6 : Le véritable plan
Média : Thomas
23/11/2225, 8h09
Oryane
- La séance est terminée.
Oryane, Thomas et Teresa se fixèrent avec regret alors que le Dr. Leavitt entrait dans la Salle du Contact. Aucun d'eux n'avait envie de laisser ses amis pour regagner sa chambre vide.
- Mais avant j'ai quelque chose à vous montrer.
Le psy leur sourit.
- Veuillez me suivre.
Les trois enfants échangèrent un regard perplexe et se levèrent. Ils furent encerclés par quatre gardes à la sortie, qui les maintinrent groupés alors qu'ils suivaient le docteur dans les couloirs.
"- Où nous emmenez-vous ? voulut savoir Thomas.
- Ah mon garçon, c'est un secret, et je ne suis pas assez payé pour le révéler ! s'esclaffa le médecin. De plus, je ne fais que donner mon accord pour ce projet, je n'y participe pas. Je ne suis... guère sûr de la méthode."
Les jeunes se jetèrent un coup d'œil hésitant. Ils prirent un ascenseur qui les mena au sous-sol du bâtiment. Quand les portes s'ouvrirent, quatre personnes élégamment habillées se tenaient devant eux.
Le chancelier Anderson, chef de WICKED, la professeure Paige, un homme avec la carrure d'une armoire à glace et une femme en tailleur.
- Ah vous voilà ! s'exclama Ava Paige. Nous vous attendions.
- Merci Mr. Leavitt, vous pouvez disposer, fit le chancelier en rentrant à son tour dans l'ascenseur avec ses collègues.
Le psy inclina la tête et sortit. Oryane se pressa contre la paroi de l'ascenseur pour laisser de la place aux adultes, tentant de combattre sa timidité. C'était la première fois qu'elle voyait le dirigeant suprême de l'organisation.
- Enfin le grand jour est arrivé, soupira celui-ci en pressant le bouton de l'étage inférieur. Nous sommes ici pour vous parler de notre plus grande idée les enfants. Vous êtes enfin prêts.
L'ascenseur chuta, et Oryane se demanda comment ils pouvaient descendre encore alors qu'ils étaient déjà au sous-sol.
"- Qui êtes-vous ? demanda Thomas, les yeux plissés.
- Je suis Katie McVoy, présidente de ce fameux projet, répondit la femme en tailleur. Et voici Julio Ramirez, notre chef de la sécurité actuel" ajouta-t-elle en désignant du menton l'homme baraqué.
Oryane ne put s'empêcher de noter l'emploi du mot "actuel" comme s'il n'était pas destiné à rester en poste très longtemps.
"- Pourquoi nous ? insista Teresa. On sait qu'il y a d'autres enfants. Vous allez leur montrer à eux aussi ?
- Oui, mais plus tard. Vous, vous êtes des privilégiés, vous êtes les premiers à voir notre création.
- En quel honneur ?
- Vous avez des résultats bien au dessus de ceux des autres, vous êtes particulièrement doués. Nous savons reconnaitre le mérite. Voyez cette visite comme une récompense.
- Oui, un cadeau, renchérit Ava. Vous trois et deux autres enfants correspondez exactement à ce que nous recherchons pour les deux prochaines années. Vous allez être la clé pour nous aider à mener cette gigantesque entreprise à bien."
Emplis de confusion, les trois se turent.
Le trajet s'éternisait. Le chancelier Anderson finit par se racler la gorge.
- Comme vous vous en rendez sans doute compte, nous nous enfonçons dans les entrailles de la terre. En fait, nous avons même quitté l'enceinte depuis un bon moment. Cet ascenseur nous emmène sur une place sécurisée de la Terre Brûlée, où nous avons dissimulé notre création.
Oryane sentait l'appréhension en elle s'évanouir peu à peu pour être remplacée par une vive curiosité.
"- Vous êtes sûrs que personne ne peut la trouver ? interrogea-t-elle.
- Non, elle est en fait protégée par une illusion optique. Si des Fondus ou autres réussissaient à la retrouver dans l'immensité du désert, ils n'y verraient que du sable à perte de vue.
- Pourquoi elle est cachée ? voulut savoir Thomas.
- Parce que c'est un secret, dit Ava Paige avec un clin d'œil.
- Ne vous inquiétez pas les enfants, tout est parfaitement maitrisé, déclara Mme McVoy. Cet ascenseur et des tunnels de secours souterrains sont les seuls moyens d'accès, et personne ne connait leur existence à part nous et vous à présent. Vous jurez de ne rien dire ?
- Promis !" dirent Oryane, Thomas et Teresa en chœur, de plus en plus excités.
La descente se stoppa enfin et les portes s'ouvrirent.
