30. Des étoiles dans tes yeux


KEI


« C'est sûr, l'amour est la réponse. Mais pendant que vous êtes en train d'attendre la réponse, le sexe pose des questions très pertinentes. »

-Woody Allen


Les lumières colorées des guirlandes électriques projetaient mille et une formes sur le visage de Nathaël. Penché par-dessus un étal de pain d'épices, ce dernier goûtait son centième échantillon de la soirée, toujours avec le même air extatique collé au visage.

Lors de leur premier arrêt et face aux yeux étincelants de son partenaire, Kei avait cherché à comprendre ce qu'il pouvait tant aimer dans cet espèce de gâteau un peu trop sec aux épices désaccordées. « Je sais pas, ça a le goût du réconfort » lui avait répondu Nathaël en mordant voracement dans une tranche presque trop épaisse pour sa bouche.

Ça a un goût de médicament ouais, grimaça Kei.

Pourtant, il avait beau se moquer de la passion du jeune homme pour le pain d'épices, il lui en aurait acheté des kilogrammes entiers si cela lui permettait de continuer à contempler son visage ravi et son sourire satisfait.

— Je crois que je commence à avoir mal au ventre.

Kei haussa un sourcil moqueur en faisant face à un petit air contrit.

— Sans déconner ? railla-t-il.

— Faut que je boive du vin chaud pour faire passer tout ça, assura Nathaël d'un air très sérieux.

— Tu te fous de moi j'espère ? s'horrifia Kei. En fait, je suis vraiment le seul choix de bon goût que tu aies fait de toute ta vie.

— T'aimes pas le vin chaud ?

— Je sais pas, t'aimes boire de l'arsenic pour le plaisir ?

— Non, mais je t'en servirais bien un petit verre là, grinça le plus jeune.

— Et si on allait plutôt manger de l'aligot ?

— Va falloir me porter pour le retour alors.

— J'ai l'habitude de te soulever bébé.

Kei ponctua sa phrase d'un clin d'œil appuyé auquel Nathaël répondit par un regard blasé.

— Appelle-moi encore une fois bébé et ce soir, tu dors sur le canapé.

Kei grimaça en signe de protestation puis enroula son bras autour de la taille du jeune homme pour l'attirer dans l'immense allée qui remontait jusqu'à la place principale de la ville.

Le marché de Noël y avait été installé une semaine auparavant et on disait que c'était le plus impressionnant du pays. Contrairement à ses appréhensions, il avait été ravi de voir les yeux de Nathaël briller de mille feux lorsqu'ils s'étaient arrêtés face à l'entrée. Au début, Kei ne savait pas si c'était une bonne idée ; il avait cru comprendre que Noël était une période de l'année qui plaisait particulièrement à son partenaire, mais il ne savait pas si cela allait jusqu'à surmonter son aversion pour la foule.

Et bien ç'avait été le cas, dans une certaine mesure tout du moins. Kei avait vite remarqué la démarche stratégique de Nathaël, qui longeait le bord des allées en se calquant sur la vitesse d'une personne devant lui puis qui s'arrêtait devant un chalet dès que quelqu'un s'en éloignait. Il avait observé tout cela sans rien dire, un petit sourire amusé au bout des lèvres.

Une demi-heure auparavant, il avait réussi à convaincre Nathaël de porter un bonnet de père Noël et désormais, il suivait avec un bonheur non dissimulé ce petit point rouge qui s'agitait devant lui.

— Je suis content d'être ici.

Kei stoppa net le flot de ses pensées pour se reconcentrer sur le visage gêné de Nathaël. Il attrapa une des mains que ce dernier avait caché sous ses manches pour éviter un quelconque contact physique avec un inconnu et la pressa fort dans la sienne.

— Moi aussi, Nel. Vraiment.

Le concerné sourit timidement avant de pointer du doigt un stand de menuiserie.

— Tu voulais pas ramener quelque chose à Elio ?

