Trois jours plus tard.

Je viens de sortir d'une visite avec un client, je sens que l'appartement lui a plu et qu'il va l'acheter, mais je lui laisse le week-end pour réfléchir. Je retourne tranquillement au bureau, je dois encore régler quelques affaires. Je profite du trajet pour trainer sur mon portable, j'ai eu quelques nouvelles de ma petite soeur, elle continue son boulot avec plaisir en France. Elle m'a envoyé des photos des tenues qu'elle a créé, Charlie a un vrai talent.

Je n'ai en revanche toujours pas eu de nouvelles de Cal, il n'est même pas chez lui, je suis allée vérifié, je voulais le voir. J'ai envie de m'excuser pour mon attitude de sale gamine égoïste. S'il est pris par son boulot, c'est pas sa faute. Moi aussi j'ai eu des phases où j'étais très prise, à peine disponible pour rentrer à la maison.

Enfin, je regarde mon portable, j'ai un message d'Eden, reçu pendant ma visite. Il me demande si on peut se voir ce soir, j'hésite un peu et finis par répondre quand mon chauffeur se gare à l'entreprise, j'accepte de le voir au bar. Dans un lieu public, ça ne fera pas de mal. Je sors de la voiture et je me reconcentre sur le boulot. Je file à mon bureau et m'installe pour travailler.

Ma fin de journée passe rapidement, je file aux toilettes me rafraîchir un peu et je file au bar pour voir Eden. Je me demande ce qu'il veut me dire, j'ai hâte d'y être. Je décide d'y aller en taxi, je préviens donc mon chauffeur qu'il peut rentrer. 

Mon taxi vient de se garer devant le bar, je le paie et file dans l'établissement. Je cherche Eden, je le trouve installé à une table, au fond de la salle. Je le rejoins, il sourit pendant que m'assois et pose mes affaires.

-Salut Eden. Qu'est-ce que tu me veux ?

-Je voulais m'excuser pour le baiser de l'autre jour. Je n'avais pas à le faire. 

-C'est sûr, tu n'avais pas à m'embrasser comme ça. Mais c'est déjà oublié, ne te tracasse pas avec ça. 

-Zoé, je t'ai embrassé sans te demander, alors que t'es en couple.

-Eden, c'est oublié. Passe à autre chose. Et c'est tout ? 

-On aurait pu profiter pour discuter un peu. Sauf si tu as d'autres choses prévu ce soir.

-Non, j'ai rien de prévu ce soir. Et on peut discuter, pas de soucis. 

J'appelle un serveur et commande un verre d'eau, je vais mourir de soif, Eden prends la même chose et nous discutons tranquillement de tout et n'importe quoi. L'ambiance entre nous reste décontracté, je ne lui en veux pas du tout pour ce baiser.

Nous passons un bon moment ici, puis, comme mardi, on marche tranquillement, encore une fois vers chez moi. Ce trajet se fait en silence, mais sans qu'il soit gênant. C'est même plutôt agréable. Quand on arrive devant chez moi, je me tourne devant Eden. 

-Bon, pas envie de m'embrasser maintenant ?

-Non, ne t'inquiète pas. J'ai juste envie de te souhaiter une bonne soirée.

-D'accord. Ça me rassure. Passe une bonne soirée Eden.

Eden sourit et commence à partir, je me dirige vers la porte de mon immeuble, mais je sais pas, une envie soudaine me prends, une envie vraiment stupide. Je me retourne vers Eden, il s'éloigne.

-Eden, attends ! 

Il se tourne vers moi, je le rejoins.

-Tu sais que j'ai eu une idée débile ?

-Ah ? C'est quoi comme idée ?

-Une idée vraiment conne.

Je pose mes mains sur ses joues, m'approche, me hisse sur la pointe des pieds malgré mes talons, il est grand, et l'embrasse. Je sens qu'Eden est surpris, mais il ne me repousse pas pour autant, au contraire. Ses mains glissent autour de ma taille et il réponds à mon baiser. Celui-ci est assez court, je finis par reculer.

-C'était effectivement une idée conne, mais très plaisante.

-Evidemment qu'elle est plaisante pour toi, c'est toi qui a voulu m'embrasser la première fois.

-Et aujourd'hui, c'est toi qui est venu m'embrasser.

Je souris, puis je fais un pas en arrière. Eden me lâche et glisse ses mains dans ses poches, moi je m'accroche à mon sac.

-Passe une bonne soirée Eden.

-Toi aussi.

