Média : Thomas

"- Et vous avez essayé de....

- On a essayé."

Thomas jeta un regard noir à Newt et Oryane se marra en silence. Elle ne regrettait pas d'être là. Suite au mini accident et à ses crises d'angoisse, Jeff et Clint jugeaient préférable qu'elle ne s'occupe plus de Ben. Elle passait donc évidemment tout son temps avec Newt.

Comme tous ceux avant lui, Thomas passait par la case "essai de tous les jobs". Aujourd'hui, c'était avec les sarcleurs, et il harcelait littéralement Newt de questions à propos de la sortie. Exactement les mêmes que celles qu'Oryane avait posé au début.

Frustré, Thomas laboura la terre de sa pelle.

"- Comment on fait pour devenir coureur ?

- Apprendre à fermer sa gueule, c'est déjà un bon début."

Cette fois, Oryane ricana franchement et Thomas maugréa dans sa barbe. Newt sourit :

- Mais tu veux te rendre utile ?

Thomas hocha la tête. Newt saisit un seau et le lui jeta. Le brun le saisit au vol.

- Va nous chercher de l'engrais au terminus, fit-il avec un sourire moqueur.

Cette fois, Thomas puait vraiment le seum, mais il s'éloigna malgré tout.

Oryane éclata de rire :

"- Ce que t'es pas sympa avec lui !

- C'est lui qui est un peu chiant, c'est un des gars les plus curieux que j'ai jamais rencontrés. Mais aussi un des plus attachants. Je crois qu'on va bien s'entendre lui et moi. Et puis, c'est cool d'emmerder les nouveaux, faut bien se marrer ici aussi.

- Tu m'as pas fait chier moi, le taquina Oryane.

- Non, c'est vrai, reconnut Newt, avec son fameux sourire en coin. Ta tête fait trop peur, j'osais pas.

- Ah le bâtard..."

Oryane sourit, mais elle ruminait intérieurement. Newt la trouvait-il vraiment laide ? Il est vrai qu'entre ses boucles carotte en bordel et sa peau de la même couleur à cause du soleil...

Et lui était tellement beau en comparaison.

- AAAARRRGGGHHH !

Newt et Oryane relevèrent illico la tête, alarmés, aux aguets. Pendant dix secondes, plus rien, puis...

Thomas jaillit en hurlant de la forêt, poursuivi par... un autre Blocard ?

Celui-ci se jeta sur lui et commença à le tabasser, hurlant comme un fauve.

Ni une ni deux, Newt saisit sa pelle et fonça. Oryane suivit le mouvement ainsi que tous les autres adolescents, qui accouraient de partout.

En s'approchant, Oryane reconnut...

- BEN ?!

Mais que faisait-il là ? Il en était à son dernier jour de la Transformation, il aurait dû être chez les Medjacks, sous la surveillance de Jeff et Clint !

Alerté par son cri, le blond releva la tête et son regard se focalisa sur la rousse. Délaissant Thomas, il se jeta sur elle sans prévenir.

La tête d'Oryane heurta le sol dans un bruit sourd, et elle vit les étoiles, alors que Ben enserrait ses mains autour de sa gorge.

- TOUT EST DE TA FAUTE ! hurla-t-il.

- Stop, voulut articuler Oryane mais elle ne parvint à émettre qu'un vague gargouillis, alors que la panique habituelle dûe aux brusques contacts étrangers se rameutait à toute vitesse. Des flashs de phrases étranges lui revenaient soudain en mémoire.

"Tout est de ta faute !"

"Tu n'es qu'une erreur, après tout !"

"On va juste jouer un peu, toi et moi."

"Remember : WICKED is good."

"Fais gaffe, sale gamine, on t'a donné la vie, on peut aussi te la reprendre !"

"JE TE HAIS !! Je ne pourrais jamais te pardonner !"

