CHAPITRE 25 (1)
NDA:
Hey! A un moment dans le chapitre vous aurez la possibilité de mettre de la musique. A vous de voir si vous voulez l'enclencher ou non! Bonne lecture!
CHAPITRE 25-Partie 1
Irrémédiable_
2 ans plus tôt...
Une personne change constamment. Elle apprend, évolue, parfois elle s'égare, mais il arrive quelque fois qu'elle retrouve le bon chemin avant de trop s'érafler sur la mauvaise route. Cependant, les plus grosses transformations ne sont pas progressives. Au contraire, c'est un choc qui les provoque. Alors, la personne concernée se métamorphose complétement. Dans ces cas-là, c'est encore pire. C'est se perdre en soi-même.
Cela arrive si facilement. Si vite, qu'on n'a même pas le temps de dire adieu à l'ancienne personne qu'on était jusque-là. Que c'est triste de changer.
De plus, l'être humain aura beau dire et nier de par son égo surdimensionné, chaque individu sans exception a besoin de quelqu'un pour avancer. Sa moitié. Une ancre pour ne pas s'échouer trop loin. Son âme-sœur.
Rares sont ceux qui ont le temps de rencontrer la leur, durant la courte existence qui nous est offerte.
Très tôt dans mon enfance et jusqu'à aujourd'hui, j'ai eu la chance de trouver et de côtoyer la mienne. Mais je la perdrai si vite, comme une pierre précieuse dans une plage de galets.
Une masse non identifiée vient soudain s'écraser sur mon corps et je laisse échapper une exclamation de stupeur, contrainte de sortir précipitamment de mon doux rêve sous les cocotiers.
-Tu es lourd Drédré.
Ma voix est rauque et chargée de sommeil quand je l'entends glousser avec moquerie contre mon oreille.
Ses lèvres sont douces et sucrées quand il les pose avec une délicatesse infime sur les miennes. Son odeur emplie instantanément mes narines et ses boucles dorées chatouillent ma joue tandis qu'il continue sa lignée de baisés le long de ma mâchoire.
-Il est l'heure de se lever princesse...
Allongée sur le dos dans mon lit, je gémis de désaccord et enserre mes bras autour de sa nuque pour qu'il ne s'en aille pas trop vite. Ses coudes sont enfoncés dans le matelas de part et d'autre de mon corps quand il se redresse un peu et qu'il m'offre un petit sourire timide, du genre de ceux qui me font craquer.
-Tu veux me faire prisonnier ?
J'acquiesce vaguement tout en dégageant de ma vision une de mes mèches rousses.
-Exactement. Je suis une princesse solitaire dans mon château et tu es le chevalier qui est venu me sauver. Maintenant, tu n'as plus le droit de t'en aller.
Il a un sursaut et se dégage si vite que je me retrouve je ne sais comment les fesses à terre sur le tapis de ma chambre.
-Beurk ! Que c'est niais ! En plus, tu pues de la bouche.
Sur ces mots, il ouvre en grand les rideaux de ma chambre et la clarté du soleil blanc hivernal m'éblouis.
Je me dresse d'un bond et lui balance un coussin en forme de cœur à la figure, qu'il ne prend d'ailleurs même pas la peine d'esquiver.
-Excuse-moi de ne pas dormir avec une brosse à dents dans la bouche, Monsieur aux oreilles décollées !
Il me regarde. Je le regarde. Nous nous regardons et nous éclatons de rire. Tel un frisson des étoiles. Comme le chatouillement de deux grelots. Une adorable mélodie. Un champ de fleurs impeccable. La plus parfaite des harmonies.
Je souris de toutes mes dents et lui confie d'une voix comblée :
-Je t'aime Andréas.
Un nuage rouge vient pigmenter ses pommettes et il sourit nerveusement en détournant le regard.
-Oui...je sais.
Mon cœur s'emballe. Je sais qu'il m'aime en retour et je sais aussi pourquoi il ne me l'a encore jamais dit clairement. Mais cela me convient, parce qu'il me le montre chaque seconde dans ses actes de tous les jours. Alors c'est comme ça. Je m'y suis faite avec le temps : Andréas ne me dira jamais qu'il m'aime. Jamais.
Un peu secoué, il ébouriffe ses cheveux puis frotte sa paume contre sa nuque tout en jetant un coup d'œil circulaire à ma chambre.
