Chapitre 17

Lorsque Josh entra dans le QG de l'escouade spéciale, essoufflé par sa course, il ne trouva qu'Erd dans le salon commun. Avachi dans un fauteuil, ce dernier ronflait comme un sonneur. Un pot de cacahuètes gisait sur le sol à côté de lui, probablement tombé d'un accoudoir.

Josh sourit en coin. Hormis leur façon de se battre, les soldats d'ici étaient en tous points semblables à ses camarades du continent. Rien à voir avec les créatures arriérées que les politiques décrivaient.

Traversant le hall le plus silencieusement possible, il s'engagea dans le couloir où se trouvait les espaces privatifs des membres du groupe et toqua à la porte du bureau de Livaï.

- Master Corporal?
(- Caporal-chef ?)

Pas de réponse.

Josh entrouvrit la porte, regarda dans la pièce, mais ne vit personne. Refermant le battant, il réfléchit un instant et revint vers Erd.

- Debout, intima le militaire en lui tapotant l'épaule.

Le blond s'interrompit dans ses ronflements, produisant un bruit des plus raffinés.

Josh leva les yeux au ciel. Vraiment, il n'aurait pas dénoté dans sa chambrée au Camp Humpreys.

- Allez Erd. Wake up.
(- Allez Erd. Réveille-toi.)

Un grognement échappa au dormeur et il ouvrit péniblement les yeux.

- Salut Josh, dit-il en baillant.

- Salut. T'aurais pas vu Livaï ? C'est urgent.

Le grand blond passa une main dans ses cheveux décoiffés en réfléchissant.

- Il doit être avec Erwin. Dans le bâtiment principal, premier étage, pallier de gauche. Pourquoi ?

- Le général veut lui parler. Et au fait, votre ami s’est réveillé.

- Gunther ? Il va bien ?

Erd était parfaitement alerte à présent.

- Presler ne m’a rien dit de plus malheureusement. Mais je me renseignerai, compte sur moi.

Le blond hocha la tête et Josh partit en courant vers la sortie du QG.

- Attends Josh !

Le militaire s’arrêta net sur le seuil de la porte.

- What ?
(- Quoi ?)

- T’aurais pas vu mes cacahuètes ?

Josh le dévisagea un instant. Sérieusement ? Il retint un rire et lui désigna un côté de son fauteuil.

- Par terre, là.

- Génial, s’anima Erd en les ramassant.

Il se redressa et en engloutit une poignée, l’air profondément comblé.

- Aaaah, merci Josh.

- De rien. Je peux y aller maintenant ? demanda celui-ci avec un sourire moqueur.

- Euh. Oui. Désolé. File remplir ta mission soldat ! tonna Erd, le visage exagérément sérieux.

Josh pouffa et se mit au garde-à-vous.

- À vos ordres chef Gin !

Et sans plus attendre, il fila hors du bâtiment.

*

La porte du bureau d’Erwin était sobre. Avec son bois sombre et sa clenche métallique, on aurait pu croire qu’elle masquait un cagibi. Seule la petite plaque dorée qui y figurait la différenciait des autres. Erwin SMITH, Major du Bataillon d’Exploration. Josh se redressa imperceptiblement. Pour gérer une armée faisant face à de telles difficultés, il fallait un Homme de forte stature, qui impose le respect. En tant qu’invité étranger et représentant du reste du monde civilisé, Josh ne pouvait se permettre le moindre faux pas. Conserver une alliance avec Paradis était indispensable. Beaucoup de vies et d’intérêts étaient en jeu, et le tout reposait actuellement sur ses épaules. Josh souffla, tentant d’alléger le poids de ses nouvelles responsabilités.

- Par pitié, faites que je ne déclenche pas un incident diplomatique, murmura-t-il.

Approchant son poing du battant, il toqua à la porte. La seconde suivante, une voix inconnue lui enjoignait d’entrer. Alors, rassemblant son courage – et tout le charisme qu’il put trouver –, il abaissa la poignée, et fit un pas à l’intérieur.

