4. 24 Décembre 3453
Leurs yeux fixés sur les étoiles, les deux amies admiraient la beauté du ciel nocturne. Le silence régnait entre elles ; ni l'une, ni l'autre ne le considérait gênant, ou même pesant : il les apaisait.
Aucun nuage ne cachait le magnifique panorama ; la pleine lune éclipsait par la lumière qui émanait d'elle, n'importe quel astre se trouvant à des milliers d'années-lumières de la planète bleue.
Elles étaient allongées sur le toit du vieil immeuble, depuis une heure déjà. Veronica, lorsqu'elle serait de retour chez elle, n'oublierai pas de remercier son père qui, brisant ses principes, les avaient amenées sur l'un des bâtiments qu'il avait rénové, des années plutôt. Les lois, que Jack respectait toujours, interdisaient toute sortie une fois vingt-deux heures passées.
Le cœur de la jeune fille se gonfla de fierté, en songeant que son père avait participé à plus de la moitié des rénovations des lieus habités de la ville.
« C'est beau, chuchota Pearl, comme réticente à briser le silence rassurant les entourant. »
Veronica ne détourna pas son regard émerveillé du ciel, pourtant elle sut que les yeux gris de son amie brillaient. Elle ne prit pas la peine de répondre, son absence de paroles parlant pour elle ; aucun mot ne parviendrait à décrire ce qu'elle ressentait.
L'amitié des deux jeunes filles, datant depuis qu'elles n'étaient pas plus hautes que trois pommes, était telle qu'elles se comprenaient sans avoir besoin d'exprimer à voix haute leurs pensées.
« Vero, débuta Pearl d'un ton sec et autoritaire, loin de sa gentillesse habituelle. Tu sais qu'on compte sur toi, tu n'as pas le droit de nous abandonner.
- Comment ? Demanda la brune, surprise par la réflexion de la petite blonde.
- Tu n'as pas le droit de nous abandonner ! répéta-t-elle d'une voix grave, peu naturelle. »
Veronica s'assit, avant de regarder l'endroit où était censée se trouver sa meilleure amie, mais n'y vit que la surface grise et froide du toit. Résonnant dans le silence nocturne, sa voix mélodieuse, venant de partout, hurlait pourtant « Tu n'as pas le droit ! », à tue-tête. La jolie brune leva les yeux vers le ciel, effrayée, cherchant la source du phénomène terrifiant qui se produisait sous ses yeux ébahis.
Se mêlant à la voix de Pearl, Shawn, Yona, Leanne, Jeanne et d'autres qu'elle ne reconnut pas, à cause de la peur qui l'empêchait de se concentrer, scandèrent à leur tour la phrase. Tous hurlaient de plus en plus fort ; Veronica croyait que sa tête exploserait.
Leslarmes lui montèrent aux yeux, et, alors qu'elle pensait quec'était la fin, le silence se fit. Jamais elle n'eut été aussiheureuse de n'entendre aucun bruit, aucune parole. Avec prudence,elle ouvrit les yeux, qu'elle avait fermé sous le coup de émotion,et constata qu'elle était dans sa chambre, dans son lit, en sueuret seule.
Ce cauchemar, qui s'était emparé de l'un de ses meilleurs souvenirs, lui rappela cruellement sa meilleure amie décédée il y a des années. Enfouissant la tête sous les couvertures, elle éclata en sanglots, en serrant fort son oreiller contre elle.
Cette nuit là, elle eut du mal à se rendormir.
•
Veronica déposa les verres vides sur le plateau presque plein, et se dirigea vers la porte menant aux cuisines, dans lesquelles la plonge se trouvait aussi. Une fois la vaisselle donnée à Rick, un gentil jeune homme souriant aux yeux bridés, elle retourna dans la salle principale.
Adossée au comptoir, ses yeux noirs fixés sur la vieille horloge, la jeune femme poussa un soupir de découragement en voyant l'heure affichée sur le cadran poussiéreux. Il y était inscrit quinze heures vingt-six. Cela fait déjà trois heures qu'elle était là, et, au lieu de travailler pour sa mère, elle rêvait de profiter de son après-midi de repos. C'était l'un de ses seuls repos du mois, et Sarah l'en privait.
À cette heure-ci, presque personne n'était dans le bar ; la plupart des gens travaillaient, alors que les autres profitaient de leur temps libre, chez eux ou alors à se balader en ville. L'heure de manger étant passée de deux heures, les deux-trois personnes présentes étaient attablées autour d'une boisson déjà servie ; Veronica n'avait donc rien à faire.
Elle était assise sur un tabouret, sirotant de l'eau, lorsque la porte menant vers l'extérieur s'ouvrit. Une grande brune ronde pénétra dans la pièce, suivie de près par une longue silhouette fine. La petite brune se précipita vers elles, pour les saluer.