— Si, mais laisse moi t'admirer encore un peu.

Nathaël détourna le regard, embarrassé, et Kei se retint de mordre l'une de ses pommettes colorées. A la place, il caressa tendrement sa joue, déposa un baiser sur son front et le tira vers le stand qu'il lui avait pointé du doigt.

Les deux hommes admirèrent plusieurs minutes les créations en bois toutes plus belles et originales les unes que les autres. Au bout d'un moment, Kei remarqua que son partenaire restait focalisé sur toute une panoplie de pendentifs en résine, l'étincelle dans ses yeux trahissant l'émerveillement qu'il ressentait. L'un des colliers attirait notamment son regard : composé d'une goutte de résine transparente dans laquelle avait été gravé un paysage montagneux enneigé, le pendentif dégageait quelque chose d'étonnement apaisant, et Kei comprit immédiatement le sentiment de plénitude qu'il devait éveiller en Nathaël.

Laissant ce dernier contempler l'étalage, il s'approcha discrètement du vendeur, lui demanda le prix du collier et glissa quelques billets dans sa main avant de retourner auprès du jeune homme. Sans un mot, il attrapa le pendentif qui avait capté son regard et le mit tendrement autour de son cou. Nathaël écarquilla les yeux, poussant machinalement la capuche de son sweat pour aider Kei à attacher le collier.

— Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il d'une voix incertaine.

— Je mets des étoiles dans tes yeux, sourit le plus âgé.

— Arrête, tu ne peux pas m'offrir ça, souffla Nathaël avec gêne.

— Je veux que tu aies toujours cet air apaisé que tu affiches lorsque tu le regardes.

— Kei...

— Joyeux Noël Nathaël.

Le concerné se mordit légèrement la lèvre inférieure et détourna le regard. Sans répondre, il pointa du doigt un autre collier tout en interpellant le vendeur.

— Je voudrais celui-ci s'il vous plaît.

— Nel...

— Je ne le prends pas parce que je me sens redevable, expliqua calmement l'interpellé. Je te l'offre parce que je veux que nous ayons un souvenir commun de notre premier Noël ensemble. Je veux... qu'on n'oublie jamais ce moment. Nos premières vacances ensemble.

Kei sourit tendrement et entrelaça ses doigts à ceux de Nathaël. Ce dernier sourit, attrapa le collier et le mit autour du cou de son partenaire.

— Regarde, murmura-t-il, on dirait le premier dessin que je t'ai offert.

Intrigué, Kei saisit le pendentif entre ses doigts et sentit une vague d'émotions incontrôlable l'envahir. Dans la goutte de résine, un camaïeu de bleu entourait une forêt de sapins, illuminée par des lueurs qui ressemblaient à des aurores boréales. Exactement comme les mystérieuses lumières qui brillaient dans la grotte aux fées de son enfance.

— Il est magnifique, murmura-t-il.

— On dirait qu'on est lié maintenant.

Kei releva la tête et capta le sourire mi-gêné, mi-satisfait de Nathaël.

— Parce qu'il te fallait une paire de colliers pour t'en rendre compte ?

Le jeune homme se hissa sur la pointe des pieds et enroula ses bras autour de son cou.

— Non, je le sais depuis le jour où nos chemins se sont recroisés.


***


La porte d'entrée eut à peine le temps de claquer que Kei y projetait déjà le corps de Nathaël, leurs lèvres toujours scellées en un baiser ardent. Leurs souffles erratiques résonnaient dans le silence de l'appartement dont la température commençait déjà à augmenter, dû à leurs deux corps en ébullition.

— Kei...

Le gémissement de Nathaël contre sa bouche provoqua un frisson dans tout son corps et il attrapa l'une des cuisses du jeune homme pour l'obliger à l'enrouler autour de sa taille. Il profita de l'ouverture pour plaquer son bassin contre le sien et grogna en sentant leurs érections se rencontrer.