Le désordre qui l'accueillit le surprit d'autant plus que le major Erwin était bel et bien l'homme auquel il s'attendait. Soigné, des épaules solides, le regard déterminé, il suintait le leadership par tous ses pores. Et heureusement, car avec l'agitation qui régnait dans son bureau, il fallait bien un homme de sa trempe pour ramener le silence. Ce qu'il fit dès qu'il vit son visiteur. Il leva sa main et tout le monde cessa ses activités.

- Bonjour sergent Olsen. Je suis ravi d'enfin vous rencontrer.

- Moi de même, major Smith. J'espère que notre collaboration nouvelle sera riche de bénéfices pour nos deux camps, vacilla Josh, dont la confiance fondait comme neige au soleil devant tant de gradés.

Erwin sourit et croisa ses mains sur son bureau.

- Parlez sans crainte sergent. Tout le monde ici sait qui vous êtes et l'importance de notre alliance. Ne vous embarrassez donc pas de formalités. Que voulez-vous ?

Josh déglutit et, voyant les regards encourageants de ses interlocuteurs, il se râcla la gorge et débita d'un trait :

- Puis-je vous emprunter le caporal-chef Ackerman pour une minute ? Mon chef aimerait lui parler.

- Faites.

Erwin fit un signe du menton à Livaï, l'enjoignant à suivre son invité.

- Mais n'oubliez pas de revenir me présenter votre supérieur sergent, ajouta le major. J'ai quelques détails à discuter avec lui.

Josh hocha la tête, effectua un salut militaire, et sortit à la suite de Livaï.

- Y a du nouveau pour Gunther ? interrogea-t-il à l’instant où Josh refermait la porte.

- Oui. Il s’est réveillé.

Le noiraud passa une main dans ses cheveux, poussant un profond soupir.

- Tu sais s’il va bien ?

Josh secoua négativement la tête.

- Presler ne m’a rien dit de plus. Mais il semblait pressé de te parler.

- Passe-le-moi.

Josh posa la radio dans la main tendue de Livaï et lui expliqua rapidement :

- Tu maintiens ce bouton-là pour parler, et quand tu as fini tu le relâches pour que Presler puisse répondre.

Livaï hocha la tête et pressa le bouton communication sans plus attendre.

- Général Presler, c’est le caporal-chef Ackerman. Vous m’entendez ?

L’appareil grésilla et une voix masculine lui parvint.

- Loud and clear, master corporal. Josh est près de vous ?
(- Fort et clair/Cinq sur cinq, caporal-chef. (…))

- Oui.

- Perfect. Il va traduire.
(- Parfait. (…))

Josh et Livaï échangèrent un regard entendu.

- About operations I asked yesterday, I have some precisions from my teams. An old airport exists on a desert island near your country. To land with a cargo plane on an unsmooth ground is impossible, same thing for passengers planes. But with some helicopters or smaller aeroplanes, we could do an emergency evacuation for the injured. But we absolutely need a long straight line with no obstacles. Is that still ok for you ?
(- À propos des opérations que j’ai demandées hier, j’ai quelques précisions de la part de mes équipes. Un aéroport désaffecté existe sur une île déserte près de votre terre. Faire atterrir un avion-cargo sur un sol non lisse est impossible, même chose pour les avions de transport de voyageurs. Mais avec des hélicoptères ou des plus petits aéroplanes, on pourrait évacuer d’urgence tous les blessés. Seulement nous avons absolument besoin d’une longue ligne droite sans obstacles. C’est ok pour vous ?)

Livaï, qui écoutait attentivement ce que lui rapportait Josh, hocha la tête. Les nouvelles de Gunther allaient devoir attendre.

- Oui. Mais qu’en est-il du reste de la population ? Vous avez assez de vos… « machins » volants pour évacuer tout le monde ainsi ?

- No. And that’s the other risked part of the plan. I’ve studied the map of your country and I saw that a river crosses the isle. Do you have some boats by any chance ?
(- Non. Et c’est l’autre partie risquée du plan. J’ai étudié la carte de votre pays et j’ai vu qu’un fleuve traverse toute votre île. Vous n’auriez pas des bateaux par hasard ?)

- Nous en avons oui.

-Quantity? Transportation capacity ?
(- Quantité ? Capacité de transport ?)

Le noiraud réfléchit un moment.

