CHAPITRE 7

CHAPITRE 7

Mes yeux s'ouvrent doucement et je suis aveuglée quelques secondes par la luminosité de la pièce dans laquelle je suis. Je frissonne et remonte le drap blanc sur mon corps un peu engourdi, remarquant par la même occasion que je me trouve allongée dans un lit étroit et inconfortable. Je soupire.

L'infirmerie ne m'avait pas manqué.

Le regard hagard, je trouve finalement une horloge et comprends que j'ai dormi presque une heure. Je souffle de nouveau et fais la moue.

Moi qui me faisais une joie d'aller en option danse.

Et puis, on peut avouer que j'en ai inquiété plus d'un avec ma crise d'angoisse en plein cours. Comme-ci j'allais vomir des arcs-en-ciel.

Surtout que Mr HARRY en raison de sa jeunesse douteuse, était complètement affolé en voyant l'état dans lequel j'étais après avoir lu quelques lignes de son stupide livre devant la classe. Quelque part, j'aurais presque préféré que ce soit pour cette raison. Pourquoi ai-je fait un malaise d'ailleurs ? Du coup, le prof m'a porté sur son dos pour m'emmener ici.

Je sens le rouge me monter aux joues et je secoue la tête avec vigueur ; c'est trop la honte pour une future reine comme moi. Je cache mes yeux de mes mains tel un stupide gamin qui préjuge ainsi disparaître et j'essaye de relativiser.

Ce n'est pas si grave, pas vrai ? Je parie que lundi ils auront tous déjà oublié. Et pour commencer, qu'est-ce que j'en ai à faire du regard des autres, hein ? De toute façon, ce n'est pas la première fois que je tourne de l'œil. J'ai toujours eu une santé un peu plus fragile que celle des autres. Je ne suis absolument pas mourante ou atteinte de je ne sais quel trouble. Simplement, mon corps semble entretenir une amitié toute particulière avec les maladies qui ébranleraient à peine certains mais qui me clouent au lit pendant quelques jours. Bref, rien d'alarmant.

J'essaye de me changer les idées en jetant un coup d'œil autour de moi. Le petit lit sur lequel je me redresse couine d'une manière désagréable au moindre de mes mouvements. De plus, une odeur de médicament flotte dans les airs et se rapproche fortement de celle de l'hôpital. Les murs d'un blanc aveuglant réverbèrent une luminosité désagréable et je plisse les paupières. D'ailleurs, ils sont parfois décorés d'un tableau encadré, dont la technique utilisée est l'huile sur toile et le thème serait la marine. En effet, le bleu proéminent dégage une atmosphère océanique. Cela me rappelle le cabinet ou la salle d'attente de mon médecin ; c'est-à-dire l'endroit que je déteste le plus au monde.

Je frissonne et me frotte les avant-bras à l'aide de mes paumes avec anxiété. Il fait plutôt frais à cause de la petite fenêtre ouverte au bout de la pièce et je maudis l'infirmière de ne pas l'avoir fermée. Une ambiance impersonnelle que je n'aime pas vraiment émane de ce silence pesant et je fronce le nez : je ne pourrais jamais travailler dans un hôpital.

C'est en baillant à m'en décrocher la mâchoire que je remarque une rose rouge posée sur la petite table à mes côtés, accompagnée de ce qui semble être une lettre. Je fronce les sourcils. C'est quoi encore cette blague ? On n'est plus à l'école primaire depuis longtemps et la Saint Valentin arrive dans plus de trois mois.

Pourtant, je ne réfléchis pas longtemps et saisis le morceau de papier, ma curiosité me faisant encore défaut. Je le déplie du bout des doigts et m'attends au pire comme à une ribambelle d'insultes et de menaces, ou bien à la déclaration d'amour d'un des plus répugnants élève du lycée. Je retiens ma respiration.

« Il faut croire que je n'arrive pas à rester loin de toi et que c'est réciproque. Mais par pitié, Heaven, laisse-moi partir. Oublie-moi.

Cette fois, je t'en supplie, ne reviens pas.

Dredre »

Je fronce les sourcils en inclinant ma tête sur le côté et relis ces quelques mots encore et encore. En temps normal, j'aurais éclaté de rire et déchiré le papier avec mes dents pour en manger les morceaux, mais je n'en fais rien.