-Où est ta valise ?
Mes épaules se crispent et je me fige dans ma tentative d'enfiler mes chaussons panda.
-Euh...oups ?
-Quoi ? s'étrangle-t-il. Tu n'as toujours pas fait ta valise ?! Mais on part dans moins d'une heure !
Je me lève et essaye de me défendre comme je le peux.
-Oui mais tu sais, il y avait mon film préféré à la télé hier soir et...
-Le Petit Prince ?
Je hoche la tête avec vivacité.
-Oui.
-Tu es incorrigible.
Il pousse un profond soupir et secoue la tête avec désagrément.
-Comme ton excuse n'est pas du tout valable, je vais devoir te sanctionner.
Les battements de mon organe vital accélèrent et je me rue devant lui afin d'attraper ses poignets et de le supplier comme une gamine devant un magasin de Barbie.
-Oh non Andréas, s'il-te-plaît tout mais pas ça ! Tu me l'avais promis !
Ma voix est criarde, mes yeux s'emplissent instantanément de larmes ; je déteste qu'on me refuse quelque chose et je suis prête à faire un caprice espiègle pour l'obtenir tout de même.
Malheureusement pour moi, il continue de secouer le menton et je comprends que cela ne sert plus à rien d'insister. Après tout, Andréas n'est pas comme les autres. Depuis qu'on se connait, il n'a cédé à aucune de mes jérémiades.
-Trop tard ! En punition, nous écouterons exclusivement les chansons de mon choix pendant toute la durée du Road Trip.
-Mais...
-Il n'y a pas de « mais ». Maintenant, bouge tes grosses fesses et prépare-toi sinon je pars sans toi.
Je croise les bras et fais la moue, mais il m'ignore délibérément quand il passe à côté de moi pour rejoindre la porte.
Cependant, la main sur la poignée, il se fige et me lance un regard taquin par-dessus son épaule.
-Ah au fait, maintenant que j'y pense : ta mère a préparé des pancakes pour nous donc si tu ne te dépêches pas, je vais tout manger ! Et tu sais que j'en suis amplement capable.
Sur ce, il claque la porte derrière lui et me laisse ainsi seule dans les piles de vêtements et le bazar qu'est ma chambre. Génial.
•••
-...et ne récupérez pas des inconnus qui font du stop, même s'ils ont l'air sympa et qu'ils ont des bonbons. Surtout, arrêtez-vous toutes les deux heures grand maximum et laissez toujours les portières fermées. Gardez tout le temps votre portable à portée de main et ne...
Plantés tels des piquets devant la maison, Andréas et moi écoutons depuis une vingtaine de minutes les explications détaillées de Maman. A chaque fois que nous effectuons un pas en arrière pour nous rapprocher méticuleusement de la voiture dans notre dos, elle fait un pas en avant et nous tient la jambe comme une sangsue s'agripperait à un mollet graisseux.
Étonnement, c'est Andréas qui perd patience avec le plus de rapidité.
-Barbara, c'est très gentil mais je crois qu'on a compris.
Devant les yeux écarquillés de ma génitrice, je donne discrètement un coup de coude dans les côtes d'Andréas pour le réprimander et j'enfile mon plus beau sourire.
-Maman, tu n'as pas à t'en faire. En plus, j'ai plastifié le dossier « Un Road Trip en toute sécurité » que tu as écrit spécialement pour nous et je l'ai rangé dans le coffre.
Mon père pose sa main sur son épaule comme pour la rassurer et celle-ci pousse un soupir semi-convaincu avant de se masser les tempes.
-Bien. Partez maintenant avant que je ne change d'avis, finit-elle par souffler.
Un soulagement est inscrit sur nos visages quand Andréas et moi échangeons un regard entendu.
-Et sortez couverts en toutes circonstances ! souligne mon père en haussant un sourcil inquisiteur.
-De quoi ? Tu as pris des couteaux et des fourchettes Hevy' ?
Cette fois, c'est moi qui ai envie de soupirer mais je me contente d'offrir une longue accolade à mes parents. Nous échangeons des mots d'amour et d'au revoir bien trop niais selon mon boyfriend, puis nous entrons dans l'habitacle de la voiture.
Là, Andréas ne met pas tout de suite les clés sur le contact et fixe un point invisible devant lui, les doigts enserrés autour du volant en cuir.
-Ca y est, Heaven.