« Yona ! Qu'est-ce qui t'amène ici ?
- Je voulais te présenter une amie à moi ! dit-elle de sa voix forte, avant de poursuivre, en chuchotant, de sorte que seule Veronica ne puisse l'entendre. Qui fera bien évidemment partie du voyage avec nous !
- Ah je vois ! sourit-elle, avant de fixer ses yeux noirs sur la grande femme filiforme. Moi c'est Veronica, mais tu peux m'appeler Vero, comme tout le monde.
- Enchantée ! Moi c'est Lolita, mais si tu pouvais éviter de m'appeler Lolo ça serait sympa de ta part !
- Aucun problème ! »
Elles éclatèrent de rire, et, en bonne serveuse, Veronica leur proposa de s'asseoir à l'une des nombreuses tables vides, puis prit leurs commandes.Une fois de retour avec les boissons, elle détailla Lolita avec attention. Sa peau mate s'accordait à la perfection avec ses immenses yeux noisettes ainsi qu'avec ses longs cheveux bruns clairs, qui tombaient bien en-dessous de sa taille. Le sourire naturel qui étirait ses lèvres depuis que les deux femmes étaient arrivées, témoignait de sa gentillesse et de sa naïveté.
Satisfaite de son observation, la petite brune parla enfin.
« Alors comme ça, tu es une amie de Yona ? demanda-t-elle, espérant que Lolita comprenait son intention.
- Oui ! C'est une personne vraiment inspirante et innovante. Grâce à elle, je parviens à oublier mes problèmes, affirma-t-elle, en lui faisant signe qu'elle avait compris. »
Telles étaient ses raisons pour rejoindre le voyage : fuir ses problèmes, sa vie. Veronica ressentit une certaine fierté ; fuir, était la raison qu'elle avait évoqué durant la réunion ayant eu lieu quelques jours auparavant.
« Sans vouloir être indiscrète, quels sont tes problèmes ?
- Et bien, lorsque nous nous voyons, commença Lolita, après une courte réflexion, c'est en dehors du travail, et j'oublie alors que je dois tuer les animaux que j'ai éduqué et aimé. »
Ses yeux se voilèrent d'un tel dégoût en vers elle-même, que Veronica en frissonna. Retrouvant vite sa joie habituelle, Lolita retira sa veste blanche et la déposa sur le dossier de la chaise où elle était assise. L'élevage de bêtes faisait en effet partie des principaux travaux des guérisseurs, tout comme la médecine.
Les guerriers, eux, avaient pour devoir de protéger Surial de toutes menaces extérieures et intérieures, et d'y faire respecter les lois ; alors que les inventeurs rénovaient objets et bâtiments, pour rendre la ville de nouveau habitable.
La discussion reprit sur un autre sujet, sur le ton de la plaisanterie. Durant l'heure qu'elles passèrent à se lancer des piques et à rire, le bar se remplit. Les serveurs s'occupaient des clients qui parlaient entre eux, buvaient et mangeaient après le travail ou l'école.
« Mais tu ne retournes pas travailler ? demanda Lolita, étonnée de la voir rester avec elles, alors qu'il y avait du monde à servir.
- Non. Si je travaille ici, c'est juste pour aider et passer le temps.
- Bah pourquoi ne rentres-tu pas chez toi alors ? Questionna-t-elle de sa douce voix chantante. »
Elle expliqua pour la énième fois ce qu'il lui était arrivé, après que sa mère l'avait surprise avec Carl. Yona, ayant déjà entendu l'histoire, hochait la tête de-ci, de là, alors que la fine brune semblait boire ses paroles, et l'écoutait d'une oreille attentive.
Une fois qu'elle eut fini son récit, Lolita le commenta, exposant son point de vue qui n'était pas positif.
« Fini de parler de parler de ma pauvre histoire d'amour. Comment ça se passe de votre côté ?
- Toujours au point mort de mon côté, affirma le voix chargée de tristesse de Yona.
- Moi, malheureusement pour vous, j'aime les hommes. Enfin un homme en particulier, depuis cinq ans.
- Waouh c'est énorme ! Comment se prénomme l'heureux élu ?
- Sam, dit-elle, vibrante d'amour.
- Je... »
Veronica se tut avant d'avoir pu finir sa phrase, en sentant une main se poser sur son épaule. Elle se retourna, et le visage énervé de sa mère apparut dans son champs de vision. D'une voix chargée de menaces, Sarah lui ordonna de la suivre, ce que fit sans broncher sa fille, son regard bleu glacial la dissuadant d'une quelconque remarque. Avant de s'éloigner, la jeune femme lança un regard désolé à ses amies, qui l'encourageaient silencieusement.
•
« Le ferais-tu exprès Veronica ? s'écria Sarah.
- Faire exprès de quoi ? demanda-t-elle, d'un ton innocent.