Perdue dans la lave de ses horribles flashsbacks, la respiration coupée, la vue brouillée, Oryane discerna à peine la silhouette de Newt assommer Ben par derrière avec la pelle. Celui-ci tomba et tous les Blocards se jetèrent sur lui pour le maîtriser. Newt et Minho, eux, se précipitèrent sur Oryane.

- Allez la rouquine, nous lâche pas maintenant, marmonna Minho, blêmissant, en la giflant.

Oryane baignait dans le rouge et noir, sa poitrine réclamait de l'air, de toute urgence...

- RESPIRE, ORYANE, PUTAIN ! cria-t-on rageusement.

Elle sentit une bouche se poser sur la sienne, et l'oxygène affluer sur sa langue. Elle l'avala désespérement.

Au bout d'une ou deux minutes, tout s'éclaircit, et elle vit alors Newt, ses lèvres sur les siennes.

***********

- T'as vraiment le chic pour mettre le bordel. Je compte plus le nombre de fois où j'ai dû te sauver la vie.

Oryane sourit faiblement, toujours allongée au centre de la clairière, un Newt passablement en rogne à côté d'elle. Minho, lui, soupira :

- J'aurais jamais cru dire ça, mais le rouge cramé te va mieux au visage que le bleu violet.

La rousse eut un éclat de rire, qui se termina en quinte de toux.

Elle n'arrivait toujours pas à y croire... Newt l'avait embrassée. Pas volontairement, il lui avait fait du bouche-à-bouche pour lui sauver la vie, mais il l'avait embrassée tout de même.

La jeune fille se maudit intérieurement de n'avoir pas savouré le goût et la texture de ses lèvres. Elle qui avait tant rêvé de ce moment...

Mais plus important encore... Elle se souvenait.

Des phrases qui lui étaient revenues durant sa quasi-asphyxie. Les classiques avec Andrew et WICKED, mais aussi d'autres, extrêmement importantes.

"Tout est de ta faute !"

Phrase fétiche de Ben par rapport à elle, ou vraie réminiscence ?

"Tu n'es qu'une erreur après tout."

Oryane ne voyait pas ce qu'elle pouvait vouloir dire, mais elle lui faisait malgré tout très mal. Était-elle non désirée par ses parents ?

"Fais gaffe, sale gamine, on t'a donné la vie, on peut aussi te la reprendre !"

Cela laissait bien supposer que ses parents ne voulaient pas d'elle, voire même la maltraitaient possiblement. Le coeur d'Oryane saignait à cette idée.

Et la dernière...

"JE TE HAIS ! Je ne pourrai jamais te pardonner !"

Celle-ci, l'adolescente refusait tout bonnement d'y penser.

Car, bien que plus enfantin, elle ne reconnaissait que trop bien ce timbre. Cela voulait dire qu'ils se connnaissaient avant le Labyrinthe, mais surtout, qu'il l'avait détestée de tout son coeur.

Celui qui lui avait craché ces mots à la figure, c'était Newt.

***********

Passablement déprimée, Oryane se tenait devant le Labyrinthe. L'idée d'un autre bannissement l'attristait profondément.

Mais comme Andrew avant lui, Ben avait franchi la limite en attaquant d'autres Blocards, Transformation ou non. Pendant que Jeff et Clint avaient le dos tourné, il les avait assommés, avant de s'enfuir de l'infirmerie. Tomber sur Thomas dans le terminus, près du cimetière, n'avait été qu'une horrible malchance.

Oryane se détourna et se boucha les oreilles quand Ben fut amené, mais elle entendit malgré tout ses supplications, ses excuses, qu'il avait juste perdu le contrôle et ne le ferait plus jamais, et que tout était la faute de Thomas et Oryane.

Tout le monde, Alby surtout, jeta un regard stupéfait aux deux Blocards en question. Oryane se refusa à les regarder, tout comme elle ignora sciemment le numéro de perches des matons et les pleurs de Ben en écrasant ses oreilles et fermant très fort ses paupières.

