CHAPITRE 9 (1)
CHAPITRE 9-Partie 1
Sucré_
C'est à bout de souffle et d'un pas chancelant que je descends de la scène après avoir récupéré mes tableaux. Je ne m'étais pas aperçus que j'avais cessé de respirer. Mes yeux se mettent inconsciemment à la recherche de celui pour lequel je me suis tellement inquiétée alors qu'un éclat euphorique traverse mes larmes et que je hoquette bruyamment ; après tout, j'attends son retour depuis si longtemps.
Malheureusement, mon objectif de l'attraper dans un coin pour l'interroger de but en blanc est rapidement compromis. En effet, une quantité monstrueuse de lycéens se jette presque à mes côtés et le caméraman se place devant moi, épaulé par un jeune journaliste à la chemise mal repassée.
-Mademoiselle LONDON, avez-vous en tête de révolutionner les critères de l'art actuel ?
-Je...
-Voulez-vous entrer dans une nouvelle ère artistique ?
-C'est que...
-Pouvez-vous nous en dire plus sur vos tableaux ?
Je soupire et passe ma main dans mes cheveux. Ainsi, je n'écoute même plus ses questions et fixe un point invisible en attendant qu'il se décourage. Ce qu'il finit par faire après seulement une vingtaine de minutes. Tandis qu'il s'écarte, dépité, je jette un regard circulaire autour de moi et ma gorge se serre. Andréas a de nouveau disparu. Il m'a filé entre les doigts comme une poignée de sable qu'on essaye vainement de garder coincée dans ses mains. Je commence à avoir l'habitude de ses disparitions dignes d'un fantôme professionnel et je secoue tristement la tête en rejoignant les autres pour préparer le gymnase à l'exposition.
Ce gars va me rendre folle. Dans tous les sens du terme.
•••
Les minutes passent, une à une, et se transforment en heures sans que je m'en aperçoive. Quand je pousse les portes battantes pour sortir en dernière après avoir été retenue par les jurés et professeurs, un froid polaire me cisaille les joues et je sursaute presque en réalisant que le ciel est désormais couvert d'un voile noir effrayant. Un puissant vent à l'odeur de neige me fait frémir. Je frotte mes mains l'une contre l'autre en soufflant dessus pour les réchauffer et réajuste mon bonnet de laine. Je m'avance dans la pénombre et m'amuse à expirer pour créer un faible nuage devant ma bouche. Je relève les yeux vers un lampadaire au-dessus de ma tête et soupire. Je suis épuisée.
Nous avons passé la journée à accrocher et positionner les œuvres sur des grilles prévues à cet effet dans un fil conducteur qui va du début à la fin de l'automne. Et les professeurs ont, après une longue délibération, décidé de présenter mes œuvres à la toute fin. Je m'attendais tellement à me faire recaler que je ne réalise toujours pas l'honneur qu'ils me font.
Et puis finalement, je suis bien heureuse de ne pas m'être habillée en talon haut et robe serrée à cause des travaux manuels que nous avons effectués. J'ai bien pu rire au nez du pot de peinture qui m'avait fait trébucher.
Sans que je puisse m'en empêcher, un rire démoniaque s'échappe de mes lèvres et je me plie en deux, hilare. Mon ricanement exagéré raisonne entre les lampadaires désormais allumés et la végétation nue de l'école. Je finis par m'étouffer avec ma salive.
-Tu fais un peu flipper, lance une voix particulièrement grave derrière moi.
Je sursaute et fait volte-face. Mon sourire s'efface instantanément. Je découvre Andréas, appuyé sur un autre lampadaire à seulement quelques mètres de moi aux côtés de son vélo, sirotant je ne sais quoi. Il est tellement discret que je ne l'avais même pas remarqué.
Je plaque une main sur mon cœur déchainé et laisse finalement échapper un rire nerveux.
-J'ai eu une de ces peurs, je m'écrie tout à coup hors d'haleine. Tu as un don pour apparaître et disparaître de n'importe où, tout le temps...tu pourrais devenir illusionniste.
