CHAPITRE 23 (1)

CHAPITRE 23-Partie 1
Mélodieux_

Il y a deux choses qui me percutent quand je retourne à la Golden Académie à la fin des vacances d'hiver et que je me retrouve plantée comme un piquet dans un potager devant le panneau d'affichage.

La première : Ashley n'est pas là pour me féliciter d'être arrivée pile à l'heure. Au fond de moi, cela me fait un vide. Un trou béant dans le cœur.

Un pétale en moins sur la fleur de ma vie.

La deuxième : Une affiche décorée de l'image d'un piano à queue m'apprend que le lycée veut remplacer le piano de la vieille salle de musique par un flambant neuf.

-Il n'en est pas question. C'est ce que tu viens de penser, pas vrai ?

Le fait que Matthew extériorise mes pensées avec tellement de facilité ne me surprend plus et je ne sursaute même pas de le savoir derrière moi.

Je fais volte-face et croise ses jolies prunelles noisette.

-Salut Matt'.

Il m'offre un sourire sincère et m'ébouriffe amicalement les cheveux.

-Hey Hev'. Comment étaient tes vacances ?

Mon regard s'oriente vers les néons au plafond tandis que je réalise à quel point il s'est passé beaucoup de choses pendant ce cours laps de temps.

Je repense au fait que je n'ai pas été acceptée pour participer à la suite du concours du festival d'automne. Au dinée du nouvel an avec Andréas et sa mère, à notre moment plutôt chaud dans ma chambre, à notre dispute, au fait que selon lui nous n'aurions jamais cessé de sortir ensemble.

Je pense aussi à Ashley, qu'elle soit définitivement partie pour le Brésil. Qu'elle semble enfin avoir officialisé les choses avec Lewis. Et aussi, que je me suis finalement réconciliée avec celui-ci.

Je songe à mes nouvelles amies, Riley et Madison, sans qui mes vacances auraient été longues et ennuyeuses. Et à Matthew, qui m'aide chaque jour à remonter la pente et à être moi-même.

C'est en éclatant de rire, que la princesse se laisse tomber dans un champ de pétales de roses.

Alors je me contente de hausser les épaules avec nonchalance et je lui souris.

-Elles ont été plutôt...mouvementées je dirai.

Il acquiesce vaguement et nous nous mettons en marche pour nos cours respectifs.

C'est en parcourant les longs couloirs de l'établissement entre le flot de lycéens comme un poisson contre le courant que je me dis que j'ai traversé tellement d'étapes significatives dans ma vie depuis le début de l'année scolaire. Que je n'aurais jamais autant évolué si je n'avais pas bénéficié de l'aide de mes amis. Et de l'élément perturbateur du nom d'Andréas ERASER.

Que je suis naïve de croire que tout est déjà fini. Que les pétales peuvent enfin se déposer comme les plumes d'une colombe dans un champ de roses.

Mais le vent n'a pas fini de souffler. Ce ne sont que les prémices d'une tempête foudroyante.

Quelques lycéens me sourient. Je fais l'accolade à certains. Je salue de loin Ben, un surveillant. Je dis bonjours à Riley et Madison et je croise rapidement Lewis.

Tout semble aller mieux dans ma vie. Je me sens enfin...comblée.

Mais plus on monte haut sur la montagne russe, plus la chute est rude et brutale.

•••

Le cœur battant, je m'apprête à faire quelque chose digne de ce que faisait la team décalée tous les jours. De ce que j'étais capable de faire il n'y a pas si longtemps, pour me fondre dans la masse d'une façon des plus paradoxales.

Les mains moites et la gorge sèche, je jette un regard circulaire dans le réfectoire pour être sûre que la salle est pleine à craquée et je prends une profonde inspiration.

-Tu peux le faire ma p'tite Heavy' ! Fait sortir la meneuse qui est en toi ! s'exclame Madison en pointant son pouce vers le haut.

Riley la corrige tout en finissant sa bouchée de laitue :

-Tu veux dire « la princesse ». N'est-ce pas, Heaven ?

Je hoche vaguement la tête puis me mets debout sur ma chaise. J'attends quelques secondes afin de me stabiliser et me redresse pour me mettre à parler d'une voix mal assurée.

-Hum...vous pouvez m'écouter s'il vous plaît ?

Afin d'accompagner mes paroles, je tape dans mes mains pour réclamer le silence comme une maitresse de maternelle le ferait.

Quelques légers coups d'œil s'accrochent vaguement à ma silhouette mais le brouhaha environnant ne diminue pas d'un pouce.

Je fronce les sourcils et réitère l'opération.

-He, oh ! S'il vous plaît !

J'ai beau insister un peu plus fort, personne ne prête vraiment attention à moi et je commence à être énervée de ne pas recevoir l'écoute que j'attendais.

Depuis quand personne ne prête attention à ce que je dis quand je m'exprime ? Il faut forcément avoir un titre comme celui de la « team décalée » pour être entendu dans ce foutu bahut ? C'est du grand n'importe quoi !

Je ne suis peut-être qu'une princesse déchue qui a un jour aspiré à devenir la reine du monde. Mais cela ne veut pas dire que je suis devenue un fantôme, nom d'une licorne unijambiste !

Mes poings se serrent. Mon teint vire au rouge jusqu'à colorer mes oreilles et mon cou. Ma mâchoire se contracte.

Alors, je gonfle mes poumons le plus possible et hurle de toutes mes forces:

-OH ! Bande de misérables insectes ! J'essaye de causer là !!!

Un silence intersidéral se fait immédiatement et je déglutis, la gorge irritée d'avoir crié aussi fort.

