CHAPITRE 8 (1)
CHAPITRE 8-Partie 1
Inspiration_
Une semaine. Sept jours. Je ne saurais dire combien de secondes parce que je ne sais pas compter jusque-là. Autant de temps s'est écoulé depuis que j'attends un peu plus chaque matin que son vélo s'arrête devant ma maison. Que je scrute la météo tous les soirs en redoutant l'annonce prochaine de la neige. Que je me rends inconsciemment dans la salle de musique peu utilisée là où il a fini par s'endormir dans mes bras. Et surtout, que je fais encore et toujours le même cauchemar ; celui où nous sommes tous deux dans une salle de musique et qu'il me dit qu'il veut que je l'oublie après m'avoir embrassé. Mais cette fois, le rêve se termine quand il s'effondre dans une mare de sang juste devant moi et, impuissante, que je le regarde agoniser. C'est le plus horrible des cauchemars.
Depuis quelque temps, les informations arrivent trop vite dans ma petite boîte crânienne, si bien que je n'aie le temps de les digérer. Mes sentiments se confondent entre affection et haine, mes rêves se transforment en cauchemars et je me sens constamment perdue entre illusion et réalité. Entre ciel et terre. Plus j'essaye d'y réfléchir et de comprendre, plus je m'enfonce dans l'inconnu et les questions sans réponses. Mais chacune de mes réflexions, sans exception, me ramène à lui.
Andréas. J'ai à peine eu le temps de te connaître. De te comprendre. D'apprendre à suivre tes sautes d'humeur, saisir tes sous-entendus, apprécier tes sourires, effacer tes larmes... Je n'ai même pas compris ce qui s'est passé ce jour-là, ce qui a déclenché cette si grosse crise d'angoisse alors que tu me chambrais quelques minutes plus tôt. L'infirmière n'en sait pas plus que moi et tes camarades de classe disent que ta présence est tellement effacée qu'ils t'avaient à peine remarqué. Certains m'ont tout de même expliqué que tu as refusé de jouer au piano la partition demandée et que d'un coup, tu t'es écroulé. Quand tu t'es endormi, j'ai dû sortir de la salle pour laisser les adultes s'occuper de toi et selon Lewis, l'infirmière a contacté tes parents pour que tu rentres chez toi et que tu te fasses ausculter par un médecin le plus vite possible. D'ailleurs, celui-ci est rentré chez lui en milieu de semaine car il aurait choppé la grippe. Il paraît que tu ne seras pas de retour de sitôt. Mais quand reviendras-tu alors ? vas-tu seulement revenir ?! Par pitié, ne m'abandonne pas...pas déjà...pas encore.
C'est avec ce genre de pensée que j'ai passé une semaine catastrophique. À force de traverser des nuits blanches, je me retrouve au bord de l'évanouissement à tout moment et je dors durant la plupart des cours. Ou alors, je regarde le ciel par la fenêtre tachée de traces de doigts des salles de classe. Aujourd'hui n'échappe pas à la règle.
Mes yeux se perdent dans l'immensité de la voute aux 49 nuances de gris. Une fine pluie verglaçante s'abat sur le paysage embrumé et les arbres semblent avoir pris une teinte sombre. Un peu comme mon cœur.
Je baille à m'en décrocher la mâchoire et tente de me concentrer sur le cours. Mon regard est alors agrippé par la phrase en lettres majuscules que notre professeure principale écrit sur le tableau noir :
« Les expositions d'automne. »
Mes épaules s'affaissent et j'étouffe un juron. À force de me perdre sur un chemin que je ne connais pas, les expositions d'automne me sont complètement sorties de la tête. En effet, à chaque fin de saison, l'école organise différentes compétitions selon les disciplines proposées. Celle-ci est la première de l'année et c'est une chance inespérée pour les élèves désireux de se faire remarquer par un jury qui viendra probablement des quatre coins du globe. Il faudra sans doute réaliser au moins trois œuvres artistiques pour pouvoir y participer et le thème risque de porter sur les couleurs estivales. Comme-ci j'avais besoin de ça en ce moment.