Son ricanement silencieux fait trembler sa pomme d'Adam et il boit une autre gorgée du gobelet qu'il tient dans sa main. Tandis que je déglutis, la gorge soudainement sèche, il se lèche langoureusement les lèvres sans jamais me quitter des yeux et s'approche de moi comme un prédateur. Sa démarche particulièrement sauvage et masculine fait s'accélérer ma respiration mais je bombe le torse pour me donner du courage. Une fois à ma hauteur, il fait un pas de plus pour réduire l'infime distance entre nous et sans me demander mon avis, il m'attrape par la taille et me sert fort contre lui.
-Andréas, qu'est-ce que...
Il enfouit sa tête dans ma nuque pour humer pleinement l'odeur de mes cheveux et je rougis.
-Ne t'inquiète pas, je suis facile à oublier...
Mon cœur rate un battement et la tristesse présente dans sa voix me chamboule. Alors j'enroule à mon tour mes bras autour de son torse et je le serre de toutes mes forces.
-Andréas, je n'oublierais jamais ton regard vivant, ton sourire éclatant, ton...odeur si personnelle, tes taquineries enfantines, ta présence...
Je me racle la gorge pour continuer, plus rouge qu'une tomate pourrie et bien heureuse qu'il ne puisse pas le voir :
-Je ne sais pas...je ne sais pas ce qui t'es arrivé pour te rendre si...fragile, mais je compte bien le découvrir. Ça prendra le temps qu'il faudra, mais je finirai par te comprendre, tu as ma parole.
Comme pour faire écho à mes paroles, il resserre son étreinte.
C'est fou comme un simple câlin peut en dire sur les mots silencieux qui meurent à jamais sur nos lèvres.
Il m'a suffi de voir Andréas s'ouvrir à moi en éclatant en sanglot dans mes bras pour que je me sente aujourd'hui infiniment plus proche de lui. Plus...connectée. Ce n'est pas à tout le monde qu'on laisse la possibilité de jeter un coup d'œil à travers les fissures d'un cœur défoncé. Et il y a une telle différence entre le personnage qu'il semble être de l'extérieur, et celui qu'il est vraiment, au fond. C'est pourquoi il y a tellement de choses que j'ignore sur lui. Comme la raison de son bandage, ou comment il connaissait mon prénom ou même le lieu où j'habite, ou bien pourquoi il s'est retrouvé dans cet état il y a presque deux semaines. Va-t-il tout m'expliquer un jour, ou va-t-il jouer avec moi encore un peu et finir -bien trop vite- par se lasser ?
Il en fait du bruit mon cœur qui, malgré moi, espère bien plus que ce que je n'aurais jamais.
Ils en font du bruit, les pneus qui crissent sur la route enneigée.
Andréas met fin à mes pensées en s'écartant un peu mais il reste incliné en avant pour que nos visages demeurent face à face. Aussi, ses bras me maintiennent toujours fermement par les hanches afin que nos ventres soient collés l'un contre l'autre mais ce contact pourtant osé ne me dérange pas le moins du monde. J'éprouve le besoin d'être proche de lui, de le sentir, de le toucher. La tristesse a disparu de son visage mais je sais qu'elle reste ensevelie quelque part, dans les ténèbres. Parce je sais mieux que personne à quel point il est facile de se cacher derrière un masque.
Son sourire en coin illumine son regard et creuse sa fossette dans sa joue gauche.
-C'est bon, j'ai rechargé mes batteries ! s'exclame-t-il gaiment alors que mon cœur essaye de voir ce que ça fait d'avoir une crise cardiaque. Ah et, au passage, t'es vraiment minuscule Heaven.
Son susurrement fait vibrer mon âme et il est si près que je peux sentir l'odeur de café qui émane de lui. Il me faut une concentration extrême pour détacher mon regard de ses lèvres bien trop appétissantes afin de lui répondre.
-Je...euh...je fais 1m63, c'est dans la moyenne...c'est toi qui est bien trop grand.