Ils se trouvaient dans une salle encore en chantier, mais des rangées d'écrans bleutés s'alignaient sur chaque mur. Des fils électriques pendaient ça et là en attendant d'être reliés à une prise quelconque, des tableaux de contrôle et caméras gisaient un peu partout.
- Vous êtes ici dans la salle d'observation de la première phase de l'Épreuve, déclara le chancelier Anderson d'un ton révérencieux. Le Labyrinthe.
Il s'approcha des écrans qui montraient un couloir bétonné pour zoomer sur une porte et soudain deux immenses zones se révélèrent à eux.
Rondes, bombardées de camions, ouvriers, murs, elles devaient chacune faire une bonne centaine de kilomètres de diamètre. Elles s'étendaient si loin qu'Oryane ne pouvait en distinguer le bout, voyant à grand-peine au centre de chaque arène une prairie artificielle.
Des labyrinthes, en construction. Les murs étaient en savant agencement, Oryane aperçut des boîtiers, engrenages signifiant qu'ils pourraient également se déplacer. Bouche bée, les trois enfants contemplèrent ce spectacle qui paraissait sans fin, stupéfaits qu'on puisse aménager un endroit aussi gigantesque.
"- A eux deux, ils font deux fois la taille de Paris, asséna Mme McVoy avec fierté.
- Mais pourquoi... bredouilla Teresa.
- Installons-nous plus confortablement" leur proposa la professeure Paige en les éloignant des ordinateurs pour les entrainer dans une petite salle de réunion à côté.
Tout le monde s'assit autour de la table en U, et Oryane eut la désagréable impression d'être jaugée.
"- C'est... énorme, balbutia Thomas, halluciné. Comment est-ce humainement possible de s'occuper d'un espace aussi grand ? Vous devez y être depuis des dizaines d'années !
- En réalité, seulement un peu plus de deux ans, jeune homme. Tu oublies que nous disposons de la technologie la plus pointue qui existe. Nos ouvriers travaillent jour et nuit sans interruption."
Oryane ne parvenait toujours pas à croire ce qu'elle venait de voir.
"- À quoi sert la clairière artificielle ? demanda-t-elle d'une voix rauque.
- Nous allons tout vous expliquer. Mais d'abord..."
Ava hocha subtilement la tête vers deux gardes, et deux autres enfants pénétrèrent dans la salle.
Un garçon blond, aux légères taches de rousseur et des yeux bleus ahuris, et une brune au regard noisette profond. Eux aussi chaviraient en marchant, encore sous le choc de la vision précédente.
- Aris, Rachel. Bienvenue, les salua le chancelier Anderson.
"Les élus du groupe B. Qui ne sont que deux."
Oryane se pencha pour mieux les voir. Aris et Rachel s'assirent en face d'eux. Le garçon baissa les yeux, mais Rachel soutint leur regard interrogateur.
- Nous sommes enfin au complet, décréta le chancelier. Ce que vous venez de voir... est la plus grande invention de l'humanité. Le chantier devrait être achevé dans minimum deux ans, maximum cinq. C'est un record de modernité et de vitesse de conception.
"Je pensais même pas qu'on pouvait attendre ce niveau..."
- Et vous...
Mr. Anderson leur adressa un sourire.
- Vous allez nous aider à le construire.
***************
Teresa
Elle scruta sans réagir les adultes, attendant qu'ils éclatent de rire et leur assurent qu'ils plaisantaient. Mais ils n'avaient même pas la tête de personnes qui savaient ce qu'était une blague. Teresa cligna des yeux, l'estomac noué.
"- Nous ? répéta Aris. Mais enfin, à quoi ces Labyrinthes vont-ils servir ?
- Il y en a un pour le groupe A et un pour le groupe B. Ce seront des lieux d'expérimentation physique et émotionnelle des sujets."
Teresa n'en crut pas ses oreilles. À côté d'elle, Oryane se leva d'un bond, horrifiée.
"- Vous allez nous enfermer là-dedans ? cria-t-elle.
- Oryane, assise, ordonna Mme McVoy.
- Pas vous Oryane, s'exclama la professeure Paige. Les autres enfants.
- Vous allez envoyer nos am... (La rouquine se mordit la langue pour retenir leur secret) les autres Immunes dans ces Labyrinthes ? Mais pourquoi ?! C'est cruel !
- Il me semblait étrange que celle-ci ait la maturité nécessaire pour ce plan" marmonna le chancelier Anderson pour lui-même.
Seule Teresa l'entendit et elle en fut surprise. L'homme ne semblait pas porter Oryane dans son cœur...
"- Pas tout de suite bien sûr, dit calmement Mme McVoy. Nous attendrons qu'ils soient plus grands, et nous n'allons pas les lâcher dans la nature sans rien. Nous surveillerons tout de la salle de contrôle et les aiderons si besoin est.
- Mais pourquoi ? souffla Rachel.