J'écarte les cheveux qui sont tombés devant ma vision d'un geste de la main et pose mes poings sur mes hanches.

-Bien. Maintenant que j'ai l'attention de tout le monde, ouvrez grand vos oreilles parce que je ne me répèterais pas.

-Hein ? De quoi ? demande Lewis à l'autre bout de la salle.

-J'ai dit que je ne me répèterai p...

Je m'interromps toute seule et quelques rires font trembler le calme de la pièce et détendent un peu l'atmosphère par la même occasion. Je lève les yeux au ciel.

-Bref. Je voulais vous faire part de mon ressenti à propos de quelque chose qui me tient à cœur, mais qui nous concerne tous.

Je prends une profonde inspiration et abaisse les yeux vers mes converses afin de trouver les bons mots.

-Voilà. Je ne veux pas que le lycée jette le piano de la vieille salle de musique. Il renferme trop de souvenirs pour mo...pour tout le monde, j'en suis sûre. On ne peut pas laisser faire ça.

Quelqu'un dans la salle m'interrompt pour intervenir :

-Mais c'est pour rénover la vieille partie du bâtiment, non ? Donc c'est un mal pour un bien.

Je prends quelques instants afin de trouver mon fameux interlocuteur et me fige quand je le reconnais vaguement.

Si je me souviens bien, c'est l'un des mecs qui organisent des fêtes bidonnes. Il s'appelle...Cody, je crois.

-Brandon a raison, ajoute son pote à ses côtés. Et puis, on en aura un flambant neuf à la place donc je ne vois pas vraiment pourquoi se prendre la tête pour si peu.

Ah...il s'appelait Brandon finalement. Je n'étais pas loin.

Quelques murmures en accord avec eux pourfendent la salle aussi vite qu'une trainée de poudre et je pince les lèvres en me disant que la partie est déjà finie.

Néanmoins, je secoue vivement la tête pour me ressaisir. Après tout, je savais bien qu'il y aurait des voix en désapprobation avec ma requête. Mais je ne fais pas cela par simple caprice.

Je ne peux pas me séparer de ce piano. Je ne comprends pas encore pourquoi, mais je sais quelque part au fond de moi qu'il détient la clé. Qu'il est la dernière chose positive qui nous lie, Andréas et moi.

Autre que la souffrance. L'abandon. L'oublie.

La mort.

Je ne baisserai pas les bras aussi facilement. J'ai promis à tellement de gens que j'allais changer en quelqu'un de meilleur. Et je tiens bien à tenir ma promesse, pour une fois.

Après avoir trituré inconsciemment la montre porte bonheur accrochée à mon poignet, celle qu'Ashley m'a offerte avant de partir, je serre les dents pour me concentrer.

Je prends alors un ton nonchalant et me mets à jouer avec mes ongles.

-Ouais, tu as raison. Vous avez raison.

Je hausse les épaules pour feindre l'indifférence.

-On va recevoir un nouveau piano, tout propre. Tout beau. Tout neuf. Neuf. Ça veut dire que personne n'aura encore joué sur lui. Avec lui. Ce n'est pas plus mal quelque part. Mais ça veut dire qu'il n'aura pas d'histoire à raconter. Ça veut dire qu'il sera...vide.

Silence.

Tout le monde me fixe avec de grands yeux. Peut-être parce qu'ils pensent que je suis totalement timbrée. Peut-être car ils se rendent compte que j'ai un peu raison.

Mais s'ils sont vraiment des pianistes, je sais qu'ils comprennent de quoi je veux parler.

C'est pareil pour le dessin. Dessiner sur une feuille blanche et neuve n'aura pas du tout le même effet et le même résultat que d'exprimer son art sur un papier chiffonné, au teint ambré et à l'odeur antique.

Il y a autant de formes d'arts qu'il y a d'étoiles dans le ciel.

Une fille que je ne connais pas se racle la gorge et annonce ;

-C'est bien beau de nous dire tout ça, mais tu ne fais même partie de la section piano.

J'acquiesce sans discuter.

-Tu n'as pas tort. Mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas en apprécier la mélodie.

-Quand bien même, s'écrit un garçon tout au fond de l'assemblée. La Golden Académie a déjà décidé qu'ils jetteront ce piano pour en avoir un nouveau. On ne peut rien y faire.

Je secoue vivement le menton pour le contredire.

-Je n'ai jamais dit que j'étais contre le fait de recevoir un nouveau piano ! Je suis contre le fait de jeter l'ancien, nuance.

-Et tu voudrais en faire quoi ? Le rajouter à ta collection dans ta chambre peut-être ?

Les lycéens présents rigolent un peu et je fais de même. Puis, je pose mon index sur ma lèvre inférieure tout en prenant une pose énigmatique.

-J'ai déjà ma petite idée. Et pour ce faire, il faudrait que ceux qui sont en accord avec moi signe ceci !

J'accompagne mes explications en brandissant avec fierté une feuille de papier.

Si mon plan fonctionne, nous ne sommes pas prêts de dire adieu à ce vieux piano à queue.

•••

A suivre dans la partie 2...

NDA

Hello! Voici une partie un peu courte comparée à ce que j'écris d'habitude. La prochaine sera légèrement plus longue.

C'est parce qu'un nouveau moment décisif qui n'a pas encore été énoncé approche à grands pas.

Et vous me connaissez : j'adore faire grandir le suspense en ajoutant des intrigues qui peuvent paraître secondaires à première vue, mais qui ont toute leur importante dans l'histoire.

Bref, on se retrouve le week-end prochain pour la suite!

Et n'oubliez pas! Il faut manger 5 fruits et Licornes par jour!

.

.

.

7DreamUniverse

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top