CHAPITRE 13 (2)

CHAPITRE 13-Partie 2
Glacial_

Je peux sentir le regard brûlant de Matthew dans mon dos mais je décide de l'ignorer. Après tout, je ne fais qu'observer Andréas de loin avec de sombres pensées, rien de plus.

Le visage d'Emily se ferme et elle se défait de l'emprise de Matthew. Quand ma vision s'attarde sur son faciès, je me fige. Ses traits sont plus sérieux que jamais et ses yeux brillent d'une émotion nouvelle. De l'amour. Une passion incandescente, destructrice, prête à exploser.

Est-ce à cela que je ressemble quand je regarde Andréas ?

Elle prend une profonde inspiration, se recoiffe d'un geste habitué et s'avance avec assurance vers le cercle. En arrivant en son centre, elle attrape Andréas par le col et l'embrasse par surprise. L'agitation se tait instantanément, tout comme les battements de mon cœur. À l'évidence, elle marque son territoire.

Après sa démonstration, elle se tourne vers la foule.

-Andréas est mon copain donc vous pouvez le vénérer ou tout ce que vous voulez mais sachez qu'il est déjà pris. Il m'appartient.

Il ne manquerait plus qu'elle lui fasse pipi dessus pour marquer son territoire. Une vague de colère monte en moi aussi vite que la lave en fusion d'un volcan en éruption alors que tout le monde s'écarte à l'entente de la sonnerie qui annonce l'ouverture des portes pour les visiteurs. Je serre les poings jusqu'au sang.

-Il n'est pas un objet, je murmure avec mépris.

En me retournant, je croise le regard lourd de sens de Matthew mais fais comme si je ne l'avais pas vu et m'éloigne à grandes enjambées.

Je sors du bâtiment pour traverser la cour afin de rejoindre le gymnase quand je me fais prendre dans ce qui me semble être une tempête de neige. Mes cheveux fouettent mes joues et voltigent devant mes yeux alors que je dois à plusieurs reprises les retirer de ma bouche en gémissant de dégout. Les doux flocons de ce matin se sont transformés en de véritables fouets et j'enfouis mon visage dans mon écharpe pour échapper à leur querelle. Je m'avance d'un pas lent en grelottant, ralentie par l'épaisse neige étalée sous mes pieds mais aussi par mon cœur lourd de sentiments contradictoires que je traine en moi.

Quand est-ce que cette douleur va-t-elle enfin se décider à me laisser tranquille ?

Après quelques longues secondes qui m'ont paru être une éternité, j'arrive devant la porte arrière du gymnase. Mais je n'ai pas le temps de l'ouvrir pour me réfugier à l'intérieur qu'Ashley arrive à ma hauteur et me barre la route, plus sérieuse et déterminée que jamais. Je n'ai donc pas le droit d'avoir une minute de répit ?

-Heaven, il faut que je te parle, lâche-t-elle d'une voix solennelle.

Je soupire et roule des yeux.

-Je suis désolée Ashley, mais ça a déjà sonné et j'ai du travail, tout comme toi d'ailleurs.

Elle baisse les yeux en direction de l'une de ses montres par réflexe mais se résigne et secoue la tête.

-Ça peut attendre. Il faut absolument que je te parle.

Mes épaules s'affaissent et je comprends que je n'ai pas le choix. J'accepte de mauvaise foi.

-Je t'écoute.

Elle ouvre la bouche pour me répondre mais s'interrompt et jette un œil autour d'elle.

-Allons-nous mettre autre part pour discuter.

J'acquiesce vivement tandis qu'elle me fait signe de la suivre dans un endroit moins tourmenté par le froid. Nous nous réfugions donc sous le préau de la cour, à côté des toilettes extérieures. Là, une légère senteur d'urine mélangée à celle de la neige fraiche flotte dans les airs et me fait froncer le nez mais je pince les lèvres afin de garder mes remarques pour moi.

Ashley prend une profonde inspiration et ses prunelles déterminées se bloquent dans les miennes.

-Tu sais comme les nouvelles vont vites. Eh bien, il y a une rumeur qui court depuis hier après-midi. Elle dit que Lewis et toi, vous vous seriez...embrassés.

Malgré moi, mon pouls accélère et elle continue sans me quitter des yeux, comme pour surveiller la moindre de mes réactions.