Peindre, c'est bien la dernière chose qui me traverserait l'esprit. Depuis que je connais Andréas, si je peux dire ça comme ça, je n'arrive plus à dessiner des roses. L'inspiration ne me vient plus, mes mains tremblent et la feuille reste vierge. Donc je ne vois pas comment je pourrais ne serait-ce qu'espérer faire bonne impression.
Je m'ébouriffe hargneusement les cheveux et la sonnerie retentit. Je me frotte les yeux et m'étire longuement puis je rassemble mes affaires. Quand je relève les yeux, je croise le regard voilé d'Ashley et me lève pour la suivre en silence dans le couloir. Je remarque du coin de l'œil qu'elle s'est mis du verni mat sur la main gauche mais qu'elle a omis d'en mettre sur l'autre main mais je décide d'en faire abstraction. C'est toujours mieux que d'oublier d'enfiler un pantalon comme de nombreuses fois l'année dernière.
-J'aimerai te parler, lâche-t-elle finalement quand nous traversons le hall.
Sans même m'en rendre compte, j'effectue un regard circulaire dans l'espace clos à la recherche d'une tête aux boucles ébouriffées et d'un sourire espiègle. En vain.
-J'ai cru comprendre, j'expire doucement, les épaules désormais affaissées et la tête basse.
Nous nous arrêtons devant les casiers rouges et nous nous adossons dessus comme d'habitude. Elle élève les yeux vers le plafond, pensive, tandis que je sors ma gourde de mon sac pour en boire une longue gorgée. Ashley tourne soudain la tête dans ma direction.
-Je suis amoureuse de Lewis.
J'écarquille les yeux et m'étouffe avec mon eau, ce qui a le plaisir d'asperger la moitié de ma chemise blanche. Et l'eau, non seulement ça mouille, mais ça rend aussi les chemises trop fines transparentes ! Purée de cacahouètes !!!
Tandis que je reprends mon souffle avec difficulté et que j'essaye de me persuader que les gens se fichent probablement d'apercevoir ma brassière de sport noire, je relève les yeux vers elle et la dévisage, la bouche grande ouverte. Il est vrai que j'attendais ce moment depuis longtemps et que je me disais que je pourrais d'ailleurs m'en servir comme d'une sorte d'excuse bidon pour me pousser à abandonner mes sentiments pour mon ami. Mais je ne pensais pas que ça allait arriver aussi vite !
-Depuis quand, comment, pourquoi ? je bégaye en faisant de grands gestes et elle rigole.
-Je pense depuis toujours, souffle-t-elle d'un air songeur en haussant les épaules.
Je ricane un peu à mon tour en secouant doucement la tête et je croise les bras sur ma poitrine.
-Vous allez pouvoir faire pleins de beaux enfants métisses et à moitié vampire ! Je veux être la marraine ! je m'exclame soudain en lui ébouriffant amicalement les cheveux.
-Oui, non, arrête ! glousse-t-elle en essayant de me repousser.
Je m'écarte pour la laisser respirer et mon sourire s'estompe un peu. Ashley aime Lewis, Lewis aime Ashley -même s'il n'en a pas encore conscience-, ils vont se l'avouer et commenceront à sortir ensemble. Et moi...et moi...je resterai en retrait, destinée à jamais à jouer le personnage secondaire et inutile. Ma gorge se serre et je caresse mon avant-bras avec ma main dans un geste d'auto réconfortation pas très efficace. Alors, je pars à mon tour dans une profonde contemplation du plafond, les dents serrées.
-Je...je suis contente pour toi. Pour vous. C'est génial que tu t'en sois enfin rendue compte.
Enfin, je crois.
-Si seulement je n'étais pas obligée de partir pour le Brésil dans quelques mois, murmure-t-elle.
Elle m'offre un sourire chamboulé et la boule dans ma gorge grossit. Mais Ashley se fige soudainement et perd ses couleurs alors que son sourire s'efface. Mon cœur accélère quand je remarque qu'elle scrute un point derrière moi et je comprends avant même d'avoir pris la peine de me retourner. Et j'avais raison car je découvre Lewis, le teint blafard, presque translucide, qui fixe Ashley avec des yeux écarquillés soulignés par des cernes bleus. Et moi, je me retrouve juste au milieu avec la désagréable tâche qui se trouve être de tenir la chandelle. Je pousse un soupir, plus nerveuse que jamais.