— J'ai cru que j'allais finir par te prendre dans ce putain de marché, gronda-t-il d'une voix rauque.

Délaissant les lèvres de son partenaire, il vint poser sa bouche à la base de son cou et glissa sa langue jusqu'à son lobe, lui soutirant un violent frisson. Son autre main vint agripper l'une des fesses de Nathaël qu'il serra avec envie, frustré de ne pas lui avoir déjà retiré son jean. Tentant de réprimer ses tremblements d'excitation, il enfouit sa tête dans le cou du jeune homme et inspira son odeur vanillée à plein poumons.

— Je suis désolé, Nel. Je ne vais pas pouvoir être doux ce soir.

Le concerné recula légèrement la tête et Kei croisa son regard enflammé par la luxure. Nathaël l'attrapa par la mâchoire et le tira vers ses lèvres rougies par leurs baisers.

— Ne te retiens surtout pas.

Une vague de chaleur tordit le bas-ventre de Kei qui écrasa sa bouche contre celle du jeune homme avant d'ouvrir son jean avec tant de hâte qu'il était quasiment sûr d'avoir vu des boutons rouler au sol. Sans attendre, il glissa ses mains sous le boxer de Nathaël et malaxa ses fesses en grognant d'envie. Son partenaire se cambra contre lui, un doux gémissement au bord des lèvres.

Renonçant à chercher l'interrupteur, Kei souleva le garçon dans ses bras et se dirigea vers le comptoir de la cuisine contre lequel il l'obligea à s'appuyer. Désormais dos à lui, Nathaël s'agrippa tant bien que mal au rebord en marbre et lui lança un regard haletant par-dessus son épaule.

Immédiatement, Kei mordit sa nuque avant d'enfoncer deux de ses doigts dans sa bouche pour l'obliger à les humidifier. Nathaël gémit sous l'intrusion, mais obtempéra docilement, et Kei frissonna de sentir sa langue brûlante contre sa peau.

De sa deuxième main, il baissa un peu plus le pantalon et le boxer du jeune homme, de sorte à exposer ses fesses à son bon vouloir. Il retira ensuite ses doigts de la bouche de Nathaël pour les emmener contre son intimité qu'il caressa quelques secondes avant d'en forcer l'entrée. Son partenaire se crispa contre lui et porta l'une de ses mains à ses lèvres pour couvrir son gémissement d'inconfort.

Ce geste ne plut pas à Kei qui attrapa brusquement les cheveux du jeune homme et les tira en arrière, l'obligeant à déployer sa gorge et à ouvrir grand la bouche pour gémir sous ses caresses.

— Te retiens pas, gronda-t-il. Je veux tout entendre, quand tu as mal et quand tu prends du plaisir. Je veux entendre les cris que tu pousseras lorsque je te prendrai contre ce comptoir.

Nathaël trembla d'anticipation et rejeta sa tête sur l'épaule de Kei tandis que ce dernier entamait des va-et-vient avec ses doigts.

— T'es si serré putain, jura le plus âgé. J'ai beau t'avoir pris sans cesse pendant un mois, ton cul reste incroyablement étroit.

— Tu... T'aimes pas ?

La respiration de Nathaël était haletante, sa voix gutturale. A chaque mouvement de Kei, il se cambrait contre ses doigts et serrait le marbre froid entre ses mains.

— Au contraire, susurra Kei contre sa nuque. Ça me rend fou. J'ai envie de m'enfoncer dans ton cul et de te faire jouir jusqu'à ce que tu en pleures.

Le corps devant lui fut agité d'un violent frisson et Kei sourit bestialement en imaginant les pupilles dilatées par le plaisir de son partenaire. Soudain, il arqua ses doigts et ce dernier poussa un gémissement plus fort que les précédents.

— C'est bon... Kei... Putain, enlève tes doigts et baise moi.