-Je fais 1m89 et pour ta gouverne, ce n'est pas moi qui suis grand mais les gens qui sont petits. Et avec presque 30 centimètres de différence entre toi et moi, tu as de la chance que je me fasse violence pour baisser les yeux vers toi. Si je le voulais, je pourrais totalement t'effacer de mon existence.
Je ne sais pas si c'est le soulagement de le voir ici, avec moi, en bonne santé, ou bien parce que je sais qu'il a besoin de faire des blagues pour cacher son mal-être, ou encore car j'ai bien senti son sursaut et la façon dont son visage c'est refroidi quand il a prononcé les mots « effacer de mon existence », mais j'enfouis mon nez dans son pull et j'éclate de rire. Fort, longtemps, avec l'intention d'alléger l'atmosphère trop pesante mais aussi parce que j'en ai réellement besoin. Et cette fois, c'est à lui d'attendre patiemment que je finisse.
Comme ça fait du bien de laisser éclater les étoiles.
Quand je relève finalement la tête vers lui, à bout de souffle et les joues écarlates, je rencontre ses pupilles translucides et j'avale ma salive avec difficultés. En effet, un éclat enfantin, joueur, illumine son visage et me fait l'effet d'un coup d'électricité dans la colonne vertébrale. Ses pommettes et son nez sont rougis par le froid et ses cheveux d'or lui tombent avec nonchalance sur le front. Ses canines presque trop aiguisées dépassent de ses lèvres parfaitement bien dessinées alors que sa fossette se dessine une fois de plus dans sa joue gauche. Son souffle sucré caresse ma face bouillonnante et je halète, la bouche sèche. Jamais je ne l'avais vu aussi vivant.
-Tu es trop mignonne quand tu te laisses aller...
Il se mord la lèvre en détournant les yeux, confus d'avoir laissé échapper ce compliment, et laisse échapper un petit ricanement nerveux tandis que ses joues se parsèment un peu plus de ce pigment rouge que j'aime tant.
Ça y est, je ne tiens plus. J'explose.
C'est à cet instant je crois, que je suis tombée amoureuse. Une nouvelle fois.
Sans me demander mon accord, il se penche encore plus jusqu'à ce que ses lèvres frôlent mon oreille et son souffle chaud caresse ma nuque avec sensualité. Tous mes sens sont en alerte et j'arrête de respirer.
-Parce que je suis quelqu'un de gentil et que tu fais un peu pitié, je te ramène, susurre-t-il d'une voix rauque et particulièrement charnelle.
Il a beau faire un froid glacial, je fonds. Littéralement.
Si mon cœur n'essayait pas de jouer une musique au tempo bien trop rapide, j'aurais probablement répondu qu'il fait bien plus pitié que moi avec son vélo d'occasion mais je n'en fais rien. A la place, je secoue doucement la tête et croise les bras sur ma poitrine.
-Et qu'est-ce qu'il se passe si je refuse ? je demande pour le tester.
Alors qu'il a commencé à marcher vers sa bicyclette et qu'il vient de jeter son gobelet vide dans une poubelle en passant devant, il s'arrête et se retourne de moitié pour me jauger. Quand il incline la tête sur le côté, je croise son regard éclairé par le halo d'un lampadaire et j'y décèle une aura sauvage grandissante à vue d'œil. Mon assurance s'évapore comme par magie.
-Tu sais, c'était une bla...
Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase ni même de cligner des yeux qu'il parcourt l'espace qui nous sépare en trois grandes enjambées et qu'il m'attrape par la taille pour me hisser sur son épaule comme un vulgaire sac de pomme de terre. Je pousse un hurlement.
-Voilà ce qu'il se passe ! rugit-il fier de lui tandis que je le somme de me laisser descendre en battant des bras et des pieds de toutes mes forces.
Mais il ne réagit pas et se contente de marcher lentement vers son moyen de transport bon marché.
-Eh bien, pour 1m63 t'es vachement lourde dit donc ! finit-il par me dire. Ton régime ne marche pas très bien à ce que je vois...
