Chapitre 74.

Le temps passe, je reste coincée dans ce couloir tout noir. C'est la mort ?

Non... Ce sera absurde. Je n'ai pas été blessée. Pas que je sache, du moins.

Mais Iris, elle...

Non ! Je n'ose pas y penser.

Je dois me réveiller ! Hors de question de rester dans cet état comateux. Je dois savoir comment va Iris.

Oh.. J'espère qu'elle n'est pas trop amochée. En tout cas, je lui en dois une bonne.

Elle m'a sauvé la vie, littéralement.

Si elle gardait des graves séquelles, je crois que je ne cesserai jamais de m'en vouloir.

"C'est quand même pas de ta faute"

Si...

"C'est plutôt celle de Greg !"

Ce n'est pas Greg qui l'a blessée.

"Indirectement, si !"

Et bien moi aussi, je l'ai blessée indirectement. Si je savais plus de formules, si j'avais pris mon côté sorcière plus au sérieux, j'aurais pu me débrouiller toute seule !

"..."

Tiens... On m'appelle. J'ai l'impression que ce couloir est moins sombre.

Je suis en train de me réveiller ?

Tant mieux, j'en avais marre d'attendre.

Peu à peu, tout devient plus clair, et je reconnais le décor de ma chambre.

Immédiatement, je tourne la tête pour voir si, comme à son habitude, Maxime est là.

Non, personne.

Je ne perds pas plus de temps, je me lève pour aller voir Iris.

Bon... Évidemment, je ne sais pas combien de temps je suis restée ici à dormir, mais mes membres sont bien engourdis.

Et que se passe-t-il quand on a les membres engourdis ?

Oui, bonne réponse !

On s'étale par terre comme une crêpe poilue issue du Sahara.

Ah... franchement... Je fais peine à voir.

"Quel égocentrisme !"

Bref ! Je me relève tant bien que mal, en m'accrochant à tout ce que je peux.

J'ai mal à la tête, et j'ai l'impression que ma cheville est foulée. Mais ce n'est sûrement rien comparé à ce que ressens Iris, en ce moment même.

Je me lance dans la traversée du long couloir. En titubant, et en longeant le mur, je progresse lentement. J'arrive aux escaliers.

-Mon Dieu...

Je m'accroche à la rampe, comme si... comme si... je ne sais pas. Mais je m'accroche très fort. Très très fort.

Quand j'arrive à l'étage en dessous et que j'aperçois toute la foule qui grouille et s'agite là, je me sens soudain très mal.

Je m'appuie sur le mur, j'ai envie de vomir. Il y a vraiment trop d'agitation.

Parmi toutes ces silhouettes qui sont agglutinées autour de moi, j'en distingue une, plus grande que les autres, qui se précipite vers moi.

-Lisa ! Qu'est-ce que tu fais là !? s'écrie Greg en me soutenant alors que je suis sur le point de chanceler.

-Je... veux voir... Iris, articulai-je tant bien que mal.

Il ne me répond pas et, sans me demander mon avis, me prend dans ses bras pour me ramener dans ma chambre sans doute, sous le regard de quelques curieuses.

"Ça, ça pue les rumeurs"

Muet, il remonte les marches et traverse avec aise le couloir pour me redéposer, contre mon gré, dans mon petit lit douillet.

Je n'essaye pas de me relever, c'est inutiles. Mon corps a décidé de se greffer sur ce lit, bien que mon esprit n'ait pas accepté cette demande.

Greg reste là, debout, regardant dehors, par rêverie ou par désir d'éviter de me regarder, moi.

-Pourquoi ? demandai-je.

Comme il s'attendait à cette question, il s'approche un peu de mon lit, néanmoins, il continue soigneusement d'éviter de poser les yeux sur moi.

Il regarde fixement ma peluche, ressemblant fortement à un crayon bleu.

-Je... commence-t-il d'une voix brisée, j'en n'ai pas eu le choix Lisa... je suis désolé.

-Ça ne répond pas du tout à ma question, Greg ! m'énervai-je légèrement.

Greg semble absent un moment. J'ai l'impression qu'il essaye même de retenir un sanglot.

-C'est arrivé un peu après ton arrivée, finit-il par avouer en respirant fort. Je... Un "messager" de Tristan est venu me voir. C'était une femme, de ce manoir, sans doute. Elle m'a dit que Tristan en avait après toi, et m'a tout avoué à ton sujet. Je t'avais déjà rencontrée, et je savais très bien que tu étais une amie formidable, et j'ai d'abord refusé de l'aider.

Je l'écoute attentivement, et ne détourne pas le regard, tandis qu'il marque une petite pause.

-Je pensais que Tristan avait laissé tomber l'idée, et je n'ai osé en parler à personne. Puis, il est arrivé un petit accident à Iris, un truc tout bête, elle est simplement tombée dans les escaliers. Pourtant, ce n'est pas dans ses habitudes et le sang de loup-garou lui offre de bons réflexes. J'ai alors su que ce n'était pas un accident et j'ai en effet revu cette femme, alliée à Tristan plusieurs jours après. Elle m'a annoncé qu'elle ne raterait pas Iris la prochaine fois, et j'ai été contraint d'accepter.