Le concerné retint un ricanement en entendant le ton suppliant de Nathaël et obtempéra. Il retira ses doigts de son intimité pour en approcher son sexe à la place. Pendant quelques secondes, il joua à ne faire rentrer que le bout, se délectant des soupirs de plaisir et de frustration du jeune homme. Lorsqu'il estima que l'entrée était assez dilatée, il agrippa les hanches qui lui faisaient face et s'enfonça brusquement dans ce petit corps si indécent. Nathaël rejeta violemment la tête en arrière, un long gémissement franchissant ses lèvres.

Kei lui-même ne put retenir un grognement. Il avait beau commencer à bien connaître le corps de son partenaire, à chaque fois qu'il le pénétrait, il avait l'impression que c'était la première fois. S'enfoncer dans sa chaleur, sentir ses chairs se resserrer autour de lui, voir son corps contracté essayer de se détendre pour accepter l'intrusion, tout manquait de le faire jouir immédiatement.

En temps normal, il faisait en sorte d'être le plus considéré possible, d'attendre que Nathaël se détende et s'habitue à sa présence, de caresser longuement sa peau et de rester doux dans chacun de ses gestes. Mais aujourd'hui, il ne s'en sentait pas capable. Aujourd'hui, il voulait juste laisser libre court à sa passion, se délecter des cris de son partenaire et marquer son corps de son passage.

Alors Kei se retira doucement de l'intimité de Nathaël avant de le pénétrer brutalement une seconde fois, enfonçant ses doigts dans ses hanches lorsqu'il entendit le son guttural qui s'échappa de ses lèvres. Rapidement, il accéléra ses va-et-vient et les gémissements de Nathaël se mirent à résonner dans la pièce.

Kei sentait qu'il perdait le contrôle de lui-même. Son corps brûlant semblait se consumer un peu plus à chaque fois qu'il s'enfonçait dans celui du jeune homme et une envie malsaine de le meurtrir l'envahissait.

Dans un grognement, il attrapa les cheveux de Nathaël, tirant sa tête en arrière pour apposer ses lèvres contre son oreille.

— T'aimes ça ? l'apostropha-t-il d'une voix enrouée par le plaisir. Dis moi que t'aimes quand je te prends fort comme ça.

Il ponctua ses dires d'un violent coup de rein qui arracha un cri au jeune homme. Ce dernier tremblait dans ses bras, les yeux brillant de plaisir.

— Oui... Oui putain... Encore... Encore Kei... Plus fort.

— Demande-le correctement, ordonna l'interpellé en resserrant sa poigne dans les cheveux ondulés.

— B... Baise moi plus fort s'il te plaît.

Les lèvres de Kei se tordirent en un sourire machiavélique et il souleva l'une des cuisses du jeune homme avant de le prendre brutalement, accentuant ainsi l'angle de pénétration.

— Haaan putain oui !

Nathaël laissa choir sa tête en avant et ses ongles griffèrent désespérément le comptoir. Kei ne lui laissa pas le temps de reprendre sa respiration qu'il accéléra ses va-et-vient et plaqua sa tête contre le marbre glacé.

Il en voulait plus. Toujours plus. Il voulait s'enfoncer plus profondément en lui, le prendre plus brutalement, marquer plus fortement sa peau.

Soudain, il tira à nouveau la tête de Nathaël en arrière pour l'obliger à se redresser puis enroula son autre main autour de sa gorge qu'il serra fortement. Un son étranglé lui répondit et il mordit la nuque du jeune homme en donnant un nouveau coup de rein. Le corps devant lui s'arqua brusquement en même temps qu'un long gémissement retentissait dans la pièce.

— Encore... Juste là... Oui...

Les mots de Nathaël étaient rendus presque incompréhensibles par la main qui l'étranglait, mais Kei le sentait palpiter autour de son sexe et cette simple sensation le rendait fou. Il vint attraper le lobe du jeune homme entre ses dents et en profita pour humer son odeur.

