion...
Bref ! Ce n'est pas le moment d'y penser.
-Donc, l'interpellai-je prudemment. Puis-je me permettre de vous demander une nouvelle fois ce que vous faites ici, "ami de Claude" ?
-Of course ! Vous prendrez bien une autre tasse de thé ?
-Avec plaisir...
**********
Je sais pas ce qui m'a pris. Je sais absolument pas ce qui m'a pris d'appeler ce personnage Anatole. Mais je l'aime bien, ce garçon.
En fait, je crois que j'aime bien ce nom, Anatole.
Bref !
Demain, je pars en Grèce.
J'aurai partiellement du wifi, mais comme nous allons exclusivement visiter et probablement nous lever entre 6 et 7h tous les matins pour nous coucher entre 22-23h, je ne sais pas si j'aurai le courage d'écire énormément.
Du coup, attendez vous à peu de nouvelles de ma part avant trois semaines 😅
Bref...
Bisous,
Muffin.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top