- Si je ne me trompe pas, il y en a cinq sur toute l’île. Chacun peut transporter environ mille personnes.

Le général Presler resta muet quelques instants avant que l’émetteur radio ne grésille à nouveau.

- Allright. I think we’re gonna evacuate people on them. I’ll see if I can requisition some other cruise ships. Do you remember the desert island I mentioned at the beginning ? What I imagine is that you, you bring all your population to the isle with your boats, and after that, my teams and I will supervise the arrival on the mainland. Population will go on cruise ships or some of our naval ships, and their luggage will be brought after them by cargo plane. Does it sounds good to you master corporal ?
(- Très bien. Je pense que nous allons évacuer la population avec. Je vais voir si je peux réquisitionner des bateaux de croisière de mon côté. Vous vous rappelez de l’île dont j’ai parlé au début ? Ce que j’imagine, c’est que vous, vous allez emmener vos compatriotes jusqu’à l’île avec vos bateaux, et après ça, mes équipes et moi allons superviser l’arrivée sur le continent. Votre peuple montera sur les bateaux de croisière ou sur des bâtiments de notre flotte, et leurs bagages seront acheminés à leur suite par avion-cargo. Est-ce que ça vous convient caporal-chef ?)

- Hm… Il semblerait, oui. Y a-t-il des consignes pour les bagages ?

- Tell them to take what is essential. Their other properties will be brought to them later.
(- Dites-leur de prendre ce qui est essentiel. Leurs autres possessions leurs seront restituées plus tard.)

- Bien. Maintenant si vous permettez, j’ai entendu que mon collègue s’était réveillé ce matin. Quelles sont les nouvelles ?

- Well… Le général s’interrompit, cherchant ses mots.
(- Eh bien…)

- Presler, est-ce qu’il va bien ? pressa Livaï.

Le noiraud rongeait son frein. S’il avait été face à lui, il l’aurait probablement secoué pour qu’il crache le morceau.

- News aren’t really good. He’s awake, yeah, but his injuries are really serious. Even if he’ll probably survive, he sure will have serious after-effects. Physical work is now over for him, it’s a certainty. I honestly don’t know if he will re walk and breath normally in the future.
(- Les nouvelles ne sont pas très bonnes. Il est réveillé, oui, mais ses blessures sont très sérieuses. Même s’il va probablement survivre, il aura sûrement d’importantes séquelles. Le travail physique est désormais terminé pour lui, c’est une certitude. Je ne sais honnêtement pas s’il pourra remarcher et respirer normalement un jour.)

Livaï s’appuya contre un mur et laissa sa tête reposer contre la paroi. Cela recommençait. Chaque personne qui entrait dans sa vie finissait invariablement brisée, si par chance elle survivait.

Une larme de rage lui échappa. Cela ne devait plus se produire. Jamais.

Avec une amère détermination, Livaï rendit l’émetteur à Josh et réintégra le bureau du major.















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Heyoooo! Me revoilà à l'heure pour un nouveau chapitre! Ça faisait longtemps que j'avais pas respecté un délai tiens 😂

Bobby : il était déjà écrit depuis un mois ce chapitre.

Chhhhuut faut pas le dire.

Hum.

Le chapitre 18 est à moitié écrit actuellement. Je devrais le poster à la rentrée (soit quelque part entre le 1er et le 15 septembre). En espérant avoir commencé à plancher sur le chapitre 19 d'ici là.

On en voit le bouuuuut!

Je sais je sais, y a pas d'eremin dans ce chapitre non plus. Mais vous inquiétez pas dans le chapitre 18 y en aura! C'est d'ailleurs cette scène dont je repousse l'écriture depuis 3 jours mais ça va le faire, ça se met en place dans ma tête, les mots devraient pas tarder à déborder sur le papier x)

Vous passez de bonnes vacances sinon? :)
Perso j'ai eu mon permis y a 3 semaines et je passe mes nuits à me demander pourquoi je me suis engagée dans autant de projets participatifs ici (j'en ai maaaarre de devoir taffer bénévolement jusqu'à 5h du mat T.T)

Pffffff o.o

Bon, à la prochaine! Bonne vacances à tous et bonne rentrée en avance!

Dof

🐧

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