Elle n'avait pas parlé à Minho des souvenirs. Contrairement à ce qu'elle avait cru, retrouver la mémoire n'avait pour le moment pas été une délivrance. A présent, elle aurait tout payé pour que ces souvenirs reviennent s'enfouir au plus profond de son esprit.

Quand à raconter ça à Newt... Elle ne pourrait jamais s'y résoudre.

Il y eut les derniers cris, et enfin les portes du Labyrinthe se refermèrent.

Oryane rouvrit les yeux, soulagée, et déboucha ses oreilles.

Pour le regretter aussitôt quand la sirène d'alarme des nouveaux arrivants retentit dans tout le Bloc.

*************

- Les Créateurs se foutent vraiment de notre gueule, déclara Minho. Je suis sûr qu'ils se marrent devant leurs écrans, ces trous du cul. EH, hurla-t-il, ALLEZ VOUS FAIRE FOUTRE !!

Oryane opina. Elle non plus n'y comprenait plus rien. Un nouveau bleu le lendemain de celui habituel du mois ?? Mais que se passait-il ?

Tout le monde observa, tendu, Newt sauter à l'intérieur de la Boite pour secouer le nouvel arrivant, qui s'était dissimulé dans l'ombre, comme Oryane l'avait fait.

- Newt, qu'est-ce que tu vois ? cria Frypan.

Silence. Puis, avec exactement le même ton que Newt avait employé pour Oryane :

- C'est une fille.

"PARDON ?? C'est définitif, je démissionne là, j'ai pas signé pour ça moi !"

Alors qu'elle pensait sérieusement qu'elle finirait seule fille au Bloc, WICKED leur envoyait aussitôt une autre meuf à un jour d'intervalle ? C'était à n'y plus rien comprendre.

Mais Newt n'avait pas terminé.

- Et... bredouilla-t-il en désignant ce qui devait être la fille dans l'obscurité. J'ai l'impression qu'elle est morte !

Tout le monde se mit à crier et exiger plus de détails, mais Alby ramena le calme. Newt, lui, avait tiré le corps de la jeune fille à la lumière.

"Elle est belle."

D'environ 17 ans, elle avait de longs cheveux noirs de jais. Ses yeux étaient fermés, mais étrangement, Oryane aurait aussitôt parié sur du turquoise. En revanche, elle n'aurait su dire si sa peau était aussi blanche à cause de son teint naturel ou de la pâleur caractéristique de la mort.

De nouveau, Oryane se prit une expression de reconnaissance vis-à-vis de cette fille de plein fouet. Une autre personne mystérieuse qu'elle avait déjà côtoyé sans s'en souvenir.

Un silence de plomb était tombé sur tous les adolescents, alors qu'ils observaient la fille avec une fascination morbide. Tout à coup, Alby signala :

- Elle a un papier dans la main.

Tous les yeux se fixèrent sur la paume de la jeune fille, qui tenait en effet farouchement serré un bout de papier. Newt décolla ses doigts avec précaution et retint son souffle en l'ouvrant, avant de lire à voix haute en blêmissant légèrement :

- C'est la dernière. Après, c'est fini.

Newt tourna un regard interrogateur vers les autres, comme s'il attendait que quelqu'un s'exclame "Moi ! Je sais ce que ça veut dire !" Mais tout le monde resta figé de choc.

Devant l'absence de réaction, le blond fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que ça veut di....

- EUUURRGGHH !

Newt manqua de tomber en arrière quand la fille, apparemment bien vivante finalement, ouvrit brusquement les yeux. Turquoise, comme Oryane l'avait prédit.

Tremblante, trempée de sueur, elle darda un regard halluciné au dessus d'elle.

- Thomas... Oryane... haleta-t-elle d'une voix hachée.

Avant de s'évanouir à nouveau sur le sol grillagé.

Et lentement, tous les regards se tournèrent vers Thomas et Oryane.