CHAPITRE 25 (2)

N.D.A.

Cette scène se passe juste après l'accident d'Andréas et d'Heaven, donc toujours 2 ans dans le passé. Je le précise car j'ai l'impression qu'il y avait des confusions là-dessus. Ceci étant dit: bonne lecture!!)

CHAPITRE 25-Partie 2
Irrémédiable_

La lumière est tellement éblouissante qu'elle passe à travers mes paupières sans aucune difficulté. Moi qui voulais dormir encore un peu...

Je reviens peu à peu à moi et plus je reprends conscience, plus j'ai mal. Bordel mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je me suis pris un bus ou quoi ?! Aïe, ma tête. Aïe ma jambe. Aïe ma cage thoracique. Aïe...mon cœur.

Quelqu'un aurait un doliprane ?

J'ouvre un œil, puis l'autre. Je laisse un long grognement de douleur faire trembler ma gorge après cet effort incommensurable et mes pupilles s'habituent lentement à la clarté.

Blanc. Tout est blanc. Depuis quand ai-je repeins ma chambre ?

Comme un réflexe, je tente de me redresser pour me mettre en position assise. Mais apparemment, mon corps n'est pas du même avis. En effet, une décharge électrique parcourt ma colonne vertébrale et la souffrance me tétanise.

Ok. A ne pas refaire. Jamais.

-Hev...Heaven ?! Heaven ma chérie, mon enfant, tu m'entends ? Oh mon dieu David, appelle une infirmière.

Elle parle tellement vite. Tellement fort. C'est aussi désagréable que le bruissement d'une horde de criquets. Aussi douloureux qu'une perceuse enfoncée dans chacun de mes tympans.

La pièce se met à tourner quand je me concentre un maximum pour lui répondre :

-M...man ?

Ma voix a rarement été aussi rauque. J'ai la gorge sèche. J'ai soif. Je suis certaine qu'il se serait moqué de moi. Il...Il ?

Ma tête recommence à me faire mal et je fronce les sourcils. Il me faut quelques secondes pour sentir une main douce et chaude s'enserrer autour de la mienne. Mes yeux embrouillés de fatigue et de...chagrin, perçoivent hasardeusement une chevelure flamboyante et des vêtements tout en couleurs. Pas de doute, c'est bien Maman.

Je sens qu'elle se penche vers moi pour me parler doucement et en articulant avec exagération.

-...et toi avez eu un a...

Sans que je ne puisse lutter contre, un vague de frémissements remonte le long de mon échine et traverse mes muscles comme un éclair. Des crépitements retentissent dans mes tympans et le sommeil ressurgit. Alors, je m'enfonce dans un nuage de ténèbres et ma conscience glisse entre mes doigts comme des grains de sable.

Parce qu'il est plus facile de dormir que d'affronter la brutalité de la réalité.

•••

Un rêve. Un cauchemar. Je ne sais pas.

Il pleut. Il pleut à verse. Le son de la pluie est régulier, les gouttes créées de petites ondes de choque dans la terre battue et j'écarte mes cheveux dégoulinants de mon visage.

A chacun de mes pas, mes pieds nus s'enfoncent dans le sol mou et humide. Ma simple nuisette blanche et trempée me fait office de deuxième peau mais je ne prends pas le temps de me questionner sur mon drôle d'accoutrement. Aussi, je suis seule dans cette forêt immense et mirifique, et il fait nuit. Pourtant, je n'ai pas peur. Je n'ai pas froid. Au contraire, l'odeur de la végétation mouillée et la fraicheur des lieux apaisent mon âme tourmentée.

Soudain, sans comprendre réellement pourquoi, je fais volte-face.

Là, juste derrière-moi, se trouve encastré dans le composte naturel un piano à queue en bois. La mousse a partiellement recouvert le couvercle, les gravures dorées sont presque intégralement effacées, la pourriture ravage peu à peu le meuble de bois et certaines touches du clavier jaunâtre sont disloquées.

Interloquée, je me frotte les yeux. Et quand je redresse le menton, il est là.

Son costume est intégralement noir et la pluie battante ainsi que le brouillard levant dissimulent son visage. Alors, passant outre l'état délabré de cet instrument, il s'assied sur le tabouret bancal, prend une profonde inspiration et se met à jouer.

La mélodie ricoche dans mes tympans comme un sac de clous. Les fausses notes ajoutent d'autant plus de sentiments dans sa composition, et son corps se plie et se tend au gré de la musique.