- Faire exprès de traîner avec les mauvaises personnes ! répondit la femme, s'énervant d'avantage. À ta place, j'éviterai de répondre autant.
- C'est ça. Et pourquoi les gens d'un autre clan seraient-ils forcément de mauvaises personnes ?
- Ils n'ont peut-être pas un mauvais fond, mais ils ne sont pas de bonnes fréquentations pour autant.
- Mais de quel droit te mêles-tu de qui je fréquente ? Je vois même plus Carl à ta demande, j'ai encore le droit de parler à qui je veux non ? Et puis, j'ai dix neuf ans, j'ai le droit d'être amie avec qui je veux non ?
- Je suis ta mère Veronica. J'ai le droit de savoir avec qui traîne ma fille. Et, à ce que je sache, tu vis toujours sous mon toit, ce qui fait que tu es toujours sous ma responsabilité ! De toute manière, tu n'as pas à être amie avec quelqu'un d'un autre clan c'est tout. Je n'ai pas à me justifier !
- Sérieux, pourquoi ces lois de merde et ces foutus clans existent ? »
Pour la première fois depuis que les deux femmes avaient pénétré dans les cuisines, l'une hurlant sa rage, l'autre la contenant dans une voix aussi froide que terrifiante, un silence pesant s'installa dans la pièce. Seuls les bruits de la vaisselle, et des plats en préparation venaient le troubler.
Les serveurs et cuisiniers avaient tu leurs conversations amicales, pour laisser place à la dispute familiale. Tous effectuaient leurs tâches en silence, en évitant de les regarder, pour ne pas d'avantage attiser leur colère.
« Les lois existent, dit Sarah, après un long temps de réflexion, pour le bien-être de notre société. Imagine le bazar que ce serait si tout le monde n'en faisait qu'à sa tête.
- C'est ce qui s'appelle la liberté ! Et puis le problème, ce serait quoi ? Des bébés guérisseurs avec un couteau dans la main, ou alors un marteau ? Waouh les bébés mi-guerriers, mi-guérisseurs vont tous nous tuer ! hurla Veronica, hystérique.
- Arrête de raconter n'importe quoi, et laisse moi finir bon sang ! Les clans, eux, ont été crées lors de l'exil, en même temps que ces lois de merde comme tu dirais, pour baisser la natalité, qui devait être suffisamment basse pour que la ville souterraine où ils sont allés vivre, puis héberger tout le monde. Et, ainsi, chaque clan avait sa propre particularité, et tout était parfaitement organisé.
- Ont-ils songé à un seul instant, que tout le monde ne veut pas forcément faire le métier qui lui est destiné ? s'insurgea Veronica.
- Les décisions importantes ne seraient pas objectives si l'on demandait l'avis de tout le monde. Penses-tu vraiment que les décisions seraient prises correctement si tout le monde y mettait un avis différent ?
- Bien-sur que non, mais certaines personnes peuvent avoir des idées intéressantes ! Mais, pourquoi, maintenant que nous avons regagné la surface de la Terre pour y vivre, les clans existent-ils encore ? Plus besoin de contrôler les naissances, puisque nous avons l'espace que nous voulons !
- Crois-tu facile d'effacer un système instauré il y a déjà presque mille ans ?
- C'est sur que si on essaie pas, on ne le saura jamais. Celui qui tente rien, n'a rien, dit la jeune femme, le vieux dicton lui étant revenu en mémoire.
- Ne penses-tu pas que nous avons d'autres priorités, que de remplacer un système que tout le monde connaît depuis toujours, et qui fonctionne, par un nouveau dont nous n'avons pas la garantie de réussite ? Bref, telle n'est pas la question, va à la plonge et je ne veux plus t'entendre, est-ce bien clair ? Rick, va la remplacer en salle ! »
Sarah tourna les talons, et quitta les cuisines, sous le regard haineux de sa fille. Celle-ci gagna la plonge, et, lorsque son regard rencontra celui brillant de gratitude et de soulagement du jeune asiatique, elle se renfrogna et accéléra.
Plongeant ses mains dans l'eau pleine de verres et savon, elle souhaita de tout son cœur que sa mère attrapa Fluctussia, le virus qui extermina la race humaine, dans les années 2200. Aucune mort n'égalait la douleur éprouvée lorsqu'on attrapait cette maladie mortelle.
Veronica chassa de son esprit, toutes idées noires, ouvrit le robinet, laissant couler l'eau sur ses mains.
***
Hey désolée pour le retard !
Il y aura plus d'actions à partir du chapitre 10, mais là j'introduis le monde et les personnages donc voilà.
ESt-ce que vous aimeriez que je fasse une fiche personnage pour que vous vous y perdiez moins ?
Sinon bye et prochain chapitre certainement pendant les vacances!
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