2 : Je suis vraiment le phénomène de foire ici
Média : Newt (une minute de contemplation pour le plus beau garçon de la planète merci :)
- Que.... bredouilla Oryane.
Elle ne savait pas quoi dire d'autre. Comment exprimer le déluge d'émotions qu'elle ressentait ? Le chef soupira.
- OK la bleue, on va reprendre depuis le début. Nous sommes les Blocards. Leur chef, c'est moi, Alby. Lui... (Il désigna le blondinet-trop-mignon) c'est Newt, le second. Et tous les autres.... eh bien, tu découvriras leurs noms au fur et à mesure. Je disais donc, bienvenue au Bloc.
Il engloba la prairie du bras.
- C'est ici qu'on travaille, qu'on dort, qu'on mange. Et d'ailleurs...
Il se retourna pour foudroyer les gars du regard.
- Vous avez pas du boulot à finir, bande de tocards ?
Tous se dispersèrent en maugréant, dardant sur Alby un regard noir. Celui-ci se retourna vers Oryane.
- Il y a des règles ici. Nous formons une vraie communauté. Tu devras les respecter, comme les autres. Nous étions tous comme toi. Toutes les semaines, la Boite envoie des vivres et une fois par mois, un bleu comme toi. Ca a toujours été un garçon... jusqu'à aujourd'hui.
Oryane déglutit et ferma les yeux.
- Ce n'est pas normal que je sois ici, n'est-ce pas ?
Alby hésita.
- Il va falloir attendre pour le savoir. Peut-être n'es-tu que la première d'une longue liste de filles. Les salopards qui nous ont envoyés ici font tout pour nous rendre dingues.
Oryane se mordit les lèvres pour s'empêcher de soupirer. Ca ne la réconfortait pas vraiment...
Newt, toujours à la gauche d'Alby, parut s'en rendre compte également.
"- Alby, tu ne la consoles pas là.
- Eh bien, occupe-t'en toi-même ! s'emporta Alby. Tu crois que je sais gérer ce genre de situations, bouffon ? Puisque si tu es si doué avec les demoiselles, je t'en prie !"
Et il partit à grandes enjambées. La rousse le regarda, les yeux ronds.
"Vraiment agréable celui-là..."
Newt rit à côté d'elle. Il ne lui paraissait nullement affecté par les critiques d'Alby.
"- Ca va ? Pas trop douchée par notre charmant chef de groupe ?
- Ha ha. Oui, "charmant" lui va vraiment à merveille."
Newt la contempla, un petit sourire trop cute sur les lèvres.
- Je t'aime bien, la nouvelle. Allez, on y va !
Newt lui fit faire le tour du Bloc. Certains garçons la sifflèrent, d'autres la lorgnèrent sur le côté, rougissant dès qu'elles les regardaient. En revanche, quelques Blocards la dévisagèrent avec une franche animosité, et elle en fut surprise. Newt lui expliqua, un peu gêné :
- Ça fait 3 ans que les plus anciens sont ici. Et 3 ans sans voir de filles, eh bien... Ils ne savent pas vraiment comment se comporter. T'étonne pas si ils sont lourds. Si jamais ça va vraiment trop loin, viens nous voir moi ou Alby et on leur fera leur fête. Même chose pour ceux pas très sympa. Ils ont juste peur...
Oryane hocha la tête. 3 ans... N'importe qui ne serait plus civilisé.
"- Et toi, tu es ici depuis combien de temps ?
- 3 ans " répondit Newt, le ton dur, le visage fermé.
Message reçu : il n'avait pas envie d'en parler.
Oryane avait également remarqué que Newt boitait légèrement de sa jambe droite. Elle n'avait pas osé lui poser de questions, de peur d'aborder un sujet sensible.
Après les huttes, il lui montra la ferme avec les animaux et la cuisine d'un certain Frypan, puis le jardin, rempli d'arbres fruitiers avec un petit potager.
- C'est ici que je travaille.
"OK beau gosse, je prends note."
"- Il y a quoi comme jobs, exactement ?
- Les bâtisseurs, qui construisent et agrandissent les huttes..."
Newt dévisagea Oryane de haut en bas.
"- Sans vouloir te vexer, tu ne m'as pas vraiment l'air d'avoir la carrure pour, hormis si tu as une force indétectable...
- Pas à ma connaissance.
- C'est bien ce qu'il me semblait."
La rouquine sauta sur l'occasion.
- D'ailleurs, Newt, à quoi je ressemble ? Parce qu'à part savoir que j'ai 15 ans...
Le blond lui sourit.
- Eh bien... Tu dois mesurer 1m60, tu as de belles boucles rousses comme des flammes, une peau très claire avec des taches de rousseur et... et les plus beaux yeux bleus que j'ai jamais vu.
Il y eut un instant de flottement, durant lequel Newt et Oryane se regardèrent. Il sembla à la jeune fille que les joues du blondinet avaient légèrement rosi. Elle ne l'en blâmait pas, elle même devait ressembler aux tomates d'à côté à cause du soleil. Au moins ne percevrait-il pas son rougissement de gêne... Peut-être qu'elle devrait éviter l'écran solaire finalement.