- Tout ce que nous avons fait... vous ne croyez tout de même pas que nous allions vous garder bien tranquillement ici jusqu'à la fin de vos vies ? Nous avons besoin du plus d'informations possibles sur la Zone Mortelle. L'enlèvement à vos parents, la scolarité, les tests... Nous avons fait notre maximum, le Labyrinthe va vous inculquer l'ultime savoir : la survie.
- Ça a toujours été notre objectif. Le véritable plan. Les schémas cérébraux engendrés par ces variables nous sont essentiels.
- Il n'y aura aucun danger... n'est-ce pas ? chevrota la rousse.
- Bien sûr que non. Les Labyrinthes épuiseront leurs moindres ressources, éplucheront leurs qualités et leurs défauts, les mettront au bord du gouffre, mais il n'y aura aucun mort."
Sans savoir pourquoi, Teresa avait la certitude qu'il leur mentait.
"- Pourquoi y envoyer les autres et pas nous ? murmura Rachel. En quoi pouvons-nous vous aider ?
- Comme je vous l'ai dit plus tôt, nous savons reconnaitre l'excellence, nous sommes pragmatiques. Vous avez des compétences qui dépassent largement nos attentes. C'est pourquoi nous avons besoin de votre aide. Pas sur le plan physique évidemment, mais... pour concevoir certains... pièges, certains ajustements. Votre intelligence nous serait fort utile. C'est une grande opportunité et un honneur que nous vous offrons."
Abasourdie, Teresa ne trouvait pourtant l'idée pas si bête. Et si elle pouvait aider... L'aspect scientifique l'attirait au plus haut point. Elle refoula au fond d'elle-même la culpabilité en pensant ce que cela signifiait pour ses amis.
"- Je marche, déclara Aris sans hésitation.
- Moi aussi, fit Rachel en hochant la tête.
- De même" ajouta Teresa.
Après quelques instants d'hésitation, Thomas hocha la tête.
"- D'accord.
- Et toi Oryane ?" interrogea Ava Paige.
Les regards convergèrent vers la rouquine, la tête basse et les lèvres serrées comme si elle retenait ses larmes. Mais Teresa connaissait Oryane : elle agirait pour le mieux. Et dans ses prunelles bleues brillait un profond désespoir, une faim...
Une faim d'attention. D'affection.
La brune comprit alors qu'Oryane souffrait tellement de sa condition qu'elle serait prête à tout pour qu'on lui prodigue un peu de tendresse ou qu'on soit fière d'elle.
"- OK, finit-elle par lâcher avec difficulté, comme elle avait lutté pour cracher le mot.
- Merveilleux ! s'extasia le chancelier Anderson en joignant ses mains. Dès lors, certains de vos cours seront centrés sur certains aspects de l'Epreuve. Vous nous êtes très précieux. Vous devenez chaque jour un peu plus membre de WICKED !"
Cela ne dérangeait pas Teresa plus que ça, mais elle eut l'impression que les autres n'étaient pas sûrs d'apprécier la suggestion.
Ava Paige leur sourit.
"- Bien. Oryane, Teresa et Thomas se concentreront donc sur le Labyrinthe du groupe A, et Aris et Rachel sur celui du groupe B.
- Pourquoi eux ils sont trois ? réagit Aris.
- Disons... que nous n'étions pas sûrs d'inclure Oryane au départ. Mais suite à certaines... circonstances, nous l'avons tout simplement placée avec ceux avec qui elle avait le plus d'affinités."
Oryane se redressa brusquement et fixa la femme blonde, comme si elle venait de comprendre quelque chose.
La voix de Mme McVoy les amena à se reconcentrer.
- Et n'oubliez pas... pas un mot. C'est notre petit secret.
*********************
4h19
Oryane
Ils savaient. Oryane en était certaine.
Ils savaient que sa porte était ouverte, qu'elle quittait sa chambre en douce le soir pour se glisser dans les couloirs. Ils surveillaient tout, tout avait été planifié depuis le début.
Ils voulaient observer ses réactions, ses comportements. Cela aurait été une énième variable qu'elle n'en aurait pas été surprise.
Elle ne parvenait pas à trouver le sommeil. La réunion avec ses amis avait été pour le moins... enflammée, cette nuit-là. Ils leur avaient raconté la convocation de WICKED, sans rentrer dans les détails bien sûr. Ils leur avaient dit qu'on voulait les faire travailler sur quelque chose, mais ils ignoraient quoi.
Leurs amis s'étaient immédiatement montrés méfiants. Les garçons avaient décrété que cette histoire puait et les avait limite accusés de traitrise. Les trois s'étaient défendus comme ils pouvaient et Minho avait fini par déclarer que peu importait de toute façon, il envoyait leur "WICKED is good" se faire foutre, et Samuel était parti voir sa soeur.