Je me débats de plus belle en lui donnant des coups de poings dans le dos.
-Premièrement, je n'ai jamais dit que je faisais un régime et je n'ai pas l'intention d'en faire un ! Deuxièmement, ce n'est que du muscle et tr...
Je m'interromps quand je le sens pincer ma cuisse et je pousse un cri suraigu tandis que tout mon corps se tend.
-Non mais ça ne va pas la tête ?! tu t'es cogné à la naissance ou ça se passe comment ? De quel droit tu me pinces ?!
Son rire fait tressauter ses épaules.
-C'est ça que t'appelle du muscle ? Ça me paraît bien flasque.
J'essaye une fois de plus de me secouer pour le faire lâcher prise mais il resserre son étreinte. C'est qu'il est plus musclé qu'il n'y parait le gringalet !
-Andréas, laisse-moi descendre !
J'accompagne mes paroles en bougeant de manière saccadée pour faire des vagues avec mon corps afin de le déstabiliser. Oui, je suis à cours d'idée !
-Arrête ça, ça m'excite, glousse-t-il un peu embarrassé et je me fige instantanément. Le mot magique ?
-Vite !!!
Il secoue la tête en ricanant.
-Refusé !
-Je vais te vomir dessus ! je l'avertie.
-Rien à faire !
Je me mords la lèvre puis pousse un soupir de résignation en sentant le sang remonter dans mon crâne et l'essoufflement gagner mes poumons.
-S'il te plaît Andréas, fais-moi descendre.
-Eh ben voilà !
Joignant la parole au geste, il me fait glisser le plus lentement possible le long de son corps telle une limace dotée d'une grâce sans pareille, et à peine mes pieds ont-ils touché le sol qu'il écrase ses lèvres contre les miennes.
Nom de dieu !
Ses mains agrippent le creux qu'offre ma taille pour me coller contre lui sans retenue et ses doigts s'enfoncent dans ma chair si fort que je sais que j'en garderai une marque. Mais ça m'est bien égal. Ses lèvres dont j'ai pris tellement de plaisir à imaginer le gout et la douceur se retrouvent enfin plaquées contre les miennes et j'adore ça. Sa langue à la saveur de café ne se fait pas prier pour entrer dans ma bouche avec une précipitation incroyable et le grognement qui fait vibrer sa gorge me fait perdre pied. J'enfonce mes mains dans ses cheveux et les laisse descendre le long de sa nuque brûlante à mon contact.
Bouleversés par l'empressement et le besoin immédiat de se sentir plus proche encore, nous chancelons un peu et mon dos se retrouve appuyé contre la surface glacée et lisse d'un lampadaire. La différence thermique entre le froid environnant et la chaleur étouffante de notre danse sous les étoiles ne fait que renforcer le côté irréel de ce baiser inattendu.
Mais nos poumons désormais vides d'oxygène réclament une pause pour survivre et nous nous écartons de mauvaise foi l'un de l'autre, à bout de souffle. Nos respirations saccadées se mêlent l'une à l'autre dans un nuage blanc et ses pupilles tellement dilatées que je n'en distingue plus la couleur initiale restent enfoncées dans les miennes de longues secondes.
Alors, il se mord la lèvre et secoue doucement la tête en me caressant la joue avec tellement d'affection que ma gorge se noue.
-Bordel Heaven...j'aurais pas dû faire ça...j'aurais pas dû faire ça pourtant...ça fait tellement longtemps que j'attends...
Cette fois, c'est à moi de poser mon index sur ses lèvres pour le faire taire. Il me lorgne avec de grands yeux.
-Chut...il faut une oreille bien fine pour entendre le soupir des roses qui se fanent.
Ses yeux s'écarquillent à l'entente de la phrase qu'il m'a lui-même sorti il n'y a pas si longtemps et il sourit en collant son front contre le mien. Il ferme les yeux. Un vent à l'odeur de neige vient caresser les buissons alentours et les feuilles qui se frottent et qui dansent dans l'obscurité nous offrent une douce mélodie.