Qui a bien pu écrire ça ? Ou plutôt, qui est ce « Dredre » ? Cela aurait très bien pu être une stupide plaisanterie de Lewis ou d'Ashley, mais ils m'auraient laissé plus d'indices. Et surtout, je doute qu'ils puissent ne serait-ce qu'avoir l'idée de faire ce genre de devinette qui plus est n'en est pas vraiment une.

Je m'ébouriffe les cheveux pour essayer d'allumer les neurones empoussiérés de mon cerveau, en vain. Comment pourrais-je laisser partir et essayer d'oublier quelqu'un dont je ne me souviens pas ? De plus, avec du recul, si cette personne a conscience que je ne sais pas qui elle est, n'est-ce pas plutôt une tentative désespérée de me faire me rappeler d'elle ? Je ne comprends absolument rien et ça a le don de m'énerver.

Trop plongée dans mes pensées, les questions débordent de ma petite cervelle et je n'entends pas la porte s'ouvrir puis se fermer alors que l'infirmière s'approche de moi, tout sourire.

 — Tu es réveillée ? demande-t-elle d'une voix étonnement enjouée en me jaugeant de ses prunelles noisette.

Je regarde autour de moi et hausse les épaules face à l'absurdité de sa demande.

— Ouais, il faut croire.

Je lui offre mon plus beau faux-sourire.

— Bien. J'ai contacté tes parents, ils ne devraient pas tarder. Tu ferais mieux de rentrer te reposer et revenir lundi en pleine forme !

J'acquiesce en silence et me lève pour enfiler mes chaussures. En effet, demain c'est le week-end. Je vais pouvoir prendre le temps de réfléchir à tous ces nouveaux évènements qui sont venus chambouler mon quotidien comme une boule de bowling qui renverse ses quilles sans remord.

J'attrape mon sac bandoulière pour le hisser sur mon épaule et lui serre la main. C'est à ce moment que je remarque du coin de l'œil une seringue qui dépasse de la poche de sa blouse blanche immaculée et je déglutis. Son sourire chaleureux est peut-être un leurre pour attirer les élèves dans son habitacle et ensuite les torturer ?

Je frémis de nouveau : Je déteste vraiment l'infirmerie. D'un pas pressé, je traverse le couloir presque en courant afin d'échapper à la sonnerie ainsi qu'aux regards indiscrets. Ainsi, je pousse de toutes mes forces les portes battantes de l'arrière de l'école. Là, un vent glacial et des feuilles orangées viennent fouetter mon visage alors que je pénètre sur le parking en mettant ma capuche. Une humidité désagréable flotte dans l'atmosphère et une senteur de pluie assaillie mes narines. Les joies de l'automne.

Par chance, j'aperçois directement la voiture au toit rose bonbon de Maman et je me rue à l'intérieur pour bénéficier du chauffage et d'un peu de sècheresse.

Dans mon empressement, je hisse mon sac sur mes genoux et claque presque la porte de l'habitacle alors que la soudaine chaleur me picote les pommettes. Ma mère m'offre un sourire inquiet tandis que je me penche pour lui baiser la joue.

— Tout va bien Maman. Je suis juste un peu fatiguée.

Elle hoche la tête et met la clé dans le contact pour enfin partir du lieu de mes nombreux tourments.

— Bien, dit-elle simplement.

Je souffle, heureuse de pouvoir échapper à son interrogatoire, du moins pour l'instant.

J'aime la façon dont ma mère agit avec moi. Elle est toujours à mes petits soins au moment précis où j'en ai besoin, mais elle sait me laisser de l'espace quand je veux être seule. Je l'admire particulièrement pour sa patience me concernant car je reconnais que je ne suis pas toujours facile à vivre avec mes exigences casse-pied. Elle a su trouver seule la force de se battre contre l'adversité de la vie et j'espère pouvoir lui ressembler dans le futur. C'est elle qui m'a tout appris concernant les techniques de peinture, l'histoire de l'art et tellement d'autres choses. Bref, je l'aime tout simplement.

J'appuie ma tête contre la vitre et les vibrations de la voiture se répercutent dans mon corps pour me détendre complètement. Je ferme les yeux. Après tout ce qui s'est passé aujourd'hui, j'ai vraiment besoin de dormir.

Sans que je ne m'en rende compte, la rose se trouve toujours emprisonnée dans ma main. À croire que moi non plus, je n'arrive pas à me détacher de toi et à t'effacer entièrement de ma mémoire.

Pas vrai, Dredre ?

A suivre...

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