Après une longue discussion autour d'un verre, Gallagher prit congé et me laissant toute seule, m'assurant que je trouverais de la compagnie dans les rues. Et je n'avais pas bougé. Je fixais mon verre sans grandes convictions. Est-ce que ça valait encore la peine de rester ici ? Le fait que Ratio m'aide à m'échapper à fait de moi une femme libre... Est-ce que je serais vraiment prête à redevenir une simple marchandise ? Je secoua la tête. Pour Aventurine, j'étais plus que ça. Je soupire. Pourquoi j'ai eu la merveilleuse idée de casser mon téléphone ? Il va falloir que je m'en rachète un...

« Excusez-moi... »

Je sursauta et tourna la tête pour voir qui s'adressait à moi et manqua de m'étouffer.

« Ma... Mademoiselle Robin ?! »

Elle me sourit et jeta quelques regards autour d'elle avant de me regarder.

« Est-ce que... vous savez où je suis ?
- Je ne le sais pas vraiment moi même, avouais-je. Un lieu secret, de ce que j'ai compris... »

Robin fronça légèrement les sourcils avant de reprendre un léger sourire, comme à son habitude.

« Comment vous appelez-vous ?
- (T/P)...
- Quel joli prénom ! »

Je rigola de gène, et Robin me sourit.

« Qu'est-ce que vous faites dans la vie, mademoiselle (T/P) ? »

Voir tant de curiosité dans ses yeux me brisa le cœur.

« Je suis servante... »

Le sourire de Robin resta figé un instant, le temps qu'elle assimile l'information.

« Mais je n'ai plus de maitre, car le miens a disparu. »

Robin ne répondit rien, trop surprise. Elle eu un léger mouvement de tête.

« Vous...
- Je suis coincée ici parce qu'on m'a poignardé. Je ne sais même pas si mon maitre est encore en vie... »

Bizarrement, appeler Aventurine "maitre" alors qu'il n'était pas là me semblait faux. Cela me fit grimacer.

« Est-ce que... tu as envie de le retrouver ? »

Je jeta un regard a Robin, qui venait de s'assoir à côté de moi.

« Je ne sais pas vraiment. J'ai toujours été servante, et j'ai toujours voulu m'échapper pour être libre. Mais maintenant que je suis libre... Je ne sais pas quoi faire de ma vie. Je... Je crois que ma vie est plus utile si je reste à ses côtés... Il a vraiment l'air d'avoir besoin de moi. »

Robin me sourit tendrement et hocha la tête.

« Si cet homme te traite bien, et que tu n'as pas de regrets, tu dois le retrouver. »

J'hocha la tête avant de soupirer.

« Mais Penacony est immense, je n'ai aucune chance... »

Robin réfléchit un instant.

« Tu pourrais l'attendre dans le Hall de l'hôtel.
- Et si il ne quitte pas le rêve ?
- Il faudra qu'il le quitte à un moment donné, non ?
- Vous avez certainement raison... Je vais faire ça, quand je trouverais un moyen de me réveiller.
- Bonne chance, (T/P)
- Merci, Robin. »

La jeune femme me sourit et se leva pour aller explorer les alentours. Je la suivis du regard jusqu'à ce qu'elle disparaisse de ma vue. Je mis mes bras sur le bar et enfoui ma tête dedans. J'allais devoir patienter une éternité, je le sens...

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J'ouvris les yeux, surprise. J'étais de retour dans le chambre de Ratio. Enfin ! Je sortis de la fontaine et sortit de là sans regarder les détails de la pièce qui m'entourait. Je n'avais pas le temps de m'intéresser aux livres qui étaient posés sur la table. Je partis d'un pas entraîné vers le hall. Il fallait que je trouve un endroit confortable mais qui me permettrait de trouver Aventurine sans trop de difficultés. Je ne voulais pas non plus avoir l'air suspecte à chercher quelqu'un pendant des heures, si ça devait se passer comme ça. Je finis par me positionner près du comptoir des réceptionnistes, et croisa les bras avant d'observer autour de moi. Allait-il vraiment passer par là ? Ne devrais-je pas aller dans la salle VIP avec les bars ? Ce serait certainement plus probable... Je me tournais pour y aller, quand mon prénom retentit dans tout le hall.  Je me tournais et vit Aventurine arriver en courant. Je recula d'un pas, surprise. Il allait me foncer dessus ! Le blond me prit brusquement dans ses bras et tomba à genoux, m'entraînant dans sa chute. Il me serrait fort, même un peu trop, et il enfoui sa tête dans mon cou.