-Je vais peut-être y all...
-Depuis quand es-tu là ? me coupe Ashley à l'adresse de Lewis.
Un ange passe. Ils se dévisagent longuement, sans parler ; leurs yeux le fait à leur place. Je me balance d'un pied à l'autre, au comble de la gêne, et ma vision fait des vas et vient entre eux.
-Depuis bien trop longtemps, crache Lewis d'une voix enrouée alors qu'il commence à partir.
-Attends ! crie Ashley en lui attrapant le poignet.
Lewis fait volte-face et se dégage brutalement avant de la plaquer sans ménagement sur les casiers derrière elle. Il claque ses mains de part et d'autre de sa tête et ses yeux fatigués lancent des éclairs tellement orageux que j'en déglutis, alors que leurs lèvres ne sont qu'à quelques centimètres d'intervalle.
-Premièrement, je t'ai déjà dit que je ne pouvais pas répondre à ce genre de sentiments inutiles venant de toi, rugit-il alors que les prunelles de ma meilleure amie se voilent de larmes.
-Et cette fille alors... celle qui aurait soi-disant fait chavirer ton cœur, couine-t-elle avec une petite voix brisée qui change totalement de d'habitude.
Elle fixe la bouche de son ravisseur et se mord la lèvre comme pour s'empêcher de faire ce qui serait une bêtise dans un moment pareil. Surtout que Lewis paraît encore bien malade malgré son perpétuel T-shirt noir aux manches courtes.
-Deuxièmement, enchaine-t-il sans répondre, c'est quoi cette histoire comme quoi tu vas partir au Brésil ? t'avais l'intention de te barrer sans m'en parler ?!
Ashley sursaute à l'entente du ton venimeux de son ami et baisse les yeux. Ainsi, avec Lewis qui la surplombe de toute sa hauteur alors qu'il doit probablement dépasser les 1m85, elle semble minuscule. Comme une souris prise au piège.
-J'attendais le bon moment...
-Tu te fous de moi ?! tu crois que t'aurais pu me le dire la veille de ton départ peut-être ?
-Lewis je...
-Je croyais qu'on pouvait tout se dire, murmure-t-il en reculant d'un pas, les bras désormais ballants. Je pensais qu'on avait dépassé le cap de parler dans le dos de l'autre. À priori, je me suis gourré.
Il laisse échapper un rire sans joie et passe la main dans ses cheveux incolores pour la regarder de haut.
-Tu sais quoi ? barre-toi. J'en n'ai plus rien à foutre de toute façon.
C'est sur ces mots aussi tranchant qu'une lame de rasoir qu'il s'éloigne d'un pas pressé dans la horde de lycéens qui désertent le hall pour se rendre à leur dernier cours de la journée. Ashley se laisse tout à coup glisser sur les casiers et se recroqueville sur elle-même. Je me rue à son chevet et enroule mes bras autour d'elle.
-Ça ne pouvait pas être pire, éclate-t-elle en cachant son visage de ses mains. Je me déteste.
Je lui frotte le dos sans rien dire et ferme les yeux comme pour faire barrière à mes larmes, en vain. À force de m'éloigner de notre groupe d'amis pour essayer de poursuivre une silhouette effacée et hors de portée, je ne me suis pas rendu compte d'une chose :
La team décalée n'est plus.
A suivre dans la partie 2...
Hey!!<3 Désolée pour mon absence d'une semaine.
Je vais continuer à publier 2 chapitres par semaine le MERCREDI et le WEEK-END comme d'hab ;)
Bref.
Que pensez-vous de ce chapitre?
Quelles sont vos réactions par apport à Ashley et Lewis?
Et surtout, que pensez-vous d'Andréas?
Vos commentaires me rendent tellement heureuse! Alors n'hesitez pas à en laisser un (ou deux..ou peut-être trois XD)
C'est gratuit, c'est rapide et ça fait toujours super plaisir à l'auteur ;)
Et surtout un grand
MERCI
parce que vous êtes de plus en plus à lire mon histoire et que ça me fait chaud au coeur<3
(oui, j'en ai un moi aussi XD)
Va-t-on atteindre les 300 vues??
Suspense...
.
.
.
7DreamUniverse
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top