-On devrait y aller...il se fait tard.
Comme hypnotisée, je frémis et hoche placidement le menton avant de le suivre en silence jusqu'à sa bicyclette. Peu à peu, mes fonctions cérébrales s'activent de nouveau et je sors doucement de ma transe. Il m'a embrassé. Je monte derrière lui et enroule mes bras autour de sa taille comme la dernière fois et il se met à pédaler. Il m'a embrassé. Je ferme les yeux. Il m'a embrassé.
Bordel d'arachides ! Je deviens aussi rouge qu'une rose à l'éclat surréaliste et je remercie silencieusement le ciel qu'Andréas ne puisse pas le voir. Mais qu'est-ce qu'il lui a pris ?! Pourquoi m'avoir embrassé ? Pourquoi moi ? Pourquoi maintenant ?!
Je ferme de nouveau les yeux pour me concentrer sur les battements irréguliers dans ma poitrine et appuie mon front contre son dos. Je ne sais même pas comment Andréas me voit. Comme une gamine prétentieuse ? Comme une potentielle amie ? Comme un plan cul ?! Ou bien, pour autre chose. Quelque chose de plus fort...
Je secoue avidement la tête, ce qui nous fait légèrement zigzaguer. Il serait temps de déchanter Heaven. Ici, ce n'est pas le pays des bisounours.
Pourtant, je ne peux nier que j'aime sa chaleur, son odeur, sa présence aussi effacée soit-elle, sa voix, son charme, sa façon de s'habiller un peu distincte, son sourire sincère, son regard... J'aime être avec lui, tout simplement.
Depuis ce jour où je l'ai croisé par hasard dans la bibliothèque puis qu'il a traversé avec nonchalance le hall du lycée pour passer juste à côté de moi, je suis devenue sans le vouloir accro. Dépendante. Depuis, il s'est incrusté dans mes pensées pour y chasser Lewis à coups de pied. Il s'est enfoui jusque dans mes rêves comme caché sous mes paupières et il apparaît dès que je ferme les yeux, pareillement à un sortilège, une malédiction. Mais il est de loin le plus bel envoutement que je n'ai jamais subi. Et aujourd'hui, il m'a attendu pour me ramener, et il m'a embrassé.
Inconsciemment, mes doigts viennent dessiner le contour de mes lèvres. Embrassé...
-Tu comptes me retenir prisonnier encore longtemps ?
Sa voix un peu éraillée par la fatigue me sort de mes pensées et mes épaules se crispent. Quand je relève les yeux, je découvre la façade endormie de ma maison. Je pousse un long soupir de frustration, dégoutée de devoir émerger aussi brutalement de ce moment enchanté. Je lâche enfin son tronc et descends du porte-bagage en ne manquant pas de m'emmêler les pieds et de me rattraper de justesse à ma boîte aux lettres. Mon étourdissement ne lui échappe pas et un éclat de rire silencieux s'échappe de ses lèvres.
-Toujours aussi maladroite à ce que je vois.
-D'ailleurs, je pourrais savoir comment tu sais où j'habite ? j'enquiers en plaçant mes poings sur mes hanches.
Changement de sujet bonjour !
Ma voix faussement exaspérée raisonne dans la ruelle vide de population et plongée dans une obscurité partielle mais mon apparence n'est qu'une façade car à l'intérieur, je bouillonne. Les pâtes sont presque cuites !
-Je pourrais te retourner la question, glisse-t-il d'une voix mielleuse qui s'écoule comme la plus parfaite des mélodies à mes oreilles.
Malgré mes grandes difficultés à rester debout sans vaciller et à contrôler ma respiration, j'arrive à lui offrir un petit sourire.
-Dis, tu viendras me chercher demain ? je demande d'une petite voix qui ne me ressemble pas en me balançant d'un pied à l'autre.
Il sourit à son tour et vient remettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Il va encore m'embrasser ?! Je penche un peu la tête sur le côté pour que ses doigts frôlent ma joue et ce bref contact me détend immédiatement.
