Un feu de camp

« Braise de nuit devient cendre du matin. »

                                                                Proverbe arabe

Les bûches de bois étaient disposées telles, pour qu'elles durent toute la nuit. Les flammes rouge sang étaient à la fois vives, belles et élégantes. Mais elles étaient éphémères, et seraient bientôt remplacées par de la braise puis des cendres. Grises étaient les cendres, qui se dissipaient dans l'air, ne sachant où aller. Ces fines particules s'envolèrent, loin, dans une autre colline, une autre région...

Ces flammes illuminaient le visage serein de Lena. Ses yeux luisants observaient le feu se réduire en cendre, petite par petit. Les ressources en bois s'amenuisaient, au fur et à mesure de l'avancée du temps.

Le vent glacial soufflait sur le feu, faisant envoler les braises, dans l'air doux du soir. Cette brise alimentait le feu, en oxygène, une ressource illimitée, et obligatoire pour la vie et survie. Cet oxygène devenait de plus en plus rare à la fois en hauteur, et même dans les villes, à cause de la pollution des industries. Une perle rare, qui plus tard sera vendue, par des industriels qui ayant causé sa perte, ces profiteurs de tout temps n'avaient pas de sentiments, ni de raison.

Un panache de fumée partait en direction du ciel, sans l'option de revenir. Ce panache de fumée sombre indiquait leur déplacement, au-dessus d'une colline, en hauteur. Le vent céleste les effleurait avec délicatesse et somptuosité, sans les bousculer. Lena et Dimitri ressentaient cette brise peu banale.

À partir du mois novembre, les nuits commencèrent à devenir fraîches en Russie, donc la chaleur émanant du feu réchauffait les corps et esprits, épuisés par cette fuite inlassable. Cette source de chaleur ne pouvait être pas négligée par leurs utilisateurs, car cette source était une sorte de réconfort corporel, et contribuait à l'amélioration d'un moral, dûment touché, affecté. Ses flammes rouges n'étaient plus destructrices, sinon créatrices.

Cette source de lumière chassait à la fois les idées noires et les mauvais esprits. De plus, cet éclairage primitif éloignait les rôdeurs dont notamment les loups. Toutefois, le feu trahissait leur position. À n'importe quel moment, ils pouvaient être débusqués par l'ennemi.

Le feu se présentait comme une source d'espoir, et de vie. Lorsqu'il s'éteignait, la mort était passée par là. Les cendres n'étaient plus que les restes d'une vie courte, celle d'une nuit sombre et ténébreuse. Certes, ce ne fut pas la plus belle des vies, mais cette vie était pleine de crépitements, de joie, ainsi que de peine. Cette vie avait été réduite en cendres, en matière inerte, oubliée trop vite. De ces années réduites proportionnellement en heures, il ne restait plus qu'un tas de poussière insignifiant.

Ce feu s'alimentait en bois, comme notre vie se nourrissait d'espoir. Ce bois n'était pas en quantité illimitée, pour l'espoir c'était exactement la même chose. Pour le trouver, il fallait creuser au plus profond de son âme et de son esprit. Mais fallait-il encore avoir les bons outils ! Seule, une élite pouvait avoir accès à cette ressource.

Un feu de camp laissait toujours des traces, tant sur le sol que dans l'air. Ces stigmates étaient une sorte de vestige d'un passage, un souvenir que la Terre gardera en elle, comme une cicatrice indélébile. L'odeur se diffusera pendant un court moment, puis s'estompera. Ce souvenir ne lui était pas douloureux, enfin moins que ceux infligés par les hommes, la déforestation, et mondialisation, qui contribuaient à son mal-être. Cette Terre, qui nous appartenait, ou plutôt qu'on s'appropriât, tentait de s'exprimer, à travers des avertissements tels que le réchauffement climatique. Or les hommes n'en tenaient pas compte. Ils ignoraient cette mère de tous les Hommes et de tous les êtres. Insouciants, ils continuaient de mener cette société à la dérive, comme l'étaient les continents. Cette société en dérive était la cause du malheur de la Terre, et rien n'avait été fait pour arrêter ce processus. Ce bouleversement pouvait être diminué. Cependant, il ne pouvait pas être totalement stoppé, car le rouleau compresseur était en marche.

Qu'adviendra de la Terre dans cinquante, cent années ? Elle-même ne le savait pas, et pourtant, elle multipliait les tentatives de dialogues. Ces échanges avec les humains étaient des dialogues de sourd, et tandis qu'une poignée d'humanitaires luttaient avec et pour elle. Des cinéastes, écrivains, politiciens dénonçaient les mauvais agissements des hommes sans être pour autant écouté.

Dimitri et Lena, eux aussi activistes, luttaient avec elle. Subséquemment, ils voulaient, par leur escapade, découvrir cette nature en danger pour mieux la défendre et la protéger. Des petites voix du peuple suffisaient au bonheur de cette planète bleue, chérie à leurs yeux, ainsi qu'à leur cœur. Ce n'étaient plus des atomes, mais des grands êtres avec un cœur en or. Certains hauts gradés avaient des cœurs en pierre, et signaient des traités sur le climat, non respectés par leurs groupes industriels.


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