2. 20 Décembre 3453

   Poncer, visser, peindre, clouer : c'était en cela que consistait le métier de Veronica. Ses collègues et elle rénovait des meubles qui étaient ensuite donnés aux personnes en ayant besoin.

   En 3453, l'argent n'existait plus ; tout système de monnaie abandonné lors de l'exil. Peu connaissaient son existence, oubliée durant le millénaire passé sous terre. Désormais, il était normal de donner, sans ne rien recevoir en retour. Le monde ne tournait plus autour de l'argent, mais du besoin : une famille n'était plus logée en fonction de sa richesse, mais du nombre des membres de sa famille.

   Veronica déposa son pinceau sur l'établi, après avoir terminé de repeindre le chaise sur laquelle elle travaillait. Elle l'attrapa à un endroit où la peinture grise était sèche, et se dirigea vers la porte menant à la remise. Elle l'y déposa, puis retourna à son établi, satisfaite.

   Elle fronça les sourcils, étonnée d'y trouver son patron, un air agacé sur son visage ridé. La jeune femme s'empressa de le rejoindre, en se demandant ce qu'il lui voulait.

   « Veronica ! S'exclama Peter de sa voix grave. Quelqu'un demande à te voir dehors.

   - Ah bon ? Qui est-ce ?

   - Tu verras bien, éluda le vieil homme, en haussant les épaules. Allez file, mais n'oublie pas de revenir travailler !

   - Merci Peter, j'essaierai de faire vite ! »

   Sur ses mots, la brunette fila vers la sortie, sous le regard bienveillant de son patron.

*

   Dehors, l'attendait une grande et large femme d'une vingtaine d'années, adossée contre le mur. Veronica la salua, se demandant ce que son amie faisait là. Cependant, elle n'eut pas longtemps à se poser la question, la réponse se fraya un chemin dans son esprit.

   « Alors ? Demanda Veronica.

   - La réunion se déroulera demain à vingt-trois heures à l'ancienne banque. Cela te convient ?

   - Évidemment ! Combien serons-nous ?

   - Nous serons un peu moins de cinquante.

   - Ah oui quand même ! Qui a fourni les horaires de patrouille ?

   - Une certaine Leanne, mais on devra trouver quelqu'un d'autre parce qu'elle a failli se faire attraper, et elle ne veut pas risquer de se faire prendre une seconde fois. Mais ne t'inquiète pas, tout est sous contrôle, on ne va pas se faire choper.

   - D'accord, merci pour tout Yona ! A demain !

   - C'est normal Vero, allez bosse bien ! »

   Sa grande silhouette s'éloigna, laissant Veronica seule avec ses pensées. Pour la première fois depuis que le plan avait pris forme dans sa tête, elle prit réellement conscience du danger ; si jamais quelqu'un les dénonçait, ou alors qu'une patrouille les trouvait le lendemain, ils seraient tous emprisonnés.

   A cause d'elle, une cinquante d'innocents risquait leur liberté.

   Tout cela avait commencé après une dispute.

   Une dispute qui l'avait opposée à sa mère.

*

   Veronica récupérai les verres vides présents sur le comptoir, lorsqu'un jeune homme s'assit face à elle. Il la fixa de ses yeux marron-verts, il la détaillait du regard.

   « Bonjour, je te sers à boire ? Finit-elle par demander, gênée par son lourd regard.

   - Un lait fermenté de moutor s'il-te-plaît. »

   Elle ne fut pas surprise par sa commande, qui était le seul alcool légal. Il provenait d'un animal, jadis nommé mouton, qui avait muté, comme la plupart des espèces ayant survécu à Fluctussia.

   Lorsqu'elle fut partie, Shawn en profita pour observer le bar où il se trouvait. C'était la première fois qu'il y allait, chose étonnante puisqu'il s'était déjà rendu dans presque tous les bars de la ville.

   Toutes les personnes présentes étaient vêtues de gris, blanc ou noir, mis à part les serveurs, qui eux, étaient en bleu, comme celle qui avait pris sa commande. Malgré ses rondeurs, elle demeurait jolie, avec ses yeux noirs brillants et sa peau de porcelaine.

   « Merci, dit-il lorsqu'elle lui apporta son verre ? Comment t'appelles-tu ? »

   Après la réponse de Veronica, la discussion se poursuivit dans la bonne humeur. Elle le trouvait sympathique et drôle, malgré son air de lourd dragueur. En passant une énième fois la main dans ses cheveux blonds platine, , le jeune homme demanda :

   « Tu ne devrais pas retourner travailler ? Ça fait quand même un bon moment qu'on parle.

   - Non, je suis juste venue aider ma mère après le travail.

   - Pourquoi l'aides-tu ? Questionna-t-il, en fronçant ses sourcils châtains.

   - Je n'ai pas vraiment le choix. Et entre rester assise jusqu'à la fermeture, ou alors servir à boire à des jeunes alcooliques et ensuite discuter avec eux, le choix est vite fait.

   - Eh je suis pas un alcoolo ! Ria-t-il, dévoilant des petites fossettes sur ses joues. Mais, sinon, pourquoi restes-tu ici, au lieu de retourner chez toi ?

   - Ma mère m'a surprise alors que j'embrassais un gars d'un autre clan. Et vu qu'elle a un bar, elle a eu la bonne idée de m'obliger à travailler pour elle. »

   Les yeux du jeune homme glissèrent sur le tenue bleue de Veronica, qui était la couleur de la tenue de travail du clan des Inventeurs. Lui était habillé de noir ; la tenue neutre du clan des Guerriers.

   Lorsqu'on portait une tenue neutre, on pouvait se rendre dans le territoire des deux autres clans, ainsi que dans le territoire neutre, où ils se trouvaient actuellement. Alors qu'avec une tenue de travail, on ne pouvait que rester sur le territoire de son clan, et on était obligé de travailler avec.

   « Tu es donc une Inventeuse, affirma-t-il.

   - Et toi un Guerrier, rétorqua la brune.

   - Et l'homme avec qui tu partages un amour interdit, ferait-il partie de mon clan ?

   - Non c'est un Guérisseur, corrigea-t-elle, retenant tant bien que mal un sourire.

   - Sérieusement, je trouve cette loi totalement stupide. Pourquoi ne pourrait-on pas aimer quelqu'un venant d'un autre clan ? De toutes manières, la plus part des lois sont idiotes, souffla Shawn. »

   Veronica hocha la tête, en total accord avec lui. Mentalement, elle posa le pour et le contre de sa future proposition : il était un patrouilleur et pourrait donc leur donner les horaires de patrouille, mais peut-être qu'il ne pensait pas vraiment ses mots, et donc qu'il les dénoncerait.

   « Si tu trouves que cette société est merdique, vas à l'ancienne banque demain à vingt-trois heures, proposa-t-elle. »

   Sur ses mots, elle se leva de la chaise où elle s'était assise, et s'éloigna vers une porte menant aux cuisines, laissant Shawn l'esprit remplit de questions, auxquelles il n'aurait de réponses que le lendemain.

***

Hey voici le nouveau chapitre avec quelques jours de retard.

Je sais pas si tout ce que je dis est compréhensible, mais j'essaie de dévoiler les informations petit à petit.

Les premiers chapitres ne comportent pas beaucoup d'actions, mais je présente le monde.

Bref, j'espère que ce chapitre vous a plu, dites moi ce que vous en pensez.

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