Je déglutis et répète machinalement :
-Oui, ça y est. Enfin.
Il se lèche les lèvres et m'offre un sourire incrédule.
-On est libre.
Un éclat de rire fait trembler mes épaules et je lève les mains au-dessus de ma tête comme une gamine surexcitée dans le wagon de montagnes russes.
-Yeah ! En avant vers le Canada !
-A vos ordres ma promise !
C'est ainsi qu'il démarre la voiture et que j'allume directement le chauffage afin de frotter mes doigts engourdis devant le souffle chaud. Mon sang bat fort dans mes tempes et les tourbillons dans mon ventre me rappellent sans remord mon excitation constante envers cette incroyable aventure qui nous attend.
Cela fait tellement longtemps qu'Andréas et moi, nous rêvons de sortir de notre cocon et d'être un peu livrés à nous même. Alors quand Maman, Papa et Elizabeth -la mère d'Andréas-, ont finalement accepté de nous laisser partir quelques jours, cela nous a fait l'effet d'une explosion de joie ; tel un réel feu d'artifice. Mais nous n'avions pas pensé qu'un pareil éclatement d'étincelles peut être, bien trop souvent, dévastateur.
De la sorte, nous nous élançons vers une destination approximative, rêveurs et naïfs, comme le veut notre âge bien trop jeune pour une pareille épopée.
Mais je ne savais pas que ce voyage se résumerait à jeter le livre de notre histoire dans le feu. Et Dieu sait qu'on ne peut rien construire avec des cendres.
•••
-Merde, je crois qu'il va neiger.
Andréas plisse les yeux et je me secoue un peu, étant sur le point de m'endormir. En me penchant en avant, je réalise qu'il dit vrai en découvrant le givre qui se forme sur le coin du pare-brise et le ciel désormais gris qui s'étend comme une toile sombre devant nos yeux.
C'est quand je vois Andréas bailler du coin de l'œil que je me réveille totalement.
-Tu es fatigué, non ? On devrait s'arrêter pour de bon... tu ne crois pas ?
Il m'offre un rapide sourire puis se concentre de nouveau sur la route en secouant le menton.
-Mais non t'inquiète. Encore une vingtaine de minutes avant la prochaine station essence. Je peux tenir jusque-là.
Je hausse les épaules.
-C'est comme tu le sens. Tu veux un autre café ? j'enquière en commençant à fouiller dans mon sac à main à la recherche du thermos.
Il se frotte brièvement les yeux et baille encore une fois avant de me répondre :
-Non merci, j'en ai déjà bu deux...
Il laisse planer un bref silence avant de continuer :
-Ca ne sert plus à rien.
-D'accord... je suppose qu'il est de mon devoir de te maintenir éveillé ?
Il rigole un peu avant de jeter un coup d'œil dans le rétroviseur.
-Essaye déjà de le faire pour toi-même avant de venir m'embêter.
Je lui tire la langue et croise les bras autour de ma poitrine.
-Idiot d'Andréas.
-Stupide Heaven.
(LANCER LA MUSIQUE CI-DESSOUS)
https://youtu.be/j9FfYWp_d5w
Et puis, ça arrive. D'un coup. Sans prévenir.
Pas de mauvais pressentiment. Pas de dernier dialogue stylé et à double sens comme dans une histoire romancée. Rien. Ça survient irrémédiablement et c'est tout.
Il n'en faut pas beaucoup pour perdre le contrôle d'un véhicule. Une route un peu glissante. Un vent gorgé de cotons de neige. Une absence de lampadaire. Un virage un peu trop serré. Et un camion qui arrive en face, incapable de dévier ou de s'arrêter, parce que ses pneus glissent trop aisément sur la chaussée.
Un accident, c'est quelque chose qu'on ne peut pas s'imaginer. On ne peut même pas le comprendre. On ne peut que le vivre. Cela arrive trop vite. Trop brusquement. Impossible de réaliser ou d'analyser. Il ne nous laisse même pas l'occasion de revoir notre vie par flash-back.
On a à peine le temps de mourir.
Je ne crois même pas avoir crié quand Andréas braque si brusquement que la voiture se met à tourner très vite. Trop vite. Comme dans un film américain, elle part en vrille et fait des tonneaux.
Comme si l'action était au ralenti, nous nous retrouverons par intermittence la tête en bas, sur le côté, puis de nouveau en bas. Un accident d'auto-tamponneuse, mais sans barbe à papa à l'arrivée.