« Tu es saine et sauve... »

Je grimaça légèrement, ayant du mal à respirer, mais lui rendit son étreinte.

« J'ai cru que je ne te reverrais jamais... murmura-t-il. Si tu savais... »

Je resta silencieuse, jusqu'au moment où il se redressa et posa ses mains sur mes joues. Ses yeux me transperçaient de toute part, et je fus prise d'un frisson. Je remarquais trop tard qu'il approchait dangereusement son visage du miens. Je ne le réalisa que quand ses lèvres rencontrèrent doucement les miennes. Mon ventre papillona et mon cœur partit en looping. Aventurine resta proche de mon visage, ses mains toujours sur mes joues.

« Ça me hantait... Je me maudissais de mourir sans t'avoir dit ce que je pensais... (T/P), je t'aime, terriblement... »

Il y eu un blanc, et je ne savais pas si je devais lui répondre ou si je devais rester silencieuse. Il finit par briser lui même le silence.

« Je ne te demande pas de m'aimer en retour, juste... de rester avec moi... continuer ce magnifique travail que tu m'offres tous les jours... Je... Je me doute que tu veux certainement arrêter de passer de maitre en maitre et d'être prise pour une marchandise, mais... Ça me ferait vraiment plaisir si tu reprenais ton travail. »

Il continuait de me fixer, et mon regard finit par se perdre dans ses yeux d'une couleur si particulière. J'aurais même cru qu'ils brillaient, mais il me suffit d'un clignement d'œil pour que ses yeux ne brillent plus. Ses mains se décollèrent de mes joues, et je compris qu'il avait peur que je refuse. Je posa doucement mes mains sur les siennes, et son visage reprit de la couleur.

« Il n'a jamais été question que je parte, Maître Aventurine. »

Il sourit, puis rigola légèrement.

« Merci, (T/P), du fond du cœur... »

J'hocha légèrement ma tête et retira mes mains. Il retira les siennes et se leva, avant de tendre le bras pour m'aider à me relever. Je pris doucement sa main et me releva. J'avais l'impression de voir un nouvel Aventurine devant moi. Quelque chose en lui avait changé pendant qu'il avait disparu. Et cela l'avait changé en bien, j'en était persuadée.

« On retourne à la chambre ? Je pense qu'on a beaucoup de choses à de dire, toi et moi. »

J'acquiesca et suivit Aventurine jusque dans la chambre. Le trajet me donna un sentiment de réconfort. J'allais enfin rentrer dans la routine habituelle avec Aventurine... Une fois entré dans la chambre, Aventurine se dirigea vers le canapé, et je le suivis tranquillement.

« Je tiens à m'excuser, (T/P), dit-il. Je t'ai promis de venir te sauver, et je ne suis pas venu...
- Ce n'est rien, dis-je. Je suis de retour ici, c'est le principal.
- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? »

Je resta silencieuse et serra mes mains. Cette suite d'évènements m'avaient fait oublié le moment atroce que Jacob m'avait fait subir. La douleur que j'avais ressenti, mêlé à l'humiliation... Il fallait que j'aille voir un médecin. Le sang n'était par normal... Un frisson parcouru mon corps, et Aventurine posa sa main sur la mienne, et pencha ma tête.

« (T/P)... Qu'est-ce qu'il t'a fait ? »

Je fixais mes mains. Je ne voulais pas en parler.

C'était tellement humiliant... J'aurais dû me défendre... Et prendre des coups de couteau...

« Pardon ? »

Je sursauta et leva les yeux vers Aventurine.

« Comment ça, des coups de couteau ? »

Je me mordis la lèvre. J'avais pensé à voix haute... ?

« (T/P) s'il te plait, dis-moi ce qu'il t'a fait. »

J'hésitais encore un peu, et me décida à prendre la parole.

« Il m'a violé »