Kat n'avait rien dit, mais elle les avait fixés tout du long de ses prunelles brunes inquisitrices, ce qui avait accentué le malaise d'Oryane.
Elle avait cru se mettre à vomir quand Alby s'était finalement excusé auprès d'eux en disant qu'ils étaient un peu paranos, et qu'évidemment ils faisaient confiance à leurs meilleurs potes.
Oryane avait cru exploser en pleurs à cet instant. Si ils savaient.
Ils leur mentaient.
Ils préparaient leur perte.
Comment avait-elle pu accepter de participer à une telle ignominie ?
Elle sentait au plus profond de ses tripes que ce qu'ils faisaient n'était pas bien. Mais elle avait tellement envie qu'on s'intéresse à elle, qu'on la complimente au lieu de la rabaisser, de se sentir utile à quelque chose, rien qu'une fois... Et qu'aurait-elle bien pu faire d'autre ? Elle n'était qu'une enfant, ce choix avait été une illusion, on avait déjà décidé pour eux. Elle n'était même pas censée prendre part à tout ça au départ.
"Tu n'es qu'une égoïste."
Ses larmès coulèrent dans son oreiller.
- Oryane.
Elle bondit presque de son lit, le coeur battant. Mais il n'y avait personne. Elle était seule dans le noir.
- Oryane, dis-moi que tu m'entends !
Pourquoi entendait-elle des voix dans sa tête ?
- C'est Teresa ! Oryane, Thomas, répondez-moi !
Oryane déglutit. Elle ne pouvait pas entendre la voix de Teresa de l'autre bout du couloir. Donc soit elle lui parlait bien actuellement par télépathie, soit elle pétait totalement un boulon.
- Thomas, frappe à la porte de ta chambre si tu m'entends !
Il y eut un silence, puis Teresa hurla soudain dans son cerveau :
- GENIAL ! Ca marche ! Euh... Oryane, essaie de transmettre !
Non apparemment, elle n'était pas folle. Mais la télépathie n'existait pas, c'était tout bonnement impossible. Peut-être qu'elle rêvait alors ?
- Ecoutez-moi. J'avais raison. La puce... elle nous permet de faire des choses. On peut communiquer par l'esprit entre nous trois ! Essayez de trouver l'interrupteur, sondez votre corps...
Oryane avait l'impression qu'on lui parlait vaudou.
Persuadée qu'elle allait se réveiller, elle ferma néanmoins très fort les yeux pour tenter de se fouiller intérieurement. Elle détailla minutieusement chaque partie, jusqu'à... trouver la zone étrangère.
Un espace froid et léger. Elle s'y concentra, pensant de toutes ses forces. "Teresa".
- Aïe Thomas tu viens de m'électrocuter les yeux ! Mais tu as compris, maintenant faut juste que tu arrives à parler... Oryane, tu t'en sors ?
Teresa. Teresa. Teresa.
Une lumière blanche illumina soudain le carré et une vague de sensations la secoua alors qu'elle ressentait Teresa, le frisson qui parcourut la brune dans son lit.
- Oui ! Oui, c'est ça ! Vous y arrivez !
Vidée, Oryane se laissa retomber sur son matelas, le souffle court.
- On reprendra demain, je vais vous montrer comment faire. C'est incroyable non ? On va pouvoir parler même quand on n'a pas le droit de se voir !
La rousse se sentit envahie d'excitation et elle comprit que c'était celle de Thomas. Puis quelque chose se rompit dans sa tête, comme un téléphone qu'on raccroche.
Exaltée, elle se retourna. Elle pouvait parler dans les pensées ! Mais très vite, ses élucubrations revinrent sur WICKED et l'angoisse lui tordit le ventre.
Encore un fait inexplicable. Pourquoi les puces leur donnaient-ils ce pouvoir, à eux ? Elle était prête à parier que Sam, Lizzy ou Kat n'avaient pas cette capacité. On leur avait expliqué que les puces étaient censées juste représenter la configuration de leur cerveau.
Mais ils pouvaient la contrôler.
Elle se mordit le poing sous les draps. Comment avait-elle pu ne pas comprendre plus tôt ? Ces puces étaient là uniquement pour permettre aux scientifiques d'avoir la domination totale et sans faille sur eux.
Elle était terrifiée à l'idée de tout ce qu'ils pouvaient leur infliger.
Mais encore une fois, elle ne pouvait rien faire. Ils pourraient lui déclencher des dons, faire basculer son jugement, paralyser son corps.
Ils n'étaient que des pions.
Des sujets d'expérience.
Elle était hors d'état de nuire pour l'instant, mais en son for intérieur elle se jura qu'un jour elle prendrait ses propres décisions, tracerait son propre chemin.
Ils ne la briseraient pas. Pas jusqu'au bout. Ce n'était que le début.
"Vous ne me verrez pas tomber."
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