-Tu sais ma belle, ce n'est pas de sitôt que je vais laisser une femme, aussi pourrie-gâtée soit-elle, me dicter ce que je dois faire.
Ayant bloquée sur « ma belle », je n'ai pas écouté la suite de sa phrase.
-Ça veut dire oui ?
Il roule des yeux et secoue la tête en se redressant sur la selle de son fidèle destrier. Chez n'importe qui d'autre, j'aurais trouvé ridicule le fait qu'il se déplace avec un vieux vélo et non avec une moto flambant neuve comme presque tous les jeunes Newyorkais qui ne prennent pas le bus ou le métro. Mais quand ça concerne Andréas, je ne peux pas m'empêcher de trouver ça super cool. Pourtant, cette singularité aussi avait une toute autre signification que je n'aurais jamais soupçonnée.
-Tu verras bien !
Sa voix remplie de mystère me fait sautiller sur place et je hoche vivement la tête, comme un chien à qui on aurait promis une friandise. C'est fou comme tout à coup j'aime les surprises !
Sur ce, il me salue vaguement d'un signe de tête et se met en route pour s'éloigner rapidement dans l'opacité. Il ne m'a pas embrassé de nouveau finalement. Avec un élan de je ne sais quoi, je cours pour me placer au milieu de la chaussée et mets mes mains en porte-voix.
-Demain à 7h30, je t'attendrai ! je crie sans être sûre qu'il m'ait entendu.
Mais avant qu'il ne disparaisse de ma vision, sa main droite se lève dans les airs. Mon cœur accélère à l'idée qu'il me fasse un signe pour me dire « à demain » mais son geste se transforme en doigt d'honneur. Ainsi, il se fait avaler par l'obscurité. Charmant.
Totalement chamboulée, je reste quelques secondes figée sur place. C'est seulement quand une voiture derrière moi klaxonne à plusieurs reprises que je sors de mon état de paralysie et que je me dirige en trottinant vers le pavillon de ma maison. Je sors mes clés de ma poche avec mes doigts tremblants et ouvre la porte. Quand je la passe, ma mère, habillée de son manteau, écharpe et bonnet se jette sur moi.
-Heaven ! tu n'as pas vu l'heure ? j'ai essayé de t'appeler un nombre incalculable de fois ! je me suis fait un sang d'encre ! J'étais sur le point de venir au lycée, s'exclame-t-elle en me secouant avidement.
J'attends quelques secondes qu'elle se calme et elle s'écarte en fronçant les sourcils face à mon silence inhabituel tandis que je dépose ma pochette de dessin dans l'entrée.
-Ma chérie, tout va bien ?
Parce que je suis excessivement sensible et qu'une montagne d'événements lourds de sens se sont produits en un laps de temps trop court, les larmes viennent gonfler mes yeux rougis par le surmenage sans que je puisse les retenir et je me mords la lèvre, prise d'un violent spasme. Mes sentiments s'entrechoquent avec violence et une brèche se crayonne sur la porte en béton armé de mon cœur. Ainsi, j'éclate en sanglots en me laissant choir dans les bras de ma mère, et les seuls mots que je parviens à murmurer semblent avoir pour moi plus de signification que mon existence toute entière alors qu'un sourire confus vient parer mon visage trempé.
-Il va bientôt neiger...
A suivre dans la partie 2...
Hey! Que pensez vous du chapitre? Personnellement je l'adore!! ^^
Dites-moi tout dans les commentaires😇
P.S: Après la remarque de nombreux lecteurs concernant la taille de mes chapitres,
j'ai décidé de les couper en deux pour rendre la lecture plus agréable.
Mais pour ce chapitre là,
j'ai eu beaucoup de mal à trouver le juste milieu donc la coupure ici se fait au 3/4 du chap.
C'est pourquoi cette partie là est plutôt longue tandis que la partie suivante est très courte.
Voilà voilà!!!
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7DreamUniverse
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