Greg se tait et cette fois, il pleure pour de bon.

"Aha ! Je t'avais dit qu'il avait une bonne raison !"

OH ! Mais là je suis outrée !!

Enfin... Qu'importe, ce n'est pas le moment. Greg tremble à côté de moi, secoué par ses sanlgots. Je ne sais pas si c'est parce qu'il donne l'impression de réellement se repentir, mais je ne peux m'empêcher de mettre ma rancœur de côté.

Je pose ma petite main, sur sa main toute chaude, et le regarde avec un sourire compréhensif.

Il semble peu à peu retrouver ses esprits, et le contrôle de lui-même.

-Lisa... Je ne te demande pas de me pardonner. Je veux juste que tu comprenne que moi, je voulais seulement la protéger. Tu comprends... Iris était tout pour moi et il n'est rien que je n'aurais pu faire pour la rendre heureuse.

Il avale sa salive, comme si il en avait trop dit. Cependant, il reprend quelques secondes après.

-Après ma trahison, je suis allé la trouver, pour qu'on s'enfuie avant que les frères n'apprennent ce que j'ai fait. Je lui ai tout expliqué. Elle s'est mise en colère et est immédiatement partie. C'était égoïste de ma part. J'ai... j'ai pas réfléchi. J'aurais dû en parler, au lieu de garder tout ça pour moi. Si seulement je n'avais pas caché la vérité, elle...

-Greg, le coupai-je. Je comprends. Ne t'en fais pas... Je... je ne t'en veux pas.

Pendant tout un long moment, nous restons silencieux. Le manque d'activité amène la fatigue, et je me laisse gagner par celle-ci.

Quand j'ouvre les yeux, plus tard, Greg n'est plus là. Il a laissé sa place à Maxime, fou de rage et d'inquiétude.

-C'était Greg.... le traître, annonçai-je timidement.

Maxime tourne un œil vers moi. Sa colère n'a fait que s'accentuer.

-Mais il m'a tout expliqué !! Et il ne faut pas lui en vouloir. S'il-te-plaît...

Sa colère se transforme plus en une sorte d'angoisse. Son regard se fait un peu fuyant, comme si il hésitait à m'annoncer qu'il avait déjà fait passer mon ami à la guillotine.

"La guillotine !?"

Bah quoi... venant d'eux, on peut s'attendre à tout.

-Lisa... Greg, comme tu l'appelle, commence-t-il avec une pointe de jalousie dans la voix, est parti ce matin.

-Parti... Parti, répétai-je. Tu l'as guillotiné !!?

Maxime hausse les sourcils, avec l'air de se demander si j'ai encore de la fièvre.

"Mais il a pas encore compris que tu donne toujours l'impression que les connections de ton cerveau font toujours plein de nœuds !?"

Apparemment pas.

-Non, quand je disais qu'il était parti, reprend-il en s'efforçant de rester sérieux, je voulais dire qu'il avait quitté le château ce matin. Il ne reviendra sûrement pas.

Entendre cette révélation m'est aussi agréable que de se faire arracher le cœur pour l'écraser avec les pantoufles en verre de Cendrillon.
Ça fait mal.

Greg était-il sérieux quand il s'est excusé ?

Ou alors était-il simplement parti par honte ou par lâcheté ?

Non... il ne peut pas être parti....

-Il doit y avoir une erreur ! intervint-je. Greg aimait Iris ! Il n'a pas pu partir et l'abandonner comme ça !!

-Iris est partie Lisa.

-Elle est partie avec !?

-Non... Elle est définitivement partie. Quand on est arrivé, elle était déjà morte. Je suis navré, Lisa.

Je me lève subitement.

-Non ! C'est impossible. C'est une blague, n'est-ce pas ? Iris n'est pas morte !! Elle dort paisiblement dans sa chambre, pitié, dis-moi que c'est ça...

Maxime me sourit tristement.

Je l'écarte de mon chemin et me précipite hors de ma chambre pour rejoindre Iris dans la sienne.

Elle n'est pas morte.

Je descend les escaliers plus vite que je ne l'ai jamais fait, mon coeur menançant de creuser un trou dans ma poitrine par ses battements.

Maxime a menti.

Dans le couloir, je pousse tout le monde sans ménagement. Sans prêter attention à rien d'autre.

Elle est en vie.

Mon seul objectif est la porte de sa chambre. Quand j'arrive devant, je la défonce et découvre une chambre vide.

Iris n'est pas là.

-Non... murmurai-je.

Elle est sûrement à l'hôpital...

"Tu sais bien que non..."

Je m'effondre sur le sol, pleurant toutes les larmes de mon corps.

Maxime arrive derrière moi, et je viens immédiatement me loger dans ses bras.

C'est impossible.

Elle n'avait pas le droit.

Elle n'avait pas le droit de mourir.

**********

Iris est bien morte, oui.

Greg s'est bien enfui, oui.

Si vous voulez pleurer, voilà les mouchoirs.

Si vous voulez me tuer, je vous préviens que je suis armée !

Si vous voulez la suite, c'est la semaine prochaine.

Et si vous n'en avez rien à faire, je vous dit à bientôt.

Bisous,

Muffin.

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