C'est seulement quand une tiédeur moite vient glisser le long de mes joues que je comprends que mes larmes se sont ajoutées à la pluie. Désormais étourdie, mes genoux viennent heurter le sol glacé et mes mains s'enfoncent à leur tour dans les tas de feuilles gorgés d'eau.

Je connais cette mélodie. C'est celle qu'il a joué quand nous nous sommes rencontrés. Quand je...hein ?

De qui... ?

Sans prévenir, il cesse de jouer et le silence raisonne et ricoche contre les arbres. Et quand alarmée, je me lève d'un bond ; il a disparu. Le piano quant à lui est mort. J'ai assisté en avant-première à son dernier souffle.

Le chagrin se loge alors dans mon cœur comme une maladie qui s'agrippe et se nourrit de ma tristesse éternelle. Et je sais que désormais, je ne pourrais plus jamais être heureuse.

Mais je ne comprends même pas pourquoi...

•••

La deuxième fois que je me réveille est beaucoup plus floue. Les fois suivantes le sont d'autant plus.

Je ne crois pas que je suis réellement consciente quand cela arrive. Un peu comme dans un rêve, mes réactions sont étranges et j'oublie instantanément ce qui est en train de se passer.

Ma tête me fait atrocement mal. Pourtant, c'est la peine encastrée dans mon cœur qui me déchire totalement.

Il y a quelqu'un devant moi. Il est bruyant, il pleure à chaudes larmes, il s'excuse encore et encore.

Pourquoi est-il si triste ? Qui est-ce ? Pourquoi m'embête-t-il ? Je sais qu'il revient plusieurs fois. Il a l'air d'avoir très mal lui aussi. Des bleus partout sur le corps. Des bleus à l'âme.

Je ne comprends pas vraiment pourquoi, mais il me répète son prénom encore et encore, à chaque fois qu'il vient. Telle une prière. Ou plutôt, une invocation. Pourtant, impossible de m'en rappeler.

Comme j'ai des migraines à chaque fois qu'il vient dans ma chambre d'hôpital, je demande à l'infirmière d'interdire ses visites. Alors, il finit par ne plus venir. Et ça me fait du bien, autant que ça me déchire.

Quand je sors finalement de l'hôpital, je me sens tellement...vide, que je reste cloitrée dans ma chambre longtemps. Très longtemps.

Je passe mes nuits à faire des cauchemars que je ne comprends pas. A vider mon estomac déjà inoccupé dans les toilettes.

Je me sens tellement seule. Le docteur qui me suit m'a dit que c'était normal, que j'avais subi un gros choc dont'il a omis l'origine, et que je prendrai du temps à m'en remettre complètement et à redevenir celle que j'étais avant. Mais qui étais-je ? Et c'est quoi, avant ?

J'ai lu à de nombreux endroits dans le rapport que je souffre d'amnésie. Mais qu'ai-je oublié ? Quand j'essaye d'y penser, des images de mon enfance plutôt heureuse, de mon rêve d'intégrer la Golden Académie et de devenir artiste peintre ressurgissent. Alors que manque-t-il sur mon tableau ? Quel chapitre a été arraché ?

Pourquoi suis-je si triste puisque ma vie est censée être si heureuse ?!

J'en viens à la conclusion que le problème vient de moi. Que je suis trop différente pour ce monde. C'est pourquoi, tel l'artiste que je suis, je dessine de ma plus belle écriture une ligne parfaitement droite à l'intérieur de mon poignet gauche.

C'est quand on se demande à quoi ressemble le bonheur, en pleurs dans son lit, mains sur la bouche pour ne pas faire de bruit, qu'on est malheureux.

La pire sensation est de se perdre et de ne jamais retrouver d'où on vient.

Le garçon qui revient sans arrêt me hanter dans mes rêves me fait autant de bien qu'il me fait souffrir en me détruisant un peu plus. C'est comme mettre un pansement sur une fracture. Je veux qu'il s'en aille, qu'il revienne. Je voudrais qu'il me laisse tranquille, et qu'il m'aide.

Je veux qu'il disparaisse. Je veux mourir.

A l'aide.

A suivre...

Coucou tout le monde!

Je m'excuse sincèrement concernant mon absence sur Wattpad depuis quelques temps, mais bon bref, me voilà de retour!

Voici un chapitre un peu "bonus" car je ne sais pas si je vais le laisser dans la version finale d'ERASER 1. Il est très court, je le sais, mais ne vous inquiétez pas! Les prochains seront beaucoup plus longs et plus mouvementés!

A la semaine prochaine pour la suite!!

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7DreamUniverse

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