Puis le garçon se racla la gorge et l'instant de grâce passa.
"- Bref, tu as aussi les briquetons, qui fabriquent les matériaux nécessaires, les cuistots, les medjacks, qui sont nos médecins, les sarcleurs comme moi, l'équivalent des jardiniers... Et deux trois autres. Et puis tu as aussi les sales boulots.
- C'est-à-dire ?
- Les trancheurs, qui abattent la viande et la préparent pour la cuisine. Les torcheurs, qui font le ménage de partout. Et les coffreurs.
- Les coffreurs ?"
Newt soupira, visiblement réticent.
- Ceux qui s'occupent des morts. Le reste du temps, ils aident les autres matons, les chefs de leurs boulots.
Oryane le dévisagea, les yeux écarquillés. Elle ne pouvait y croire.
- Il y a eu des morts ?
Le garçon lui rendit son regard, impénétrable.
- Suis-moi.
Il l'entraina dans la forêt, à côté de la rivière.
- C'est le terminus. C'est ici qu'on vient, les rares moments où on est autorisés à se détendre. Regarde.
Oryane suivit du regard la main tendue de Newt vers... une dizaine de tombes.
Le souffle coupé, elle murmura :
- Pourquoi...
Mais Newt l'entrainait déjà vers un des murs de pierre titanesques qui entouraient le Bloc.
Une bonne soixantaine de noms étaient gravés plus ou moins maladroitement dans la roche. Certains étaient barrés.
- Ce sont ceux qui...
Oryane n'eut pas le courage de terminer sa phrase. Newt acquiesça.
"- Ceux décédés. Toi aussi tu mettras ton prénom quand tu t'en souviendras.
- Mais je m'en souviens !"
Cela semblait tout naturel à l'adolescente, mais apparemment ça ne l'était pas. Ce fut au tour de Newt de la toiser, les yeux exorbités.
"- Tu t'en rappelles ?
- Mais oui ! Depuis mon réveil dans la Boite. C'est la seule chose dont je me souviens avec mon âge d'ailleurs.
- Bizarre... souffla le blond. Alby ne va pas être ravi... Tu es la première à qui ça arrive. Je veux dire, on est tous amnésiques, mais il nous fallait quelques jours pour se rappeler notre âge et notre prénom. Pourquoi on t'appelle la bleue à ton avis ? Ca t'a pas fait réagir ?
- Bah non, j'avais plus inquiétant à me préoccuper, figure-toi.
- Vraiment bizarre..."
"Génial. De mieux en mieux. Je suis vraiment le phénomène de foire ici."
Newt lui jeta un regard à la fois étrange, intrigué et empli de compassion. Il lui tendit un long silex tranchant.
- Inscris ton nom alors.
Hésitante, Oryane se saisit du pic et traça précautionneusement sur le mur, tentant de s'appliquer.
- Oryane, murmura Newt en lisant peu à peu les lettres que gravait la jeune fille. Ca te va bien.
La rousse jeta le silex par terre et contempla son oeuvre.
Le soir commençait à tomber sur le Bloc. Tous les gars s'étaient rassemblés près d'une porte, murmurant entre eux, comme s'ils attendaient quelque chose.
- Tu ne m'as pas parlé de ce qu'il y avait derrière les murs, Newt, commenta la rouquine en se tournant vers lui. Qu'est-ce qu'ils attendent comme ça ?
Le blond soupira en passant une main dans ses cheveux (qu'est-ce qu'il était beau quand il faisait ça !)
- Je crois que tu as compris qu'on était envoyés et enfermés ici, amnésiques, par des personnes dont on ignore l'identité. On ne sait pas pourquoi, mais on est là. Et on sait qu'ils prennent leur pied à nous regarder, ces connards, ils ont des scaralames, des espèces de bestioles pour nous surveiller. Je t'en montrerai un à l'occasion. Alors en fait, on taffe pour faire passer le temps, et pas chialer sur notre sort, mais notre objectif principal c'est de sortir d'ici. Et on a des gens qui bossent spécialement dessus.
Newt avait le regard perdu dans le vide.
- On les appelle les coureurs. Ce sont les meilleurs d'entre nous : les plus forts, rapides, intelligents et courageux. Comme leur nom l'indique, ils passent leur journée à courir à l'extérieur, mémorisant les différents chemins, cherchant la sortie de ce putain de trou. Le matin, quand les portes s'ouvrent, ils s'y engouffrent. Et le soir, ils rentrent avant qu'elles se ferment, où les cartographes les attendent pour dessiner des cartes d'après leurs observations.
Oryane cligna des yeux, abasourdie par cette avalanche d'informations.
- Je ne comprends pas... Il y a quoi derrière les portes ?
Newt fixa la grande ouverture sombre devant eux.
- C'est le Labyrinthe.
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