Je rentre chez moi rapidement, je file directement sur mon canapé, retire mes chaussures et repense déjà au baiser. Il n'était pas du tout mauvais, c'est tout le contraire. J'ai beaucoup aimé. Je récupère mon portable quand je me secoue un peu et regarde mes SMS. J'en ai un de Caleb, mon sourire disparaît immédiatement et des regrets me prennent. Dans ce message, il me dit que l'album est quasiment finit, des musiques à la pochette en passant par le livret. À la fin du SMS, il me dit qu'il sera libre enfin dans la semaine prochaine, la promotion du disque se fera que dans quelques temps. 

Je verrouille mon portable et me lève pour aller devant la fenêtre, je suis trop conne. Je viens d'embrasser un autre homme parce que le mien bosse comme un fou, alors que lui a toujours été fidèle. Un long soupire sort de ma bouche, j'en peux plus de moi.

Comme à chaque fois que je me sens trop conne, je décide d'appeler ma meilleure amie, j'ai besoin d'elle pour dire ce que j'ai fait. Et heureusement, elle décroche.

-Allô ? Qu'est-ce qu'il ce passe Zoé ?

-Salut. Est-ce que tu peux venir chez moi ? J'ai besoin de toi.

-C'est si grave ? J'arrive ma poule.

-Merci.

Ame raccroche, je sais qu'elle est déjà en route. Je profite de son attente pour aller me changer, je retire ma chemise, mon soutien-gorge et j'enfile un bon sweat. Je troc aussi mon pantalon pour un short en coton et je vais dans ma cuisine. Je sors deux verres à vin avec une bonne bouteille de blanc, j'en ai bien besoin. Je ne prépare pas à manger, je pense qu'on se fera livrer si ma meilleure amie reste pour la soirée.

Mon ami finit par débarquer, un petit quart d'heure après mon appel, j'ai bu qu'un verre de vin. Je cours lui répondre, elle soupire en voyant ma tête dépité. 

-Ouh, toi, ça va vraiment pas. Vient faire un câlin à tata Amelia.

Je recule pour la laisser entrer, elle entre, claque la porte et me tends ses bras. J'y vais avec plaisir, ça fait du bien de retrouver ses bras. On se fait un gros câlin, réconfortant pour moi, puis Ame nous traîne jusqu'au canapé.

-Aller. Qu'est-ce que tu as fait comme connerie ? Parce que je sens la connerie arriver.

-La grosse connerie. J'ai embrasser un autre homme que Cal.

-Attends, quoi ? Attends.

Ame se lève, cours à la cuisine et en revient avec les deux verres et la bouteille. Elle s'en sert un grand, bien remplis et en prends trois bonne gorgées.

-Vas-y. J'écoute. Qui a osé toucher tes lèvres alors que t'es en couple ?

-Amelia, c'est moi qui ai embrassé cet homme, pas l'inverse.

Enfin, techniquement, c'est Eden qui m'a embrassé en premier, mais ça, je le garde pour moi.

-Mais pourquoi ? Je veux bien que Cal soit ultra occupé, mais quand même ! Zoé, on parle de toi là, la meuf la plus fidèle au monde, en amitié et surtout en amour. Qu'est-ce qu'il t'a pris de faire ça ?

-J'en sais rien. Je me sens juste seule, Cal est dans son truc, Charlie est à l'étranger toi t'es occupé avec le magasin et ton mec, je me sens seule. Il n'y qu'avec celui-ci que j'ai embrassé où je me sens écouté.

Amelia me fout une claque derrière la tête, je la regarde, surprise.

-Hé, ça fait mal.

-Pauvre idiote, venir me parler à la boutique, ou me harceler de texto, c'est mieux que de rouler une galoche à un autre ! Merde, je suis toujours là pour toi Zoé, tu le sais. Mais tu sais aussi que quand je suis avec un mec, voilà quoi...

-Je sais.

-J'espère que tu t'en veux pour avoir salit tes lèvres sur celles d'un autre.

-Évidemment !

-C'est déjà la moindre des choses. Et, même si ça va te paraître étonnant, n'en parle pas à Cal quand il va revenir. Profite à mort de lui et, si ça te hante, tu en parles. OK ?

-Ouais.

-Bois un coup, ça te fera du bien.

Ma meilleure amie me sert un verre, on trinque et on profite de notre soirée ensembles. Comme je m'en doutais, on finit par commander à manger, ça fait du bien de discuter avec sa meilleure amie de tout et n'importe quoi.