-Hier, je n'étais pas là alors je ne sais plus qui croire. Je voulais poser la question à Lewis mais tu te doutes que notre relation est un peu...compliquée en ce moment. Alors je te le demande à toi et je voudrais que tu me répondes en toute honnêteté. Est-ce que vous vous êtes réellement embrassés ?

Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'elle peut l'entendre. Je ne peux pas lui mentir, elle est ma meilleure amie. Même si je me cherchais une excuse pour détourner la vérité, elle finirait par le découvrir. Alors je n'ai qu'une seule chose à faire ; tout lui raconter.

Mais quand j'ouvre la bouche, je frôle la syncope. À quelques mètres de notre position, appuyé contre l'un des murs des toilettes, approximativement dans l'angle mort d'Ashley, Andréas. Les mains dans les poches de son sweat, son casque de musique abaissé sur ses épaules et le regard rivé sur nous, il nous écoute attentivement. Je le sais. Je le sens. Alors, je fais la plus grosse bêtise de toute ma vie en répondant d'une voix beaucoup plus forte que d'habitude.

-Oui, Lewis et moi nous nous sommes embrassés. Mais c'est parce que depuis le week-end dernier, on a commencé à sortir ensem...

J'ai à peine le temps d'apercevoir leur visage se décomposer en même temps que la main qu'Ashley écrase contre ma joue me frappe de plein fouet et raisonne dans la tempête déchainée. Les quelques détritus jonchant le sol roulent jusqu'à moi dans un crissement métallique après une violente bourrasque alors que je me mords la lèvre inférieure jusqu'au sang et que quelques fines larmes viennent s'échapper de mes yeux. Un couinement étouffé s'échappe de ma gorge tandis qu'une forte amertume transperce mon cœur et je serre les dents. Ça fait mal. Beaucoup plus que je l'avais imaginé.

En relevant la tête, je croise une dernière fois son regard chocolat tordu de douleur et d'incompréhension alors que je fais volte-face et que je prends la fuite dans le bâtiment principal. Je gravis les marches des escaliers avec fureur et arrive finalement au dernier étage plus vite que je m'en serais cru capable. J'ouvre la porte en métal qui mène au toit à l'aide d'un coup de pied bien placé et pénètre dessus. Le froid y est bien plus brutal et les violentes rafales me jettent presque sur le sol dont la neige compacte se transforme petit à petit en verglas. Là, je m'approche du bord à grandes enjambées, j'agrippe la rembarde givrée et je prends une profonde inspiration. Puis, je hurle de toutes forces. Encore et encore. Ma voix d'une puissance nouvelle se perd dans l'ouragan et raisonne comme une macabre mélodie à mes oreilles. Ce chant d'une tristesse infinie est le plus parfait reflet de mon existence actuelle. De mes actes.

Je hais devenir une personne cruelle et sans principe à cause de l'amour. Je me déteste.

Telle une rose qui aurait fleuri subitement, je me suis dévoilée trop tôt alors que la saison des couleurs touche à peine à sa fin. Impatiente, je n'aie pas attendu le renouveau du printemps. Et maintenant, mes pétales s'arrachent et s'envolent dans les puissants vents de l'hiver. Au loin, entre la brume et les flocons de neige déchainés, entre ciel et terre, ils s'effacent.

Comme toute chose qui a un jour vécu, on les oublie, ces pétales flétris par l'adversité qu'est l'existence même. La seule chose que l'on a vu en les apercevant valser dans leur dernier souffle avant leur mort c'est un morceau de fleur mourante et fanée. Mais on ne connait pas l'histoire qui se cache derrière. Les notes qui ont affectées la mélodie.

C'est parce que je ne connaissais pas encore ton histoire, Drédré...Notre histoire, que je ne savais pas qu'à ce moment, hurlant sur ce toit en cette matinée de décembre, que j'étais loin d'être celle qui souffrait le plus.

Pardonne-moi,

Andréas ERASER.

OHAYO!!
(C'est bonjour le matin en japonais😅😉)
Que pensez-vous du chapitre?
La fin plutôt poétique vous plaît?
Dites-moi tout dans les commentaires!!

On se retrouve le week-end prochain pour la suite!!
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7DreamUniverse

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