— Ton cul me serre si fort putain... comme s'il voulait m'empêcher de sortir.

Nathaël gémit lorsque Kei s'enfonça un peu plus profondément en lui, l'obligeant à ouvrir grand la bouche pour prendre une bouffée d'air.

— Tu me sens au fond de toi ? gronda-t-il en enfonçant ses doigts dans la peau du jeune homme. Regarde, on peut sentir jusqu'où ma bite est enfoncée en toi.

A ces mots, il posa sa main qui ne tenait pas la gorge de Nathaël sur le bas-ventre de celui-ci, au niveau de ses derniers abdos, et appuya doucement dessus. Aussitôt, le jeune homme se cambra et lâcha un cri qui fit frissonner Kei de la tête aux pieds.

— Tu me sens ? siffla celui-ci avec enivrement. Regarde à quel point tu me prends profondément en toi.

Désormais, son ventre le brûlait tellement que ses membres en tremblaient. Sentir Nathaël se cambrer toujours plus pour accentuer la pénétration, humer la douce odeur de sa peau, voir les muscles de son dos se contracter sous chacun de ses coups de reins, entendre sa voix étranglée par sa main et le plaisir : tout le rapprochait un peu plus de l'orgasme.

A chaque contact de ses hanches contre les fesses du plus jeune, une vague de plaisir l'envahissait et son sexe gonflait un peu plus dans l'intimité de ce dernier.

— Kei... Kei je... Je vais jouir.

L'interpellé posa son regard brûlant sur le corps cambré contre le sien et eut soudainement envie de voir son visage. Sans un mot, il retourna Nathaël, l'attrapa sous les cuisses pour l'obliger à enrouler ses jambes autour de sa taille et s'enfonça profondément en lui.

Son partenaire lâcha un cri et Kei admira son visage rougi par le plaisir, ses yeux larmoyants et sa bouche entrouverte pour laisser passer sa respiration saccadée. Enivré par cette vision, il serra un peu plus fort le corps de Nathaël contre le sien, effectua encore quelques va-et-vient et sentit l'orgasme le frapper de plein fouet lorsque le jeune homme se contracta fortement autour de son sexe pour jouir bruyamment entre leurs torses.

Leurs deux corps s'échouèrent au sol, à bout de forces, et Kei attira son partenaire contre lui, caressant doucement ses cheveux tandis qu'ils essayaient de reprendre une respiration normale. Ses doigts vinrent s'échouer dans le cou du jeune homme et il retraça avec un mélange de plaisir et de culpabilité les traces rouges ancrées dans sa peau.

— Je t'ai fait mal ?

Nathaël plongea son regard brillant dans le sien avant de baisser les yeux, l'air gêné.

— Non... J'ai adoré.

Kei sourit et déposa un baiser sur son front.

— On dirait bien que j'ai décoré ton cou de deux colliers aujourd'hui.


/!\ Attention, je ne l'ai pas précisé mais je suis partie du principe que mes personnages avaient tous les deux fait un test de dépistage avant d'avoir une relation sexuelle sans préservatif. Dans la vraie vie, n'ayez jamais de rapports sexuels non-protégés si vous ne savez pas si la personne est clean et si vous n'avez pas donné votre consentement. /!\


NDA : Booon, dernier chapitre avant Noël ! Je suis trop contente parce que je n'avais pas vu que ça tomberait justement sur le chapitre qui se déroule pendant Noël, du coup c'est parfait !

La relecture m'a beaucoup amusée parce que Nathaël dans un marché de Noël (qui veut tout goûter jusqu'à limite en vomir) c'est vraiment moi à 100% et Kei ce serait plutôt mon copain ahah. Dites moi que je ne suis pas la seule à ne pas pouvoir résister aux échantillons gratuits svppp

En tout cas, vos avis sur ce chapitre sont les bienvenus et je vous souhaite de très joyeuses fêtes de Noël :)

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