Le verre éclate comme du cristal. Le métal se contorsionne dans un bruit effroyable, sans prendre en compte nos corps emprisonnés dedans. Le caoutchouc des pneus qui essayent de freiner dans le vide s'étale sur la route d'asphalte. C'est un vieil arbre sur le bas-côté qui stoppe brusquement ce tour de manège macabre. Quelque part, ce végétal a donné son dernier souffle de vie pour que l'on puisse survivre.
Je ne sais pas si je respire. J'ai la tête qui tourne. Le sang a un goût désagréable et métallique dans ma bouche. Ma jambe droite est paralysée par l'affaissement du comptoir et son angle improbable me ferait presque grimacer. Ça devrait faire mal, non ?
La voiture s'est stabilisée, la pesanteur revenue à la normale. Je devrais bondir sur mes pieds, m'étirer un grand coup et éclater de rire en me disant que j'ai frôlé la mort. C'est le genre d'incroyable péripétie qu'on raconte à ses petits-enfants autour d'un chocolat chaud et de biscuits trop secs. Pourtant, mes muscles ne répondent pas. Mon cerveau est embrouillé.
Une douleur si vive et si atroce, que je ne la ressens même pas.
Comme si elle n'avait jamais été présente auparavant, l'énergie quitte mon corps aussi vite que du gaz à travers le trou d'un tuyau. Mes yeux sont grand ouverts et ils fixent un point devant moi, mais je ne vois rien. Rien du tout.
Je devrais avoir peur. Aurais-je de vilaines cicatrices ? Un bras amputé ? Une dent cassée ? Un peu comme les rescapés de la Guerre. Telle une super héroïne après une bataille époustouflante.
Est-ce que le maquillage arrivera à cacher tout ça ? Est-ce que Maman et Papa ont essayé de m'appeler ? J'aurais bien aimé manger une dernière fois un bon repas de Maman. Et Andréas ? Où est-il ? Pourquoi n'est-il pas là, hein ?!
Pourtant, il est juste à côté de moi. Il bouge dans tous les sens. Oh, il pleure. C'est la deuxième fois que je le vois pleurer. La première, c'est quand son Papa...Tient ? Il me parle. Pourquoi je ne l'entends pas ? Il hurle de plus en plus fort, il me secoue et il m'appelle. Mais je ne réagis pas. Je suis fatiguée.
-...ferme pas les yeux ! Il faut que tu restes consciente ! Princesse, regarde-moi ! Regarde-moi... !!!
Non. Laisse-moi dormir, juste un peu. Je t'écouterai après, c'est promis.
Lentement, mes paupières chutent et ma tête bascule un peu plus sur le côté.
-...pitié, non ! Je t'en prie, je t'en supplie ! Je t'...Hev..., je t...
La voix d'Andréas se brise mais je ne perçois plus les mots qu'il me confie. Les sons deviennent troubles, lointains.
C'est ça, mourir ? Que c'est facile. Que c'est fade. Que c'est triste.
Je perds connaissance. Des flammes, le chaos, une rose brûlée, le début et la fin d'une histoire.
Tout est aspiré à l'envers. Tout est mélangé. Comme un Big Bang inversé.
Puis, le néant. Un néant où Andréas ERASER n'existe pas.
(ARRÊTER LA MUSIQUE)
À suivre dans la partie 2...
Salut tout le monde!
Voici un chapitre un peu en avance pour me faire pardonner de mes précédents retards.
Que pensez-vous de ce chapitre explicatif? De la relation d'Heaven et d'Andréas?
...C'est niais. Très niais. Non?
J'ai eu un peu de mal à écrire le début car j'écris beaucoup mieux les scènes tristes, dévastatrices etc...que les scènes mielleuses mdr.
Que pensez-vous de l'accident? Vous avez réussit à le visualiser? A le vivre?
Personnellement, j'avais les larmes aux yeux à la fin...
Ah et vous avez aimé la musique que j'ai proposé pour la scène de l'accident?
C'est celle que j'ai écouté pour l'écrire et j'ai trouvé qu'elle coïncidait parfaitement.
Si vous avez aimé écouter de la musique en lisant, faites le moi savoir en commentaire et je le ferais plus souvent.
On se retrouve le week-end prochain pour la suite!
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7DreamUniverse
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